Nécessité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?
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Nécessité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?



  1. #1
    invite2e21fee6

    Nécessité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?


    ------

    Bonjour,

    Depuis quelques temps je m'interroge au sujet de la vulgarisation scientifique dans les médias. Je remarque que bien souvent, la "vulgarisation" est en réalité une information tirée de son contexte et relayée de journal en journal sans vérification de l'information. L'information fini, à terme, par s'apparenter à des allégations scientifiques.

    De plus, en surfant sur la mode actuelle de paranoïa aigüe de plus en plus de magasines de type "bien être santé & légume vapeur" utilisent ces arguments à tout va car ils deviennent évidement racoleurs. En effet, on ne compte plus les titres du genre "le choux est un mange graisse anticancéreux qui a découvert l'électricité" ou "manger des haricots pour régénérer votre ADN" (enfin j'ai peut être un rien exagéré)

    Je prends comme exemple les recherches sur les antioxidants et le thé vert. Des premières études ont montrées un effet positif. Sans qu'aucune conclusion n'ait été tirée, l'information a été relayée de journal en journal en subissant ça et là un grand nombre d'exagérations et d'allégations. Au niveau du grand public l'information a circulé et est rentrée dans toutes les têtes (si bien que certaines société imposent des pauses "thé vert" à leurs employés). Quelques temps après, une autre étude a montré que le sur-dosage de ces mêmes antioxydants favorisait les pathologies qu'il était supposé combattre. Mais là le grand public n'a pas suivi et continue à s'en gaver à tout va et des journaux continuent même à relayer la première information.

    Étant donné qu'un grand nombre de phénomène cliniques ne peuvent donner de conclusion certaines qu'après un nombre élevé d'essais et de bonnes statistiques, pourquoi laisser les médias non scientifiques tirer hâtivement des conclusions?

    Je me demandais s'il ne serait pas utile de créer une sorte de comité scientifique (un peu comme les comités de bio-éthiques) qui décideraient de l'avancée des recherches et décideraient des conclusions à tirer et à transmettre aux médias grands publics. Ceci pourrait permettre d'avoir plus de recul et de ne pas tirer de conclusions hâtives à tout va.

    Quel est votre avis?

    -----

  2. #2
    invitea4a042cf

    Re : Nécéssité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?

    Je ne sais pas si tu es au courant, mais il y a un truc, en France et dans toutes les vraies démocraties, qui s'appelle la liberté d'expression. Ca inclut le droit de dire des conneries.
    Et l'histoire a montré que tous les comités de contrôle et autres ordres de telle ou telle profession outrepassaient un jour leur pouvoir.
    Bref, je suis totalement opposée à ta proposition. En revanche, les institutions scientifiques devraient parfois balayer devant leur porte, et arrêter de publier des communiqués de presse racoleurs et survendus. Ce n'est pas systématique, mais c'est fréquent. Et ça a malheureusement l'effet que tu décris sur certains médias non scientifiques.

  3. #3
    Cendres
    Modérateur

    Re : Nécéssité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?

    Ca ferait un peu "police scientifique", non?
    N'a de convictions que celui qui n'a rien approfondi (Cioran)

  4. #4
    invite986312212
    Invité

    Re : Nécéssité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?

    il existe un "droit de réponse" mais il ne peut être exercé que par quelqu'un qui a été nommé dans un article. S'il est écrit "des scientifiques montrent que..." même si tu te sens personnellement offensé parce que l'information douteuse ou erronée concerne ton domaine de recherche, tu ne peux légalement rien faire.

  5. A voir en vidéo sur Futura
  6. #5
    Deedee81

    Re : Nécéssité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?

    Salut,

    Tout à fait d'accord avec Cecile et Ambrosio.

    A contrario, il y a bien entendu déjà des lois interdissant les publicités mensongères, trompeuses,...

    En tout cas en Belgique. Et elles sont assez sévère (je lis régulièrement des comptes rendus dans les magazines de consommateur).

    Donc, il ne me semble pas nécessaire d'intervenir d'une manière plus drastique. Tout au plus les scientifiques peuvent-ils conseiller les media (et cela se fait, tous les grands media ont leurs consultants) sur la justesse de leurs propos (cela touche tous les domaines scientifiques).

    J'ai déjà entendu des affirmations à coucher dehors en physique ou en astrophysique. Je trouve ça dommage. Mais c'est comme ça. Par exemple, après les images de COBE : "on a vu le bigbang", "on a vu la naissance de l'univers", etc.... Les media aiment ce qui frappe (d'autant que les explications détaillées suivant étaient souvent plus justes.... mais pas toujours).

    Je crois que de ce coté là, le mieux est d'agir au niveau de l'éducation : "Ne croyez pas d'office une source, quelle qu'elle soit. Vérifiez (par vous même quand c'est possible), recoupez avec d'autres sources, etc..."

    Rien de tel que de développer l'esprit critique. C'est mieux que les muselières
    "Il ne suffit pas d'être persécuté pour être Galilée, encore faut-il avoir raison." (Gould)

  7. #6
    invitea4a042cf

    Re : Nécéssité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?

    Concernant la vulgarisation et le journalisme, il faudrait aussi que certains scientifiques balaient devant leur porte.
    Il y a 15 jours, j'ai contacté 10 chercheurs français pour avoir des avis sur différents travaux scientifiques récents, m'aider à les comprendre, remettre dans le contexte...
    J'ai eu 2 réponses.
    Quand je contacte des chercheurs américains, ils me répondent systématiquement, et généralement le jour même. Ils ont un tout autre rapport aux médias. Peut-être est-ce une des raisons pour lesquelles les Américains sont globalement plus "scientiphiles" que les Français.
    Les scientifiques français ne peuvent pas d'un côté traiter de haut les médias, et de l'autre côté se plaindre d'inexactitudes. Le manque de temps a bon dos, je crains qu'il ne s'agisse plutôt d'une indifférence teintée de mépris vis-à-vis des médias, et même parfois du grand public.
    Bien sûr, ce n'est pas le cas de tous les chercheurs. Mais d'un trop grand nombre.

  8. #7
    invite2e21fee6

    Re : Nécéssité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?

