Bonjour,
Je sais qu'il y a de gros débat sur la question des pompes à chaleur sur le forum Habitat bioclimatique et plus particulièrement associé à la géothermie de surface. Je ne voudrais surtout pas en rajouter surtout que je ne suis pas un spécialiste de la question. J'espère qu'il n'y a pas eu de fil sur ce sujet précis, vu l'abondance du sujet je n'ai pas lu toutes les discussions de A à Z.
J'ouvre ce fil car je me pose des questions après avoir consulté le site d'un acteur bien connu de ce domaine :
http://www.france-geothermie.com/
et plus particulièrement la page "notre société, en chiffre"
On y apprend que le nombre de PAC installées pour les années 2002 était de 12000 et pour 2005 : 25000. Ces chiffres correspondent très bien avec les chiffres de l'AFPAC Association Française Pour les Pompes A Chaleur :
http://www.afpac.org/marche-pac.php
Sur le premier site on apprend également que pour l'année 2010 il est prévu l'installation de 500 000 PAC ce qui correspond à peu près à une croissance annuelle de 82 %.
J'ai repris ces chiffres sur une feuille excel et j'obtiens cela :
Année |nombrePAC/année | cumul
2002 | 12000 | 12000
2003 | 13700 | 25700
2004 | 17300 | 43000
2005 | 25000 | 68000
2006 | 45500 | 113500
2007 | 82810 | 196310
2008 | 150714 | 347024
2009 | 274300 | 621324
2010 | 499226 | 1120550
2011 | 908591 | 2029141
Ce qui est intéressant c'est la colonne cumul, en 2010 on atteint donc 1 120 000 PAC installées sur le territoire français.
Les PAC ne consomment pas trop d'électricité en tous cas moins qu'un chauffage de type grille pain (je sens que je vais faire hurler certains...). Sauf qu'en cas de période d'hiver très froide et longue c'est la cata. Le sol est déjà bien refroidi par les PAC elles-mêmes et par la température ambiante très basse, la profondeur entre 0.60 et 1.20 m n'isole pas complètement le captage de l'influence de la température de l'atmosphère sur des périodes longues, pour cela il faudrait descendre beaucoup plus bas. Donc on se retrouve avec des habitations froides les gens qui rentre du boulot et les PAC qui se mettent en marche à pleine puissance vers 18h/ 18h30.
Si on prend la puissance d'une PAC à pleine puissance avec une source froide très froide on peut tabler sur une puissance moyenne de 12 kW par PAC (la puissance des modèles de PAC est comprise entre 2 et plus de 30 kW) les petites installations en géothermie de surface n'ont pas une grosse puissance, mais il n'y pas que la géothermie, les PAC air/air sont souvent très puissantes.
1.12 millions de PAC à 12 kW ça fait quand même la bagatelle de 13.5 GW avec les pertes de transport sur le réseau surchargé on peut estimer les pertes à 10 % et on arrive à 14.8 GW.
Ces 14.8 GW vont quasiment s'ajouter à la pointe que l'on a actuellement qui est de l'ordre de 86 GW (26 janvier 2005) et pour laquelle on est déjà en limite. Il faut donc faire face à une pointe de 101 GW (sans compter l'augmentation tendancielle actuelle de 2%/an). Je considère peut être abusivement que ces PAC ne viendront pas se substituer à des chauffages électriques existants mais correspondent plutôt à des projets de constructions nouvelles.
Pour les infos qui suivent je m'appuie sur le bon vieux doc du RTE :
http://www.rte-france.com/htm/fr/med...mplet_2005.pdf
Dans ce document le RTE propose 3 scénarios d'évolution de la demande en électricité pour prévoir l'évolution des besoins dans les années à venir. Le scénario R2 est le scénario de référence, il correspond à peu près à l'implication actuelle des pouvoirs publics dans la régulation du marché. Le scénario R1 "prédominance du marché", les commentaires du document sont éloquents (page 10). Enfin scénario R3 "engagement environnemental" avec un volontarisme de l'Etat dans le domaine de la maîtrise de l'énergie et des énergies renouvelables.
Page 13 et 14 on trouve les indications des pointes moyennes et des pointes ayant une chance sur dix d'apparaître. Pour le scénario R2 on retrouve bien la valeur de 88.2 GW pour 2003/2004 très proche de la valeur réelle de 86 GW en 2005. Dans le même tableau on trouve pour 2010 une pointe (avec une probabilité de 10%) de 95.2 GW, soit environ 7 GW de plus qu'en 2003/2004. Or comme je viens de l'indiquer c'est peut être un surplus de 15 GW qui se profile à l'horizon 2010 avec les PAC, sans compter la tendance actuelle qui est d'environ 2 % d'augmentation de la consommation.
La suite du document décrit les moyens qui seront mis en oeuvre pour suivre l'évolution de la demande.
- Le nucléaire : pas de changement la puissance disponible qui reste à 63.3 GW, le réacteur EPR de démonstration devrait entrer en service fin 2012, si tout se passe bien, ce qui n'est pas évident car le même EPR en cours d'installation en Finlande rencontre des petits problèmes (1 an de retard).
- L'hydraulique : 25.4 GW pas de changement majeur, juste une petite amélioration apportée par l'éolien ce dernier permettant d'économiser la ressource hydraulique saisonnière . Par contre si la pluviométrie est faible sur l'année le problème lié au passage de la période de froid est plus problématique.
- Les énergies renouvelables autres qu'hydraulique : clairement c'est l'éolien qui devrait augmenter significativement mais actuellement début 2007 on est à un peu moins de 1.5 GW et il semble très difficile de faire mieux que 8 GW d'ici 2010. En comptant une puissance moyenne à 35 % de la puissance nominale on arrive à 2.8 GW. Mais il y a quand même l'effet d'économie sur l'hydraulique, très difficile à chiffrer, disons 2 GW.
- Les importations d'électricité peuvent poser problème pour ce cas précis car la période de froid peut se révéler difficile à passer également pour nos voisins européens.
Donc il ne reste que le thermique centralisé et décentralisé et c'est là que l'on a un gros problème. Pour cela il faut lire le page 17 à 21. Ce qui risque de se passer c'est que de vieilles unités thermiques seront remises en route pour faire face à la demande de pointe. Des dérogations seront accordées pour faire tourner des unités déclassées car hors des normes de pollution actuelles.
Il y a beaucoup d'incertitudes dans ce scénario en particulier sur le nombre de PAC en 2010 et la puissance de pointe appelée. Un hiver très froid ne se produira peut être pas en 2010 et le nombre de PAC sera peut être moins élevé, mais alors en 2011 ou 2012 ... ?
Peut être faudrait-il alors arrêter tout de suite les incitations pour ce type de chauffage ? le crédit d'impôt et la pub de l'ADEME ?
Qu'en pensez-vous ? sans trop rentrer dans le débat éconologique qui a déjà été largement abordé, mais surtout sur l'aspect immédiat de la gestion de l'énergie électrique dans les 5 à 10 ans à venir.
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