Doctorat ou réorientation en master ?
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Doctorat ou réorientation en master ?



  1. #1
    nash06

    Doctorat ou réorientation en master ?


    ------

    Bonjour à tous,

    Je suis à un moment où il faut faire des choix importants, et je me pose de sérieuses questions depuis quelques semaines. Je vous explique ma situation :

    Je suis un étudiant de 5e année en physique d'une école d'ingénieur. Donc durant les 2 premières années d'école, j'ai suivi un parcours plutôt classique pour une école d'ingé orientée recherche (d'après les statistiques, environ 70 ou 80 % des étudiants de ma filière continuent en thèse), en physique de la matière condensée, ou nanosciences, nanotechnologies, optique ou microélectronique principalement. Mais, étant passionné par la physique des particules, j'ai choisi d'étudier ce domaine-là en 3e année au lieu de continuer dans le parcours normal. Dans ma tête, mon "plan de carrière" était assez clair : je voulais avoir mon diplôme, puis continuer en thèse dans le domaine pour ensuite (après les postdocs) essayer d'avoir un poste de chargé de recherche ou maître de conférence (ou éventuellement un équivalent à l'étranger).

    Le "problème", c'est que bien que j'aie adoré étudier la physique des particules, en tant qu'étudiant (je n'ai jamais pris autant de plaisir à suivre des cours que pendant ce premier semestre de 5e année), je me rends compte maintenant que je suis en train de faire mon PFE (stage de recherche en physique des particules) que la "pratique" de la discipline ne me plaît pas du tout.
    -Déjà, être assis toute la journée derrière un écran d'ordinateur à essayer de débugguer des codes obscurs, je le supporte déjà difficilement. Alors certes, on m'avait bien prévenu que pour ça il faut "aimer programmer", mais j'ai un peu la sensation d'avoir été piégé, parce que ce n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais. Effectivement, d'un certain côté, j'aime programmer : quand j'ai pas mal de temps libre (certains week-ends par exemple) j'aime prendre du temps pour inventer des petits programmes, des petits jeux, en C++ . Mais ça n'a pas grand chose à voir en fait : je ne saurais pas expliquer pourquoi, mais j'ai l'impression d'avoir besoin de maîtriser l'ensemble de mon code (de la logique sous-jacente... maîtriser la partie algorithmique, peut-être, in fine ? ... bref, ce n'est qu'une supposition, je ne suis pas du tout sûr que ce soit ça le réel problème) pour que ça me plaise. Au jour le jour, je dois écrire des petits bouts de codes qui doivent être compatibles avec des boîtes noires qui changent souvent selon les mises à jour du logiciel, sans comprendre d'où viennent les bugs quand il y en a (et sans pouvoir vraiment comprendre, puisque souvent il s'agit de problèmes de compatibilité avec ce qui est dans la "boîte noire") donc le débugguage revient dans une très large mesure à chercher désespérément sur internet, ou sur les forums de la collaboration, si les problèmes que je rencontre sont connus, comment les résoudre, etc. Globalement, même si "j'aime programmer" à ma manière, je déteste ce que je dois faire là pour ce stage (et que je suppose être le quotidien des physiciens des particules), et cette partie "programmation" de dégoûte plus qu'autre chose.
    -Par ailleurs, je me rends compte maintenant que je fait de ne pas pouvoir "voir" directement ou, au moins, assez rapidement, les résultats de ce que je fais, me déplaît fortement. Visiblement, en physique des particules, on manipule des données qui sont elles-même très obscures et ce n'est qu'après les avoir fait passer à travers un grand nombre de boîtes noires qu'on peut éventuellement en faire quelque chose. Attention, je ne critique pas la physique des particules, je comprends tout à fait qu'on puisse trouver ça très intéressant, mais personnellement, je n'aime pas du tout et ça me stresse et me déprime plus qu'autre chose.

    A l'inverse, l'an dernier, en 4e année, j'ai fait un stage de recherche en physique des matériaux, et là, pour le coup, même si la physique qui est derrière (transition de phases, cristallographie, physique hors équilibre, des solides...) m'intéresse nettement moins d'un point de vue théorique (j'ai bien aimé étudier ce genre de choses, mais sans plus), la pratique du domaine m'a vraiment ravi. C'est simple, je pense que pendant ce stage j'ai passé les 10 meilleures semaines de ma vie, le travail devenant très similaire à du loisir. Alors, il est évident que la bonne ambiance qui régnait dans l'équipe et plus généralement dans le labo a dû jouer, mais pas seulement : le fait de "mettre les mains" dans les manips, de passer du temps à utiliser les machines, d'abord pour produire, ensuite pour caractériser ces matériaux, et puis le fait d'avoir très vite des résultats à chaque étape, tout cela me plaisait énormément. De plus, le fait de bien comprendre et appréhender tout le processus, de la recherche d'articles universitaires pour savoir quoi faire (quelle composition serait susceptible de permettre d'étudier ce que je voulais étudier, notamment) à la caractérisation et aux conclusions finales, m'a permis d'être très autonome, et de toujours savoir précisément ce que j'avais à faire , pourquoi et comment.