    Citation Envoyé par Cécile Voir le message
    Concernant la vulgarisation et le journalisme, il faudrait aussi que certains scientifiques balaient devant leur porte.
    Il y a 15 jours, j'ai contacté 10 chercheurs français pour avoir des avis sur différents travaux scientifiques récents, m'aider à les comprendre, remettre dans le contexte...
    J'ai eu 2 réponses.
    Quand je contacte des chercheurs américains, ils me répondent systématiquement, et généralement le jour même. Ils ont un tout autre rapport aux médias. Peut-être est-ce une des raisons pour lesquelles les Américains sont globalement plus "scientiphiles" que les Français.
    Les scientifiques français ne peuvent pas d'un côté traiter de haut les médias, et de l'autre côté se plaindre d'inexactitudes. Le manque de temps a bon dos, je crains qu'il ne s'agisse plutôt d'une indifférence teintée de mépris vis-à-vis des médias, et même parfois du grand public.
    Bien sûr, ce n'est pas le cas de tous les chercheurs. Mais d'un trop grand nombre.
    Dans ce sens ci je ne peux qu'être d'accord avec toi. Je partais plutôt du principe inverse, le journaliste qui ne se renseigne pas au bon endroit. Néanmoins dans mon domaine il nous arrive encore souvent d'être contacté par des journalistes (mais je vis en Belgique la situation est peut être différente)

    Je sais pertinemment que le genre de proposition faite plus haut conduirait à un grand nombre de dérives, mon but n'est évidement pas de tomber dans un système dictatorial. Mais que proposeriez vous pour encourager la recherche scientifique d'information et le développement de l'esprit critique?

  9. #8
    invite986312212
    Invité

    Re : Nécéssité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?

    il faut voir aussi que maintenant que l'adresse électronique figure sur la première page du papier, on peut recevoir beaucoup d'emails suite à une publication... de journalistes comme de simples curieux.

    sinon, anecdote: Il y a quelques années j'ai participé à un travail dans le domaine médical et on a pu suivre le processus de dégradation de l'information: mon institut s'est doté d'un service de presse, qui publie régulièrement des fiches d'information à l'intention des journalistes. Déjà la fiche sur le travail en question était moyennement fidèle. Elle a été reprise par un journal scientifique, un peu déformée, puis par un quotidien français encore plus déformée, puis finalement par un obscur (à nos yeux) journal africain (ça concernait la santé des pays tropicaux) et la conclusion était juste l'inverse de la notre!

  10. #9
    invitea4a042cf

    Re : Nécéssité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?

    Citation Envoyé par Aqualung Voir le message
    Mais que proposeriez vous pour encourager la recherche scientifique d'information et le développement de l'esprit critique?
    Les "magazines de type "bien être santé & légume vapeur" comme tu dis (et qui résume parfaitement un certain type de journaux ) ne recherchent de toute façon pas une vraie information scientifique, mais à faire plaisir à leurs lecteurs. Donc de ce côté, c'est peine perdue.
    En revanche, pour les journaux "sérieux" grand public non scientifiques, par exemple les quotidiens et les hebdos nationaux, le problème est souvent de savoir à qui s'adresser, et de trouver rapidement un interlocuteur fiable, compétent et disponible. Pas facile. Pour ça, je vois notamment deux pistes. Primo, revoir les sites web de 90 % des laboratoires, qui sont souvent incompréhensibles, et où on ne voit pas bien qui contacter sur tel ou tel sujet. Deuxio, dans chaque laboratoire, trouver une personne volontaire pour répondre aux questions extérieures de néophytes, qu'ils s'agisse de journalistes, de profs de lycées, d'industriels,...
    Enfin, essayer de former le plus de chercheurs possible à la vulgarisation. Il existe des formations de ce type, par exemple www.cvc.u-psud.fr/spip.php?article15

    Et puis malgré tout, il faut accepter l'idée que certaines informations seront déformées, voire carrément fausses. Je sais, c'est embêtant, mais à mon sens, tout vaut mieux que pas d'info scientifique du tout. Or, c'est la tendance actuelle (il suffit de voir comment les pages scientifiques des journaux généralistes sont réduites à peau de chagrin).

  11. #10
    invitea29d1598

    Re : Nécéssité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?

    Citation Envoyé par Cécile Voir le message
    Concernant la vulgarisation et le journalisme, il faudrait aussi que certains scientifiques balaient devant leur porte.
    Il y a 15 jours, j'ai contacté 10 chercheurs français pour avoir des avis sur différents travaux scientifiques récents, m'aider à les comprendre, remettre dans le contexte...
    J'ai eu 2 réponses.
    ouais, bah moi je suis de l'autre côté et je vois plutôt l'inverse : le nombre de journalistes ou de journaux de vulgarisation qui prennent contact avec des scientifiques qui leur répondent positivement, prennent le temps d'écrire un truc clair et complet pour finalement voir publier un machin qui est plus de la SF que la science, il est pas négligeable... donc après faut pas s'étonner que pas mal de scientifiques ne répondent même plus...

    Les scientifiques français ne peuvent pas d'un côté traiter de haut les médias, et de l'autre côté se plaindre d'inexactitudes.
    bah si, c'est tout à fait normal. Quand tu as déjà perdu plusieurs fois un aprés-midi entier pour discuter avec des vendeurs de papier et qu'au bout du compte tu vois un résultat nul voire négatif publié, ça t'encourage pas à perdre plus ton temps.

    Bien sûr, ce n'est pas le cas de tous les chercheurs. Mais d'un trop grand nombre.
    franchement, j'aimerais bien comparer ce nombre à celui des journalistes scientifiques incompétents et pas sérieux...

    à mon sens, tout vaut mieux que pas d'info scientifique du tout.
    avec des propos comme ça, t'étonne pas que les scientifiques ne veuillent pas te répondre... autrefois y'avait un mot qui existait et qui avait un sens : "éthique"... même s'il n'existe quasiment plus du tout dans la presse de vulgarisation, il a encore un sens très important chez certains scientifiques... ainsi que le mot "honnêteté"...

    quand j'etais jeune, je lisais pas mal de journaux vulgarisés. Maintenant, j'en ouvre plus un seul car :

    - si ça parle de domaines que je connais, je m'arrache les cheveux à voir les inepties publiées et présentées comme la Vérité

    - si ça parle de choses que je ne connais pas, j'ai aucune confiance en ce qui est écrit et je préfère de très loin acheter un livre de vulgarisation écrit par quelqu'un de compétent plutôt que de mettre mon argent dans un morceau de papier qui finira à la poubelle et dont le contenu est probablement à des années-lumière d'une info sérieuse...

    bref, comme tu l'auras compris, le refrain caricatural contre les méchants scientifiques m'agace fortement


    [edit] et pas la peine de me traiter de scientifique obtu, je fais moi-même régulièrement de la vulgarisation et je sais très bien faire la différence entre l'exactitude nécessaire en science, les arrondis qu'on peut et doit faire en vulgarisant ainsi que les propos complètement dénués de sens que certains journalistes hésitent pas à publier...

  12. #11
    Deedee81

    Re : Nécéssité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?

    Salut,

    Citation Envoyé par Rincevent Voir le message
    ouais, bah moi je suis de l'autre côté et je vois plutôt l'inverse : le nombre de journalistes ou de journaux de vulgarisation qui prennent contact avec des scientifiques qui leur répondent positivement, prennent le temps d'écrire un truc clair et complet pour finalement voir publier un machin qui est plus de la SF que la science, il est pas négligeable...
    Ah oui, tiens, bonne remarque. J'ai déjà eut aussi l'occasion de le constater.

