Expo Les Olmèques, Musée J. Chirac, Paris.
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Expo Les Olmèques, Musée J. Chirac, Paris.



  1. #1
    tezcatlipoca

    Expo Les Olmèques, Musée J. Chirac, Paris.


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    Bonsoir,

    Vous êtes quelques uns à connaître ma passion pour les civilisations précolombiennes, et comme peut en témoigner par ailleurs mon Pseudo.

    Hier, j'ai eu l'occasion d'aller visiter l'exposition consacrée aux Olmèques (et cultures du golfe du Mexique) qui se tient au Musée Jacques Chirac, Quai Branly à Paris, jusqu'au 3 octobre.

    Il ne reste donc que peu de jours pour avoir l'opportunité à ceux qui pourraient être intéressés, et qui en auraient la possibilité de venir admirer les objets exposés, statuaires, figurines, bijoux, stèles, hâches rituelles et votives, offrandes diverses et exposés filmés de spécialistes.

    Avant même d'enter dans la salle d'exposition, on est acceuilli, au pied de la rampe d'accès, par une des têtes colossale qui sont parmis les réalisations les mieux connues de cette culture :

    https://upload.wikimedia.org/wikiped...%C3%ADa%29.jpg


    Inutile de préciser que j'ai été litéralement envôuté par le spectacle formidable de ces objets d'une culture qui est, à juste titre considérée comme la civilisation - mère de Mésoamérique et dont sont issus un grand nombres des traits communs à toutes celles qui lui ont succédé tels les Mayas, Huastèques, Totonaques, Téotihuancan, Mixtèques, Toltèques et autres Aztèques.

    Cela me donne l'opportunité d'ouvrir un sujet sur cette culture si essentielle au monde précolombien, qui, je l'espère ne vous laissera pas totalement indiférent. Il faut aussi que je félicite Futura qui a fait mention de cet évènement il y a quelques jours dans ses actualités (mais dont je ne suis pas capables de retrouver le lien que j'aurai volontiers inclus ici.

    Mais plutôt que de me répendre immédiatement en considérations générales ou particulières, je préfère laisser la paroles à Dominique Michelet éminent mayaniste, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de la Mésoamérique :

    https://www.youtube.com/watch?v=Wg3yANOWRxs

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  2. #2
    tezcatlipoca

    Re : Expo Les Olmèques, Musée J. Chirac, Paris.

    Bonsoir,

    Nouvelle Actualités de Futura sur cette exposition :

    https://www.futura-sciences.com/scie...re-2021-83748/

  3. #3
    tezcatlipoca

    Re : Expo Les Olmèques, Musée J. Chirac, Paris.

    Bonjour,

    Je reviens sur l'article donné en lien ci-dessus, écrit par Emma Hollen et qui y fait intervenir Steve Bourget, responsables des collections Amérique du musée.

    J'ai voulu donné un éclairage plus détaillé sur les images des artefacts qui illustrent cet article. Pour ce faire, je m'appuie sur la documentation disponible et plus particulièrement sur le livre édité à l'occasion de cet évènement exceptionnel.

    Je procède en donnant d'abord copie de la légende accompagnant l'image dans l'article, ensuite le lien de celle-ci et, pour finir, un commentaire livrant de plus amples informations sur cette courte sélection des objets exposés.

    Par ordre de présentation :

    1) Offrande originaire du site de La Venta. © D.R. Secretaría de Cultura-Inah / Archivo Digital de las Colecciones del Museo Nacional de Antropología-Inah-Canon, Sergio Antonio Ortiz Suarez, reproduction autorisée par Instituto Nacional de Antropología e Historia, México

    https://cdn.futura-sciences.com/buil...olmeques-2.jpg

    Nous voyons ici un ensemble de 16 figurines et de six haches gravées (figurant très certainement des stèles). Cette scène est une offrande découverte donc à La Venta, lors de fouilles ayant eu lieu en 1955. On estime généralement que ces objets datent entre 800 et 700 av. JC mais il ne serait pas exclu qu'ils soient un peu moins ancien que cela. Contitué de quinze personnages faisant face à un seizième se tenant devant six représentations de stèles gravées, on peut préciser que ces figurines sont, pour 13 d'entre elles en serpentine, 2 en jade et , que celui qui semble "présider" est en granite. Leurs tailles vont de 16,1 à 20,1 cm. Quant aux haches/stèles, elles sont de 23,6 à 27,6 cm de hauteur.

