Ceci est notre exposé que nous avons fait avec mon collègue. Je pense qu'il est important de vous le présenter car il dévoile pas mal de choses que peu connaissent.
bonne lecture .
La pisciculture : une solution pour préserver nos océans ?
IntroductionLa pisciculture est généralement présentée comme la solution qui permettra de sauver nos océans du problème de la surpêche. Bien souvent, seuls les avantages sont mis en avant, et les inconvénients sont laissés dans l’ombre. Cet article a justement pour but de mettre de côté ses avantages, afin de se concentrer plus particulièrement sur le fait que la pisciculture peut avoir de graves répercussions sur l’environnement, mais qu’heureusement, il existe des solutions pour avancer vers une aquaculture durable en respect avec la nature.
Partie 1 : Définition et évolution de l’aquacultureLa pisciculture existe depuis plus 6000 ans, elle apparait pour la première fois en Chine. On parle de pisciculture dès l'instant, où il y a un apport en nourriture ou en support. A la base celle-ci pouvait concerner des espèces destinées à l'alimentation comme a l'ornementation (carpe Koi au Japon).
Cet élevage piscicole se pratique dans des espaces entièrement ou partiellement fermés (tel que les bassins en plastique ou en béton, des nasses ou des cages géantes, etc.) soit en eau douce, soit en pleine mer en fonction des élevages.
On distingue trois types de piscicultures : la pisciculture extensive où les poissons vont se nourrir dans l’environnement direct, la pisciculture semi-intensive où la nourriture de l’environnement est additionnée d’un apport de nourriture, et pour finir la pisciculture intensive où la nourriture est apportée en majeur partie par l’Homme (Beveridge et al., 1997). La troisième étant celle sur laquelle ce travail portera essentiellement. Dans, l'Europe apparait dès le Moyen Âge, une aquaculture qualifiée d'extensive. Elle était exercée dans des réseaux d'étangs et de mares, qui était, pour certains, remis à sec, puis cultivés de façon périodique, apportant ainsi aux moines et aux paysans un complément alimentaire important. Il existait même des lieux fortuits où la pisciculture apparaissait spontanément, par exemple, près des Moulins à eau, ou les déchets et les vers de farine constituaient la base de l'alimentation de certains poissons
Mais c'est dans les cinquante dernières années que l'aquaculture a vu son activité croitre de façon spectaculaire, notamment pour des espèces telles que la truite et le saumons, pour les moules, les crustacés, les palourdes et les ormeaux.
Désormais, la pisciculture est le secteur mondial qui possède la croissance la plus forte. Aujourd’hui, plus de 43 % des poissons consommés proviennent de la pisciculture, et représente environ 70% de la part d’aquaculture. La France est le premier producteur mondial de truites d’élevage. Il a une production de 46.650 tonnes de salmonidés en France en 1998, dont 44.250 tonnes étaient des truites arc-en-ciel, ce qui représente une progression de 18 % par rapport à 1991. La France est également le principal consommateur en Europe de saumon d’élevage, et le deuxième dans le monde, après le Japon. La production mondiale de saumon d’élevage est passée de 48.4 milliers de tonnes à 1.175 milliers de tonnes de 1985 à 2002 (source : GlobeFish).
Partie 2 : De l’alimentation aux PollutionsLes principales sources de pollution liées à la pisciculture intensive vont être présentées maintenant.
La pollution liée a l’alimentation.Premièrement, l’utilisation abusive de nourriture, qui alimente ces fermes. En effet, beaucoup de cette nourriture ne va pas être consommée par les poissons et sera gaspillé en sédimentant au fond de l’eau. Alors qu’elle n’est pas consommée, elle va se dégrader et libérer alors dans le milieu avoisinant (aussi bien horizontalement que verticalement) les produits de formations de cette alimentation riche en éléments inorganiques. Une autre source de pollution, résultant de cette alimentation, va concerner les produits du métabolisme et les poissons morts (Goldburg et al., 2001).