    Citation Envoyé par Rincevent Voir le message
    quand j'etais jeune, je lisais pas mal de journaux vulgarisés. Maintenant, j'en ouvre plus un seul car :

    - si ça parle de domaines que je connais, je m'arrache les cheveux à voir les inepties publiées et présentées comme la Vérité
    Il reste quelques bonnes revues, non ? Je pense à PLS et LaRecherche, par exemple.

    (mais il est vrai que j'en connais pas mal d'autres, que je ne citerai pas, et que je trouve exécrables de ce point de vue).
    "Il ne suffit pas d'être persécuté pour être Galilée, encore faut-il avoir raison." (Gould)

  13. #12
    invite986312212
    Invité

    Re : Nécéssité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?

    Citation Envoyé par Cécile Voir le message
    Et puis malgré tout, il faut accepter l'idée que certaines informations seront déformées, voire carrément fausses. Je sais, c'est embêtant, mais à mon sens, tout vaut mieux que pas d'info scientifique du tout.
    non, ça c'est inacceptable pour un scientifique. C'est une question d'éthique comme le souligne Rincevent, et aussi de crédibilité. Note que la situation est tout-à-fait dissymétrique entre le journaliste et le chercheur: quoiqu'il écrive, le journaliste n'aura jamais à rendre des comptes, en tout cas on n'a pas vu disparaître de présentateurs télé inventeurs de fausses nouvelles, fausses interviewes, etc. Alors que les chercheurs doivent en permanence se soumettre à l'examen de leurs pairs (qui sont capables de recul vis à vis de fausses infos répandues dansl a presse) et de financeurs (qui le sont moins).

  14. #13
    Deedee81

    Re : Nécéssité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?

    Citation Envoyé par ambrosio Voir le message
    non, ça c'est inacceptable pour un scientifique.
    Cette situation est malheureuse et difficilement évitable mais je pense en effet qu'on ne peut pas dire "ça vaut mieux que pas d'info".

    Je déplore souvent (en voyant des questions de profanes) les ravages de la mauvaise vulgarisation.

    Citation Envoyé par ambrosio Voir le message
    quoiqu'il écrive, le journaliste n'aura jamais à rendre des comptes
    Si, quand même, vis à vis de sa direction. Je pense qu'un journaliste qui dit trop de bêtise et qui croule sous les lettres de protestations risque de ne pas travailler longtemps.

    Mais je serais bien incapable de dire dans quelle mesure cela joue, surtout dans le domaine scientifique (où ils peuvent sans doute faire valoir qu'ils n'ont pas la compétence de juger du fond). Je ne suis pas du métier (des journalistes).

    En tout cas, au vu du nombre de bêtises que j'entend parfois, je me dis que la sanction ne doit pas souvent tomber. Et pas seulement dans le domaine scientifique.
    "Il ne suffit pas d'être persécuté pour être Galilée, encore faut-il avoir raison." (Gould)

  15. #14
    invitea29d1598

    Re : Nécéssité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?

    salut,

    Citation Envoyé par Deedee81 Voir le message
    Il reste quelques bonnes revues, non ? Je pense à PLS et LaRecherche, par exemple.
    ces revues sont effectivement largement au-dessus de certaines autres, mais loin d'être parfaites... disons qu'en réponse aux propos caricaturaux que tient parfois Cécile, ça m'amuse d'être tout aussi caricatural

    reste que pour chacune des deux revues que tu cites, je connais plusieurs scientifiques qui ont publié dedans et qui n'ont pas apprécié du tout la façon dont la rigueur a été mise de côté au profit d'autres "valeurs" plus importantes pour les éditeurs/journalistes... ça fait des choses moins pires que dans les revues auxquelles tu penses, mais c'est regrettable de la part de ces deux revues qui sont prises plus au sérieux par les gens qui ont une culture scientifique supérieure au télespectateur moyen...

    mais franchement, d'autres trucs qui me refroidissent dans l'achat de la presse vulgarisée et font que je préfère de loin acheter des livres vulgarisés, ce sont :

    - le manque de prudence scientifique [cf le sujet initial de ce fil... m'enfin, ça existe aussi dans les livres de vulgarisation... surtout quand ils sont écrits en collaboration avec des journalistes ou directement par l'un ou l'une d'entre eux]
    - le prix...

    je trouve que le rapport qualité prix est quand même assez bas dans la presse scientifique... et je dis ça sans être dans le besoin financier... c'est juste que par principe je n'aime pas payer "cher" un produit ... or beaucoup d'articles de vulgarisation le sont à mes yeux...

    Si, quand même, vis à vis de sa direction.
    détrompe-toi... déjà dans la presse scientifique "spécialisée" certains éditeurs hésitent pas à publier des articles dont des referees ont dit [de manière argumentée] qu'ils n'étaient pas sérieux... et ça dans des revues assez connues dans leurs domaines...

    alors imagine ce que ça peut donner dans la vulgarisation...

    Je pense qu'un journaliste qui dit trop de bêtise et qui croule sous les lettres de protestations risque de ne pas travailler longtemps.
    je pense malheureusement que tu es un peu utopiste sur ce point-là... enfin, pas complètement puisque tu dis

    En tout cas, au vu du nombre de bêtises que j'entend parfois, je me dis que la sanction ne doit pas souvent tomber. Et pas seulement dans le domaine scientifique.

    Cette situation est malheureuse et difficilement évitable mais je pense en effet qu'on ne peut pas dire "ça vaut mieux que pas d'info".
    je connais pas mal de scientifiques qui sont venus à la science après avoir lu de la SF quand ils étaient jeunes... donc pour créer des vocations, la SF suffit

    quant à "l'éducation scientifique des électeurs", c'est un mythe... l'électeur lambda comprendra rien aux arguments scientifiques et se laissera berner par le premier "communiquant" qui passe... suffit de voir les débats sans fin sur certains sujets...

    bref... pour résumer, pour moi la presse vulgarisée scientifique est responsable de sa presque mort mais parfois il est bon de raser pour pouvoir reconstruire sur des bases plus saines. Malheureusement quand je lis certains propos tenus par Cécile [ainsi que d'autres "communiquants" que j'ai eu l'occasion de rencontrer], je me dis qu'on a pas encore atteint le plus bas et que le moment n'est pas encore venu de repartir vers le haut...

  16. #15
    inviteec2f08ae

    Re : Nécéssité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?

    Bonjour à tous,

    Je ne sais pas si il suffirait "d'un comité scientifique" --- vu ce qui est publié par jour, il faudrait une certaine équipe !!!!
    De plus, je trouve ça un peu "censure", un peu comme dans le film "Good Morning Vietnam" où certains officiels choisissent ce qu'ils doivent dire --- et désolé, la censure, ça passe pas.

