la distribution du "confort"
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la distribution du "confort"



  1. #1
    caribou.volant

    la distribution du "confort"


    ------

    Salut,
    Depuis d'un peu plus d'un siècle beaucoup d'inventions ont été "distribués" à travers le monde [ Pays developpés, PEV]. Elles ont changé l'existence humaine, le quotidien, nos visions du monde.

    Le concept d'éthique existait t-il durant cette période de mutation. ( ou le pré-concept si je puis dire ).

    Cette distribution massive s'est réalisée également sous le poid économique et politique : a t-elle été décidée, et par qui ?
    Peut-on dire alors qu'il y a eu un impact indirect de la science sur la population ?

    Merci de vos réponses
    Karine

    -----

  2. #2
    Saint-Sandouz

    Re : la dsitribution du "confort"

    Citation Envoyé par caribou.volant Voir le message
    Depuis d'un peu plus d'un siècle beaucoup d'inventions ont été "distribués" à travers le monde [ Pays developpés, PEV]. Elles ont changé l'existence humaine, le quotidien, nos visions du monde.
    Le concept d'éthique existait t-il durant cette période de mutation. ( ou le pré-concept si je puis dire ).
    Cette distribution massive s'est réalisée également sous le poid économique et politique : a t-elle été décidée, et par qui ?
    Peut-on dire alors qu'il y a eu un impact indirect de la science sur la population ?
    En fait d’éthique on vivait jusqu’à il y a encore peu de temps selon la philosophie scientiste héritée du 19e siècle. Quand j’étais gamin, dans les années 50 et 60, l’avènement du nucléaire civil, la diffusion massive de l’automobile et la construction des autoroutes, les avancées de la médecine bien entendu, l’invention du transistor, etc., étaient considérés sans aucune ambigüité comme des progrès absolu. Le développement du Concorde est emblématique : aucune étude de marché n’a été effectuée au préalable et le projet a été mené jusqu’au bout en dépit des signaux d’alarme. On était passé de l’avion à hélice qui volait à 500 km/h à l’avion à réaction qui volait à 1.000 km/h. L’étape suivante ne pouvait être que 2.000 km/h. Le projet américain de supersonique a d’emblée sauté à l’étape suivante : Mach 3.
    Selon l’idéologie dominante, l’homme avait pour mission de dominer la nature et la science allait lui donner des moyens illimités. Ce qui était techniquement faisable, apparemment économiquement souhaitable, scientifiquement fondé ne pouvait qu’être bénéfique. Bref, on n’arrêtait pas le progrès !
    Pour l’usine marée-motrice de la Rance aucune étude d’impact n’a été effectuée. On pourrait multiplier les exemples.

    Les problèmes d’éthique ne se posaient pas encore en médecine et en biologie car on n’en était pas encore à pouvoir manipuler quoi que ce soit.
    Seule la pilule, inventée en 1955 par le Dr Pincus, a suscité de virulentes réticentes, mais en vertu de la morale traditionnelle, et elle n’a été légalisée en France qu’en 1968.

    C’est pour cela qu’on est actuellement en train de réparer les dégats de ces années-là non seulement parce qu’il n’y avait aucune réflexion éthique mais qu’il n’y avait pas non plus ce qu’on appellerait de sensibilité à l’impact éventuel.
    C’était l’époque de la foi dans le progrès.
    La question éthique est relativement récente.

    ND
    Travailler dur n'a jamais tué personne, mais je préfère ne pas prendre de risques.

  3. #3
    caribou.volant

    Re : la dsitribution du "confort"

    Merci de votre réponse.
    Le fait qu'une telle diffusion de confort ait été spontanée casse un peu le mythe " des décideurs de fond" ou ne va pas dans le sens d'une théorie dites des complots.
    Karine

  4. #4
    Saint-Sandouz

    Re : la dsitribution du "confort"

