Bonjour Monsieur Bardintzeff
En 1986 le lac Nyos au Cameroun libérait brutalement des tonnes de gaz carbonique, décimant les populations et la faune alentour.
Une telle catastrophe est-elle envisageable à proximité de volcans, tel le Nyiragongo qui se trouve non loin du lac Kivu et dont le sous-sol contient d'énormes poches de gaz carbonique et de méthane.
Quel est le risque actuel de revivre un scénario identique à celui du lac Lwi (Nyos étant le nom du village).
Merci et cordialement
Rebonjour Kaolin,
20 ans après on n’a pas oublié la tragédie du lac Nyos : 1 746 personnes mortes asphyxiées par un nuage létal de gaz carbonique libéré par ce lac maléfique. Déjà, le 15 août 1984 le lac Monoun voisin avait fait 37 victimes.
Ce type de risque était méconnu à l’époque. Je me souviens d’avoir participé à un atelier de travail (« workshop ») sur ce sujet lors d’un Congrès international de géophysique qui se tenait à Vancouver, Canada, auquel participaient Haroun Tazieff et de nombreux spécialistes de différents pays. De nombreux autres lacs pouvaient apparaîtrent suspects, au Cameroun ou ailleurs. Même les lacs des volcans d’Auvergne (lac Pavin) ont été sondés et auscultés mais ils n’ont rien révélés de dangereux.
Un plan de dégazage artificiel du lac Nyos a débuté en janvier 2001 grâce à un tuyau de 203 m de long et de 15 cm de diamètre immergé verticalement. Un compresseur permet d’amorcer le jet qui jaillit ensuite naturellement à 100 km/h jusqu'à 50 m de hauteur. Ce système peut fonctionner pendant des années sans apport d'énergie. Mais il va falloir plusieurs années jusqu'à la disparition totale du gaz mortel.
Le lac Kivu situé entre le Rwanda et la République démocratique du Congo est différent car il contient à la fois du gaz carbonique et du méthane d'origine biogénique (au total 1 000 fois plus de gaz qu'à Nyos !). L’extraction du méthane serait envisageable pour une production d'électricité.
Photo complémentaire de Mr Bardintzeff
Au lac Nyos, un système de dégazage artificiel est maintenant opérationnel. L'eau jaillit naturellement à 50 m de haut, en libérant son gaz carbonique à dose inoffensive (copyright J.M. Bardintzeff).
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