    Non, en revanche, il faut une vraie politique de démocratisation --- d'où encore notre idée de télévision scientifique !

    Des cours d'épistémologie, aussi, plus, dans le cursus secondaire, ainsi qu'à la fac.

    Des journalistes scientifiques eux aussi, BAC + 4 ou 5, dans la discipline qu'ils démocratisent. Ou des scientifiques qui deviennent journalistes

    Ecrire "un livre" gratuit au format PDF --- sur les décalages entre ce qui est dit --- et par exemple, les journaux de vulgarisation

    Pour résumer, plusieurs axes de réponse (et probablement pleins d'autres --- je le dis à vif), et pas une seule.


    Cyrille

  17. #16
    Deedee81

    Re : Nécéssité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?

    Citation Envoyé par Rincevent Voir le message
    reste que pour chacune des deux revues que tu cites, je connais plusieurs scientifiques qui ont publié dedans et qui n'ont pas apprécié du tout la façon dont la rigueur a été mise de côté au profit d'autres "valeurs" plus importantes pour les éditeurs/journalistes... ça fait des choses moins pires que dans les revues auxquelles tu penses, mais c'est regrettable de la part de ces deux revues qui sont prises plus au sérieux par les gens qui ont une culture scientifique supérieure au télespectateur moyen...
    En effet. J'ignorais cela.

    Citation Envoyé par Rincevent Voir le message
    - le manque de prudence scientifique [cf le sujet initial de ce fil... m'enfin, ça existe aussi dans les livres de vulgarisation... surtout quand ils sont écrits en collaboration avec des journalistes ou directement par l'un ou l'une d'entre eux]
    Ca ne concerne pas que la vulgarisation d'ailleurs. Mais ça y est plus fréquent, en effet, et c'est pourtant là qu'il faudrait plus de prudence puisque le lecteur n'a pas nécessairement le bagage pour juger/vérifier. Je me suis souvent fait la réflexion.

    Citation Envoyé par Rincevent Voir le message
    - le prix...
    Tout est relatif. Ca dépend de ce qu'on appelle chers.

    Citation Envoyé par Rincevent Voir le message
    détrompe-toi... déjà dans la presse scientifique "spécialisée" certains éditeurs hésitent pas à publier des articles dont des referees ont dit [de manière argumentée] qu'ils n'étaient pas sérieux... et ça dans des revues assez connues dans leurs domaines...
    Très bonne remarque !!!! Je connais des cas ! Et pas des moindres !

    Citation Envoyé par Rincevent Voir le message
    quant à "l'éducation scientifique des électeurs", c'est un mythe...
    "L'éducation scientifique", soit, mais "l'éducation critique" ? Est-ce utopiste ? (P.S. je ne suis pas du tout sociologue )

    Citation Envoyé par Rincevent Voir le message
    je me dis qu'on a pas encore atteint le plus bas et que le moment n'est pas encore venu de repartir vers le haut...
    Je ne sais pas pourquoi, mais ça me fait penser à de l'apnée. Espérons qu'on n'étouffe pas
    "Il ne suffit pas d'être persécuté pour être Galilée, encore faut-il avoir raison." (Gould)

  18. #17
    invitea4a042cf

    Re : Nécéssité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?

    Citation Envoyé par Rincevent Voir le message
    ouais, bah moi je suis de l'autre côté et je vois plutôt l'inverse : le nombre de journalistes ou de journaux de vulgarisation qui prennent contact avec des scientifiques qui leur répondent positivement, prennent le temps d'écrire un truc clair et complet pour finalement voir publier un machin qui est plus de la SF que la science, il est pas négligeable... donc après faut pas s'étonner que pas mal de scientifiques ne répondent même plus...
    La SF, on la voit aussi dans les publications scientifiques elles-mêmes : le nombre de fois où les auteurs imaginent des applications complètement hypothétiques juste pour vendre leur papier, c'est ahurissant. Et pourtant, ça passe dans des revues à comité de lecture.
    D'autre part, les scientifiques ne sont pas les derniers pour parler de voyage dans le temps et autres SF.

    bah si, c'est tout à fait normal. Quand tu as déjà perdu plusieurs fois un aprés-midi entier pour discuter avec des vendeurs de papier et qu'au bout du compte tu vois un résultat nul voire négatif publié, ça t'encourage pas à perdre plus ton temps.
    En général, je ne demande qu'une petite demi-heure de leur temps, voire moins. Mais même une réponse du type "désolé, mais je n'ai pas le temps" me semblerait moins... méprisante.

    avec des propos comme ça, t'étonne pas que les scientifiques ne veuillent pas te répondre... autrefois y'avait un mot qui existait et qui avait un sens : "éthique"... même s'il n'existe quasiment plus du tout dans la presse de vulgarisation, il a encore un sens très important chez certains scientifiques... ainsi que le mot "honnêteté"...
    Ne transforme pas mes propos, s'il te plaît. Je regrette moi aussi les erreurs ou approximations. Simplement, elles sont inéluctables, quelle que soit la compétence et l'honnêteté du journaliste. De même, d'ailleurs, qu'il y a des erreurs dans les journaux scientifiques. Je maintiens que malgré cela, il faut s'efforcer d'informer encore et toujours sur les sciences. Tu peux comparer ça à l'enseignement : quand ton enfant entre à l'école, tu sais qu'il aura des bons et des mauvais profs. Ce n'est pas pour ça que tu l'enlèves de l'école.

    je connais plusieurs scientifiques qui ont publié dedans et qui n'ont pas apprécié du tout la façon dont la rigueur a été mise de côté au profit d'autres "valeurs" plus importantes pour les éditeurs/journalistes...
    Il y a aussi beaucoup de scientifiques qui ont du mal avec tout article qui n'est pas écrit dans leur style. Et qui ne comprennent pas qu'il faut intéresser le lecteur, notamment quand il n'est pas scientifique. Il m'est arrivé, par exemple, qu'un chercheur commence à me dire que mon article n'allait pas, puis quand je lui demandais ce qui était faux, il me répondait "non, rien n'est faux, simplement je ne l'aurais pas écrit comme ça".

