Ré-activateur à mercure

[lamaille]

Bonjour,

Dans le cadre d'un projet au Pérou, je fabrique un activateur à mercure pour les orpailleurs péruviens.

En fait, les orpailleurs artisanaux péruviens utilisent encore le mercure pour amalgamer l'or.
Ils font chauffer l'amalgame or-mercure dans un alambic, et en récupère l'or (solide) et le mercure liquide (vapeurs condensées).

Au bout d'un certain nombre d'utilisations, les orpailleurs nous ont parlé du besoin de "réactiver le mercure".
Pour cela, ils ont inventé un système artisanal de réactivation du mercure: voir image: (source: http://www.upme.gov.co/Docs/Mineria_limpia.pdf)
Ce système est composé de deux électrodes : une barre en carbone de pile, plongée dans le mercure ; et un clou placé dans la solution salée.
Les deux électrodes sont reliées respectivement aux bornes - et + d'une batterie par des câbles en cuivre.

Premièrement:
J'aimerais savoir ce qui se passe "chimiquement" dans cette réaction ?

D'après vos avis d'experts, qu'est-ce qui permet ainsi de réactiver ce mercure ?

Deuxièmement:
Je suis en train de reproduire ce dispositif.
Quelles électrodes seraient les plus adéquates pour ce système ? (un clou + une électrode en graphite peuvent marcher ?)


Je vous remercie d'avance pour vos avis d'experts et vos conseils,

Laura
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[moco]

L'ennui avec ton document, c'est qu'il a 50 pages, et qu'il est écrit en espagnol. Sans savoir l'espagnol, pas d'espoir de pouvoir t'aider.
Mais, sans savoir de quoi il s'agit, j'aime à croire que le mercure se charge peu à peu en d'autres métaux que le mercure, et que l'électrolyse dont tu parles va oxyder et faire passer en solution.

[lamaille]

En fait, j'ai cité le document comme source de mon image.
Il n'y a rien à chercher dans le document en espagnol, car j'ai traduit l'essentiel dans mon message.

Votre remarque est intéressante: " le mercure se charge peu à peu en d'autres métaux que le mercure", il est vrai que dans cette terre aurifère dont est extrait l'or, il y a aussi de l'argent, du zinc etc, en petites quantités.

La deuxième partie:" l'électrolyse dont tu parles va oxyder et faire passer en solution"...je n'ai pas bien compris.
Excusez-moi mais j'ai très peu de connaissances en chimie.
Ce que vous voulez dire c'est que la réaction chimique créé grâce à l'activation électrique va extraire les métaux "étrangers" au mercure et les dissoudre dans la solution ?

J'aurais besoin de quelques explications supplémentaires si vous le pouvez....

Merci beaucoup!

[lamaille]

Bonjour,
Est-ce que quelqu'un du forum s'y connaitrait un peu plus pour me répondre ?

Je vous en remercierait chaleureusement!

Bien à vous,
lamaille

[A voir en vidéo sur Futura]

[LPFR]

Bonjour.
J’avais déjà lu que le mercure devenait moins efficace et qu’il fallait le remplacer. Les orpailleurs clandestins en Guyane ne se gênent pas pour le jeter dans la nature.
L’explication de moco est peut-être la bonne (je ne connais rien) : d’autres métaux dissous dans le mercure diminuent sa faculté d’amalgame avec l’or.
Si c’est bien la raison, son explication tient début. L’électrolyse de la solution saline dégage du chlore au niveau du mercure, lequel peut de combiner avec les métaux les plus actifs, comme le zinc, pour donner un chlorure soluble dans l’eau.

J’ai essayé rapidement de trouver quelque chose sur la perte d’efficacité du mercure dans Google, sans succès.
Au revoir.

[invite07941352]

Bonjour,
Vous allez trouver pas de mal de liens détaillés en recherchant : " re-activate mercury in gold extraction "
Je n'ai pas tout lu en détail , mais la méthode d'électrolyse est développée ;
Deux liens , au hasard : http://www.unep.org/chemicalsandwast...olysis_Kit.pdf
http://nevada-outback-gems.com/Refer...algamation.htm

[LPFR]

Bonjour Catmandou.
Bien vu. Je n’ai pas pensé au « re-activate ».
Cordialement

[shaddock91]

Bonjour à tous. Lors d'une électrolyse de solution de NaCl, en utilisant une cathode au mercure, Cl2 est évacué à l'anode et Na-Hg (amalgame de sodium) est formé à la cathode.

