Bonjour à tous,

Je poste, certes un peu tôt, une annonce pour un chantier de fouilles qui aura lieu au mois cet été (mois de Juillet/Aout) à Hérisson (département de l’Allier).
Nous nous y prenons tôt, à la fois pour être sur de recruter assez de monde (environ 20 personnes), mais aussi pour les bénévoles aient assez de temps pour gérer leurs calendriers estivaux.

La fouille est concentrée sur la porte monumentale d’une agglomération Bituriges, l’oppidum de Cordes-Chateloi. Il s’agit d’une porte de type Zangentor, ou à ailes rentrantes, datée de La Tène D1b-D2 (Fin IIeme-Début Ier s. av. J.-C.).
Les structures mis au jour depuis 2003 sont exceptionnelles, par leur degré de conservation et leur précocité : Rempart type Ehrang, Muri Gallici, voie dallée unique en Europe celtique.

Vous trouverez ci-joint une synthèse tirée des pré-actes du colloque AFEAF 2008.

Je vous invite également à visiter le site de l’ARAFA, l’association qui coordonne les fouilles protohistoriques en Auvergne : http://arafa.fr/ (rubrique travaux, Oppidum de Cordes-Chateloi). Vous y trouverez une vidéo sur la fouille. Des photos sont disponibles sur http://herisson.arafa.fr/

L’oppidum se situe sur la commune d’Hérisson, dans l’Allier (25km de Montluçon, 50km de Moulins-sur-Allier). La fouille est placée sous la responsabilité de David Lallemand, Chef du Service d’Archéologie de l’Allier.

Nous ne fixons pas d’obligation de durée de stage. Cependant, nous attirons l’attention sur le fait que deux semaines constituent un minimum pour pouvoir appréhender tout l’intérêt du chantier.

Les conditions d'inscriptions :
∑ Âge : 18 ans révolus ;
∑ Vaccination antitétanique et chaussures de sécurité obligatoires ;
∑ Logement sous tente individuelle. Tout le reste est pris en charge ; Le « camp de base » est en dur (gîte)
∑ Participation : 10 euros (comprend les frais d’assurance et l’adhésion à l’ARAFA)

Si vous êtes intéressé, ou si vous souhaitez obtenir des renseignements complémentaires, n’hésitez pas à me contacter à : fouilles.herisson@yahoo.fr ,ou remi.collas@hotmail.fr
tel. : 06 85 20 51 89 (après 19h de préférence)

Rémi Collas
Archéologue, Service Archéologique départemental de l'Allier


Résume de l’opération :
Historique :
« L’oppidum de Cordes-Chateloi (commune de Hérisson, Allier) est l’un des sites les plus importants qui soit connu au nord de l’Auvergne. Situé en Bocage bourbonnais, sur la marge sud-orientale du Berry, l’isolement du site et son éloignement des pôles régionaux ont néanmoins repoussé l’investissement de terrain des spécialistes, malgré le nombre élevé de projets conduits ces trente dernières années sur les fortifications d’époque celtique.
Cet oppidum appartient au peuple des Bituriges Cubi, dont la capitale, Avaricum (Bourges) est distante de 67 kilomètres. Les chercheurs l’ont interprété comme un site gardant la frontière sud-orientale de la cité : l’ultime nœud à l’est du réseau des villes gauloises bituriges. Il contrôlait un important itinéraire terrestre transversal en provenance de la vallée du Rhône, traversant la Loire et l’Allier, puis se dirigeant ensuite vers l’est de la Gaule.

L’oppidum :
L’oppidum est un éperon barré de confluence qui compte deux enceintes imbriquées. La première, d’une vingtaine d’ha, est protégée au nord, au nord-ouest et à l’ouest par des escarpements abrupts qui dominent l’Aumance et son affluent, la Louise. Au sud et à l’est, elle est délimitée par une levée de terre précédant un large fossé, lesquels dessinent un tracé courbe long de 840m. la seconde ligne fortifiée est un rempart de barrage oriental long de 700m, qui ceinture un espace de 73ha. Avec ses dimensions, l’oppidum se classe en première ou en seconde position des fortifications bituriges .