    je connais pas mal de scientifiques qui sont venus à la science après avoir lu de la SF quand ils étaient jeunes... donc pour créer des vocations, la SF suffit

    quant à "l'éducation scientifique des électeurs", c'est un mythe... l'électeur lambda comprendra rien aux arguments scientifiques et se laissera berner par le premier "communiquant" qui passe... suffit de voir les débats sans fin sur certains sujets...
    Le but du journalisme n'est ni de créer des vocations, ni d'éduquer le lecteur !!!
    Son but est d'informer sur la science en train de se faire.
    Et ça, désolée, mais personne d'autre que le journaliste ne peut le faire. Son métier est de trouver l'info, de la trier, de la valider, de la mettre en perspective, et de la mettre en forme clairement. Ca n'a l'air de rien quand on lit l'article. Pourtant, en amont, ça signifie lire des centaines de résumés pour choisir un sujet. Ca signifie joindre des chercheurs (quand ils daignent répondre) pour avoir leur avis. Ca signifie comprendre (avec l'aide des chercheurs) comment ces travaux s'inscrivent par rapport aux recherches précédentes, ce qu'ils ont de nouveau, leurs points forts et leurs points faibles. Ca signifie essayer de comprendre les implications de ces travaux (soit les applications, soit les retombées pour la recherche en général). Ca signifie essayer de rédiger de manière juste, claire et attrayante, en un nombre de mots limité. Et ce, sur un sujet dont on n'est pas spécialiste.
    A chaque fois que je fais faire un simple exercice d'écriture de brèves à des chercheurs, sur un sujet qui n'est pas de leur spécialité, ils voient que c'est vraiment complexe. Alors qu'ils ne font que la dernière partie du boulot que je viens de décrire. Les chercheurs qui ont passé une semaine en rédaction dans le cadre d'échanges entre journalistes et chercheurs se rendent aussi compte de la difficulté de l'opération. Alors c'est un peu facile de traiter les journalistes scientifiques d'incompétents. Comme si, moi, je traitais d'incompétents les chercheurs à chaque article rétracté !

  19. #18
    invite986312212
    Invité

    Re : Nécéssité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?

    Citation Envoyé par Cécile Voir le message
    Ca n'a l'air de rien quand on lit l'article. Pourtant, en amont, ça signifie (...)
    peux-tu nous dire comment tu travailles? es-tu spécialisée dans une discipline? lis-tu les publis scientifiques ou seulement des résumés, fréquentes-tu les congrès? <ou si tu ne veux pas parler de toi, peux-tu nous dire comment travaillent la majorité des journalistes scientifiques?> je crois que si on se connaissait mieux ça permettrait de surmonter les quelques mauvais souvenirs qu'on a à peu près tous.

  20. #19
    invitea4a042cf

    Re : Nécéssité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?

    Je travaille en gros comme je l'ai décrit là. Je préfère ne pas dire ici les journaux pour lesquels je travaille, car je ne veux parler qu'en mon nom. Mais disons que l'un est un journal mensuel de vulgarisation scientifique réputé. Je travaille dans plusieurs disciplines (physique, chimie, environnement, sciences appliquées, et très rarement bio et médecine). Il m'arrive de fréquenter un congrès, mais c'est rare, par manque de temps.
    Je lis les résumés de beaucoup de publi scientifiques ainsi que de nombreux communiqués de presse (dans ce cas, je réclame systématiquement l'article de base). Je lis aussi d'autres sources comme les publications d'organismes de recherche comme le CNRS, le CEA.... J'assiste à des conférences de presse. Parfois, aussi, des chercheurs avec qui j'ai été en contact précédemment me signalent un résultat intéressant.
    Je fais un premier tri "au pifomètre" en fonction de la rubrique dont je suis responsable, de l'intérêt scientifique de l'article, et aussi de l'intérêt qu'il peut avoir pour les lecteurs : il faut que le sujet ne soit pas réservé aux gens qui s'intéressent à la discipline, mais puisse "parler" à des gens qui n'y connaissent rien auparavant.
    Je fais un deuxième tri avec l'aide de chercheurs à qui je demande leur avis. Ainsi, certains articles qui me paraissaient intéressants s'avèrent "survendus" par leurs auteurs et les éditeurs de journaux (surtout dans Nature et Science), et dans ce cas là, je n'en parle pas (ou dans quelques rares cas, j'en parle pour en dire du mal).
    Puis je rédige, en m'appuyant sur mes propres connaissances, les explications de chercheurs, et la publi elle-même. Je fais relire au chercheur, mais c'est moi qui décide de l'article final (avec la hiérarchie du journal, bien sûr).
    Tous les journalistes scientifiques ne travaillent pas de la même façon : on ne peut pas travailler pareil pour un mensuel ou pour la radio ou un quotidien. Ni pour un journal très grand public ou un journal spécialisé.

  21. #20
    invite986312212
    Invité

    Re : Nécéssité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?

    merci.
    si tu me permets un conseil: méfie-toi des fiches d'actualités pondues par les services de presse des instituts de recherche. Les gens qui y travaillent sont assez ignares et les chercheurs ont rarement leur mot à dire.

  22. #21
    invitea29d1598

    Re : Nécéssité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?

    Citation Envoyé par Cécile Voir le message
    La SF, on la voit aussi dans les publications scientifiques elles-mêmes : le nombre de fois où les auteurs imaginent des applications complètement hypothétiques juste pour vendre leur papier, c'est ahurissant. Et pourtant, ça passe dans des revues à comité de lecture.
    D'autre part, les scientifiques ne sont pas les derniers pour parler de voyage dans le temps et autres SF.
    tu confonds SF et anticipation. Et ce n'est pas pour le plaisir de te contredire, mais il y a véritablement des choses scientifiques correctes à dire sur le voyage dans le temps. Cela n'a strictement rien de SF. Le problème c'est que quand on ne connaît pas la science derrière un sujet on n'est pas capable de voir la différence entre science, anticipation et SF...

    En général, je ne demande qu'une petite demi-heure de leur temps, voire moins. Mais même une réponse du type "désolé, mais je n'ai pas le temps" me semblerait moins... méprisante.
    je t'assure que ce n'est pas l'attitude de tous les journalistes...

    Ne transforme pas mes propos, s'il te plaît.
    tu caricatures donc je fais (à peine) de même.

    Je regrette moi aussi les erreurs ou approximations. Simplement, elles sont inéluctables, quelle que soit la compétence et l'honnêteté du journaliste.
    non. En tous cas pour les erreurs.

    De même, d'ailleurs, qu'il y a des erreurs dans les journaux scientifiques.
    il y a quand même une grande différence entre une erreur involontaire et une erreur de je-m'en-foutisme...

    Je maintiens que malgré cela, il faut s'efforcer d'informer encore et toujours sur les sciences.
    le problème c'est que la majorité des "journaux de vulgarisation" n'informent pas sur "la science" mais sur "ce qu'ils aimeraient que la science soit car ça ferait vendre un max d'exemplaires de leurs papiers"... c'est peut-être une nuance pour toi, mais pour moi c'est bien plus que ça. Suffit pas d'avoir la couleur de la science, l'odeur de la science et le goût de la science pour être un discours scientifique honnête, même vulgarisé.

    Tu peux comparer ça à l'enseignement : quand ton enfant entre à l'école, tu sais qu'il aura des bons et des mauvais profs. Ce n'est pas pour ça que tu l'enlèves de l'école.
    ça n'a strictement rien à voir.

