Supprimer des penses

[invite5303dfbf]

Grâce au Propranolol, pensez-vous qu'on arrivera á supprimer des pensées et souvenirs traumatiques de manière ciblée?
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[myoper]

Non, sinon ce serait déjà fait depuis longtemps (des millions de boites par an depuis quelques dizaines d'années) mais il permet de diminuer dans certains cas certains effets du stress.

[jamajeff]

Bonjour,

de l'antiquité jusqu'à il y a peu de temps, on n'avait pas besoin de Propanolol. Les hommes effectuaient un travail sur eux-mêmes. C'est un thème récurrent qui a été notamment été étudié par Michel Foucault dans son cours sur l'Herméneutique du sujet et Pierre Hadot dans ses livres sur le néo-platonisme.

Parmi les modernes, on pourrait citer Spinoza dont l'Ethique parcourt le chemin allant depuis les idées confuses (passions) jusqu'à la félicité (troisième genre) en passant par la connaissance du second genre, c'est à dire des rapports entre les causes qui nous déterminent.

Personnellement, j'aime beaucoup Marc aurèle. Par exempe, dans les lives VI des Pensées pour moi-même, il pose d'abord "que le seul temps qu'on vive est uniquement le présent, c'est-à-dire un instant imperceptible ; et que, pour les autres parties de la durée, ou bien on les a vécues, ou bien on ne sait jamais si l'on doit les vivre. (VI,5)" et son but c'est d'arriver à la megalosophrosunê c'est à dire une forme d'indifférence souveraine face aux évènements de la vie, de l'opinion et des passions tristes qu'elles entraînent...

Or inévitabement des pensées viennent sans cesse hanter ce présent dans lequel nous vivons... Comment concrètement s'en débarrasser? Quel travail faut-il opérer sur ses représentations (phatasma) qui occupent nos pensées? Comment en évaluer le prix?
Le travail consiste à observer minutieusement les pensées telles qu'elles apparaissent au moment où elles apparaissent. Il s'agit en suite de les nommer, de les mettre en discours. Enfin d'en évaluer l'importance en mettant ces pensées définies et délimitées en rapport avec le tout des représentations : en rapport à cette "plus éminente des cités" qu'est l'univers ; mais aussi en rapport aux citées particuières des hommes qui sont comme autant de maisons. Une double relativité à l'univers (kosmos) ou à l'ordre naturel ; et aux différentes moeurs des hommes...

"
Quand on a quelque objet dans l'esprit, il faut s'en faire toujours à soi-même une définition et une esquisse, afin de pouvoir considérer ce qu'est au juste, et dans son essence nue, cet objet spécial, en le prenant dans sa totalité séparément do tout le reste, et afin de pouvoir se dire à part soi son vrai nom et les noms de tous les éléments qui le constituent et dans lesquels il peut se décomposer. Rien, en effet, ne contribue autant à la grandeur d'âme que de pouvoir apprécier, chemin faisant et en toute vérité, chacun des événements de la vie, et de les si bien voir en eux-mêmes qu'on puisse discerner d'un coup d'oeil à quel ordre de choses ils appartiennent, quel genre d'utilité ils peuvent offrir, quel rang ils occupent par rapport au reste du monde, et par rapport à l'homme, à ce citoyen de la cité suprême, dont les autres cités ne sont en quelque sorte que les maisons. Quel est donc cet objet qui se présente actuellement à mon esprit ? De quoi se compose-t-il ? Combien de temps doit-il naturellement durer ? Quelle vertu dois-je exercer à son occasion : douceur, courage, véracité, confiance, simplicité, indépendance ? Ainsi donc, il faut se dire à chaque événement : «Ceci vient de Dieu ; c'est conforme à l'enchaînement des choses, à la combinaison qu'elles forment en s'entremêlant ; c'est l'effet de telle rencontre ; c'est l'effet de tel hasard ; c'est l'acte d'un de mes semblables, de la même espèce, de la même famille, de la même société que moi, qui ignore ce que vaut la nature, tandis que moi je ne l'ignore pas comme lui ; c'est là ce qui fait que je lui montre, dans mes rapports et selon la loi naturelle de l'association, bienveillance et justice, tout en m'efforçant, dans le cours ordinaire des choses, de n'attribuer à chacune que son véritable prix»." src : http://www.mediterranees.net/histoire_romaine/empereurs_2siecle/marc_aurele/chap3.html

Bien à vous.

[myoper]

Excellente réponse !

de l'antiquité jusqu'à il y a peu de temps, on n'avait pas besoin de Propanolol.

Et il n'a toujours aucune utilité pour oublier (des tests on été faits à une échelle "états uniesque" mais aucune thérapeutique n'en est issue sauf une meilleure gestion du stress (tir sportif, piano, certains tremblements, certains états d'anxiété ...)).

[A voir en vidéo sur Futura]