Voir article Futura ---> http://www.futura-sciences.com/magaz...re-698/page/3/

L'amalgame isolé est retraité par l'eau pour donner Hg, NaOH, H2

L'article ne dit pas comment isoler l'amalgame ...

[lamaille]

Bonjour,
Je souhaitais simplement vous remercier pour vos éléments de réponses concernant l'activateur à mercure.
Par mes recherches auprès d'un professeur de chimie, nous avons pu avancer sur les réactions chimiques en jeu dans un tel système (voir schéma).

0.jpg

A l’anode il se dégage du gaz Cl2 (chlorine), gaz toxique.
A la catode, il se forme du Hg (supposé mercure « propre » et « activé »).
A la surface entre eau et mercure, il se dégage du gaz H2, très inflammable.
On suppose aussi la création de NaOH, très basique (attention aux yeux).

Les remarques :
Si l’on maximise l’intensité, alors le temps de réaction diminue ; en supposant que les surfaces de graphite et clou soit assez grandes.

Les précautions :
Il faut que la distance entre la barre de graphite et le clou en fer ne soit pas trop grande (sinon, la résistance augmente et l’intensité diminue), ni trop faible (sinon les électrons passe directement de l’un à l’autre, sans provoquer les réactions attendues).
Il serait judicieux d’utiliser des câbles épais et courts pour supporter au mieux la puissance dissipée dans le câble.

Nous avons fait deux tests :
- 1 Test avec du mercure, dans une salle de cours de chimie
- 1 Test avec du mercure d’orpailleur péruvien, au Pérou

Le premier test s’avère concluant (on a bien un dégagement de gaz sur l’électrode en graphite, et sur la surface entre mercure et eau).
A la fin de la réaction l’eau est trouble, et le mercure semble plus propre. (voir photo)

1.jpg

Le deuxième test, au Pérou a eu les mêmes résultats.
Reste maintenant à voir avec les orpailleurs péruviens si le système est facilement utilisable et si le mercure est assez activé pour les besoins de l’orpaillage artisanal.(à suivre…)

D'autre part, notre projet s'inscrit dans une démarche OpenSource, de sorte que vous pouvez télécharger librement les plans de l'activateur à mercure sur notre site et reproduire l'expérience.
https://wanamei.wordpress.com/la-ret...r-de-mercurio/ (en espagnol).
En revanche, le concept est protégé par une licence CreativeCommons, donc si vous apportez des modifications/explications, merci de nous en faire part (proyectowanamei@gmail.com).

Merci pour votre contribution, c'était enrichissant d'avoir vos avis!
Cordialement

[LPFR]

Bonjour.
Je vous remercie de ce retour et vous félicite pour votre travail.
J’espère qu’il recevra un bon accueil de la part des orpailleurs.

Je trouve que votre démarche est bien plus censée que celle de dire « le mercure pollue, il ne faut pas l’utiliser ». Ce n’est qu’un voeu pieux qui ne sera pas appliqué par ceux qui n’ont d’autre solution que de s’en servir.
Alors que votre système peut être utilisée par les orpailleurs artisanaux responsables.
Au revoir en encore : bravo !

Nota.
Je viens de lire votre document et j’ai deux observations.
- au lieu d’utiliser un récipient avec un trou latéral, ce qui pose de sérieux problèmes pratiques d’étanchéité, je recommanderais de passer un câble isolé à travers la solution et qui plonge dans le mercure. Il faut que l’extrémité câble reste bien dans le mercure. Mais si le câble est rigide, on pet le tenir avec une pince à linge sur un bord du récipient.
- Je ne connais pas les approvisionnements sur place. Mais je pense qui si on pouvait alimenter avec une batterie de voiture, ce serait plus simple et moins cher. Au « pif » il me semble que dans les sites d’extraction, il est plus facile de trouver une batterie de voiture qu’une pile de 4,5 V. De plus, la batterie ne s’use pas. Il suffit de la recharger.

[lamaille]

Bonjour,
Merci pour votre message LPFR. Je prends en compte vos remarques qui me semblent intéressantes et pratiques. Les mineurs nous avait déjà fait part d'une batterie de moto pour l'alimentation. Donc le dispositif va évoluer avec eux.
D'autre part, votre message m'a fait plaisir car il correspond bien à notre philosophie.

