Le jour d'après !
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Le jour d'après !



  1. #1
    Non inscrit
    Invité

    Le jour d'après !


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    Avant tout veuillez pardonner mon ignorance dans le domaine climatique et accepter mes remerciements pour vos réponses à nos questions.

    Les effets dûs au réchauffement climatique montrés par le film " le jour d'après " sont ils plausibles ? ( car après tous, ce n'est qu'un film ! ).

    Plus explicitement, on doit notre climat tempéré au courant atlantique nord. Est ce que la fonte accéléré de la calotte glaçière risque d'interrompre ce courant, et puisse provoquer ainsi non plus un réchauffement, mais un refroidissement climatique ?

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  2. #2
    invitee38b7566

    Re : Le jour d'après !

    Bonjour,

    Je résume le scénario du film : à cause des émissions de gaz à effet de serre d'origine humaine, le climat se réchauffe, les glaces de l'Antarctique se disloquent, fondent brutalement, changent la densité de l'eau de mer et entrainent brutalement un arrêt du Gulf Stream et générent une glaciation en 8 jours.

    Est-ce probable? Je vous dirai tout de suite : non.

    L'histoire du climat nous montre cependant que lors de la dernière période glaciaire, l'instabilité des glaces présentes sur le nord de l'Europe et de l'Amérique s'est accompagnée en effet d'arrêt de la circulation océanique dans l'Atlantique du nord, avec des coups de chaud et de froid en Europe ou au Groenland, et une bascule entre nord et sud (arrêt du transport de chaleur = + de chaleur en Antarctique et refroidissement dans le nord). Ce sont les évènements de Dansgaard Oeschger enregistrés dans les glaces du Groenland et les évènements de Heinrich enregistrés dans les sédiments marins. Cela montre que la circulation dans l'Atlantique du nord est vulnérable à des changements du cycle de l'eau et présente des effets de seuil.

    Aujourd'hui, il ne reste de glaces essentiellement qu'au Groenland et en Antarctique. Pour l'instant, la Peninsule Antarctique se réchauffe très vite, de même que l'Arctique et les côtes du Groenland. On mesure également un ralentissement du débit du "Gulf Stream".

    Pour le futur, les modèles numériques de climat prévoient un réchauffement au cours du 21ème siècle, en réponse à l'augmentation des teneurs atmosphériques en gaz à effet de serre, et un ralentissement de la circulation océanique, puis un retour à une circulation océnanique plus intense : aucun de ces modèles ne prévoit un arrêt pour le 21ème siècle. Cependant, ces modèles ne résolvent pas toute la complexité de la circulation océanique fine (ils ont des grandes "mailles" pour calculer l'évolution climatique à long terme), et n'incluent pas tous les aspects du cycle de l'eau (débit des fleuves arctiques en réponse au dégel du pergélisol; fonte du Groenland).

    La réponse à votre question est donc : pour l'instant, nous ne pouvons pas exclure ce type de réaction brutale (ralentissement de la circulation dans l'Atlantique nord), mais nous n'avons pas la démonstration que cela pourrait avoir lieu au cours du 21ème siècle. Un sondage réalisé par un collègue allemand auprès des scientifiques spécialistes de la circulation océanique a donné une estimation de ce risque de l'ordre de 5% pour le 21ème siècle.

    Si ce type de mécanisme se mettait en place, irions nous vers une glaciation? Certainement pas! Là, le film est archi faux. Dans un monde plus chaud, il y aurait un refroidissement très local sur les zones où la plongée des eaux profondes s'arrêterait (mer de Norvège, nord de l'Europe), de quelques degrés, pendant quelques dizaines d'années, et un surplus de réchauffement ailleurs. La variabilité climatique serait modifiée à beaucoup d'endroits de la planète mais cela n'entrainerait pas une glaciation.

    L'histoire du climat montre en effet que les glaciations ont été causées par la périodicité des variations de l'orbite de la terre, à des échelles de temps de l'ordre de 10 000 ans, suite à une diminution importante de l'énergie solaire arrivant à la surface des hautes latitudes nord en été. Jamais par une augmentation de l'effet de serre (naturel), jamais à cause d'un arrêt de circulation océanique. Les derniers résultats issus des forages dans les glaces polaires montrent même que la dernière entrée en glaciation, il y a environ 120 000 ans, s'est d'abord manifestée par un refroidissement simultané en Antarctique et au Groenland pendant près de 5000 ans avant que le premier "coup de froid" (premier évènement de Dansgaard-Oeschger) ne soit enregistré.

    Enfin, on doit notre climat tempéré à la fois à la dérive nord atlantique ("Gulf Stream") mais également à la circulation atmosphérique, qui se réchauffe à la surface de l'océan et nous apporte de l'air doux et humide en hiver...

    Pour finir, je vais reprendre la perspective sur l'histoire du climat : chaque grand changement climatique passé n'a pas été "un long fleuve tranquille" mais s'est accompagné de changements rapides et importants, pas uniquement dans l'atlantique nord mais également dans les régions de mousson... Le risque climatique, à mon avis, n'est pas que le risque d'un réchauffement moyen, mais surtout un risque de changement climatique régional abrupt, pour lequel nous sommes très vulnérables.

  3. #3
    invitef7e9f743

    Re : Le jour d'après !

    J'ai abordé ce problème dans un petit article dans « La Science au Présent -- 2005 », la publication annuelle de l'Encyclopaedia Universalis. Le film a un petit fond scientifique, mais comme le livre à partir duquel il a été fait, il a multiplié les désastres, les concentrant dans le temps et les dispersant sur le globe. Il est vrai que la douceur du climat hivernal ouest- et nord-européen dépend des apports de chaleur par le Gulf-Stream (courant de surface animé par la circulation atmosphérique) et par la dérive nord-atlantique, qui elle résulte de « l'appel d'eau » par les eaux très froides et salées donc denses qui coulent vers le fond en Mer de Norvège.

    C'est cette circulation « thermohaline » en "tapis roulant", intéressant les profondeurs ainsi que la surface, qui risque d'être bloquée, le blocage pouvant s'installer rapidement (mais en quelques années, pas quelques jours !) si trop d'eau douce devait arriver suite à la fonte des glaces et aux précipitations accrues au nord. Mais les spécialistes ont du mal à chiffrer le risque d'un tel événement, sauf pour dire qu'il pourrait devenir préoccupant si on pousse le climat vers un réchauffement supérieur à 4° en moyenne. Le réchauffement global pourrait très bien se poursuivre sur une grande partie de l'Eurasie et de l'Amérique en même temps que le refroidissement brutal affecterait les parties septentrionales et occidentales de la presqu'île européenne.

    RK

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