Bonjour,
La discussion prend une direction intéressante, en multipliant les définitions de la limite des connaissances.
1/ Limites pour un individu donné et distinction entre spécialiste et universaliste: les derniers universalistes ont disparu depuis belle lurette et les spécialisations (nous parlons là de sciences) sont devenues si pointues que par exemple même les astrophysiciens ont du mal à suivre toutes les avancées dans ce domaine en dehors du créneau étroit dans lequel ils travaillent. Cette ultra spécialisation a une conséquence fâcheuse: les spécialistes, dès que quelqu'un exprime un petit doute sur leurs certitudes, montent au créneau pour dénoncer l'ignorance et arrogance de celui qui les interpelle (voir mon petit exemple des étoiles à neutrons). Cette catégorie des limites est une conséquence directe du rapport entre le volume de connaissance maximum mémorisable par un individu et l'étendue des connaissances accumulées par la communauté scientifique.
2/ Limites imposées par les moyens utilisés pour l'acquisition des connaissances: au départ les cinq sens de l'homme dont le domaine de perceptions est fatalement limité (p. ex. le spectre visible pour la vue, l'audible pour l'oreille etc.). Ces moyens de perception ont été amplifiés par des "prothèses" technologiques de plus en plus sophistiquées (ainsi l'on peut explorer toute la gamme des fréquences électromagnétiques), ce qui amplifie considérablement la capacité de découvrir les secrets de l'Univers, sans parler de l'évolution de l'informatique, qui permet le traitement et la mémorisation d'énormes quantités d'information qui dépassent largement les capacités humaines. Ces limites de la perception, du traitement et de la mémorisation continuent à être repoussées et on peut se demander quand on rencontrera leurs limites.
3/ Limites ultimes infranchissables. Ces limites seraient celles qui empêcheraient de façon absolue le passage d'une information quelconque dans un sens, dans l'autre ou dans les deux. Avec le peu que je sais de l'astrophysique (expression utilisée pour essayer d'éviter d'être traité d'arrogant), je pense que le big-bang est un bon exemple d'une telle limite. En partant de cet exemple, je pense (et là je voudrais que l'on m'éclaire) que chaque fois que les physiciens parlent de "singularité" (dans un trou noir, un "wormhole", le big bang etc.) on n'est pas loin d'une telle limite dans le sens épistémologique. En fait, la question posée dans mon premier message concernait cette dernière limite et je comprends fort bien qu'il est difficile d'y répondre. Pour cette raison je la formule autrement: Est-ce que dans l'état actuel des connaissances on peut définir des limites à la connaissance constituées par des barrières étanches au passage de toute information? Le critère est donc le passage se l'information qui par définition est à l'origine de toute connaissance.