    Citation Envoyé par caribou.volant Voir le message
    Merci de votre réponse.
    Le fait qu'une telle diffusion de confort ait été spontanée casse un peu le mythe " des décideurs de fond" ou ne va pas dans le sens d'une théorie dites des complots.
    Karine
    Je ne suis pas certain de comprendre exactement tous les points.
    * La « diffusion du confort ». Ce sont bien les choses comme l’habitat, la voiture, la santé, les gadgets divers et variés qui nous apportent une quantité de bonheur absolument terrorisante…
    * Les « décideurs de fond ». Si je comprends bien ça pourrait s’appliquer à ce qu’on appelé les technocrates et la technostructure. Oui, ça existe… ou ça a existé puisque leur influence est très marginale par rapport à leurs années glorieuses.
    Ce sont en effet eux qui sont à l’origine de la nucléarisation massive en France, dont l’objectif était de passer au « tout électrique ». L’idée était que, à plus ou moins terme, tout le monde soit directement ou indirectement client d’EDF.
    Ils ont aussi, consciemment ou inconsciemment, fait la promotion du transport routier avec la construction des autoroutes, du tunnel du Mont Blanc, et autres grands travaux
    Ils sont aussi responsables de l’urbanisme de zones, résidentielles, industrielles, commerciales, tertiaires, etc. qui donnent les cités dortoirs, les quartiers déserts, etc.
    Tout cela a été l’objet de nombreux débats et études. Ce serait un peu long d’analyser cela.
    Il faut dire d’abord qu’ils ne prenaient pas de décisions seuls. Leur idéologie était en quelque sorte la pensée unique de l’époque et ces options étaient considérées en général comme normales.

    Ce qui les a fait tomber de leur piédestal c’est d’une part qu’ils se prenaient pour les oracles du progrès et que leurs prévisions se sont révélées erronées pour la plupart et d’autre part ils sont à l’origine d’une quantité colossale de fiascos.

    Il y a donc bien eu une technocratie qui a réussi à prendre une influence énorme mais qui s’est totalement discréditée.
    Il faut pondérer cela avec le fait que de nombreux phénomènes de société se sont produit malgré eux, voire contre eux.

    L’invention du transistor qui a permis la diffusion massive des produits électroniques est totalement indépendante.
    La première période de l’informatique, fondée sur de gros systèmes centralisés, leur correspondait exactement mais l’arrivée de la micro informatique a tout bouleversé.

    Le terme de complot ne correspond donc pas du tout à la réalité.

    ND
    Travailler dur n'a jamais tué personne, mais je préfère ne pas prendre de risques.

  5. A voir en vidéo sur Futura
  6. #5
    invité576543
    Invité

    Re : la dsitribution du "confort"

    Citation Envoyé par Nicolas Daum Voir le message
    La question éthique est relativement récente.
    Disons le phénomène de se poser les questions sur l'aspect positif ou négatif des progrès techniques ou de progrès techniques particuliers. (En appelant "progrès technique", sans jugement de valeur, l'apparition d'une nouvelle technique apportant des possibilités supplémentaires par rapport à ce que permettaient les techniques connues au préalable.)

    L'éthique en général est bien plus ancienne!

    Notons aussi que c'est quelque chose de récent en occident. Par exemple, en Chine dans le temps des innovations techniques n'étaient pas considérées comme positives. On peut citer le Japon qui a refusé les techniques occidentales pendant deux siècles. Et nombre de cultures n'ont pas importé des techniques qu'elles connaissaient pourtant par contact avec des groupes voisins; à savoir si c'est pour des raisons "éthiques" va dépendre de la définition fine qu'on donne à ce mot.

    Cordialement,

  7. #6
    Saint-Sandouz

    Re : la dsitribution du "confort"

