Modification de l'ADN

[invite2fa342ab]

Bonjour,
Je suis novice dans le domaine de la biologie et me pose des questions sur l'adn. Mon niveau ne me permet pas vraiment de comprendre les articles que je trouve sur le net.
Voici ma question.
La médecine génétique s'attache à "réparer" des structures ADN défaillante. Est-il envisageable, dans la théorie de modifier la structure ADN de l'homme afin de l'immuniser contre une maladie virale (grippe, paludisme ou que sais-je encore).
De la même façon existe-il des cas isolés de personnes naturellement immunisées contre certaines maladies virales (ou porteur sain) qui serait expliquée par une différence génétique?
Je vous serais très reconnaissante de m'éclairer sur ces points ou de me conseiller des lectures qui m'aideraient.
Bien cordialement,
Gaëlle
-----

[Edelweiss68]

Bonjour,

Juste une petite précision, le paludisme n'est pas une maladie virale
Sinon pour le reste, oui il existe des porteurs sains de maladies virales et là je pense par exemple aux hépatites mais je ne sais pas si la raison est génétique!

[invite2fa342ab]

Bonjour,

Juste une petite précision, le paludisme n'est pas une maladie virale
Sinon pour le reste, oui il existe des porteurs sains de maladies virales et là je pense par exemple aux hépatites mais je ne sais pas si la raison est génétique!

Pardon, en effet, le paludisme est un parasite. J'en ai parlé car j'ai trouvé un communiqué de presse de l'institut pasteur disant qu'une mutation génétique est à l'origine d'une meilleure résistance au paludisme en Asie du Sud-est.
Du coup, je me pose la question, encore une fois purement théorique, de savoir si il est possible de provoquer une mutation génétique permettant de résister à une maladie (virus ou parasite).
D'avance merci.

[invite75e918c6]

Le paludisme est provoqué par les Plasmodium (bon, je ne vais pas rentrer dans les détails pour les différentes espèces...), il est très dur de modifier l'ADN, de le faire mutter pour en obtenir des effets bénéfiques. En effet, lors d'une mutation de l'ADN chez l'homme, tu as tout un système de réparation pour que l'ADN puisse encore être fonctionnelle et ne pas induire des erreurs de synthèses. Si les systèmes de réparation ne suffit pas à remettre en ordre l'ADN, celui-ci restera muté et souvent ce n'est pas viable et cela conduit à un phénomène d'apoptose (sinon, c'est le dérèglement cellulaire et ça peut conduire à un cancer.)

Concernant le paludisme, il y a une maladie héréditaire qui empêche le virus de s'y développer, il s'agit de la drépanocytose ;-D

[A voir en vidéo sur Futura]

[Wart]

Cette question est très intéressante.

Il faut savoir qu'un système hôte-parasite est le fruit d'une plus ou moins longue évolution. Je m'explique :

- l'hôte développe des mécanismes pour attaquer le parasite (défense immunitaire par exemple) qui sont génétiquement déterminés. Autrement dit, il apparaît au cours de l'évolution des "gènes pour tuer" le parasite

- en retour, le parasite développe des mécanismes de résistance codés par des "gènes pour survivre"

Il s'agit d'un processus de co-évolution (que Van Valen a rendu célèbre son le nom d'hypothèse de la Reine Rouge - Red Queen's Hypothesis) A chaque innovation (génétique) de l'hôte répond une innovation du parasite.

Les virus ont la particularité d'avoir des taux de mutation très élévés, ce qui fait qu'il s'adaptent très vite aux mécanismes de l'hôte pour les éliminer (et qu'ils sont capables de s'adapter rapidement à de nouvelles espèces d'hôtes comparativement aux parasites eucaryotes -nématodes, champignons, etc)

C'est ce qui explique l'échec des thérapies pour le SIDA, le VIH a de très nombreux variants (en particulier une de ses protéine de surface présente une région hypervariable). A chaque nouveau traitement, des variants résistants du virus émergent.

Un hypothétique traitement par thérapie génétique serait confronté aux mêmes difficultés - en bien pire. Il faudrait des années/décennies pour trouver un gène de résistance au virus et le transférer à des patients (à supposer que cela soit vraiment possible...) pour conférer une immunité de quelques mois/années.

Je dis traitement hypothétique car j'ai entendu dire que la mise au point des thérapies génétiques piétine - je ne suis pas spécialiste du sujet. Pour ce qui est des explications du système hôte-parasite, je les tire des travaux de Claude Combes . Elles concernent les maladies tropicales, mais sont pour partie applicables aux infections virales.

[Wart]

Actuellement, pour lutter contre les maladies parasitaires on adopte plutôt une approche du cocktail chimique : de multiples substances sont utilisés pour lutter contre le parasite, qui a peu de chances d'acquérir simultanément une résistance à chacun de ces substances. En tout cas, c'est une approche qui est étudié pour les parasites de plantes, et il me semble que la trithérapie contre le VIH rentre dans ce cadre.

Plutôt que de chercher l'hypothétique molécule ou gène "super-tueur" on cherche à diversifier les méthodes de lutte - avec le risque d'une additivité ou interaction néfaste des effets secondaires...

[Edelweiss68]

Concernant la résistance au palu, petite discussion sur le sujet! Là:http://forums.futura-sciences.com/ma...paludisme.html

[Wart]

De la même façon existe-il des cas isolés de personnes naturellement immunisées contre certaines maladies virales (ou porteur sain) qui serait expliquée par une différence génétique?
Gaëlle

J'ai oublié de répondre à cette question. Oui, cela existe pour de nombreuses maladies virales (SIDA et hépatites à ma connaissance, mais potentiellement toutes). Les porteurs sains sont très étudiées par les labos pharmaceutiques pour mettre au point des traitements.

Mais, aucun labo à ma connaissance n'a pour objectif de transférer directement le gène de résistance des porteurs sains aux patients atteints - comme l'a évoqué VilCrocrotte il y a de nombreux obstacles. Les procédés de transgenèse ont une efficacité très aléatoire. S'il est acceptable de faire périr des centaines de plantes pour que quelques unes acquièrent une résistance à un herbicide, il n'est bien entendu pas éthiquement soutenable de faire périr quelques patients pour que d'autres acquièrent une résistance immunitaire.

Les thérapies géniques sont donc principalement envisagées que pour soigner les immunodéficiences innées (bébé-bulles) et les cancers. Sur le papier, rien ne s'oppose qu'un jour elles soient utilisées pour les infections virales, et quelques labos travaillent peut-être la dessus - mais il faudrait pour cela un sacré progrès des techniques.

[invite2fa342ab]

Merci infiniment pour ces réponses précieuses, j'y vois beaucoup plus clair maintenant !