Matrix: de la philo au bac?
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Matrix: de la philo au bac?



  1. #1
    Yoyo

    Bonjour,

    je viens de lire une news assez originale et a la fois qui reprends (en plus detaille) ce que j'avais imagine en voyant le premier episode, Matrix peut etre pris au second degre d'un niveau philosophique.

    Voici la citation de la news (sourcre TF1).

    Agrégé de philosophie et auteur de plusieurs ouvrages (1), Jean-Pierre Zarader a découvert Matrix grâce à ses élèves de terminale. Surprise : l’œuvre se révèle être un support parfait pour revenir sur certains thèmes au programme du bac. Démonstration.

    Liberté et dignité
    "Matrix marque la rencontre entre un thème ultra classique, la liberté, et une forme nouvelle, le film d'effets spéciaux, qui permet de renouveler l’approche de ce thème. Ce que l'on redécouvre, avec Matrix, c'est la profondeur du kantisme. 'L’impératif catégorique' — le devoir moral — a été formulé par Kant de la façon suivante : 'Agis toujours de telle sorte que tu traites la personne humaine, en toi-même comme en autrui, toujours en même temps comme une fin et jamais simplement comme un moyen' (2). On ne peut mieux illustrer ce concept que dans Matrix. Les hommes y sont traités comme du carburant pour machine. Or, Neo (Keanu Reeves) incarne la renaissance de l'homme en tant que sujet libre. C'est sur cet homme comme 'fin en soi' que Kant fonde la dignité humaine."

    Liberté et destinée
    "Morpheus (Larry Fishburne) demande à Neo s'il croit en la destinée. 'Non, lui répond-il, parce que je veux être aux commandes de ma vie'. On voit ici l'équivocité du terme : le destin peut être entendu comme quelque chose de programmé mais en même temps, le destin de Neo, c'est justement de refuser cette programmation."

    Liberté et nécessité
    "Le film montre très bien que liberté et nécessité sont inextricablement liées, ce que les étudiants ne comprennent pas toujours. Illustration avec la scène des deux pilules : si Neo choisit la bleue, il oubliera tout et reprendra sa place dans la matrice ; s'il choisit la rouge, il quittera la matrice pour accomplir son destin et à partir de là, tout va s'enchaîner. C'est ce qu'expliquent Platon avec le mythe d'Er (3), Kant avec la notion de 'caractère intelligible', et Sartre avec le concept de 'projet fondamental' (4), lequel désigne la façon dont chacun choisit sa vie. Ainsi chaque projet particulier s'inscrit-il dans ce projet fondamental."

    But et fin
    "Les Stoïciens (5) distinguent le but (skopos) de la fin (télos). Les arts martiaux permettent à Neo d’affronter ses ennemis (skopos) mais surtout de se libérer de ses peurs, de ses doutes, d'apprendre à se maîtriser (télos)."

    Nature et technique
    "Contrairement à la distinction aristotélicienne entre nature (phusis) et technique (tekhnê), la matrice est la fois mère et machine. Le film dénonce ainsi l'illusion d'un monde nourricier donné par la technique. Lorsque Neo quitte la matrice, on assiste d'ailleurs à un accouchement. De même que toute vérité est douloureuse (Nietzsche) et qu'il faut forcer le prisonnier à quitter la caverne (Platon), Neo souffre lorsqu'il arrache les tuyaux qui le relie à la matrice."

    Bonheur
    "La matrice offre aux hommes qui lui sont reliés une vie végétative dans le plaisir. On voit que ce bonheur-là ne peut pas constituer une fin de la vie humaine car cela va à l'encontre de la dignité."

    Références

    *
    (2) Kant
    - sur l'homme comme fin en soi : Fondements de la métaphysique des moeurs, éd. Delagrave, p. 148-150
    - sur le bonheur : Oeuvres Complètes, Pléiade, II, p. 253-254
    *
    (3) Platon
    sur le destin (le mythe d'Er) : La République, livre 10
    *
    (4) Sartre
    sur la liberté et la notion de projet : L'Etre et le néant, 4e partie, ch. 1 : "Etre et faire : la liberté"
    * (5) Epictète
    sur la distinction entre le but et la fin : Le Manuel

    (1) notamment Philosophie et cinéma et Petite histoire des idées philosophiques, deux livres publiés chez Ellipses.
    Par Matthieu DURAND
    alors vous en pensez quoi?

    Yoyo

    -----

  2. #2
    vince

    Hi

    C'est très interessant, je trouve particulièrement saisissant cette distinction entre les concepts de dignité et de bonheur (qu'on retrouve dans le slogan "mieux vaut mourir debout que vivre à genoux"). Mais au fond est-ce si évident que cela?
    Pourquoi sortir de la Matrice si l'on y est heureux?

    Mmmh?