    Citation Envoyé par Michel (mmy) Voir le message
    Disons le phénomène de se poser les questions sur l'aspect positif ou négatif des progrès techniques ou de progrès techniques particuliers. (En appelant "progrès technique", sans jugement de valeur, l'apparition d'une nouvelle technique apportant des possibilités supplémentaires par rapport à ce que permettaient les techniques connues au préalable.)
    L'éthique en général est bien plus ancienne!
    Notons aussi que c'est quelque chose de récent en occident. Par exemple, en Chine dans le temps des innovations techniques n'étaient pas considérées comme positives. On peut citer le Japon qui a refusé les techniques occidentales pendant deux siècles. Et nombre de cultures n'ont pas importé des techniques qu'elles connaissaient pourtant par contact avec des groupes voisins; à savoir si c'est pour des raisons "éthiques" va dépendre de la définition fine qu'on donne à ce mot.
    Il y a toujours eu un scepticisme de la part d’une partie de l’opinion à l’égard des progrès technique et scientifique mais souvent au nom d’un conservatisme moral et idéologique. Ça a nourri par réaction le scientisme qui représentait donc le progrès en général.
    L’absence d’éthique dont je parle se retrouve aujourd’hui en Chine avec la construction du barrage des Trois Gorges ou l’organisation des jeux olympiques. Il y a quelques décennies on construisait aussi chez des barrages sans tenir le moindre compte des populations déplacées, on éventrait des quartiers pour construire des autoroutes, les usines polluantes déversaient leurs déchets dans les rivières et dans l’atmosphère, car, disait-on, « on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. »
    Ce qui a changé c’est la prise en compte de la personne comme sujet. On donne à cette évolution le nom d’individualisme, ce qui est à mon avis une erreur. C’est une rupture avec la morale traditionnelle aussi, qui ne se préoccupait guère de la personne non plus. Les opposants à la pilule contraceptive n’invoquaient pas le bien-être ou la liberté des femmes : « Les maris ont-ils songé que désormais c’est la femme qui détiendra le pouvoir absolu d’avoir ou de ne pas avoir d’enfants en absorbant la pilule, même à leur insu ? Ils perdront la fière conscience de leur virilité féconde et les femmes ne seront plus qu’un objet de volupté stérile. » (Jean Coumaros, député UDR, cité par Le Monde du 28/12/2007.)

    Il s’agit donc d’une éthique nouvelle en ce sens que son objet a changé. Ce n’est plus l’intérêt général, ou la Nation, ou une instance transcendante qui est la mesure de toute chose mais les personnes concrètes.

    ND
    Travailler dur n'a jamais tué personne, mais je préfère ne pas prendre de risques.

  8. #7
    invité576543
    Invité

    Re : la distribution du "confort"

    Je suis assez choqué par la notion "d'absence d'éthique" alors qu'il s'agit nécessairement de différence d'éthique.

    Ca donne l'impression que "éthique différente de l'éthique actuelle occidentale" est traduite par "absence d'éthique", ce qui est du "culturo-centrisme" pour moi.

    Faudrait déjà clarifier un peut la terminologie. Je comprends dans ces échanges le mot "éthique" comme "Ensemble de principes régulateurs de l'action et de la conduite morale".

    Du coup, pour moi tout humain (sauf très jeunes et autres exceptions), toute collectivité humaine, a une éthique. Et cette éthique diffère d'une personne à l'autre, d'une collectivité à l'autre, d'une époque à l'autre; mais l'absence ne s'applique pas.

    Il s’agit donc d’une éthique nouvelle en ce sens que son objet a changé.
    L'éthique change tout le temps. Son objet est toujours le même, à mon sens, les principes régulant la prise de décision des individus et des collectivités. Ce qui change c'est la pondération entre les intérêts divers et contradictoires.

    Je comprends ce que tu dis comme une évolution de l'éthique occidentale dans le sens d'une pondération croissante de certains intérêts individuels par rapport à certains intérêts collectifs.

    Le confort individuel est clairement à classer dans les intérêts individuels de court terme. Il y a certainement un évolution de l'éthique (et non une apparition d'une éthique, à mon sens) donnant une importance plus grande au confort individuel.

    Je vois cela comme une conséquence de l'augmentation des moyens techniques, donc bien "un impact de la science sur la population". Quand les moyens étaient (en occident par exemple) ou sont plus faibles, la majorité des individus s'occupent de survie et de leur descendance avant de s'occuper de leur confort, et l'éthique correspondante est celle du travail bien fait et des enfants bien nourris. Une minorité avec des moyens plus élevés cherchent quelque chose en plus, le statut, le pouvoir.

