Bonsoir,
Alors pourquoi as-tu cité cette conférence dans un message précédent ?
Alors, je dois avoir mal compris ton intervention au message #105 de cette discussion.
Tout d’abord, les résultats de Nemchin et al. (2008), cités dans la publication que tu indiques, concernant le fractionnement isotopique du carbone (indiquant peut-être une origine biologique) de diamants inclus dans des zircons de Jack Hills d’environ 4,25 milliards d’années, ont été remis en cause :
Diamonds in Earthʼs oldest zircons from Jack Hills conglomerate, Australia, are contamination (Dobrzhinetskaya et al., 2014)
Il en est de même pour le papier d’O'Neil et al. (2008), concernant la mise en évidence d’une roche datée d’environ 4,28 milliards d’années. On pense aujourd’hui que cette roche est plutôt datée d’environ 3,8 milliards d’années :
Reduced, reused and recycled: Detrital zircons define a maximum age for the Eoarchean (ca. 3750–3780 Ma) Nuvvuagittuq Supracrustal Belt, Québec (Canada) (Cates et al., 2013)
En outre, la période de grand bombardement tardif (qui aurait débuté il y a 4,1 milliards d’années) n’est plus du tout envisagée de la manière dont elle est décrite plus loin dans la publication de Rhawn Joseph.
On pense désormais que des impacts suffisamment violents pour vaporiser l’équivalent du volume des océans actuels n’ont sûrement jamais menacé la Terre, et que donc si la vie est apparue lors de la formation de la première croûte solide il y a environ 4,3 milliards d’années, en tenant compte des dernières données à propos de l’âge de la Lune (Jacobson et al., 2014), elle aurait vraisemblablement survécu jusqu’à aujourd’hui :
The sawtooth-like timeline of the first billion years of lunar bombardment (Morbidelli et al., 2012)
L’auteur principal de cette étude, le très célèbre Alessandro Morbidelli, parlait de ces conclusions générales dans une conférence le 4 juillet 2011 :
The dangerous Life of an Habitable Planet
Évidemment, tout cela Rhawn Joseph ne pouvait le savoir lorsqu’il a écrit sa publication en 2009. C’est juste par souci du détail que je mets tout ça au clair.
Maintenant, pour enfin en venir à ce qui semble te plaire le plus (la fameuse figure 4), elle est apparemment adaptée d’une publication plus ancienne (2006), que l’on doit à Alexei A. Sharov :
Genome increase as a clock for the origin and evolution of life (Sharov, 2006)
Alexei Sharov a de nouveau utilisé cette méthode dans un papier plus récent, en 2013, en collaboration avec un certain Richard Gordon :
Life before Earth (Sharov & Gordon, 2013)
Or, les papiers de Sharov (2006) et Sharov & Gordon (2013), ont été vivement critiqués, à juste titre selon moi, mais non sans humour; voir par exemple ici :
Earth before life (Mazban et al., 2014)
Pour finir, le papier de Rhawn Joseph a été évalué par David Brin, un spécialiste des comètes, diplômé de l’Université de Californie à San Diego, et on ne peut pas dire que son évaluation soit très élogieuse quant à la qualité du travail de Rhawn Joseph :
An "explanation" for life's origins that falls way short
Cela dit, malgré une évaluation négative, le papier n’a pas été retiré, ni même modifié, parce que l’éditeur en chef de Journal of Cosmology n’est autre que Chandra Wickramasinghe, un des grands partisans de l’hypothèse de la panspermie (et aussi co-auteur du papier que tu as cité).
En outre, l’hypothèse de la panspermie ne permet en aucun cas de résoudre le problème de l’origine de la vie en elle-même. À aussi noter que Rhawn Joseph pousse l’idée de panspermie jusqu’au bout, en revenant à l’hypothèse telle qu’elle était présentée au milieu du XIXe siècle, en proposant l’idée d’un Univers éternel, sans origine ni fin (c'est-à-dire en rejetant le modèle du Big Bang).
Ceci étant dit, je serais extrêmement intéressé de savoir plus en détails pourquoi l’hypothèse défendue dans cette publication de Rhawn Joseph te paraît attrayante a priori. De mon point de vue, il y a des modèles plus fascinants et plus complets que celui-là dans la littérature scientifique de ces 25 dernières années.
Cordialement.
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