Question sur la communication
Bonjour à tous
J'ai une question sur un point qui a trait à la communication verbale donc qui touche aussi un peu à la linguistique. Je rédige actuellement un commentaire sur un texte qui me pose un problème compréhension sur un grand nombre de points et je ne sais pas trop comment l'exposer.
Je vais illustrer mon propos par un exemple : un jour un de mes voisins, quelqu'un de plutôt immature, me dit : « J'étais hier soir sur Internet. Je téléchargeais des vidéos, mais j'avais froid ! » (l'histoire se passe en hiver). Sachant qu'il ne possède pas d'ordinateur et qu'il n'a même pas de téléphone filaire pour avoir Internet, je lui demande alors finement : « Vous étiez dans un cybercafé ? Il n'y avait pas le chauffage ? », « Ah, non, me dit-il, je téléchargeais telle et telle vidéo, mais je commençais à avoir trop froid. », « Très intéressant, dis-je, mais vous étiez où pour avoir si froid ? », « J'étais en plein téléchargement mais je commençais à avoir l'onglée. Je me suis dit qu'il fallait que j'arrête. ». La conversation s'est poursuivie sur le même mode jusqu'à ce que, le voyant mimer l'utilisation d'un smartphone, je devine qu'il n'était pas sur un ordinateur aussi je lui dis : « Vous étiez avec votre smartphone ? Vous étiez dehors ? », « Non, me dit-il, mais j'ai dû arrêter, je n'y tenais plus, je suis rentré. » Finalement, à force de questions-réponses, j'ai fini par deviner qu'il était à la gare pour bénéficier du WiFi gratuit et c'est à contre-cœur qu'il a fini par admettre : « Ben oui, évidemment. » À aucun moment de la conversation, malgré mes demandes répétées, il n'a pas compris qu'il y avait un point que j'ignorais et que je demandais un éclaircissement. Tout le monde dans l'immeuble a ce problème lui, ce dont il n'est absolument pas conscient lui-même. C'est à mon sens une des signatures de l'immaturité : les personnes immatures, comme les enfants, supposent par défaut que ce qu'elles savent elles-mêmes est forcément connu de tout le monde, autrement dit qu'il y a peu ou prou une seule psyché pour tous, et ne comprennent en général pas qu'on leur demande des précisions qui leur paraissent inutiles voire même sottement prosaïques. Je connais plusieurs personnes dans ce cas. Mais là n'est pas le propos principal.
Ma question porte sur la capacité du locuteur à adapter son énoncé à ce que son interlocuteur a des chances de savoir ou d'ignorer, de croire ou ne pas croire, à ce qu'il est prêt à admettre, etc. La rhétorique me parait appartenir plutôt au domaine littéraire qu'à la conversation de tous les jours.
Le texte que j'étudie est parfaitement rédigé, dans un langage tout à fait châtié et plutôt littéraire, mais il y a constamment des points que l'auteur suppose manifestement connu du lecteur et qui font qu'on se demande toujours de quoi il est vraiment question.
Cela relève de la branche de la linguistique qu'on appelle la pragmatique et qui étudie les éléments contextuels du discours. Mon voisin supposait inconsciemment qu'il y en avait suffisamment dans ce qu'il me disait pour que je comprenne. Ma question est donc : quelle capacité manque à mon voisin et à mon auteur pour se faire comprendre ? Cela a trait à mon sens plus à la psychologie qu'à d'autres domaines. Cela relève aussi de la théorie de l'esprit me semble-t-il.
C'est sur point qu'on voit la différence entre les bons vulgarisateurs scientifiques et les mauvais, c'est à dire entre ceux qui savent adapter leur exposé à leur auditoire, quel que soit son niveau, et les autres.
Merci d'avance de vos lumières.
Nico
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