    Mais quand l'amélioration des moyens permet à la majorité de remplir les buts premiers, la survie personnelle et de sa lignée, et comme donner du pouvoir ou du statut à tout le monde est contradictoire avec la notion même de pouvoir ou de statut, les buts suivants sont le confort, la vie facile; l'éthique se déplace de celle du travail bien fait et des enfants bien nourris vers celle de la liberté individuelle, de la jouissance de la vie.

    Qui a décidé cela? Personne, c'est humain, c'est tout. Les moyens techniques, nous les découvrons. Et une fois découvert, les pulsions de base amènent à les utiliser, sans qu'il y ait de décision collective. Pulsions à faire des enfants, à croître et multiplier; pulsions vers le statut et le pouvoir; pulsions vers le plaisir, la jouissance de vivre.

    Personne n'a décidé qu'il y avait du pétrole et autres sources d'énergie facile à ramasser, énergie essentielle au confort "moderne". Personne n'a décidé qu'il était possible de faire des générateurs et des moteurs électriques, ou des moteurs à combustion interne, ou des réfrigérateurs, ou des circuits électroniques. Ca existait et ça été découvert; ça a été trouvé utile pour satisfaire les pulsions de base, et on a cédé à ces pulsions.

    Cordialement,

  9. #8
    Saint-Sandouz

    Re : la distribution du "confort"

    Citation Envoyé par Michel (mmy) Voir le message
    Je suis assez choqué par la notion "d'absence d'éthique" alors qu'il s'agit nécessairement de différence d'éthique.
    Ca donne l'impression que "éthique différente de l'éthique actuelle occidentale" est traduite par "absence d'éthique", ce qui est du "culturo-centrisme" pour moi.
    Attention :
    a) Je me limite à la question de Karine, du moins telle que je l’ai comprise, sur le développement du « confort ». J’ai compris par « confort » notre environnement technologique qui nous donne une telle qualité de vie. Je traduis ça par le progrès technique et scientifique. Par parenthèse, du haut mes 64 ans, je pense en effet que la vie est aujourd’hui plus facile et plus confortable, plus agréable même, que dans ma jeunesse.
    b) Elle demande aussi si ça a été programmé, si ça a fait l’objet d’un choix éthique, et accessoirement si c’est le résultat d’un « complot », autrement dit si ça a été imposé aux populations selon des objectifs qui les dépassent.

    Ma réponse se limite donc à ce qui s’est passé en occident et à une éventuelle éthique du progrès.

    Il y a toujours eu une (ou des) éthiques(s) bien entendu.
    En ce qui concerne le progrès technique et scientifique par contre, la seule éthique qu’il y a eu pendant longtemps était le scientisme selon lequel la science ne pouvait engendrer que des bienfaits. Penser le contraire était passéiste, conservateur.
    Construire des cités au milieu des champs de betterave selon les principes de l’urbanisme hygiéniste de la Charte d’Athènes, ne pouvait être que positif puisque c’était rationnel. De fait l’individu, avec ses besoins et son mode de vie, irrationnels et divers par définition, n’avait pas sa place.
    C’est ce que j’appelle une absence d’éthique en ce sens que, dans les réflexions sur les objectifs de l’action, à la place de la personne réelle on trouve un ectoplasme fantasmé. Si éthique il y a, son approche est plutôt holiste, c’est à dire que l’être humain est à la fois quantité négligeable, plutôt gênant s’il a un comportement différent du modèle, et partie d’un tout qui le dépasse et auquel il est prié de se soumettre.

    Pour ma part je ne vois aucune éthique au sens vrai dans la Charte d’Athènes, qui est en quelque sorte l’application du scientisme à l’urbanisme et à l’architecture.
    Ce document programmatique pourrait être vu comme l’expression d’un complot puisqu’il a été plus ou moins consciemment la bible des bâtisseurs des années 50 et 60. Les dégâts sont encore criants aujourd’hui et justement si nous les mesurons c’est bien en vertu d’une éthique, celle qui met la personne humaine concrète, dans sa diversité et son irrationalité, au centre de sa réflexion.

    Je trouve que cet exemple est tout à fait typique de cette période.

    ND
    Travailler dur n'a jamais tué personne, mais je préfère ne pas prendre de risques.