    Il y a aussi beaucoup de scientifiques qui ont du mal avec tout article qui n'est pas écrit dans leur style.
    le style c'est pas ce qui gène la plupart des scientifiques. La forme est rarement un truc important pour les gens qui écrivent des articles scientifiques. Ce qui compte avant tout c'est le fond. Mais la plupart des journalistes et éditeurs sont prêts à sacrifier le fond pour la forme. Et c'est là que le scientifique n'est pas d'accord. En tous cas le scientifique honnête car loin de moi l'idée de prétendre que tous le sont...

    Et qui ne comprennent pas qu'il faut intéresser le lecteur, notamment quand il n'est pas scientifique.
    ils le comprennent très bien (en tous cas pour la plupart : contrairement à ce que tu sembles croire tous les scientifiques ne sont pas stupides)... simplement, si on est prêt à renoncer à la vérité scientifique pour "intéresser" le lecteur, autant lui refiler un abondemment à Pif magazine, c'est plus honnête. Et en plus il y apprendra des choses bien plus en rapport avec le monde réel qu'en lisant certains "articles de vulgarisation".

    Il m'est arrivé, par exemple, qu'un chercheur commence à me dire que mon article n'allait pas, puis quand je lui demandais ce qui était faux, il me répondait "non, rien n'est faux, simplement je ne l'aurais pas écrit comme ça".
    pour avoir écrit et collaboré avec pas mal de scientifiques différents, tu me feras pas croire que ceci est majoritaire... tous les scientifiques que je connais qui se plaignent des journalistes et des médias de vulgarisation le font non pas à cause de la forme mais bien du détournement du fond.

    Le but du journalisme n'est ni de créer des vocations, ni d'éduquer le lecteur !!!
    Son but est d'informer sur la science en train de se faire.
    mais pour cela faut-il justement parler de la véritable science et non pas d'un mélange de SF et de trucs approximatifs...

    Et ça, désolée, mais personne d'autre que le journaliste ne peut le faire.
    laisse- moi rire... tu as jamais entendu parler de scientifiques écrivant des bouquins de vulgarisation ?

    Son métier est de trouver l'info, de la trier, de la valider, de la mettre en perspective, et de la mettre en forme clairement
    "la valider" en parlant d'un journaliste... tu as vraiment un sens de l'humour de premier choix
    on parle pas des journalistes théoriques, on parle de ceux qui existent en vrai et qui pour la majorité sont prêt à publier n'importe quoi du moment que ça se vend bien

    Ca n'a l'air de rien quand on lit l'article. Pourtant, en amont, ça signifie lire des centaines de résumés pour choisir un sujet. Ca signifie joindre des chercheurs (quand ils daignent répondre) pour avoir leur avis. Ca signifie comprendre (avec l'aide des chercheurs) comment ces travaux s'inscrivent par rapport aux recherches précédentes, ce qu'ils ont de nouveau, leurs points forts et leurs points faibles. Ca signifie essayer de comprendre les implications de ces travaux (soit les applications, soit les retombées pour la recherche en général). Ca signifie essayer de rédiger de manière juste, claire et attrayante, en un nombre de mots limité. Et ce, sur un sujet dont on n'est pas spécialiste.
    A chaque fois que je fais faire un simple exercice d'écriture de brèves à des chercheurs, sur un sujet qui n'est pas de leur spécialité, ils voient que c'est vraiment complexe. Alors qu'ils ne font que la dernière partie du boulot que je viens de décrire. Les chercheurs qui ont passé une semaine en rédaction dans le cadre d'échanges entre journalistes et chercheurs se rendent aussi compte de la difficulté de l'opération. Alors c'est un peu facile de traiter les journalistes scientifiques d'incompétents. Comme si, moi, je traitais d'incompétents les chercheurs à chaque article rétracté !
    c'est pourtant ce que tu fais plus haut en disant que les scientifiques français ont pas envie de communiquer, qu'ils sont incapables de s'exprimer clairement, etc...

    j'ai écrit divers articles de vulgarisation, j'ai participé à la préparation d'une émission de télé de vulgarisation, j'ai fait de la vulgarisation "in vivo" avec des écoles, du grand public, etc, j'ai de nombreux collègues qui ont interagi et interagissent avec des journalistes et franchement tes propos me semblent on ne peut plus coupés de la réalité... je dis pas que tu mens, simplement tu embellis les journalistes et noircis les scientifiques de manière que je qualifierais soit de naïve, soit de malhonnête. Je sais pertinemment que tous les scientifiques ne sont pas doués en communication auprès du grand public ni n'en sont fan, mais tu me fais doucement rigoler avec ta vision idélique de la presse... et ce d'autant plus que je sais très bien dans quel journal tu publies régulièrement et que j'aurais plusieurs anecdotes croustillantes à raconter à son sujet même si son niveau reste bien plus honnête que celui d'autres concurrents...

    m'enfin, pour mettre tout le monde d'accord, je suis prêt à dire que les problèmes dont souffrent la presse moderne sont également présents dans la recherche : on est dans une société où seules les apparences et la productivité comptent. Deux valeurs qui sont antonymes à tout travail de recherche ou de journalisme sérieux. Quasiment tous les chercheurs sont prêts à admettre que dans leurs "publications scientifiques", y'en a un nombre absolument pas négligeable dont l'intérêt scientifique frôle le néant... ce sont des "publications alimentaires" qu'on est obligé d'écrire pour faire plaisir aux politiciens et administratifs qui ne pensent qu'à mettre des chiffres les plus gros possibles dans des tableaux de rendement à court terme...

    Citation Envoyé par ambrosio
    si tu me permets un conseil: méfie-toi des fiches d'actualités pondues par les services de presse des instituts de recherche. Les gens qui y travaillent sont assez ignares et les chercheurs ont rarement leur mot à dire.
    je ne peux qu'être entièrement d'accord... quand je vois le fric mis dans la comm' plutôt que dans les recrutements et quand je vois ce que ça donne parfois...

    ps: pour ce que tu dis de Science et Nature, je ne connais aucun physicien qui prend ces revues pour quelque chose de très sérieux... leur principal intérêt est pécunier : si tu arrives à publier dedans, c'est bien vu des administratifs et donc tu as plus de chance d'obtenir des financements pour des projets. Mais c'est pas dans Nature ou Science que se publient les articles les plus intéressants [sauf accident], loin de là...

  23. #22
    invitebd2b1648

    Re : Nécéssité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?

    Citation Envoyé par Rincevent Voir le message
    je t'assure que ce n'est pas l'attitude de tous les journalistes...
    Des scientifiques tu voulais dire ... nan ?

    tu caricatures donc je fais (à peine) de même.
    Tu t'enflammes surtout !
    Moi je pense à ceux qui doivent trouver un stage étant scientifique n'est-ce pas difficile sachant que j'ai essayé mais pas réussi parce que ... parce que je suis fou !

