Quel parcours pour être archéologue ?

[Percephone]

Bonjour ! Je suis une élève de première S et je veux devenir archéologue, j'ai déjà fait quelques démarches de recherches mais c'est maintenant que je commence vraiment à préparer la suite de mon parcours et je voudrais savoir ce que vous conseillez.
Tout d'abord, même si c'est assez minime, quelle spé devrais-je prendre en terminale ? je suis plutôt attirée par la spé SVT et je pense que c'est le mieux pour l'archéologie mais je ne suis pas encore sure.
Puis, que faire après le bac ? je sais qu'il y a certaine école spécialisées comme l'école du Louvre, est-ce que c'est une bonne option ? ou alors plus généralement une université, mais que faut-il prendre comme options, comme spécialités... ?
Je sais que en général il faut faire au minimum bac+5 mais est-ce que c'est mieux d'aller encore plus loin ou est-ce que c'est suffisant ?

Voila, pour le moment je n'ai que ça comme questions ^^ merci d'avance à ceux qui me répondrons !

PS : si il y des archéologues parmi vous, j'aimerais bien parler un peu de l’expérience que c'est, des contraintes...
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[pascaltech]

Bonjour,

Creuse !!!

Sinon, un cursus en histoire ou histoire de l'art car il faut pouvoir comprendre ce que tu trouveras.

[Demonsrun]

Bonsoir,

Pour ce qui est des études supérieures, plusieurs universités proposent des licences d'archéologie qui permettent d'appréhender toutes les cultures principales de l'antiquité jusqu'au moyen-âge, ce qui donne une bonne base de culture générale et des idées pour une spécialisation future, car le monde de l'archéologie est très vaste. Je ne les connais pas toutes, mais je sais qu'il y en a à Lille, Lyon, Strasbourg, Dijon, Montpellier et Bordeaux. Il n'est pas possible de dire quelle est la meilleure, car elles proposent chacune des programmes différents, disponible sur leurs sites internet. A toi donc de les comparer pour voir lequel te convient le mieux. Elles donnent également des cours de méthode de l'archéologie de terrain, qu'il faut accompagner de stages de fouilles généralement pendant les vacances d'été.
Par comparaison, la formation de l'Ecole du Louvre est plutôt axée sur l'histoire de l'art et la muséographie, ils ont une connaissance encyclopédique des artefacts dans les musées et de la civilisation auxquels ils appartiennent, mais ne pratiquent pas beaucoup l'archéologie proprement dite, donc là encore c'est une question de préférence par rapport à ce que tu recherches.

Ensuite, après la Licence, il y a le choix entre un Master Pro qui alternent entre cours et stages de fouilles et forme donc plus particulièrement à l'archéologie de terrain à un niveau Bac+5, ou alors un Master Recherche, validé par la rédaction d'un mémoire (comme j'aime l'appeler, c'est l'option "Rat de Bibliothèque", même si ça n'empêche pas de passer du temps sur le terrain ), qui mène généralement à la thèse de Doctorat, et là on arrive à Bac+8 ou 9...

Enfin, Pour la spécialisation en Terminale, je ne sais pas si ça joue réellement, l'essentiel étant à mon avis de faire ce qui te plaît le plus. J'avais pour ma part fait une spé Physique/Chimie et je n'ai été ni lésée ni avantagée dans mon cursus.

J'espère avoir pu t'aider un peu et bon courage pour la suite

[Percephone]

Bonjour, merci pour vos réponse ! ça m'aide énormément, maintenant j'ai des points de départ ^^. Juste encore une petite question, tu dis Demonsrun que les licences sont principalement sur les cultures de l'antiquité au moyen age, ce sont des périodes qui m’intéressent énormément donc ça me correspondrait mais est ce qu'il y en a sur la préhistoire ? car même si j'adore toute l'histoire, la préhistoire pour moi c'est le mieux ^^ et du coup ce serait en lien avec ma spécialisation (du coup, il me semble que ça s'appelle plus paléontologue mais bon ^^).

[A voir en vidéo sur Futura]

[Demonsrun]

Oui, bien sûr la préhistoire est abordée également, désolée d'avoir oublié de le préciser. Là aussi, chaque université a sa propre spécialité car les cours dépendent grandement des recherches actuelles des profs, mais généralement c'est indiqué sur les sites internet.
Le préhistorien s'intéresse particulièrement aux cultures matérielles anthropiques et tout ce qui les constitue, tandis que l'anthropologue étudie plus particulièrement les restes humains (pour cette spécialité, je crois que l'université de Bordeaux est la plus indiquée, leur institut est vraiment renommé). Quant au paléontologue, il étudie les fossiles d'êtres vivants datant d'avant l'homme moderne (en gros, c'est celui qui déterre les dinosaures ^^)

[Percephone]

Merci beaucoup pour toutes ces précisions elles m'aident énormément !