Les principaux éléments inorganiques libérés dans l’environnement seront surtout de l’azote, du phosphore et du soufre. A titre de comparaison, une ferme de saumons de 200 000 individus rejette en azote, phosphores, soufre et matière fécale une quantité équivalente à celle des eaux usées non traitées de populations de 20000, 25000 et 65000 personnes selon l’endroit où l’on se trouve (Naylor et al., 2003). Quelque soit la source de nutriments, les impacts seront plus ou moins les mêmes c'est-à-dire : eutrophisation des eaux pouvant entraîner des blooms d’algues toxiques pour les élevages, qui vont diminuer la quantité d’oxygène dissoute dans l’eau ou encore diminuer la pénétration de la lumière ; la diminution de la biodiversité aussi bien pélagique (organismes aquatiques vivant dans la colonne d’eau) que benthique (organismes aquatiques vivants dans et sur le fond) aux alentours des cages (des recherches menées sur huit fermes de saumons au Chili ont montré que la biodiversité au niveau des sédiments avait diminué de 50% et semble liée à une augmentation de la quantité de matière organique et d’une diminution du niveau d’oxygène dans le sédiment (Buschmann et al., 2006) ou encore une modification de la chaîne alimentaire (Goldburg et al., 2001 ; Scottish Executive Central Research Unit., 2002).
La pollution chimique.Et deuxièmement, l’utilisation de composés chimiques comme pesticides, antibiotiques, du fait d’une grande concentration d’individu sur un volume petit, pour faire face à l’apparition de maladies ou lutter contre des organismes parasites affectant la production. Le principal risque de ces produits sont l’apparition d’organismes résistants, comme les bactéries entrainant des maladies (morts des poissons), peuvent se répandre dans les populations sauvages de poissons qui passent près des fermes lors de migration par exemple ou encore être transmise à l’Homme via la consommation du poisson voir la consommation d’autres organismes comme des moules vivant dans le périmètre des fermes. Il est important de signaler que l’utilisation de biocide pour éviter la prolifération d’algues sur les filets ou les cages est monnaie courante dans le secteur de la pisciculture.
La pollution organique.
Au sein des fermes piscicoles, les stocks de poissons sont bien souvent très importants, ce sont de véritables bouillons de cultures pour des micro-organismes tels que les virus, les bactéries et les parasites. Cela peut donc très rapidement devenir problématique pour les espèces vivant aux alentours des élevages, qui peuvent être touchés.
C’est le cas du pou du poisson, qui parasitent notamment les saumons et les truites de mer. Il se nourrit de sang, de mucus et de peau et peut entrainer la mort du poisson (Goldburg et al. 2001). Des études récentes ont montrés que des saumons sauvages ont été contaminés par des poux provenant de piscicultures (Naylor et al. 2003). L’une d’elle, prédit que si les épidémies ne sont pas surveillées l’extinction est presque certaine, et dans le pire des cas, elle causera une baise de 99 % des effectifs des populations sauvages de saumon rose (Krkošek et al. 2007).
La pollution génétique.
Certains aspects de la pisciculture, que nous allons voir dans cette partie, provoquent une baisse de la diversité génétique. Elle est de types autochtone (se dit d’une espèce qui existe déjà dans l’environnement ou elle est élevée). Celle-ci apparait quand des individus s’échappent des fermes piscicoles et envahissent un site où il existe déjà l’espèce à l’état sauvage.
Prenons le cas des saumons. Leur évasion des centres d’élevage est devenue un phénomène courant, on compte des milliers d’individus s’évadant des fermes chaque année. Ces individus font baisser la diversité génétique des saumons sauvages car ceux-ci ont une diversité génétique beaucoup plus faibles que leurs confrères sauvages du fait qu’ils sont issus de croisement entre peu d’individus reproducteurs sélectionnés. Ces fugitifs rentrent en compétition avec les individus sauvage (voir dernier paragraphe de cette partie sur la pollution génétique). La situation est aujourd’hui tellement mauvaise que la proportion d’anciens saumons d’élevage échappés est de 11 à 30 % de la population aux environs des grandes fermes écossaises, et peut atteindre jusqu’à 70 % (Naylor et al. 2005).
La variabilité génétique est importante d’un point de vue de l’adaptation évolutive, et des études ont montré que plus une espèce possède de variabilité génétique et plus il est en clin à faire face aux maladies et épidémies.