    Pas Cordialement !

    DarkOctani le méchant !

  24. #23
    invitea29d1598

    Re : Nécéssité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?

    Citation Envoyé par octanitrocubane Voir le message
    Des scientifiques tu voulais dire ... nan ?
    nan

    je voulais dire que tous les journalistes ne demandent pas qu'une demi-heure... certains hésitent pas à te demander (voire à exiger) plusieurs heures pour au bout du compte ne pas faire grande importance de la "vérité scientifique"

    quant aux scientifiques, je sais bien que plein de scientifiques ont pas envie de leur répondre... mais y'en a un nombre non-négligeable, c'est vraiment dû à des mauvaises expériences qu'ils ont eues ou dont ils ont entendu parler...

    Tu t'enflammes surtout !
    que nenni

    ne pas toujours assimiler les mots avec l'état d'esprit de la personne qui les écrit

  25. #24
    invitebd2b1648

    Re : Nécéssité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?

    Citation Envoyé par Rincevent Voir le message
    ne pas toujours assimiler les mots avec l'état d'esprit de la personne qui les écrit
    Comme moi !

    DarkOctani le méchant !!!

  26. #25
    invitea4a042cf

    Re : Nécéssité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?

    Citation Envoyé par Rincevent Voir le message
    il y a quand même une grande différence entre une erreur involontaire et une erreur de je-m'en-foutisme...
    Parce que pour toi, les erreurs des journalistes sont forcément du je-m'en-foutisme ? Essaie de faire un article, en une demi-journée, sur un sujet que tu ne connais pas au départ, et on en reparle.

    le problème c'est que la majorité des "journaux de vulgarisation" n'informent pas sur "la science" mais sur "ce qu'ils aimeraient que la science soit car ça ferait vendre un max d'exemplaires de leurs papiers"... c'est peut-être une nuance pour toi, mais pour moi c'est bien plus que ça. Suffit pas d'avoir la couleur de la science, l'odeur de la science et le goût de la science pour être un discours scientifique honnête, même vulgarisé.
    Oui, le but d'un journal est de vendre. Désolée, mais ils ne sont pas rémunérés sur fonds publics. Ca ne veut pas dire pour autant qu'ils informent sur "ce qu'ils aimeraient que la science soit".
    le style c'est pas ce qui gène la plupart des scientifiques. La forme est rarement un truc important pour les gens qui écrivent des articles scientifiques. Ce qui compte avant tout c'est le fond. Mais la plupart des journalistes et éditeurs sont prêts à sacrifier le fond pour la forme. Et c'est là que le scientifique n'est pas d'accord. En tous cas le scientifique honnête car loin de moi l'idée de prétendre que tous le sont...
    Certains scientifiques tentent d'intervenir sur la forme, et notamment sur le niveau de vulgarisation. Je me souviens encore d'un disant au téléphone à un collègue "mais tous les lecteurs de votre journal savent ce qu'est l'intrication quantique, il n'y a pas besoin de l'expliquer"

    laisse- moi rire... tu as jamais entendu parler de scientifiques écrivant des bouquins de vulgarisation ?
    Tu confonds encore journalisme et vulgarisation.

    "la valider" en parlant d'un journaliste... tu as vraiment un sens de l'humour de premier choix
    Quand je dis "valider", ça veut dire trouver des chercheurs compétents du domaine et vérifier avec eux l'intérêt de l'article. D'où la nécessité de discuter avec des chercheurs... à conditions qu'ils daignent répondre. On en revient toujours là.

    on parle pas des journalistes théoriques, on parle de ceux qui existent en vrai et qui pour la majorité sont prêt à publier n'importe quoi du moment que ça se vend bien
    Je parle des journalistes que je connais. Aussi bien des revues spécialisées que des médias très grand public. Mais il est vrai que ce sont des journalistes spécialisés en sciences. Je connais moins les journalistes généralistes.

    c'est pourtant ce que tu fais plus haut en disant que les scientifiques français ont pas envie de communiquer, qu'ils sont incapables de s'exprimer clairement, etc...
    Je n'ai pas généralisé, tu déformes mes propos. Je regrette simplement que si peu de scientifiques comprennent l'importance des médias.
    Les scientifiques américains ou britanniques risquent tout autant que les scientifiques français de voir leurs propos déformés (voire davantage, vu la presse britannique ). Pourtant, ils répondent presque systématiquement.
    Quasiment tous les chercheurs sont prêts à admettre que dans leurs "publications scientifiques", y'en a un nombre absolument pas négligeable dont l'intérêt scientifique frôle le néant... ce sont des "publications alimentaires" qu'on est obligé d'écrire pour faire plaisir aux politiciens et administratifs qui ne pensent qu'à mettre des chiffres les plus gros possibles dans des tableaux de rendement à court terme...
    C'est justement ces articles que je tente de rejeter avec l'aide de chercheurs, c'est ça que j'appelle "validation", ce qui te fait rigoler.

    je ne peux qu'être entièrement d'accord... quand je vois le fric mis dans la comm' plutôt que dans les recrutements et quand je vois ce que ça donne parfois...
    Oh, ça doit être 0,01 % du budget du CNRS ! Voire moins.

  27. #26
    invitea4a042cf

    Re : Nécéssité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?

    Et si le journalisme scientifique disparaît, les gens "s'informeront" autrement, à des sources beaucoup beaucoup moins fiables. Il suffit de voir la discussion récente http://forums.futura-sciences.com/de...ml#post2887259

  28. #27
    invite0e4ceef6

    Re : Nécéssité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?

    Citation Envoyé par Cécile Voir le message
    Je ne sais pas si tu es au courant, mais il y a un truc, en France et dans toutes les vraies démocraties, qui s'appelle la liberté d'expression. Ca inclut le droit de dire des conneries.
    Et l'histoire a montré que tous les comités de contrôle et autres ordres de telle ou telle profession outrepassaient un jour leur pouvoir.
    Bref, je suis totalement opposée à ta proposition. En revanche, les institutions scientifiques devraient parfois balayer devant leur porte, et arrêter de publier des communiqués de presse racoleurs et survendus. Ce n'est pas systématique, mais c'est fréquent. Et ça a malheureusement l'effet que tu décris sur certains médias non scientifiques.
    +1

  29. #28
    invite2e21fee6

    Re : Nécéssité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?

    Citation Envoyé par Cécile Voir le message
    En revanche, les institutions scientifiques devraient parfois balayer devant leur porte, et arrêter de publier des communiqués de presse racoleurs et survendus. Ce n'est pas systématique, mais c'est fréquent. Et ça a malheureusement l'effet que tu décris sur certains médias non scientifiques.
    Oui en effet, le dernier exemple en date est le professeur Jacques Balthazar de mon université qui a publié un torchon parlant de "la cause génétique de l'homosexualité". Le sujet a été repris partout alors que sa conclusion est une spéculation (il suffit de jeter un coup d'œil à ses "expériences") mais son ego a prit le dessus et la conduit à se vendre dans tous les journaux.