    Aucun des personnages n'est identique à un autre. Ils représentent des individus distincts avec un rôle spécifiques pour celui confectionné en granite. On peut sans doute considérer qu'il s'agit là d'évoquer une cérémonie, mais les traits des personnages sembleraient indiquer qu'elle se célèbre dans le monde des ancêtres (Hypothèse de Magaloni Kerpel et Filloy Nadal).



    2) Cette statue de femme associée à la divinité aztèque Chicomecóatl est un exemple du syncrétisme culturel qui se joue dans le golfe du Mexique. Elle provient de la cité multiculturelle de Castillo de Teayo, qui abrita des Huastèques, des Totonaques et des Nahuas, et connut la domination aztèque. © D.R. Secretaría de Cultura-INAH / Archivo Digital de las Colecciones del Museo Nacional de Antropología-Inah-Canon, Jesus Valdovinos Alquicira, reproduction autorisée par Instituto Nacional de Antropología e Historia, México

    https://cdn.futura-sciences.com/buil...opologia-7.jpg

    Réprésentation féminine qui n'est pas de facture Olmèque mais à classer dans la partie intitulée de l'expo "Cultures du golfe". La période archéologique du site sur lequel cette statue a été trouvé se situe entre 900 et 1521 ap. JC, donc très largement postérieure aux Olmèques. On peut signaler la cavité présente dans le torse qui, très probablement, était destinée à recevoir des offrandes. Dimensions 199 X 39 X 26 cm.


    3) La richesse et la beauté des œuvres comme ce pectoral en jade olmèque révèlent une société riche, trop souvent ignorée du grand public. © D.R. Secretaría de Cultura-INAH / Archivo Digital de las Colecciones del Museo Nacional de Antropología-Inah-Canon, reproduction autorisée par Instituto Nacional de Antropología e Historia, México

    https://cdn.futura-sciences.com/buil...olmeques-6.jpg

    Ce pectoral Olmèque figurant une tête de jaguar a été trouvé dans la région d'Oaxaca. Artefact de la période allant de 1000 à 400 av. JC.


    4) Culminant à 1,80 m de hauteur, cette tête colossale olmèque n'en est pas moins la plus petite jamais découverte ! © Xavier Pierre, musée du quai Branly - Jacques Chirac

    https://cdn.futura-sciences.com/buil...lmeques-16.jpg

    Tête colossale de San Lorenzo (Monument 4 du site) découverte pendant les fouilles menées par Matthew W. Stirling en 1946. Le bas du casque coiffant le crâne est orné de 4 bandes cordées, uniquement sur sa moitié gauche, alors qu'à droite 7 bandeaux verticaux tombent de 3 formes circulaires. A gauche l'oreille est apparente ornée d'un pendentif mais de l'autre côté, elle est couverte par un élément tombant du casque. La symbolique se cachant certainement derrière ces caractéristiques reste pour l'instant indéchiffrée.

    Les traits, communs à toutes les têtes colossales découvertes, qui ont pu être qualifié de négroîdes, ont suscité les théories les plus fantaisistes, notamment celle assimilant les Olmèques à une population africaine ayant migrée en Amériques. Si les caractéristiques de ces visages peuvent interpeller, inutile de dire qu'une origine africaine est totalement contredite par les études archéologiques.

  4. #4
    tezcatlipoca

    Re : Expo Les Olmèques, Musée J. Chirac, Paris.

    Bonsoir,

    L'exposition dont je rend compte ici est structurée en plusieurs domaines bien définis.

    L'un d'eux traite des débuts de l'écriture en Mésoamérique. Je vais tenter de l'aborder maintenant.

    Quelques soit les cultures à travers le monde, on considère généralement que la transition qui peut exister entre Préhistoire et Histoire, intervient au moment où l'écriture apparaît. Dit comme cela la chose paraît simple à comprendre mais, la réalité peut être plus délicate à saisir lorsque l'on approfondi un peu la question. On peut admettre comme définition stricte au terme écriture, celle qui la définit comme un système graphique enregistrant la parole de façon durable sur un support quelconque.