La problématique de l'orpaillage artisanal est complexe et entraîne de nombreux problèmes: prostitution, traite d'enfants, précarité extrême, désastres sanitaires, environnementaux, humains, sociaux...
La question du mercure dans l'orpaillage artisanal n'est pas simple...Comme vous l'avez dit, les personnes qui l'utilisent n'ont pas d'autres alternatives pour extraire efficacement et à moindre cout l'or du sable aurifère. Ils extraient l'or pour leur survie.

Aujourd'hui, la région de Madre de Dios dans laquelle nous travaillons, est face à des vagues d'immigrants qui, le temps de la crise économique, viennent piller les rives du fleuve en quête du précieux métal...
Parmi ces immigrés, sur ces terres aurifères de l'amazonie, vivent des hommes, des femmes, des enfants; certains natifs, d'autres issus de colons depuis des décennies. Ces communautés-là connaissent leur territoire et sont prêtes à travailler dur pour être reconnues comme de petits exploitants. Mais elles sont souvent stigmatisées et assimilées à ces milliers de pilleurs.
Le gouvernement ne fait pas la différence et interdit aujourd'hui tous les dispositifs qu'utilisent les mineurs artisanaux de la région, en n'hésitant pas à faire appel à la force. Laissant les mineurs dépourvus de toute ressource pour vivre.

Améliorer les techniques est clairement la problématique centrale pour ces communautés de mineurs. Mais importer une technologie venue d'ailleurs sans prendre en compte les pratiques locales et le contexte si particulier de l'or alluvial local n'est pas une solution durable.
C'est pourquoi notre petit labo d'anthropologues et d'ingénieurs, ensemble; en s'appuyant sur les savoir-faire des mineurs et en s'imprégnant de ce contexte, nous essayons de mettre en place avec eux des solutions plus durables: activateur à mercure, alambic à mercure, mini-excavatrice, etc. et fabricables de façon artisanale.
Ma collègue a d'ailleurs publié un petit livre pour illustrer notre projet et le quotidien de ces communautés: https://wanamei.files.wordpress.com/...e_perouweb.pdf

Notre site est actuellement en maintenance edana.ch.
Mais nous avons toujours twitter: https://twitter.com/edana_hearc

Bonne continuation, et merci!!
Laura

[moco]

Les deux images que tu nous montres n'ont hélas pas de rapport avec ton problème. Elles montrent toutes deux un bac d'électrolyse, avec deux électrodes trempant dans une solution d'eau salée. C'est très bien. Il e dégage du gaz chlore d'un côté et de l'hydrogène de l'autre. Mais cela ne sert à rien pour ton problème, qui est de récupérer du mercure qui s'est peu à peu enrichi en d'autres métaux, qui se sont dissous dans ce mercure. On obtient du mercure sale.

Il existe différents procédés simples pour purifier du mercure.
1. Le faire passer à travers un entonnoir pourvu d'un filtre ordinaire en papier, le tout posé sur un récipient genre erlenmeyer. Mais attention ! Il faut d'abord mouiller le papier filtre, puis en percer le fond avec un clou de manière à former un trou le plus petit possible. Ceci étant fait, on y verse le mercure sale, qui traverse lentement et peut être récolté. Les impuretés restent collées sur le papier filtre mouillé. Si le mercure est très sale, on répète l'opération. A la fin, on peut ne pas jeter le papier filtre, mais le récupérer en traitant le filtre sale par de l'acide nitrique qui transforme le dépôt sale en un mélange de nitrate de mercure et d'autres nitrates.
2. Mettre le mercure sale dans un bocal en verre fermé par un couvercle. Ajouter le triple de volume de sucre en poudre. Fermer et agiter violemment. Le mercure se divise en d'innombrables gouttelettes, et les impuretés se crochent entre les grains de sucre, qui devient gris sale. A la fin, on essaie de faire passer le maximum de mercure propre dans le fond. Mais il reste beaucoup de mercure propre mélangé au sucre. Verser alors le tout dans un grand bocal en verre (pas en métal) plein d'eau. le sucre s'y dissout en entraînant avec lui toutes les impuretés de mercure qui forment une sorte de boue grise. On récupère le mercure propre par décantation. Là encore on peut encore récupérer les dépôts sales et les traiter par l'acide nitrique.