Bonjour,
Voici un article que vous pourrez retrouver sur ma page de rédaction du média citoyen Agora Vox, ainsi qu'un texte sur les OGM validé par le groupement d'éthique européen en sciences et sur les nouvelles technologies (G.E.E), intitulé : "La question des OGM en agriculture".
Merci de votre attention,
Aurélien
Sous couvert d’innovation et de progrès scientifique, l’utilisation des chimères génétiques en agriculture s’inscrit dans le cadre d’une idéologie globale d’uniformisation des pratiques agricoles, de réduction de la biodiversité et de course à la rentabilité, au bénéfice de quelques firmes multinationales, et au détriment des petits paysans de la planète.
La technique en tant que telle n’est pas à rejeter, comme le laissent à penser certains courants de pensée écologiques, mais celle-ci doit s’incorporer dans une pensée éthique, réfléchie, et non asservie aux lois d’un marché international sans aucun contrôle. L’homme a produit de merveilleux instruments, mais aussi des techniques de destruction et de barbarie inimaginables... Au tout début de l’ère atomique, lorsque Pierre et Marie Curie ont découvert la radioactivité et Wilhelm Conrad Röntgen les rayons X, les médecins spécialistes et industriels de nombreux pays se sont empressés d’utiliser ces nouvelles découvertes afin d’en faire commerce. Les peintures à l’uranium, l’eau de Curie (radioactive, censée guérir des cancers !), les rayons X (censés épiler les dames sans dommage) ont tué ou rendu malades des centaines et des centaines de personnes, avant que les effets de la radioactivité et de son utilisation industrielle abusive ne soient dénoncés comme nocifs pour la santé humaine et environnementale, et pour tous les organismes vivants en particulier. Depuis, la radioactivité s’est vue confinée, mais l’énergie nucléaire produit toutefois des déchets à longue durée de vie, qu’il faut stocker et dont l’existence suscite un profond mécontentement chez nombre de personnes et organisations écologiques.
Ce qui distingue les technologies de génie génétique et les récents développements (à échelle humaine) de l’agriculture en matière d’hybridation de manière générale, c’est qu’avec les dernières avancées techniques dites biotechnologiques, l’homme fait intrusion au sein même de la cellule vivante et fait usage d’artifices (incorporation de gènes animaux dans les végétaux, gènes de marquage résistants aux antibiotiques, utilisation du promoteur 35S du virus de la mosaïque du chou-fleur) qui ne pourraient jamais se produire à l’état naturel ou par croisement traditionnel.
Le débat, très rude, entre les pro- et anti-OGM, semble se dérouler, de manière locale, comme autant de tentatives de protectionnisme économique d’un côté comme de l’autre, et les polémiques concernant la dissémination d’OGM entre cultures conventionnelles, biologiques et transgéniques s’articulent dans la mise en place de propositions de lois permettant de séparer les cultures et de fragmenter le territoire agricole en parcelles nécessitant des aménagements de plus en plus complexes et générateurs de conflits, insolubles si cela s’avérait être mis en pratique à grande échelle.
Sous couvert de protection intellectuelle et de réduction des risques environnementaux, les grandes firmes du domaine génétique développent des technologies appelées technologies GURT, rendant les semences stériles et inutilisables par les agriculteurs, souhaitant ainsi rendre ceux-ci captifs et dépendants de manière totale à un système agricole dominé par une position scientifique industrielle totalitaire parmi tant d’autres alternatives (1) plus écologiques et attentives à la préservation et au développement d’une agriculture saine et globale.
En 2004, deux chercheurs de l’Institut Forel à Versoix, Walter Wildi et John Poté (2), ont découvert (3) que des séquences d’ADN génétiquement modifié sont disséminées par l’eau, par infiltration ou par écoulement.
Au regard du cycle de l’eau, il est clair que de telles pollutions génétiques sont amenées à se diffuser, à se concentrer à certains endroits, ou à se disperser sur un espace très vaste, bien au-delà des possibilités de dissémination par le biais des pollens, évoquées pour les réflexions concernant les contaminations croisées de cultures.
L’utilisation intensive d’OGM et une pratique agricole généralisée de telles techniques à grande échelle devraient donc conduire à une pollution génétique des réserves d’eau mondiales, qui n’épargnera aucun endroit de la planète.
Quelles peuvent être les conséquences de la présence de séquences d’ADN génétiquement modifié en quantité importante dans la nature et acheminées par l’eau ? Il suffit de se rappeler qu’un virus est une parcelle d’ADN enrobée d’une capsule (protéine) (4) et l’on peut deviner que la culture intensive d’OGM est un terrain de risques très importants d’élaboration de nouveaux virus que l’homme n’a jamais eu à affronter jusqu’alors.
Il me semble qu’il est extrêmement grave et inconséquent de négliger cela dans les débats publics, où l’on ne parle que de risques économiques de contamination de culture à culture. Le rapport n°2254 sur les enjeux des essais et de l’utilisation des organismes génétiquement modifiés (5) ne semble pas du tout prendre en compte ces faits, alors que dans ce même rapport (tome 2), Mme Muriel Mambrini, chercheuse au Laboratoire de génétique des poissons au centre INRA de Jouy-en-Josas, rappelle l’existence de transferts naturels d’ADN en citant l’exemple des virus :
Les virus sont constitués d’une information génétique encapsulée dans une membrane leur permettant d’aller d’une cellule à une autre. Ils n’ont pas la compétence de synthétiser leurs protéines et injectent leur information génétique dans une cellule hôte afin qu’elle synthétise pour eux les protéines dont ils ont besoin. Ces protéines permettent l’encapsulation de leur matériel génétique, donc la production de particules virales qui iront infecter d’autres cellules. Certains virus sont capables de faire intégrer leur ADN dans l’ADN de l’hôte afin qu’il y ait une synthèse plus efficace.
Ces informations très importantes doivent être prises en compte avant toute dissémination volontaire à échelle mondiale des organismes génétiquement modifiés dans la pratique agricole, et des recherches à long terme plus approfondies devraient donc être menées dans des conditions sécuritaires de confinement avant toute pratique agricole de telles technologies.
Image : source Wikipédia
(1) Voir -le Projet ECOSS [english]
* le Bois Raméal Fragmenté BRF
* la Terra Preta
(2) Poté Wembonyama, John. - Devenir de l’ADN d’origine végétale dans les compartiments environnementaux : analyse systémique, rémanence et transport de l’ADN transgénique dans le sol / par John Poté Wembonyama. - Genève : Section des sciences de la Terre - Université de Genève, 2004. - XXII, 200 p. : ill. ; 30 cm. - (Terre et Environnement ; vol. 46). - Th. sc. terre Genève, 2004 ; Sc.
(3) Voir l’article « Dans l’eau des fontaines, nous avons détecté du blé » de Virginie Poyetton Le Courrier
(4) Voir l’article de Wikipédia sur les Virus
(5) Rapport n°2254 sur les enjeux des essais et de l’utilisation des organismes génétiquement modifiés (Assemblée nationale-France)
* Tome 1
* Tome 2
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