Bonsoir,
Depuis plusieurs décennies, les planétologues, grâce notamment aux données recueillies les les sondes spatiales, soupçonnaient que Vénus pouvait connaître encore de nos jours une activité volcanique.
La sonde américaine Magellan avait cartographiée la surface de la planète dès le début des années 90 révélant sans ambiguité d'anciennes structures et édifices volcaniques d'environ 500 millions d'années.
Vingt ans plus tard, la sonde européenne Venus EXpress avec son instrument VIRTIS permettait de découvrir plusieurs volcans dont les activités pouvaient être beaucoup plus récentes (environs 3 millions d'années, suspectant même l'un d'entre eux d'avoir craché des flux de lave il y approximativement dix millénaires. Puis VEx, encore elle, détecte des variations de SO2 par rapport à des mesures faites une trentaine d'années plus tôt par les sondes Pioneer.
Extrait de Wikipedia :
" En juin 2015, Vénus devient officiellement la deuxième planète active du système solaire10. En reprenant les données de 2008 de l'instrument VIRTIS embarqué à bord de Vénus Express, une équipe allemande apporte la preuve d'un volcanisme en cours sur la planète11. Leur article détaille l’observation de trois points chauds à nouveau dans la région de Ganiki Chasma. Cette fois-ci, les contributions infrarouge en provenance du sol et celles en provenance des nuages sont correctement distinguées. Les points chauds découverts sont présents sur plusieurs enregistrements, ce qui exclut un artefact aléatoire de mesure ou un phénomène atmosphérique. Très supérieure à celle du sol (460 °C en moyenne), la température des points chauds s'élève à 830 °C. Sur Terre les coulées de lave ont une température comprises entre 700 et 1 200 °C."
Nouvelle et importante découverte sur une l'activité volcanique actuelle de Venus
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Illustration : Comparaison de la région de Maat Mons à 8 mois d'intervalle en 1991 (Herrick et Hensley)
La preuve directe d'une éruption volcanique actuelle sur Vénus vient d'être apportée par la réanalyse de données de la sonde Magellan qui a observé la planète soeur de la Terre il y a 30 ans, alors que pendant longtemps on l'avait cru géologiquement morte. L'étude est parue dans Science .
Pendant une décennie, les planétologues pensaient que Vénus était recouverte d'une croûte épaisse et inerte, non altérée par des fissures ou des volcans actifs. Mais des indices de volcanisme et d'une activité géologique se sont récemment révélés. En 2010, les chercheurs de la mission Venus Express de l'ESA avaient notamment détecté trois régions anormalement chaudes, qu'ils avaient interprétées comme des coulées de lave vieilles de quelques millions d'années qui ne se seraient pas encore refroidies. Quelques années plus tard, la même sonde avait trouvé des pics atmosphériques de dioxyde de soufre, suggérant qu'il pourrait être généré par une source intermitante, comme celle issue de volcans. Et en 2021, une nouvelle analyse des données de Magellan qui avait imagé la planète avec son radar entre 1989 et 1994 avait indiqué que de gros blocs crustaux avaient été bouleversés comme une banquise lors de sa débâcle, signes probants de roches bougeant sous la surface.
Ce sont ces différents indices qui ont poussé Robert Herrick (Université d'Alaska) et Scott Hensley (CalTech) à réanalyser de nouveau les données de Magellan. Ils ont ciblé des candidats qui semblaient évidents, comme Maat Mons, un volcan plus haut que le mont Everest. Magellan avait déjà découvert que la force de gravité au-dessus de ce volcan était étonnamment faible, indice qu'un panache chaud de roche moins dense du manteau pourrait l'alimenter, à l'image du panache qui se trouve sous Hawaï. Et le rayonnement micro-ondes du sommet suggérait aussi que sa surface avait la chimie de la lave toute récente.
