Comme dans de multiples autres thématiques, dans le cas du réchauffement climatique, de la réduction des GES et de la politique énergétique, l'époque de "l'Etat providence" est bien révolue, notamment depuis l'émergence du courant de décentralisation en France.
On peut tempêter contre l'Etat français qui signe le protocole de Kyoto, s'engage à diviser par 4 les GES français, mais laisse stagner le budget de l'ADEME, bien que les stratégies d'adaptation au réchauffement climatique soient un défi majeur pour le maintien de nos modes de vie occidentaux.
Mais, quelque part, l'Etat c'est nous. Le courant d'opinion qui sous-tend la conscience individuelle et collective des enjeux des modifications climatiques est en train de croître à toute vitesse. C'est peut-être cette tactique qu'aura choisie l'Etat: l'information, les messages d'alerte, l'élaboration de nouvelles lois-cadres, plutôt que l'intervention directe (par le biais de subventions plus incitatives).
Quelques indicateurs : la participation renforcée de l'Observatoire National des Effets du Réchauffement Climatique aux colloques régionaux pour délivrer les messages d'alerte aux collectivités territoriales ; la loi sur la maîtrise de l'énergie du 14 Juillet 2005 ; l'obligation faite aux communes d'élaborer leurs plans climat territoriaux ; l'obligation faite aux communautés d'agglomération de se doter de la compétence "maîtrise de l'énergie".

Bien évidemment, on joue sur des durées de réactivité très étalées dans le temps. Certaines collectivités réagiront plus vite que d'autres. Ce qui compte, c'est l'effet pionnier, l'effet d'entraînement qu'auront les premières initiatives locales sur l'ensemble des strates institutionnelles territoriales du pays.
L'ennui, c'est que les mesures concrêtes que doivent mettre en oeuvre les collectivités locales pour rendre irréversibles les stratégies d'adaptation au effets du réchauffement risquent de déplaire aux électeurs ... Cela implique beaucoup de détermination, d'abnégation même, de la part des élus locaux.

Car ces mesures nécessaires coûteront cher à chaque collectivité.
Un coût financier (plus de dépenses d'équipement public) et un coût social et politique (les mécontents, parce que la pression fiscale locale augmentera nécessairement).

Dans ma commune, à la Seyne-sur-Mer (83), le plan climat territorial est en cours d'élaboration, une stratégie de maîtrise énergétique se dessine, on surélève les ouvrages publics littoraux pour parer l'élévation du niveau de la mer (+ 0,40 m), on recherche des dispositifs permettant de réduire la consommation de carburant et les émissions de GES du parc automobile de la commune (type PMC Pantone - voir www.quant'homme.org), on utilise le potentiel thermique de l'eau de mer, par le canal d'une pompe à chaleur, pour chauffer et climatiser 60 000 m² de locaux, avec un coefficient de performance supérieur à 3.

C'est bien, mais insuffisant. Il faudra au cours de prochaines années
> sécuriser les ressources en eau, à cause du deficit chronique du bilan hydrique méditerranéen, voire appliquer des restrictions de consommation estivale,
> accroître l'équipement PAC/eau de mer pour les bâtiments proches du rivage,
> subventionner en complément de l'ADEME l'équipement des particuliers faisant appel aux énergies renouvelables (solaire, géothermie),
> renforcer la trame de services de santé publique parce que la canicule de 2003 n'est vraisemblablement plus un phénomène exceptionnel.

L'Etat fera ce qu'il peut, mais la balle est donc aussi dans le camp des collectivités locales.