Concilier médecine et trouble du comportement?
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Concilier médecine et trouble du comportement?



  1. #1
    ra_phaelle

    Concilier médecine et trouble du comportement?


    ------

    Bonjour,

    Je m'interroge sur l'aspect éthique de l'ambivalence qu'il y a à exercer la médecine, plus particulièrement dans le domaine de la psychiatrie, ou neuropsychologie, tout en souffrant soi-même de troubles mentaux. Le prisme à travers lequel se nouerait la relation particulière entre patient et soignant ne serait il pas trop déformant, voire dangereux? Si on prend pour exemple les psychanalystes, il me semble que leur propre psychanalyse en amont de leur entrée définitive dans la profession est obligatoire, même pour les personnes équilibrées, justement pour éviter les réactions et jugements névrotiques vis à vis de leurs patients. L'objectivité n'est jamais atteinte, et là n'est pas le but, mais il faut que le soignant soit en pleine mesure d'accueillir les difficultés de la personne.

    Qu'en est-il donc d'un médecin lui-même "malade"? Je pose cette question par curiosité mais aussi, je dois le dire, par intérêt personnel. Je suis en première année de médecine (oui, je m'accorde une petite pause...) et je suis particulièrement intéressée par les spécialités que j'ai évoqué plus haut. Seulement je souffre depuis l'enfance de TPL (trouble de la personnalité limite, ou borderline), et je me demande si, même avec une thérapie à vie, il serait légitime pour moi d'exercer ce genre de métier ou si ce serait égoïste de faire passer mes propres fantasmes de sublimation de mes souffrances avant la sécurité et la guérison d'hypothétiques futurs patients.

    Toute réponse sera la bienvenue ^_^

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  2. #2
    vep
    Responsable des forums

    Re : Concilier médecine et trouble du comportement?

    Bonjour

    C'est une question compliquée à laquelle vous ne trouverez pas de réponse unique et simple.

    Les personnels soignants, sont comme tous les autres êtres humains, sujets à être malades.
    Et vous entendrez bon nombre d'histoire de médecins peu équilibrés ... pourtant amenés à soigner d'autres patients.

    Cela complique le lien patient-soignant et impliuque dix fois plus de vigilance et de recul de la part du soignant.

    Dans le cadre d'un trouble "état-limite" j'aurais tendance à dire que ce n'est pas rédhibitoire car il n'y a en général pas de déni des troubles (comme dans les psychoses). Mais c'est un avis très personnel.
    Mais, dans le même temps, il me semble difficile de ne pas le déconseiller.

    Etre soignant nécessite de savoir prendre les décisions les plus justes pour son patient, de mesurer les bénéfices/risques et implications de chaque acte, donc de prendre du recul et de la hauteur.
    Et cela est infiniment plus dur si il y a une relation proximale avec le patient ou si on se projette un peu trop en lui...

    Rien ne sert d'aller au devant des difficultés s'il est possible de s'en préserver.

    Il faut garder en tête que soigner, c'est d'abord ne pas nuire.
    Aussi, à mon avis, si on a connaissance d'un trouble pouvant induire une quelconque biais de jugement, il faut éviter de l'imposer au patient.
    Dernière modification par vep ; 24/10/2014 à 10h32.

  3. #3
    myoper
    Modérateur

    Re : Concilier médecine et trouble du comportement?

    Salut et pour aborder le problème différemment: la personne est compétente ou elle ne l'est pas, quelle que soit les pathologies dont elle souffre, ça ne la rend pas forcément incompétente (mais c'est possible).
    Par contre, dans le cas de la psychanalyse (qui n'est basé sur aucun fondement scientifique), on se demande avant même de savoir si sa pathologie actuelle pourrait empêcher le "thérapeute" d'exercer, si cette "formation", qui n'en est pas une, sur une thérapie qui n'en est pas une non plus, donne au "dit-thérapeute" la moindre compétence.
    La seule compétence éventuellement acquise est celle de pouvoir reproduire sa psychothérapie sur sa propre personne.

  4. #4
    ra_phaelle

    Re : Concilier médecine et trouble du comportement?

    Bonsoir, tout d'abord je voudrais me corriger, je crois que m'engager dans cette voie serait davantage irresponsable qu'égoïste (ce qui de mon point de vue est plus préjudiciable, d'ailleurs), l'égoïsme étant une autre notion.

    Je vous remercie de vos réponses et prends vos avis en considération.
    Il est vrai que ce n'est pas une question que l'on peut trancher concrètement. Effectivement, la compétence entre en jeu, et en étant consciente des difficultés et vigilante il est possible que j'accède à un niveau de stabilité dans la relation patient/soignant qui pourrait permettre de guérir et non de nuire. Cependant, le dilemme est toujours présent pour moi (et je n'espère pas le résoudre mais y voir un peu plus clair), du fait que, comme le dit vep, un contre transfert (positif ou négatif) puissant sur un patient peut être très dur à vivre, voire dangereux. Or, étant patiente moi-même, les risques d'identification exagérée, de projection sont grands, et peuvent induire en erreur alors où j'aurais pensé bien faire.