    Voilà donc mes ressentis. Il se trouve qu'il y a quelques mois, quand je n'étais pas encore "dégoûté" de la physique des particules, j'ai candidaté à des doctorats, dans un domaine un peu différent, les astroparticules, à la frontière entre astronomie et physique des particules. Mon dossier a été retenu à plusieurs endroits et je suis donc censé passer des auditions devant les écoles doctorales pour décrocher la bourse de thèse. Le problème, c'est qu'à la lumière de ce que je viens de dire, j'ai peur que ça puisse être une énorme erreur de m'engager là-dedans, et de risquer de faire quelque chose qui ne me plaît pas. L'autre solution, ce serait qu'une fois mon diplôme obtenu, je refasse un master (en physique des matériaux) en espérant donc que mes impressions sur ce domaines soit confirmées. Le problème, c'est que là encore j'ai peur de faire une erreur : d'une part, si par un quelconque miracle, à la fin de mon stage (mi-août) je me dis finalement que j'ai bien aimé ça, je risque de regretter toute ma vie de ne pas avoir continué en thèse. Et même si ce n'est pas le cas, je me dis que les astroparticules, ça peut être assez différent de la physique des particules sur collisionneur tout de même, et que donc abandonner l'idée sans même tenter, c'est encore quelque chose qui risque de me laisser des regrets.

    Oui, mais si je poursuis en thèse tout de suite, et que vraiment, je n'aime pas ça ? Bien évidemment, je peux toujours arrêter la thèse, mais dans ce cas, ça risque d'être difficile de retrouver une école doctorale prête à me redonner une bourse, dans un autre domaine, 2 ans plus tard, non ?

    Et puis enfin, si je continue en thèse, et que ça ne me déplaît pas trop... mais que ce n'est pas la grande joie non plus. Là, je risque de me retrouver dans une situation où je regretterai de ne pas avoir fait de la physique des matériaux à la place.

    Bref, je suis un peu à la croisée des chemins et la seule chose que je vois, c'est un brouillard épais qui m'empêche de voir là où mènent ces voies (ok, ma métaphore est moisie).


    Les dates limites pour les candidatures pour les masters sont très proches (fin de semaine prochaine pour certains, fin juin pour d'autre... mais là, encore, rien ne m'empêche de candidater pour me désister ensuite), mais surtout, si je suis sélectionne lors des auditions pour les doctorats, il va falloir que je donne une réponse très très rapide (mi-juin, ou la semaine d'après, apparemment). J'ai déjà quasiment décidé à 100% de ne pas refaire un master de physique des particules si je ne suis pas pris en thèse, pour faire de la physique des matériaux à la place. Le problème, c'est que d'après ce qu'on m'a dit, il est très probable que j'obtienne la bourse...

    Merci de m'avoir lu jusque là. Alors, je sais bien que vous n'êtes pas à ma place, mais auriez-vous des conseils, ou des lumières pour m'aider à y voir plus clair ?

    -----

  2. #2
    Hermillon73
    Animateur Orientation

    Re : Doctorat ou réorientation en master ?

    Bonjour,

    Visiblement, vous faites un stage axé "analyse de données", et oui, les grosses manips de physique de particules, comme celles d'astro-particules, ne vous leurrez pas, ont des softs plutôt volumineux et un peu "boites noires" au début. Refaire les analyses en suivant les évolutions 15.1.2, 15.1.3, 15.1.4, 16.0.0... du soft a un coté extrêmement déprimant parfois, je le comprends fort bien.

    J'ignore s'il est encore temps du coté des écoles doctorales, mais :
    - Avez-vous pensé à regarder du coté d'une thèse plus "instrumentale" (mise au point d'un détecteur, mise au point du soft d'acquisition, de déclenchement, etc) dans ce domaine (particule, astroparticule), voire en élargissant à des domaines proches (détecteur pour la "physique médicale" par exemple)? Il me semble à vous lire que cela vous conviendrait mieux.

    - Et sans vouloir vous démoraliser, pensez aussi à l'échéance de 5 ou 6 ans: que voulez-vous faire ensuite? Chercheur? Les places sont rares et chères. Enchainer les post-doc? Repartir dans l'industrie? Vous ne choisirez pas votre thèse de la même manière.