    Universellement, quand il s'agit des "écritures premières" , celles qui ne découlent pas plus où moins d'une autre, on se pose les questions : Où, quand, comment et qui ? Et souvent les réponses seront difficiles, partielles et nuancées.

    J'ai tendance, comme d'autres, à penser que le processus qui conduit, à son terme, à la création d'une écriture commence avec les peintures rupestres et pariétales. Ce souci de montrer, de rendre permanent, des scènes, des êtres ou des choses, porte en lui l'élan qui évoluera vers les caractères symboliques puis vers l'écriture à proprement parlé.

    Pour en venir précisément aux Olmèques, on peut affirmer, en l'état actuel de nos connaissances, que la majeure partie leur "histoire" ne connait pas encore l'écriture.

    Avant de poursuivre, définissons le cadre géographique et la chronologie.

    Mésoamérique : https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9soam%C3%A9rique

    Il existe aussi ce que l'on appelle la Zone Métroplitaine Olmèques (ZMO) qui se situe au coeur de la Mésoamérique, sur une large bande côtière bordant le sud du golfe du Mexique. On entent par ZMO, la région dans laquelle fût errigée les principales cités de cette civilisation et leurs alentours. Elle couvre principalement les états de Veracruz, du Tabasco, et les parties nord des états du Puebla, d'Oaxaca et du Chiapas. Les trois capitales olmèques seront dans l'ordre, San Lorenzo, La Venta et Très Zapotès. Les interactions commerciales, religieuses, politiques et plus globalement culturelles vont être très importantes avec les populations périphériques, tant et si bien, qu'au delà de la ZMO, l'influence olmèque se manifeste assez largement dans pratiquement toute la Mésoamérique. Ainsi on a établi des relations d'échanges souvent importantes et assez constantes entre Olmèques, Zapotèques, Mayas, Téotihuacan et autres cultures.

    Pour la chronologie :

    De 8000 à 2000 av. JC Paléo-sédentaires (On pourrait dire Néolithique)
    De 2000 à 1250 av. JC Préclassique initial.
    De 1250 à 400 av. JC Horizon unificateur Olmèque* (Préclassique ancien et Moyen)
    De 400 av. JC à 100 ap. JC Préclasique récent
    De 100 à 300 ap. JC Protoclassique

    * Expression empruntée à Christian Duverger.

    Quelques mots sur le Néolithique mésoaméricain. Richard Mc Neish (archéologue et ethnologue canadien) avait déjà, à la fin du siècle dernier, étudié les débuts de l'agriculture dans l'Etat du Tamaulipas et l'évolution progressive vers la sédentarisation des communautés dans la zone nord du golfe du Mexique. La courge, la calebasse, plusieurs sortes de haricots, le piment, sont domestiqués aux alentours de 8000 av. JC et le maïs 2500 ans plus tard. Les fondements des agricutures en Mésoamérique sont d'ors et déjà posés et viendront ultérieurement se perfectionner avec la milpa (association de cultures), Irrigations et chinampas (jardins flottants).

    A suivre...

  5. A voir en vidéo sur Futura
  6. #5
    tezcatlipoca

    Re : Expo Les Olmèques, Musée J. Chirac, Paris.

    Venons -en maintenant à l'apparition de l'écriture dans cette partie du Monde.

    Le phénoméne qui conduit à son apparition prend réellement naissance dans l'aire Olmèque avec un "préalable", une large diffusion de ce que caterina Magni appelle "le langage des signes", et ce vers 1200 av.JC.

    Ces signes scripturaux ont tout d'abord pour support les poteries et acquièrent rapidemment une grande diversité passant de formes simples geométriques à des compositions plus élaborées, plus complexes. Marquant donc d'abord les céramiques, ces signes vont vite se retrouver sculptés dans la pierre (la statuaire), gravés dans le bois, l'os et le coquillage, peint sur les tissus, la roche, le "papier" et peut-être même tatoué sur le corps de certains personnages.