  10. #9
    invité576543
    Invité

    Re : la distribution du "confort"

    Citation Envoyé par Nicolas Daum Voir le message
    Pour ma part je ne vois aucune éthique au sens vrai
    Je persiste dans ma question de vocabulaire. "vrai" peut être pris à deux sens très distinct ici. L'un est un jugement de valeur, ce qui revient à dire "éthique distincte de l'éthique actuelle, prise comme référence". L'autre serait un jugement de moyen, c'est à dire l'absence d'une réflexion suffisamment poussée pour que le choix ait été fait conformément à l'éthique des auteurs.

    C'est le dilemme très courant entre le con et le salaud : dans le premier cas l'éthique est "acceptable" (i.e., compatible avec une éthique de référence, en général celle de la culture de celui qui porte le jugement) mais il y a erreur de décision, par insuffisance de moyens; dans le deuxième la décision est conforme à l'éthique du décideur (pas de problème de moyens) mais son éthique n'est pas "acceptable".

    Ce document programmatique pourrait être vu comme l’expression d’un complot puisqu’il a été plus ou moins consciemment la bible des bâtisseurs des années 50 et 60.
    Ethique (devenue) inacceptable plus que défaut de réflexion, donc?

    En ce qui concerne le progrès technique et scientifique par contre, la seule éthique qu’il y a eu pendant longtemps était le scientisme selon lequel la science ne pouvait engendrer que des bienfaits. Penser le contraire était passéiste, conservateur.
    Je me répète, mais l'usage du passé est une vision limitée à l'occident. On peut se demander si cette "éthique scientiste" n'est pas en vigueur actuellement dans des pays comme la Chine.

    Peut-être est-ce une succession plus ou moins obligatoire? Quand on passe sa vie à se casser le dos rien que pour se nourrir et nourrir ses enfants, peut-être que "l'éthique scientiste" s'impose, et quand on a oublié la disette, le froid et les maladies, une éthique différente peut apparaître?

    Cordialement,

  11. #10
    Saint-Sandouz

    Re : la distribution du "confort"

    Citation Envoyé par Michel (mmy) Voir le message
    Je persiste dans ma question de vocabulaire. "vrai" peut être pris à deux sens très distinct ici. L'un est un jugement de valeur, ce qui revient à dire "éthique distincte de l'éthique actuelle, prise comme référence". L'autre serait un jugement de moyen, c'est à dire l'absence d'une réflexion suffisamment poussée pour que le choix ait été fait conformément à l'éthique des auteurs.
    Ça se discute.
    Un des axes majeurs de l’architecture de Le Corbusier et des autres membres des congrès internationaux d'architecture moderne, est le fonctionnalisme. Il prétendait en toute innocence de faire le bonheur de ses habitants… mais c’est le fonctionnalisme qui est resté et a été appliqué dans les années 50 et 60.
    Il n’avait pourtant que des considérations holistes et ça a été qualifié de fasciste par certains.
    Les besoins des habitants étaient vus essentiellement sous un angle pratique : crèche, magasins de proximité, transports, et en général « hygiène », d’où le quolibet d’architecture hygiéniste.
    Le modèle social qui sous-tendait cette véritable idéologie était plutôt normatif et était censé s’appliquer partout. De fait l’architecture « moderne » est identique dans le monde entier.
    Hormis quelques principes de base assez simplistes il n’y avait aucune réflexion sur le bien-fondé et la pertinence de leurs solutions par rapport aux vraies personnes qui devaient l’habiter.
    On est en train soit de détruire soit de « réhabiliter » ces cités plus ou moins « radieuses »

    En ce qui concerne les grands projets en général on voit bien que nombre d’entre eux ne sont plus possibles aujourd’hui pour des raisons d’éthique.
    Quand, dans les années 50, le Port Autonome de Marseille a réfléchi aux moyens de s’agrandir, il a jeté son dévolu sur la baie de Fos sur Mer car il y avait non seulement un espace pratiquement illimité mais aussi parce qu’étant très peu peuplé, on pourrait y installer des industries « nauséabondes ». Ça n’aurait gêné que quelques pêcheurs locaux…
    La construction de ce complexe a donné lieu à plusieurs désastres sociaux, précisément parce qu’aucune forme de réflexion d’éthique au sens large n’avait été conduite, ni avant ni pendant. C’est devenu l’exemple à ne pas suivre, dans tous les domaines d’ailleurs, économiques, industriel, environnemental, etc., et pas seulement social.