    Pour vos interrogations:
    - Si vous commencez une thèse, et que vous l'interrompez, vous n'aurez pas de seconde chance, c'est exact.
    - je ne comprends pas "J'ai déjà quasiment décidé à 100% de ne pas refaire un master de physique des particules si je ne suis pas pris en thèse, pour faire de la physique des matériaux à la place" : vous aurez votre master de physique des particules cette année, effectivement, je ne vois pas l'intérêt de le refaire (ni qui vous laisserait faire cela !!)
    - Refaire un master II physique des matériaux pour tenter une thèse dans ce domaine : vu ce que vous dites (vous aviez l'air enchanté du stage), l'idée ne parait pas délirante et si cela semble correspondre mieux à vos goûts, cela vaut la peine de "perdre un an" pour ne pas en perdre 3 ensuite (ceci n'est qu' UN avis).
    - Et une dernière remarque: si vous faites une thèse "bof bof" ("ça ne me déplait pas trop, sans que cela soit la grande joie") cela se verra au quotidien, cela se verra sur votre investissement, vous ferez une thèse moyenne à honorable comme il y en a des dizaines par an...Et après? Vous ne serez pas recruté car vous ne sortirez pas assez du lot (il y a déjà de nombreux bon docteurs ultra motivés qui ne trouvent pas de postes permanents).

    Bon courage.
    Cordialement.

  3. #3
    nash06

    Re : Doctorat ou réorientation en master ?

    Bonjour,

    Merci de votre réponse. Quelques petites précisions :

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    >> Justement, un des intérêt que je voyais avec les astroparticules est qu'il y a souvent une grosse part de travail d'instrumentation pour la création/l'amélioration du détecteur, à côté de l'analyse de donnée. En tout cas, sur les thèses auxquelles je candidate, il est prévu que ce soit à peu près moitié-moitié. Cependant, d'une part j'ai vraiment l'impression que l'analyse de données ne me plairait vraiment pas finalement. D'autre part, je n'ai pas non plus l'impression que travailler sur les détecteurs me plairait beaucoup (Enfin, je ne peux pas vraiment savoir ça...) De toute façon, il est trop tard pour postuler à un autre doctorat maintenant, et la formation que j'ai suivie en 5e année ne m'aurait probablement pas permis de le faire sur un autre domaine que la physique des particules.

     Cliquez pour afficher

    >> Mon idée, en voulant me lancer dans la physique des particules, était de faire une thèse, puis des postdocs (si possible à l'étranger), et de tenter de devenir chercheur CNRS ou Maître de conférence dans le domaine. Je sais bien qu'il y a peu de postes, mais j'aurais tout à fait accepté de faire des postdocs pendant assez longtemps, voire, si ce n'est plus possible, de passer des concours d'enseignement (Agreg, ou à défaut CAPES : il y a quelques années, je voulais être prof en lycée, et je pense toujours que ça pourrait me plaire, même si je préférerais maintenant être chercheur).
    En passant aux matériaux, je reste un peu dans le même objectif. A priori, ce serait pour travailler dans la recherche. Sauf qu'en science des matériaux, je suppose qu'il y a beaucoup d'entreprises intéressées, donc également une possibilité de faire de la recherche dans le privé. Enfin, mon objectif premier resterait le même : thèse, postdocs et puis chargé de recherche ou maître de conf'.

     Cliquez pour afficher

    >> Je pense que c'est là un des enjeux principaux. Est-ce absolument le cas ? En particulier, n'est-ce pas possible, après avoir interrompu une thèse, d'en refaire une, notamment avec des financements privés (thèse CIFRE) ? Mis à part ça, je pense qu'il serait toujours possible de débuter alors un doctorat à l'étranger (notamment en Espagne par exemple, ou on peut très bien le faire sans être payé... évidemment, ça nécessite de pouvoir se financer pendant 2-4 ans sans salaire, ce qui n'est pas évident...)

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    En fait, étant actuellement élève-ingénieur, j'ai eu des accords de principe de certaines universités pour pouvoir faire leur master de physique des particules si je n'était pas pris dans une thèse qui m'intéressait (c'est d'ailleurs pour ça que finalement je n'ai candidaté qu'à un nombre très restreint de thèses, qui, je pensais, m'intéresseraient le plus, puisque je savais que de toute façon "au pire" j'aurais une nouvelle chance). Mais il y a des très fortes chances, si je vais effectivement aux auditions, (oui, parce que si je décide de ne pas faire la thèse finalement, j'essaierai de me décider et de les prévenir avant. Je ne vais pas leur faire perdre leur temps en allant à l'audition "en touriste" en espérant ne pas être pris) que j'obtienne la bourse.

     Cliquez pour afficher

    >> Oui, j'en suis bien conscient. C'est aussi (en plus du risque de ne pas pouvoir refaire une thèse dans un autre domaine) pour ça que je pense à me réorienter avant de m'engager dans une thèse qui ne me plairait pas.


    Voilà voilà.

    Si quelqu'un d'autre a un autre avis à apporter (ou le même que celui d'Hermillon73, d'ailleurs), eh bien qu'il ne se prive pas, ça m'aidera à faire le bon choix.
    Dernière modification par nash06 ; 06/06/2014 à 16h40.

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