    Les signes ne sont pas ordonnées comme dans une écriture conventionnelle, pourtant, il existerait, selon C. Magni, un sens de lecture propre à chaque production, interne à l'image elle même. Ils sont signifiants, portent des idées, des concepts et véhiculent beaucoup d'informations. Ces "messages" concerneraient essentiellement la cosmogonie, la religion et la socio-politique.

    Il faut reconnaître que les interprétations de ces signes quand ils constituent un ensemble complex, ont suscité nombre d'interprétations diverses et parfois contradictoires, et que si un signe individuel peut très souvent être "lu" sans ambiguité, leur association demeure souvent équivoque.

    Il y a aussi une chose capitale à signaler, c'est la diversité des populations et des langues qui ont pu être parlé, simultanément ou pas, pendant les 8 siècles (et après aussi) dans l'aire de diffusion du "langage des signes", lequel devait certainement être compris par des locuteurs de langues différentes. Dans l'espace olmèque, le phénomène d'une relative unification qui peut, entre autres choses, être impulsé par le partage du "langage des signes" ne doit pas laisser imaginer qu'une culture unique et uniforme ait pu existé. Seule La ZMO (pour rappel : Zone Métropolitaine Olmèque) pourrait prétendre, dès cette époque, à une certaine unité.

    Une première et réelle évolution de cette symbolique semble se réaliser entre 1000 et 800 av. JC. Nous en avons pour témoignage, un artefact archéologique important, avec le bloc de serpentine gravé trouvé accidentellement près du site de Cascajal, très proche du premier grand centre cérémoniel olmèque de San Lorenzo :

    https://theoldstone.tumblr.com/post/...cascajal-block

    https://fr.wikipedia.org/wiki/St%C3%A8le_de_Cascajal

    Il pourrait exister un antécédent à cette ébauche d'écriture avec des signes gravés sur des figurines trouvées dans le Chiapas sur le site de Canton Corralito, qui remonteraient de 1150 à 1000 avant notre ère.

    Les écrits pictographiques (codex) des cultures ultérieures, bien plus tardives, notamment des Aztèques, se situeront encore dans la filliation de ce "langage des signes".

    A suivre...
    Dernière modification par tezcatlipoca ; 27/09/2021 à 13h55.

  7. #6
    tezcatlipoca

    Re : Expo Les Olmèques, Musée J. Chirac, Paris.

    Bonjour,

    Pour être parfaitement clair, nous ne disposons que de très peu de traces du processus d'apparition de l'écriture en Mésoamérique. Comme déjà signalé, la stèle de Cascajal est un de ceux-la, certainement le plus significatif pour les débuts de la culture olmèque.

    Après cela, il existe une relative absence d'artefacts scripturaux que nous aurions grand besoin de découvrir pour avoir une idée plus clair de ce qui à pu conduire à l'écrit en Amérique. Nous ne disposons pour une période se situant entre le VIIIème et le IVème siècle avant notre ère que de quelques sceaux-cylindres marqués de glyphes et prouvant manisfestement que son usage est enclenché.

    Il est cependant utile de préciser que les inscriptions trouvées sur ceux-ci ne montrent pas ou peu de similtudes avec les signes de la stèle de Cascajal. Par contre, leur sophistication les rapprochent indubitablement de réalisations ultérieures, celles de futurs systèmes d'écritures parfaitement aboutis, comme l'épi-olmèque et celui des Mayas.

    Un de ces objets, le plus emblématique trouvé à ce jour, est sans conteste le sceau-cylindre de San Andrès (site archéologique proche de La Venta), sur lequel est sclulpté un oiseau et deux glyphes sortant de son bec. C'est l'oiseau qui parle. L'âge de cet objet remonterait vers 650 av. JC.

    Le sceau-cylindre est un objet qui, tel un tampon, permet de laisser une empreinte, une marque, lorsqu'il est enduit d'une substance colorée, d'une encre, et le fait qu'il soit cylindrique sert, en le roulant sur un support, peau, tissu, papier ou autre, à reproduire un motif répétitif de façon linéaire.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/San_An..._olm%C3%A8que)

    D'autres sceaux-cylindres ont été decouverts, eux aussi marqués par des glypes mais ne sont pas tous associés aux Olmèques. Ils proviennent aussi de cultures voisines, Tlatilco par exemple. Cela tendrait à prouver que les développements conduisant à l'écriture ne sont pas exclusivement Olmèques, et que divers apports culturels viennent les enrichir.