L’opération :
Le travail de reprise de la documentation engagé depuis 8 ans à abouti au montage d’une première fouille sur le rempart à partir de 2003, suivie d’une seconde campagne réalisée en 2005 et d’un décapage extensif en 2007. L’opération 2008 a consisté en la fouille des niveaux historiques et l’évacuation des niveaux de remblais occultant les espaces de circulation. Les résultats acquis augurent plusieurs années de recherche à venir sur ce site.
La fouille est située sur le revers du promontoire d’une parcelle désignée « Babylone ». Sur cette parcelle, où le rempart prend parti du soulèvement lié à une ligne de faille, ont été effectués en 1968 et 1970 deux sondages d’exploration par une équipe locale.
Sur cette même parcelle, l’opération en cours est focalisée sur les ruines d’une porte monumentale où se rencontrent plusieurs parements construits avec des blocs taillés, ainsi qu’une portion de voie formée de larges dalles de grès local. L’ensemble est préservé sous des matériaux accumulés rapidement pour l’édification d’un talus massif dont la datation n’est pas assurée. Les remparts sont effondrés sur des niveaux de voirie ou sur des niveaux de sol qui montrent des traces d’incendie. Les objets recueillis dans ces niveaux ont subi l’action d’un feu important. Ils sont datés de la Tène D1b-D2 (Fin IIème – Début Ier s. av J.-C.)

L’appartenance de la porte au type à ailes rentrantes (type Zangentor) a été confirmée récemment. Sur le méplat de la parcelle, à l’ouest, un nouveau transect de parement de façade long de quatre mètres et préservé sur deux assises à été découvert. Son tracé situé dans le prolongement du rempart mis au jour en 2005 et sa localisation topographique pourraient bien en faire l’un des deux murs collatéraux de l’entrée principale. Un premier examen indique que ce mur a été contrebuté par des matériaux volontairement rapportés dans l’intérieur de la porte, probablement lors de sa condamnation finale.

L’antériorité de l’écroulement du rempart par rapport à la construction du mur latéral mis au jour en 2003 et 2005 permet de prouver que la porte en blocs taillés comporte au moins deux états de fonctionnement successifs. Le premier état correspond à la porte à ailes rentrantes disposant déjà d’un appareil taillé. La voie dallée semble appartenir à cette première phase. Les objets recueillis dans les différentes couches archéologiques sont datés de la fin du IIeme ou du premier tiers du Ier siècle avant J.-C. Après l’écoulement de ce premier ouvrage – lié à un incendie ? – la porte est réhabilitée. Le rempart n’est probablement par reconstruit. En revanche on édifie un mur latéral dans le travers de la pente avec des blocs récupérés, pour préserver cet accès à la ville. A son extrémité sud-est, dans le bas de la pente, les premières assises du nouveau mur viennent émarger sur la voie dallée. La bande de roulement est alors formée d’une terre battue sableuse. Le dallage n’est plus visible. Ce second ouvrage s’écroule vraisemblablement peu de temps après son édification, en scellant le dernier niveau de voirie. L’ensemble est ensuite recouvert d’importants remblais destinés à élever le talus massif.
Le décapage réalisé en direction de l’ouest pour retrouver les vestiges observés en 1968-1970 a permis de dégager un parement préservé sur plusieurs assises. Cet ouvrage est reconnu sur 1,40m d’élévation et sur 2,5m de longueur dans l’état des recherches. Des loges béantes de forme quadrangulaire observées dans la façade signalent l’emplacement des tirants de bois qui armaient le rempart. Deux fiches en fer d’une vingtaine de cm de long ont été recueillies lors des premiers nettoyages. Elles assurent le rattachement de ce tronçon de rempart au type Murus Gallicus. »

David Lallemand, Extraits des prés-actes du Colloque 2008 de l’AFEAF.