[Prospective] Problèmes liés à l'humanisation des animaux domestiques

[invite6198bcc6]

Suite à des lectures assez diverses, j'en suis venu à m'intéresser à un domaine de la bio-ingénierie encore hypothétique mais prometteur : l'humanisation des animaux domestiques existants. Une telle procédure pourrait permettre notamment de créer des races de chiens d'aveugle encore plus efficaces et autonomes, ou de doter nos compagnons à quatre pattes d'une intelligence et d'une capacité de communication sortant largement de l'ordinaire.

Mais qu'elles seraient selon vous les répercutions et question éthiques soulevées par une telle pratique ?

Du point de vue de la faisabilité, de telles modifications me semblent plus susceptibles d'être réalisées à moyen terme que la transformation inverse pour plusieurs raisons :
- Un faible nombre de gènes dont le FOXP2 semble responsable d'une part importante du développement du langage, tant au niveau des aires cérébrales que du larynx.
- Un unique gène nommé Lhx2 semble contrôler le développement embryonnaire de la majeure partie du cortex cérébral. La variante humaine de ce gène conduit à des circonvolutions de surface plus nombreuses et complexes que chez les autres animaux, or il existe une corrélation entre volume du cortex et complexité du comportement conscient.
- Plusieurs laboratoires dans le monde ont déjà créé des souris hybrides dont le cerveau comporte des neurones de type humain, provocant certaines controverses.
- La furrysation d'un humain requiert au minimum une thérapie génétique pour induire une hypertrichose homogène, la culture des cellules souches extraites des tissus épithéliaux du patient, la mise en croissance coordonnée sur des supports tridimensionnels imprégnés de facteurs de différentiation, plusieurs opérations dont l'objectif (et la complexité) s'apparente à une greffe de visage, sans compter une longue période de rééducation. Alors que l'humanisation d'un animal ne devrait nécessiter au départ qu'une thérapie génétique effectuée sur les primogéniteurs et impliquant les variantes humaines des gènes susnommés, les autres caractéristiques étant obtenus par sélection croisée classique.

À partir du moment où un tel animal humanisé dispose d'un potentiel d'intelligence semblable à celui d'un humain et d'un accès à un langage articulé même rudimentaire, des problèmes éthiques vont se poser plus ou moins rapidement. L'exemple fictif ci-dessus illustre une des situations problématiques possibles, certes assez extrême mais envisageable pour un méta-animal très humanisé :
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Un tel dénouement n'est possible que si les méta-animaux ne disposent pas de droits équivalents à ceux des humains. Dans le monde réel, pensez-vous qu'un couple pourrait envisager de stériliser de force leur fille adoptive parce qu'il l'aurait surprise à s'amouracher de leur fils biologique ?
(À noter que cette peur de la mixité inter-spécifique, irrationnelle puisqu'une chienne même humanisée ne peut être fécondée par un humain, rappelle quelque peu certaines mentalités de l'Amérique ségrégationniste de l'avant-guerre)

Je sais qu'il s'agit là d'une discussion dont la teneur est assez spéculative, mais j'espère que les éléments techniques donnés dans ce message permettront de lui conserver son caractère scientifique.
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[invited87f5626]

L'humanisation des animaux domestiques existants.
Qu'elles seraient selon vous les répercutions et question éthiques soulevées par une telle pratique ?

Votre question (comme celle du message d'Arnaudperfect) relève du problème de la reconnaissance des individus à la marge des groupes. Que ce soit un "étranger" (prenons par exemple, un noir africain face à un européen au XVe siècle), un robot atteignant le stade du cyborg presque parfait, un embryon humain dans le ventre de sa mère, ou votre cas d'un animal transformé par la main de l'homme au point de lui donner une conscience perceptible, le problème me paraît fondamentalement le même.
Le problème d'éthique surgit à partir du moment où je commence à me demander si cet individu autre ne pourrait pas finalement être de mes "semblables". Car si je le reconnais comme l'un des miens, alors je dois ipso facto lui reconnaître des droits, en faire un "sujet de droit", une personne à part entière. Plus question alors de traiter mon "chien humanisé" en animal domestique!
Mais quels sont donc les critères qui m'amèneront à reconnaître cet autre comme semblable ?
Tout d'abord, il me semble essentiel de s'accorder à dire que ces critères sont éminemment subjectifs. Les exemples choisis plus haut le disent assez. Ces critères fluctuent selon les époques, les cultures, les croyances …
Et pourtant, nous pouvons essayer de les cerner, ou mieux, de le cerner. Car ma réflexion de ces dernières années m'amène à formuler l'hypothèse qu'il y aurait un critère bien plus important que les autres et c'est la "Conscience".

NB : Conscience. En français, le terme "conscience" est l'objet de confusion du fait de sa triple signification : conscience au sens d'état de veille ; conscience morale et conscience de soi. Je nomme "Conscience", avec une majuscule, le troisième sens, (équivalent de l'anglais "consciousness").

Quand un marchand d'esclave refuse de reconnaître un "nègre" comme son semblable et le ravale au rang de bête, je pense qu'il le fait avec d'autant meilleure conscience (morale) que la différence - de couleur de peau, d'accoutrement, de manière d'être, et l'impossibilité (ou la grande difficulté) surtout de partager un langage commun l'empêchent d'accéder à sa Conscience, c'est à dire au fait que l'autre aussi se considère comme une personne digne (ne négligeons pas non plus l'intérêt qu'il a à ne pas reconnaître l'autre comme son égal. Son commerce en pâtirait :-/).
Quand un robot anthropomorphe – ou pas, commencera à nous tenir des propos du genre de ceux du Hal de 2001 l'Odyssée de l'espace, comment le considèrerons nous ? Il m'est avis qu'à partir du moment où il exprimera la plupart de ce qui nous paraît relever de la Conscience, et où nous nous serons habitué à son existence, il paraîtra à un grand nombre d'entre les humains impossible de le "débrancher" sans avoir l'impression de commettre un crime!
Il en ira de même de l'animal humanisé.
Nous nous préparons donc de belles querelles lorsque ces limites viendront à être atteinte. Rappelez-vous la "controverse de Valladolid".

(Je ne développe pas ici le problème que posent l'embryon, le fœtus, l'enfant en bas âge ou encore l'adulte en état végétatif dans cette réflexion parce qu'ils ne font pas parti de votre question de départ, mais j'estime que le problème essentiel qu'ils nous posent relève du même ordre.)

Reste à améliorer notre réponse à cette question pour moi primordiale : au fond, qu'est-ce que la Conscience ?

PS : autre stimulation pour cette réflexion :
Patricia Picinnini, The young family (sculpture).

[zb1000]

héhé, cela me fait penser aux bouquins de David Brin où l'élévation est un sujet important : des peuples dévellopés donnent des capacités supplémentaires à d'autres! vraiment trés bon et assez plausible sur les consequences : creations de castes parmi les "élévés" en fonction de leur élévation, racisme, etc...

je crois qu'il n'y aura pas de solution simple à cela, bcp traitent leurs animaux comme des machines et ne parlons pas de ce que se font les humains entre eux...

Comme pour beaucoup de choses, tant que l'humanité ne sera pas éduquée dans son ensemble avec des valeurs de respect mutuel, ce sera un massacre...