    Les relations qu'ont pu entretenir ces populations, notamment par les échanges commerciaux, politiques et artistiques auraient favorisé l'apparition de symbloles dans l'ébauche d'une écriture commune, compréhensible par des gens qui ne partageainent pas la même langue.

    Des signes, des caractères, des glyphes olmèques, ont été aussi utilisés hors de la ZMO, par les Zapotèques et les Mixtèques. Et on s'interroge sur le fait que ces emprumts aient pu conduire aux développements d'écritures spécifiques qui, au final ne seront comprises que par les locuteurs de ces langues particulières.

    A suivre...

  8. #7
    tezcatlipoca

    Re : Expo Les Olmèques, Musée J. Chirac, Paris.

    Ce soir se cloture cette formidable exposition.
    Mais ne vous désolez pas, je ne veux pas doucher l'enthousiame générale que suscite ce sujet.
    Je vais poursuivre, sans désemparer.

  9. #8
    tezcatlipoca

    Re : Expo Les Olmèques, Musée J. Chirac, Paris.

    Où en étais-je ?...
    Ah! oui...

    La période appelée Horizon olmèque (de 1250 à 400 av.JC) est donc marquée à ses débuts par l'apparition d'un "langage des signes" puis, à son terme, par une écriture conventionnelle.

    Sur ces 8 siècles se produit une lente évolution, qui, on l'a vu précédemment, voit déjà apparaître des glyphes d'origines diverses (Olmèques ou pas) sur des sceaux-cylindres, ce qui attestent déjà de l'enclenchement du processus conduisant à l'écriture. Cela non pas seulement dans la ZMO (Zone Métropolitaine Olmèque - région bordant le sud du golfe du Méxique, hormi la côte du Yucatan) mais plus largement dans tout l'isthme de Tehuantepec jusque, plus au nord, sur le plateau d'altitude qui est devenu actuellement la région de México.

    https://img.over-blog-kiwi.com/0/56/...rique-1000.jpg

    Que se soit le langage des signes ou l'écriture elle-même, les deux sont fondées clairement sur deux systèmes communs qui sont pictographiques et idéographiques.

    Le premier, comme son nom l'indique représente l'objet tel qu'il est. La lecture est directe, sans équivoque.

    L'idéographie introduit un concept plus élaboré qui voit une idée représentée par autre chose. Elle nécessite une interprétation, la connaissance d'un code qui associe l'objet à l'idée. Ainsi, par exemples, un homme portant un arc peut réprésenter l'action de chasse, un temple en feu figure la prise d'une cité, une langue devant le visage d'un personnage signifie qu'il parle etc etc.

    Ultérieurement pour l'écriture interviendra l'emploi d'un système inconnu dans le langage des signe, qui est dit logosyllabique, c'est à dire que les syllabes constituant un mot peuvent être représentées dans des glyphes. Le mot est lu tel qu'il est prononcé. C'est un fait capital, une très importante différence qui va être, entre autres, une des caractéristiques marquantes de l'écriture maya, restant la plus aboutie des écritures mésoaméricaines.

    Autre spécificité dans l'apparition de l'écriture, qui elle aussi se retrouve bien entendu dans l'écriture maya, l'ordonnancement des glyphes et un sens de lecture.

    Comme premiers témoignages d'une écriture spécifiquement olmèque on peut citer :

    La "stèle de l'ambassadeur" de La Venta, stèle 13. Sur celle-ci, "un homme vu de profil tient une bannière à la main, une empreinte de pas derrière lui indique l'idée de mouvement alors que devant cette représentation sont placés verticalement trois glyphes qui seraient selon Caterina Magni (dont je tire la description de cette stèle) une des premières manifestations. "

    https://cz.pinterest.com/pin/384987468144287752/ (Pardon pour les encarts publicitaires)

    Il y aurait aussi la stèle d'alvarado sur laquelle sont inscrit des glyphes, hélas assez effacés, eux aussi considérés par l'auteur comme d'origine olmèque.