    Les deux parties sont sans doutes en cause, néanmoins je persiste dans l'idée qu'il faudrait au moins une volonté politique ou autre qui permettrait d'expliquer aux gens quel journal (plutôt qu'un autre) fait un travail correct. Surtout dans des cas comme l'étude sur l'homosexualité où les conséquences pourraient être, à mon sens, assez catastrophiques. (je lui ais d'ailleurs écris un email à ce sujet)

    ps: sinon je n'avais pas pensé que ma discussion deviendrait un combat Science vs Média

  30. #29
    invitea4a042cf

    Re : Nécéssité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?

    Quand tu vois que même l'Académie des sciences est incapable de prendre clairement position entre un très bon scientifique (Edouard Bard) et un zozo (Claude Allègre), tu imagines sans peine la difficulté d'une "une volonté politique ou autre qui permettrait d'expliquer aux gens quel journal (plutôt qu'un autre) fait un travail correct."

  31. #30
    invitea29d1598

    Re : Nécéssité d'un contrôle de la vulgarisation scientifique?

    Citation Envoyé par Cécile Voir le message
    Parce que pour toi, les erreurs des journalistes sont forcément du je-m'en-foutisme ?
    tu fais des généralités qui me semblent injustifiées sur les scientifiques donc j'en fais (qui en plus ne me semblent pas si injustifiées que ça compte tenu de ce que j'ai vu ) sur les journalistes...

    Essaie de faire un article, en une demi-journée, sur un sujet que tu ne connais pas au départ, et on en reparle.
    déjà fait

    je sais bien que ce n'est pas un travail facile. Reste que soit certains journalistes sont stupides et comprennent rien à ce qu'ils écrivent même après une demi-journée passé sur le sujet, soit ils s'en foutent complètement.

    Oui, le but d'un journal est de vendre. Désolée, mais ils ne sont pas rémunérés sur fonds publics.
    Pif magazine non plus

    Ca ne veut pas dire pour autant qu'ils informent sur "ce qu'ils aimeraient que la science soit".
    c'est ce que font certains qui ne parlent pàs de la vraie science et colportent une image complètement fausse

    Certains scientifiques tentent d'intervenir sur la forme, et notamment sur le niveau de vulgarisation. Je me souviens encore d'un disant au téléphone à un collègue "mais tous les lecteurs de votre journal savent ce qu'est l'intrication quantique, il n'y a pas besoin de l'expliquer"
    je veux bien te croire. Contrairement à toi je ne crois pas en un monde manichéen

    Tu confonds encore journalisme et vulgarisation.
    je confonds pas, je les assimile. Le journalisme scientifique doit nécessairement être vulgarisé.

    Quand je dis "valider", ça veut dire trouver des chercheurs compétents du domaine et vérifier avec eux l'intérêt de l'article. D'où la nécessité de discuter avec des chercheurs... à conditions qu'ils daignent répondre. On en revient toujours là.
    ouais, à part que perso je connais plus de chercheurs qui acceptent de répondre aux journalistes que de chercheurs qui refusent de le faire... encore une fois, on en revient au même : tu fais une généralité d'une expérience personnelle... donc je vois pas pourquoi je ferais pas de même en disant que tous les journalistes sont des incompétents car c'est l'extrapolation que je devrais naturellement faire de mes expériences avec la presse/les médias

    Je parle des journalistes que je connais. Aussi bien des revues spécialisées que des médias très grand public. Mais il est vrai que ce sont des journalistes spécialisés en sciences. Je connais moins les journalistes généralistes.
    je veux bien croire qu'il y a une différence à ce niveau-là. Je ne saurais pas dire si tous les journalistes incompétents ou malhonnêtes que j'ai vus ou dont j'ai entendu parler ou dont j'ai lu les écrits étaient officiellement spécialisés en science

    Je n'ai pas généralisé, tu déformes mes propos. Je regrette simplement que si peu de scientifiques comprennent l'importance des médias.
    encore une fois tu généralises : la majorité des scientifiques sont bien conscients de l'importance des médias et regrettent fermement que ce soient des gens aussi peu compétents et aussi peu consciencieux...

    Les scientifiques américains ou britanniques risquent tout autant que les scientifiques français de voir leurs propos déformés (voire davantage, vu la presse britannique ). Pourtant, ils répondent presque systématiquement.
    pour moi y'a deux facteurs :
    - la façon dont ils sont financés [obligés de demander de l'argent de tous les côtés et donc habitués à "vendre" leur recherche en écrivant des baratins semi-vulgarisés pas toujours honnêtes]
    - le fait que les journalistes scientifiques anglosaxons ont géneralement un background bien plus sérieux que les français

    pour le premier point, suffit de voir les centaines de communiqué de presse de la nasa qui sont des contre-vérités mais ont avant tout pour but de faire bien auprès du sénat ou du congrès [sais plus qui vote leur budget]

    Oh, ça doit être 0,01 % du budget du CNRS ! Voire moins.
    je t'assure que vu de l'intérieur, c'est une partie de plus en plus grande et fortement exagérée, surtout si on compare au fait que le nombre de postes est pas en augmentation... pour info, dans la comm, je mets les dizaines de milliers d'euros dépensés pour des sites web minables qui fonctionnent moins bien que les anciens sites, les centaines de milliers d'euros gaspillés pour des logos généralement laids et moins bien que les anciens, etc... je sais que ça te concerne pas, mais pour un scientifique c'est pareil : ça entre dans le stupide budget comm' et ça rend pas service à l'image que se fait le scientifique lambda de la "communication envers le grand public"...

    et je ne parle pas que du cnrs mais de tous les organismes de recherche, en particulier ceux que je connais [université, observatoires astronomiques, etc]

    En revanche, les institutions scientifiques devraient parfois balayer devant leur porte, et arrêter de publier des communiqués de presse racoleurs et survendus. Ce n'est pas systématique, mais c'est fréquent. Et ça a malheureusement l'effet que tu décris sur certains médias non scientifiques.
    sois sûr que c'est majoritairement une volonté des dirigeants [politiciens et administratifs] plutôt que des scientifiques...

    Quand tu vois que même l'Académie des sciences est incapable de prendre clairement position entre un très bon scientifique (Edouard Bard) et un zozo (Claude Allègre), tu imagines sans peine la difficulté d'une "une volonté politique ou autre qui permettrait d'expliquer aux gens quel journal (plutôt qu'un autre) fait un travail correct."
    entièrement d'accord sur le fond... mais ça illustre une fois de plus le problème qu'il y a à laisser des gens incompétents écrire n'importe quoi en prétendant que c'est "de la science"...

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