  3. #3
    Neutrino

    parce que le bonheur ne saurait être la fin de l'existence d'un être qui se revendique libre et conscient : le bonheur, somme de satisfactions sensibles qui nous viennent de l'expérience, nous est accessible quand nous sommes dépendants de la Nature et de ses lois.
    "L'obéissances aux penchants sensibles est asservissement [...]"
    - Rousseau.
    Neutrino

  4. #4
    vince

    Ce rejet du bonheur comme préalable au développement de l'être n'est-il pas un héritage de la morale judeo-chretienne et, surtout, d'une certaine forme de religion qui voyait dans la souffrance de ses ouailles, alliée à la promesse du paradis, un bon moyen de garder l'ascendant moral sur les populations?
    :?

  5. A voir en vidéo sur Futura
  6. #5
    Neutrino

    pas du tout. Les morales judéo chrétiennes promettent, quoi qu'il arrive, le bonheur pour un après la mort.

    Ce que je veux dire, c'est qu'être heureux, c'est bien, c'est épanouissant, comme la plante au soleil, mais ça ne pourrait être le but d'un être qui se revendique comme libre, s'il veut rester cohérent (ne pas se contredire). Vu que le bonheur est très difficilement définissable, étant donné qu'il est une somme de satisfactions sensibles (qu'elles soient intérieures - plaisir intellectuel - ou extérieures - jouissance matérielle) qui peuvent être contradictoires, la recherche effreinée du bonheur nous expose au risque d'attendre, de rechercher, de vouloir des choses qui dépendent de la nature (déterministe) et non de nous en tant qu'êtres raisonnables, etc.

    Je n'affirme pas que le bonheur est contradictoire de la liberté, je dis que sa recherche effreinée expose l'Homme à l'asservissement (c'est possible, mais pas absolument nécesaire). Pour moi, le malheur, ce n'est que du bonheur en négatif, une somme d'insatisfactions sensibles, ca n'a pas plus de valeur morale que le bonheur.
    Je ne veux pas interdire le bonheur ou le malheur dans un quelconque but moraliste, c'est absurde, je veux simplement mettre en exergue le fait que le bonheur vient du monde sensible, et le chercher à tout prix, c'est s'aliéner au monde sensible. Kant dirait alors que l'Homme devient phénomène au lieu de rester en soi, hors de l'empirie.
    A mon avis, c'est justement la recherche plus ou moins poussée de satisfaction sensible qui rend les hommes plus ou moins prévisibles par des lois quantitatives, ce qui n'est ni bon ni mauvais : ça n'a aucune valeur morale. C'est un fait, qui nous montre que des Hommes ont accepté sans bronché l'ordre de la nature soumise à des lois, mais pas qu'ils sont soumis eux-mêmes à des lois de la nature dans leur décisions, ce qui serait possible, mais pas démontrable à partir de cette constatation.

    Pour revenir à la matrice, ces gens enfermés sont soit-disant heureux, mais ils sont totalement asservis, alors quel sens y a t il à parler de bonheur si l'humanité de celui qui est heureux est niée par son manque de liberté? A contrario les gens de Zion ne sont pas très heureux, mais ils sont libres, et de ce point de vue, eux seuls peuvent donner un sens au bonheur, ayant la liberté de ne pas l'être, de déterminer leur action d'après autre chose que la recherche de bonheur.

    Neutrino
    Neutrino

  7. #6
    invite74bba227

    Bonjour,

    Neutrino a dit:

    Pour revenir à la matrice, ces gens enfermés sont soit-disant heureux, mais ils sont totalement asservis
    Voila, pour moi, une très bonne analyse je rajouterais simplement que ce qui peux faire paraître ces gens "heureux" aux yeux de l'observateur c'est justement leur inconscience par rapport à l'horrible réalité. Il ne serait venu à l'idée de personne, en voyant la masse des gens vaquer à ces occupations quotidiennes, de parler de bonheur si l'on ne connaissait pas la face cachée.

    , alors quel sens y a t il à parler de bonheur si l'humanité de celui qui est heureux est niée par son manque de liberté?

    Effectivement le bonheur devrait être le fruit d’un véritable désir et non pas extrait d’une liste imposée et restrictive (par le non-accès ou la non-connaissance)

    A contrario les gens de Zion ne sont pas très heureux, mais ils sont libres, et de ce point de vue, eux seuls peuvent donner un sens au bonheur, ayant la liberté de ne pas l'être, de déterminer leur action d'après autre chose que la recherche de bonheur.

    Parfait.

    Pour en revenir à l’histoire elle même, je me souviens avoir lu un bouquin qui s’appelle « Guerre aux invisibles » d’Eric Frank Russel. Dans cette histoire nous étions un troupeau qui nourrissait, par l’énergie dégagée par nos émotions, nos maîtres invisibles (quelqu’un se rappelle t-il de ce livre ?) jusqu’a ce que quelqu’un les découvrent et les combatte et les élimine.
    Dans les bouquins on en sort toujours vainqueur ….

    Jean claude

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