    Dans une région voisine, celle des Zapotèques (Secteur de Monte Alban) une écriture picto-idéographique est dévéloppée, sans doure légèrement postérieure, avec une influence indéniablement olmèque dont une remarquable représentation est représentée par les dalles des "Danzantes" :

    https://fr.123rf.com/photo_50817600_...a-mexique.html

    https://i.pinimg.com/originals/8a/9a...dbd5457a49.jpg

    La signification de ces écrits aborde des thèmes que nous ne connaissons pas pour l'écriture olmèque. On traite ici de thème sociopolitique, mythico-rituel et militaire alors que nous ne connaissons que le caractère religieux chez les Olmèques.

    Ceci est un parfait exemple de ce que je disais plus haut, à savoir que l'invention de l'écriture en Mésoamérique associe diverses populations, de cultures et de langues différentes, mais que l'influence Olmèque reste prégnante en toutes circonstances.

    Mais à ses créations, un système d'écriture plus sophistiqué s'installe postérieurement dans cette partie de la Mésoamérique. L'écriture Epi-olmèque ou Isthmique instaure une utilisation de deux catégories de caractères , une logographique (un glyphe = un mot) et une seconde syllabiques. L'organisation et le sens de lecture sont clairement établis.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/St%C3%..._de_La_Mojarra

    https://stringfixer.com/fr/Tuxtla_Statuette Une copie de cet artefact a été présenté lors de l'exposition.

    Et ce n'est pas fini...
    Dernière modification par tezcatlipoca ; 09/10/2021 à 19h20.

  10. #9
    tezcatlipoca

    Re : Expo Les Olmèques, Musée J. Chirac, Paris.

    On s'interroge souvent sur des concomitances surprenantes d'inventions humaines à travers le Monde. Ce fût par exemple le cas pour celle de l'agriculture qui surgit en l'espace de quelques siècles, en des régions souvent très distantes l'une de l'autre, à une époque où des relations ne semblaient pas établies entre elles. Assez souvent, on a pu par des études plus approfondies démontrer qu'un processus de diffusion était finalement l'explication ou, sans en trouver une preuve absolue, penser que ce fût probable.

    D'autres fois, les processus évolutifs régionaux, aboutissant à l'agriculture, rendent difficiles de persister dans ce genre d'hypothèses et tendent plutôt à penser à des inventions séparées mais quasi simultanées. Dans ces cas, les chercheurs avancent souvent un niveau de développement cognitif atteint pour l'associer à des conditions climatiques favorables ayant participés à ce relatif mais étonnant synchronisme.

    Dans un article, en rapport avec l'invention de l'écriture dans le Monde, Jean Botero cite les exemples des premières tablettes sumériennes vers 3200 av. JC, des hiéroglyphes égyptiens qui apparaîtraient très peu des temps après (un ou deux siècles). Autour de 2500 av. JC, l'écriture proto-indienne commence à être utilisée dans la culture de Mohenjo-Daro et un peu moins de 1000 ans après, surgissent différentes écritures en Chine. Toujours les différences formelles sont criantes entre ces scripts, mais, il ne serait pas absurde que le principe de représentation graphiques du langage ait son unique origine à Sumer.

    Mais que dire alors des écritures de Mésoamérique dont les débuts correspondent à peu de chose à celle de Mohenjo-Daro ? Le continent américain est alors isolé de l'ancien monde. La singularité des cultures de l'Amérique ancienne n'est plus à démontrer, elles se sont construites de façon autonome des blocs euro-asiatique et africain, et ne doivent qu'à elles mêmes les inventions de l'agriculture et de l'écriture. Les processus d'apparitions endogènes sont assez connus pour en être certain.

    Il ne serait pas étonnant que l'on vienne contester cela en évoquant les pyramides que l'on trouve en Egypte et en Amérique ou même les industries lithiques ressemblantes Clovis/Solutréens. Ce genre de questions a déjà fait l'objet de discussions dans ce forum et rien de sérieux à ce jour ne porte à penser qu'il existerait un lien de filiation entre elles.

    La nécessité conduisant à la création d'une écriture serait alors étroitement lié à la complexification des sociétés, par la religion, la politique, le commerce etc.

    On s'aperçoit aussi que l'écriture s'accompagne pour l'humanité, invariablement, du comptage, des nombres, de la numération, des calendriers ...