Ce fil est dédié à la thèse de Bruno Marchal qu'on trouve ici : pdf ou HTML
Pour une discussion plus générale sur l'esprit considéré comme une machine cf : http://forums.futura-sciences.com/thread56845.html
Allez, je me tente une petite réfutation sans garanti de validité vu que sa thèse m'apparait confuse.
Je vois une contradiction dans la thèse de Marchal :Envoyé par Marchal
l'expérience intime, la notion de "je" implique un sentiment du soi correspondant à une singularité unique, et donc en aucun cas un "je" ne peut se considérer comme identique à un autre.
Dès lors qu'on considère qu'il y a 2 êtres, je ne vois pas quel sens il peut y avoir à s'interroger sur le fait que l'un puisse se prendre pour l'autre.
Marchal me semble sur une notion de l'identité comme relation externe : la chose comme ensemble de propriétés idéales qui "s'incarneraient". La pomme comme intersection des ensembles "fruit", "rouge", "tombant sur la tête de Newton" etc.
Son système obéit alors à une logique de la reconnaissance externe, à un système de classification abstraite où l'individu ne serait qu'une classe plus précise que l'espèce. Le déployeur universel ne déploie pas des êtres singuliers uniques de par le simple fait qu'ils soient une chose mais des regroupements arbitraires de propriétés abstraitement identifiés comme étant la "même" chose.
Sur ce thème, je recommande "Différence et répétition" de G. Deleuze où sont analysés les systèmes de l'identité, notamment la manière dont classiquement on considère que déterminer une chose c'est la reconnaitre, c'est répéter, comme semble le faire la machine de Marchal.
--------
Autre thème : concret et abstrait
Prenons un des argument qu'il utilise contre ce qu'il appelle "l'hypothèse extravagante", c'est-à-dire le fait qu'un déployeur universel est concrètement et intégralement exécuté dans l'univers ( idée qui se rapproche de celle d'infini actuel qu'on trouve acceptée au XVIIe et débattue à la fin du XIXe).
Mais que se passe-t-il si on considère que la définition d'une chose implique son unicité ?Envoyé par Marchal
Cela signifie que chaque chute de craie est unique, que toutes les chutes de craie possible sont effectuées par ce que j'appellerais la "machine concrète" avec une probabilité de 1 (déterminisme), que les chutes "aberrantes" sont des cas imaginaires c'est-à-dire qui ne se réalise qu'en tant qu'interiorité d'un seul "je" alors que la chute concrète implique l'interiorité de 2 "je", celui de la craie et la mienne.
Le seul moyen de dire qu'il n'y a pas de différence entre imaginaire et réel, est alors de choisir l'option solipsiste (puisque tout se réduit alors à une seule interiorité mais Marchal refuse cette option.
Par son monisme idéaliste, il entend s'opposer au monisme matérialiste ou au dualisme, mais je n'ai pas l'impression qu'il connaisse le monisme "psycho-somatique" de Spinoza qui renvoie dos à dos idéalisme, matérialisme et dualisme en considérant que corps et pensée sont les 2 faces d'une même réalité.
La différence concret-abstrait n'est alors plus une question de matière-esprit mais une question de connaissance complète ou incomplète : l'abstrait est ce qui réduit les choses à quelques points, propriétés et relations plus ou moins adéquatement établies, tandis que le concret est la chose dans sa relation complète et unique à une globalité indivisible, l'affirmation d'un "soi" comme singularité du Tout, événement unique.
-----