Le parcours licence d'archéologie puis master semble le plus logique mais ma mère a peur que cela "m'enferme" dans une spécialité et que je n'ai pas d'ouvertures au cas ou je ne trouverais pas de travail en tant qu'archéologue, ou si je me désintéressais de ce métier (très peu probable mais bon...), du coup j'ai cherché un peu d'autres voies et il semble qu'il soit possible de faire une prépa (probablement littéraire) puis de passer soit dans une grande école (c'est pas ma perspective préférée ^^) soit de reprendre sur un cycle universitaire, du coup avoir fait une prépa avant me permettrais d'avoir plus de formation et donc plus de débouchés. D'après vous ça peut aller ou c'est totalement inutile ?

[Brisecous]

Salut,

Pour être archéologue, pas 36 solutions : La FAC, la FAC, la FAC. Licence, Master, puis Doctorat. C'est malheureux à dire mais de mon point de vue, et sauf exceptions, pour être archéologue les grandes écoles du genre Ecole du Louvre ce n'est pas la bonne solution. Pour faire de la muséographie, de l'histoire de l'art ou autres disciplines annexes à l'archéologie, pourquoi pas... Il y a aussi l'Ecole Normale Supérieure et l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (ENS et EHESS), je ne connais pas bien donc je n'en parlerai pas.

Effectivement, avec un Master d'archéologie on ne fait pas grand-chose sauf de l'archéologie. Cela permet d'ouvrir également l'accès aux concours (notamment pour passer le CAPES et devenir enseignant).

Ne pas oublier non plus de faire des chantiers, des chantiers, des chantiers. Passe tes étés à fouiller. L'archéologie sans le terrain, c'est comme le pain sans la farine... De plus ça permet d'apprendre le métier et de se faire des contacts.

Niveau débouchés :
- La recherche (CNRS et profs de fac), oublie. Très peu de places, beaucoup de galères, il faut également se forger beaucoup de contacts lors de ses études à la FAC. Pour parler crûment, il y a 20% de talent et 80% de piston.
- L'archéologie préventive, il y a des débouchés si on fait les bons choix. Spécialiste chargé d'étudier un certain type de mobilier : Thèse conseillée mais le Master suffit souvent, il faut bien choisir son sujet de Master (les profs de fac choisissent des sujets qui les intéressent ou les arrangent et surtout ils donnent des sujets de recherche fondamentale, à proscrire si l'on veut avoir un boulot après). Il faut également se débrouiller pour faire quelques études et publications. Si tu es bien encadrée dans ton Master, tu auras la possibilité de le faire dans le cadre de tes études. Responsable d'opération (celui qui gère le chantier de fouilles) : Il n'y a pas de formation pour ça, ça s'apprend sur le terrain avec l'expérience. Technicien de fouilles : Derrière ce terme inadapté se cache les 90% de la profession : L'archéologue "de base" si je puis me permettre l'expression. Même niveau d'études que les autres, compétences souvent très éclectiques bien que moins spécialisées, il passe son temps sur le terrain. Dans ce dernier cas il faut prendre en considération que le métier est dur physiquement, très usant pour le dos et les genoux, qu'il est mal payé (1200-1300 € par mois en moyenne) et que les contrats proposés sont précaires et de courte durée. Il faut souvent enchaîner les années de précarité pour espérer avoir un poste plus stable ou monter en grade en obtenant ses premières responsabilités d'opération.

Ne pas oublier de côtoyer les associations d'archéologie, de discuter, de s'ouvrir au maximum, de tester plein de choses même celles qui nous intéressent moins à première vue. les échanges et les contacts permettent d'éviter de faire certaines erreurs qui peuvent ensuite nous fermer des portes (pour moi par exemple, si je suis technicien et pas spécialiste c'est en partie parce que je me suis fermé des portes en faisant de mauvais choix).

Ca reste un boulot passionnant pour peu qu'on aime ça, mais il faut garder à l'esprit que c'est un métier difficile notamment si l'on est technicien de fouilles. Il ne faut pas espérer de valorisation par le travail, sinon le plaisir du travail bien fait, car en tant que technicien on est rapidement cantonné à un rôle de subalterne. En tout cas, de mon expérience personnelle.

Le point positif, c'est que si des gens te hurlent qu'il n'y a pas de débouchés en archéologie, tu peux désormais leur rire au nez et leur dire de parler de quelque chose qu'ils connaissent. Il y a des débouchés, il faut juste faire les bons choix, ne pas être gourmand niveau salaire, et accepter une précarité qui peut potentiellement durer des années.

En espérant avoir pu t'aider. Si tu as des questions, n'hésite pas.