Avec une résolution de plusieurs centaines de mètres, les images de Magellan sont relativement imprécises, sensibles uniquement aux plus importants changements de paysage. De plus, au cours de sa mission de 5 ans, la sonde a revisité, au plus, les mêmes endroits trois fois, et lors de sa seconde campagne, son radar avait été tourné dans la direction opposée (de l'est vers l'ouest ). Comparer les caractéristiques du sol sous des angles opposés est loin d'être intuitif, mais après des centaines d'heures de comparaisons, sur moins de 2% de la surface vénusienne, Herrick et Hensley ont repéré ce qui ressemblait à un changement de topologie sur une zone couvrant 2,2 km². Les images réalisées à 8 mois d'intervalle (en février 1991 puis en octobre 1991) montrent le flan nord du volcan Maat Mons (un évent volcanique situé à 1. 363° N, 165,359° O) qui s'est agrandi de façon spectaculaire. Les chercheurs ont modélisé à quoi aurait pu être dû une caldeira évidée lors du deuxième passage de Magellan, et le résultat était très différent de ce qui avait été observé la première fois. Dans la première imagerie (orientée vers l'est), le cratère semble presque circulaire (1,5 × 1,8 km, pour une superficie de 2,2 km²) avec des pentes intérieures abruptes. Dans la seconde image (orientée vers l'ouest), le cratère s'est agrandi (4,0 km²) et apparaît de forme irrégulière. De plus, la paroi de l'évent qui est identifiable comme des pixels clairs sur le côté ouest (pente orientée vers l'est) et des pixels sombres sur le côté est (une pente orientée vers l'ouest ), apparaissent clairement : l'intérieur et l'extérieur de la caldeira ne sont séparés que par quelques pixels dans la mosaïque radar de 75 mètres par pixel. Les chercheurs interprètent cela comme étant dû à des parois de seulement quelques dizaines de mètres de haut, ce qui impliquerait que le cratère est presque rempli jusqu'au bord dans la seconde image. Herrick et Hensley supposent qu'un lac de lave s'est formé à l'intérieur du cratère pendant l'intervalle de 8 mois, entre les deux images.
Ces changements de la caldeira de Maat Mons sont une preuve sans équivoque de l'activité volcanique de Vénus dans Atla Regio. Cependant le faible taux de détection indique que Vénus est moins active sur le plan volcanique que Io, la lune de Jupiter, pour laquelle plus de 100 volcans actifs ont déjà été répertoriés. Les chercheurs ont jugé que, étant donné que leur recherche dans les données examinées de Magellan ne couvrent environ que 1,5 % de la surface vénusienne, leurs résultats pourraient indiqués que le volcanisme vénusien peut être au moins aussi important que sur Terre, et il existe un large éventail de scénarios d' activités possibles sur Vénus qui sont compatibles avec des niveaux de volcanisme similaires à ceux que l'on connaît à Hawaï, par exemple. Cette découverte fait de Vénus le troisième corps planétaire du système solaire avec des volcans de magma actifs, rejoignant la Terre et Io. La découverte de plus de volcans, dans des données anciennes ou futures, permet également à comprendre comment Vénus perd sa chaleur interne et évolue.
Cette découverte n'est qu'un avant-goût de ce que l'on pourra découvrir avec les trois prochaines missions à destination de Vénus qui pourraient être lancées au cours de la prochaine décennie : l'orbiteur européen EnVision et les missions américaines DAVINCI et VERITAS. EnVision et VERITAS seront tous les deux équipés d'une vision radar pulsé, ce qui les rend bien adaptés à la surveillance des volcans et des tremblements d'une planète géologiquement active.
Source
Changements de surface observés sur un volcan vénusien lors de la mission MagellanRobert Herrick et Scott Hensley
Sciences (15 mars 2023) https://doi.org/10.1126/science.abm7735
Précision importante, j'ai oublié de signaler que cela est tiré d'un article du blog d'Eric Simon "ça se passe là-haut".
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