    D'autre part, cela fait parfois partie de la thérapie de se montrer ferme. Comment pourrais-je l'être si je remets systématiquement et, je veux dire, complètement mon jugement professionnel en doute? Cela n'aboutirait il pas à une incompétence également, mais dans l'autre sens, à savoir un médecin qui n'a pas confiance en lui, ce qui est également déstabilisant et source d'angoisse pour un patient.

    J'admets que la psychanalyse est une discipline à part, mais elle illustre bien ce que je voulais exprimer.

    Cela étant, je me questionne maintenant parce que je ne me vois pas faire ces études pour autre chose que pour ces domaines, bien que je puisse au possible m'orienter vers un aspect plus physiologique de la question. Mais cela reste tout de même ce à quoi j'aspire.

    Je pourrais reformuler ma question de cette façon : comment faire en sorte d'avoir les compétences requises, non seulement pour faire ce métier, mais pour être émotionnellement capable de le gérer de façon responsable? A fortiori avec un trouble de la personnalité. Existe-t-il des formations spécialisées, quel est le conseil apporté aux médecins (s'ils sont seuls face aux décisions à prendre ou non, etc.), que peut on conseiller de faire dans ce cas là (dans l'éventualité que ça se réalise) ?

    Encore merci

  5. A voir en vidéo sur Futura
  6. #5
    karlp

    Re : Concilier médecine et trouble du comportement?

    Bonjour Ra_phaëlle

    Vous me donnez l'impression d'être extrêmement soucieuse de vous conformer à l'idéal au regard duquel vous dîtes de vous même souffrir d'un "trouble de personnalité".
    Mais je ne sais pas si ici est le lieu d'où on puisse vous donner un conseil.

    (En tous cas je vous souhaite le succès dans vos études médicales)

  7. #6
    mh34
    Responsable des forums

    Re : Concilier médecine et trouble du comportement?

    Citation Envoyé par ra_phaelle Voir le message
    comment faire en sorte d'avoir les compétences requises, non seulement pour faire ce métier, mais pour être émotionnellement capable de le gérer de façon responsable?
    Vous ne le saurez que lorsque vous vous retrouverez en situation. Et encore..votre réactivité et votre sensibilité à certaines situations va se modifier tout au long de votre vie professionnelle ; on n'est pas le même au début de son exercice et 10 ou 15 ans après.
    Existe-t-il des formations spécialisées,
    Oui bien sûr, et elles ne sont pas réservées aux seuls psychiatres. Il existe toute une liste de DU et DIU qui sont intégrés dans la formation médicale continu, qui peuvent vous aider.
    Mais si votre crainte, d'après ce que j'en comprends, est principalement de vous retrouver seule face à une prise de décision et/ou une conduite à tenir pour un patient, dites-vous qu'on n'est seul dans ce métier que si on le souhaite. Il vous est toujours possible de prendre conseil et/ou d'échanger avec des confrères.

    Bon courage.
    "mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde". Albert Camus

  8. #7
    ra_phaelle

    Re : Concilier médecine et trouble du comportement?

    Je vous remercie de vos conseils. Bien sûr je me renseigne ailleurs et me forge aussi mon propre avis (quoiqu'incertain) sur la question, mais les différents points de vue exposés ici constituent une base de réflexion intéressante, et les encouragements me motivent aussi. Je continue à me poser la question puisque je vois que mon trouble est toujours très difficile à gérer (même sur d'autres aspects, comme celui d'une éventuelle future maternité, mais là n'est pas la question), et j'espère qu'avec le temps les choses pourront se calmer jusqu'à ce qu'il n'y ait plus (qui sait) lieu de se poser cette question.

    Quoique, même hors de mon cas particulier, d'une manière générale, je reste convaincue et persuadée que l'intérêt du patient prévaut (cela paraît évident, mais je veux dire avant l'évolution de sa propre carrière par exemple), et indique les décisions à prendre dans quelque spécialité que ce soit, et qu'il faudrait pouvoir prendre en compte le filtre émotionnel par lequel passent nos jugements même inconscients (si je peux m'exprimer ainsi).

    *par ailleurs,
    Vous me donnez l'impression d'être extrêmement soucieuse de vous conformer à l'idéal au regard duquel vous dîtes de vous même souffrir d'un "trouble de personnalité".
    J'avoue que j'y vois deux sens d'interprétation et du coup je ne sais pas trop ce que vous avez voulu dire...(désolée ~_~)

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