[Percephone]

Merci beaucoup pour ta réponse très détaillé ! Elle m'apporte beaucoup de points fondamentaux grâce a ton expérience personnelle car jusqu'à maintenant persone n'a pu me parler du terrain, des relations... Pour ma part je suis extrêmement motivée et tant pis si je dois attendre des années avant d'avoir une place stable !
Pour les chantiers d'été je compte bien en faire mais d'après ce que j'ai vu la plupart ne sont pas ouvert pour des moins de 18 ans (à part pour observer une journée ou deux) =( mais je vais quand même chercher ou alors attendre deux ans ^^.
Juste une question par rapport au technicien de fouille, est ce qu'il étudit quand même ce qui est trouvé ou il est uniquement sur le terrain ? car moi j'aime beaucoup la fouille et le travail a faire pour trouver les objets et autres mais je veux quand même étudier ce que je trouve ^^.
En tout cas merci beaucoup pour cette réponse détaillée =).

[Brisecous]

Le technicien de fouille passe sa vie sur le terrain. Parfois il a la chance de faire de la post-fouille, principalement les premières étapes "techniques" (lavage du mobilier, enregistrement des fiches US sur la base de données, saisie des inventaires de photos...), ce qui lui permet de se reposer un peu. Mais l'aspect scientifique lui est très souvent fermé.

C'est le grand paradoxe du technicien de fouilles, il est cantonné à un poste et peut difficilement évoluer :
- Responsable d'opération, ça s'apprend sur le tas, sur le terrain, et ensuite il faut avoir la chance de tomber sur un chef de service qui va nous donner notre chance. Vu le fonctionnement actuel de l'archéologie, il faut 10 techniciens pour 1 responsable... Donc c'est difficile d'avoir sa chance. Souvent on préfère prendre un responsable ayant eu une ou deux responsabilités, que donner sa chance à un technicien ayant beaucoup d'expérience (en tant que technicien).
- Spécialiste, ça s'apprend à la FAC (pour les bases) puis ensuite en obtenant ses premières études de matériel. Il est très important de bien choisir son sujet de MASTER... Généralement le technicien de fouilles a un Master tout aussi valable scientifiquement que le spécialiste mais son sujet de master ne débouche pas sur des études spécialisées. Résultat, il est très difficile pour le technicien de devenir spécialiste car il n'a pas accès aux formations (il faut reprendre un Master, ce qui implique d'arrêter de travailler...). Par exemple, mon sujet de master porte sur les objets métalliques de l'Age du bronze. j'ai ensuite commencé une thèse, que j'ai abandonnée car je n'étais pas financé (je n'avais pas de bourse) et je ne parvenais pas à cumuler boulot à plein temps (comme technicien de fouilles) et travail sur ma thèse. En ce qui concerne mon sujet de mémoire, comme les objets métalliques de l'Age du Bronze sont peu nombreux et rarement trouvés, on ne prend pas la peine de recruter quelqu'un spécifiquement pour étudier ce type d'objets. D'autant plus que je n'ai pas d'expérience dans des études d'objets métalliques : si quelques objets devaient être trouvés on ferait appel à des scientifiques ayant déjà fait leurs preuves. Maintenant j'essaie de me former sur l'étude des scories et déchets métallurgiques, mais je n'ai pas accès aux formations et cela rend toute respécialisation très difficile.

Donc même si les réponses ne sont pas blanches ou noires, j'aurais tendance à te dire : Non, dans 90% des cas le technicien est cantonné au travail de terrain et au lavage du mobilier récolté. Et il participe très rarement à l'analyse des données ou l'étude scientifique.

Si tu veux avoir tes chances, il faut viser le multi-casquettes : Un sujet de Master intelligemment choisi, des publications en sortie de Master, des études "bénévoles" de matériel grâce aux chantiers programmés, beaucoup d'expérience de terrain (bénévolat en été), tout faire pour obtenir ses premières responsabilités (responsable de secteur) sur des chantiers programmés en bénévolat, se faire un maximum de contacts notamment à l'université, bien choisir son directeur de mémoire en Master et y réfléchir dès la Licence afin de ne pas tomber sur le "sale type" qui te fermera des portes, choisir au contraire celui qui est bien placé pour t'obtenir l'allocation de thèse après le Master.

En tout cas, il faut toujours se ménager une porte de sortie avec le préventif, au cas où CNRS/Fac ça ne marche pas (ce qui est très probable).

je sais qu'il existe des chantiers programmés accessibles dès 16 ans, mais je ne pourrai pas t'en dire plus (j'ai moi-même attendu 18 ans faute de trouver quelqu'un pour m'informer, car tous les chantiers proches de chez moi ne prenaient pas en dessous de 18 ans). Pour ça le mieux est de faire des candidatures spontanées à tous les chantiers programmés qui s'ouvrent, le plus tôt possible dès publication des listes par le ministère de la culture. http://www.culturecommunication.gouv...s-de-benevoles

Ne pas hésiter également à tenter les collectivités territoriales disposant d'un service d'archéologie préventive pour les stages ou le bénévolat, ça fait des expériences très valorisantes en termes de CV. http://www.culturecommunication.gouv...teur_agree.pdf

Voilà pour ce que je peux rajouter comme informations à mon niveau. Si tu as d'autres questions n'hésite pas.