    Citation Envoyé par Michel (mmy) Voir le message
    Je me répète, mais l'usage du passé est une vision limitée à l'occident. On peut se demander si cette "éthique scientiste" n'est pas en vigueur actuellement dans des pays comme la Chine.
    Peut-être est-ce une succession plus ou moins obligatoire? Quand on passe sa vie à se casser le dos rien que pour se nourrir et nourrir ses enfants, peut-être que "l'éthique scientiste" s'impose, et quand on a oublié la disette, le froid et les maladies, une éthique différente peut apparaître?
    J’ai justement donné l’exemple de la Chine et de ses projets pharaoniques, en particulier les Jeux olympiques, pour l’absence totale d’éthique, à moins que l’intérêt général (vu sous un certain angle), la raison d’état ou les intérêts de la caste au pouvoir soient une éthique.
    Dans les années 60, certains justifiaient les régimes de type maoïste ou castriste ou autre par la nécessité urgente de nourrir la population et de la sortir de la misère. Il s’est révélé que même cette partie du programme n’était pas remplie mais c’est une autre affaire.
    Je pense en effet que l’éthique, non plus vue dans une perspective holiste, est une chose nouvelle. Naturellement je pose en premier lieu qu’une idéologie holiste (voir le régime chinois) n’est pas une éthique, ou plutôt ses préoccupation socialistes ne sont qu’un cache-sexe.

    ND
    Travailler dur n'a jamais tué personne, mais je préfère ne pas prendre de risques.

  12. #11
    invité576543
    Invité

    Re : la distribution du "confort"

    Citation Envoyé par Nicolas Daum Voir le message
    à moins que l’intérêt général (vu sous un certain angle), la raison d’état ou les intérêts de la caste au pouvoir soient une éthique.
    Pourquoi n'en serait-elle pas une?

    Je pense en effet que l’éthique, non plus vue dans une perspective holiste, est une chose nouvelle.
    Je ne vais pas (trop) me répéter, mais qu'invoquer "éthique" comme "nouveau" est, à mon sens, un usage abusif du mot "éthique".

    Le changement de vocabulaire n'est pas, en soi, un problème. Suffit de s'adapter! Mais ça évoque beaucoup trop l'attitude "l'éthique de maintenant est la "seule vraie éthique" et ce qui se faisait dans le passé n'est "pas bien", donc ils n'avaient pas d'éthique".

    Et je trouve cette approche déplaisante. Mais il est clair que je professe un relativisme moral : je pense que si maintenant on peut juger l'attitude dans le passé "non éthique", il n'y a aucune raison que dans le futur l'éthique actuelle ne sera pas considérée, de même, comme une absence d'éthique.

    Naturellement je pose en premier lieu qu’une idéologie holiste (voir le régime chinois) n’est pas une éthique, ou plutôt ses préoccupation socialistes ne sont qu’un cache-sexe.
    C'est un jugement de valeur personnel, une opinion subjective. Rien de plus, rien de moins. Je ne vois strictement aucune raison pour qu'un tel jugement puisse être partagé par tous les humains.

    Cordialement,

  13. #12
    caribou.volant

    Re : la distribution du "confort"

    Je vous remercie de votre dialogue c'est très enrichissant. J'ai parfois l'impression qu'il existe un lien étroit entre éthique et idéologie. Si chacun a son éthique, il a aussi son idéologie, peu importe qu'elle soit élaborée ou pas.
    Et finalement ce que je retiens de votre conversation est que chacun a tenté d'appliquer une idéologie à son échelle sans pour autant se référer à une idéologie collective, et de la même manière, chacun a tenté d'assouvir ses pulsions personnelles ou son idéologie sans prendre garde à une éthique du collectif.
    Bien qu'une distribution du confort n'est pas été distribuée au préalable par un groupe de penseurs ou "d'architectes de la vie collective" avant-gardistes, avec ou sans éthique, cette idée assez fantasmatique certainement, aurais été historiquement essentiel, et proche de la réalité humaine. Cette conduite d'anticipation ou de prévision se retrouve chez les petits et grands groupes, je dirais que c'est un très typiquement humain le fait de ne pas laisser à l'aveuglette le devenir de ses progénitures, sauf dans les cas de nécessité où ses besoins individuels sont à satisfaire. Le fait que chaque groupe est un leader même circonstanciel montre que l'humain n'a pas pu probablement ne pas penser à conduire de tels événements.
    Mais comme vous le montrer, les intérêts individuels et collectifs ont chacun de grandes parts dans l'élaboration d'une programmation collective présente et future. Dans la même idée, les oppositions idéologiques trouvent leur place car autant elles maintiennent une situation en perpétuelle construction, autant elles favorisent les négociations et les compromis intergroupes et des constructions intragroupes de haut-niveau sitôt que des moyens puissent le permettre.
    Donc en conclusion je ne vois pas de contre-arguments qui puissent infirmer que notre société occidentale actuelle n'a pas été l'objet d'idéologie, d'un plan de construction si je puis dire. Cela va de pair avec la relativité d'une éthique selon l'espace et l'époque, comme vous l'avez su montrer.
    Je sais bien que cela peut paraitre grotesque, et d'ailleurs peu importe les jugements, ce qui est essentiel à mes yeux est d'avoir une fresque historique "spontanée" ou "guidée ( de perspective individuelle ou collective selon le principe des 'pulsions' que Michel mentionnent ou besoins dit de Maslows)" ou encore plus extréme " construite".
    Qu'en pensez-vous ? Karine

  14. #13
    invite82b867bc

    Re : la dsitribution du "confort"

    Citation Envoyé par Nicolas Daum Voir le message
    Je ne suis pas certain de comprendre exactement tous les points.
    * La « diffusion du confort ». Ce sont bien les choses comme l’habitat, la voiture, la santé, les gadgets divers et variés qui nous apportent une quantité de bonheur absolument terrorisante…
    * Les « décideurs de fond ». Si je comprends bien ça pourrait s’appliquer à ce qu’on appelé les technocrates et la technostructure. Oui, ça existe… ou ça a existé puisque leur influence est très marginale par rapport à leurs années glorieuses.
    Ce sont en effet eux qui sont à l’origine de la nucléarisation massive en France, dont l’objectif était de passer au « tout électrique ». L’idée était que, à plus ou moins terme, tout le monde soit directement ou indirectement client d’EDF.
    Ils ont aussi, consciemment ou inconsciemment, fait la promotion du transport routier avec la construction des autoroutes, du tunnel du Mont Blanc, et autres grands travaux
    Ils sont aussi responsables de l’urbanisme de zones, résidentielles, industrielles, commerciales, tertiaires, etc. qui donnent les cités dortoirs, les quartiers déserts, etc.
    Tout cela a été l’objet de nombreux débats et études. Ce serait un peu long d’analyser cela.
    Il faut dire d’abord qu’ils ne prenaient pas de décisions seuls. Leur idéologie était en quelque sorte la pensée unique de l’époque et ces options étaient considérées en général comme normales.

    Ce qui les a fait tomber de leur piédestal c’est d’une part qu’ils se prenaient pour les oracles du progrès et que leurs prévisions se sont révélées erronées pour la plupart et d’autre part ils sont à l’origine d’une quantité colossale de fiascos.

    Il y a donc bien eu une technocratie qui a réussi à prendre une influence énorme mais qui s’est totalement discréditée.
    Il faut pondérer cela avec le fait que de nombreux phénomènes de société se sont produit malgré eux, voire contre eux.

    L’invention du transistor qui a permis la diffusion massive des produits électroniques est totalement indépendante.
    La première période de l’informatique, fondée sur de gros systèmes centralisés, leur correspondait exactement mais l’arrivée de la micro informatique a tout bouleversé.

    Le terme de complot ne correspond donc pas du tout à la réalité.

    ND
    Les humains ne font pas l'histoire, ils ne font que lui donner un nom

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