De plus, les saumons sauvages sont adaptés à leur environnement alors que les autres ne le sont pas forcément. La progéniture, résultat d’un accouplement entre saumon sauvage et domestiqué, peut créer des individus avec une valeur sélective plus faible que ceux engendrés par l’accouplement entre individus sauvages ; on parle de « outbreeding depression ». Une étude expérimentale à montré que la descendance issue d’un croisement entre saumon sauvage et saumon domestiqués, a un taux de survie significativement réduit par rapport à celle de leurs cousins sauvages et que 70 % de la génération suivante meurt (Naylor et al. 2005, Scottish Executive Central Research Unit 2002).
Les avis scientifiques les plus pessimistes disent que rien que ce fait pourrait amener des populations de saumons déjà vulnérables à l’extinction (Naylor et al. 2005, Scottish Executive Central Research Unit 2002).
La perte de biodiversité.Les fugitifsLes fugitifs sont à prendre au sérieux car ils conduisent à une homogénéisation des écosystèmes à travers le monde. Les fugitifs rentrent en compétitions pour la nourriture et l’habitat avec les autres espèces de l’environnement dans lequel ils se trouvent. Surtout que ces espèces n’ont bien souvent ni prédateurs, ni parasites susceptibles de ralentir leur développement dans des milieux ou elles n’existaient pas avant ; ne donnant aux espèces autochtones pratiquement aucune chance de lutter.
C’est le cas de Tilapia sp., une espèce de poisson d’eau douce qui est originaire d’Afrique et du Moyen-Orient. Son utilisation en pisciculture a fortement augmenté au cours des trente dernières années et ce poisson est maintenant cultivé dans quatre-vingt cinq pays différents. De nombreux spécimens ce sont évadés et menacent aujourd’hui des espèces menacés au Nevada et en Arizona en se nourrissant de leurs juvéniles et des plantes qui constituent leur refuge, causent le déclin d’espèces a Madagascar ou supplantant les effectifs des espèces indigènes au Mexique (Monterey Bay Aquarium 2006).
Les fugitifs favorisent la transmission de maladies et de parasites pour lesquels eux sont immunisés à l’aide de médicaments et autre antibiotiques, alors que les individus sauvages ne le sont pas.
Alimentation des espèces carnivoresIl est à noter que pour l’alimentation, surtout pour les poissons à régime carnivore, il faut leur fournir des protéines essentielles à leur métabolisme lesquelles ne sont présentes que dans la chair des poissons de type anchois, harengs, sardines...ce qui va impliquer une pression supplémentaire sur les stocks de poissons car pour produire 1 kg de thon de bonne qualité il est nécessaire de pêcher de 20 à 25 kg de poissons servant à cette alimentation (Volpe., 2005). (25 kg de poissons => 5 kg de farines => 1 kg de poisson !!!)
Cette exploitation accentuant ses effets sur l’environnement comme par exemple une diminution du succès de reproduction de certaines espèces d’oiseaux comme la mouette tridactyle (Rissa tridactyla) à cause de la diminution de nourriture accessible (Frederiksen et al., 2004).
L’approvisionnement en juvénilesPremièrement, la pisciculture est présentée comme une solution qui permet de ne plus épuiser des stocks de poissons déjà faibles, hors la capture de juvéniles pour approvisionner des étangs de cultures (par exemple) n’est pas un évènement rare. Ainsi, des stocks naturels de poissons sont encore aujourd’hui surexploités en raison de la récolte de juvéniles d’autres cultures comme les crevettes où la destruction des mangroves ne va plus donner de lieu de nurserie pour les alevins de poissons. Cela à un impact très important car ces juvéniles sont censés réapprovisionner les stocks naturel. Il faut aussi ajouter à cette récolte de juvéniles des prises accidentelles en fréquence importante entrainant souvent la mortalité de ces dernières. Réduisant par la même occasion les maillons trophiques inférieurs nécessaires à la survie d’autres espèces menaçant sérieusement la biodiversité régionale. Au Bangladesh, une étude à montré que pour la récolte en juvéniles de crevette tigrée, 5 à 152 larves de poissons et 26 à 1636 animaux macrozooplanctoniques pris et tués. Pour cette même espèce, il a été prouvé que les juvéniles de crevette désirés ne constituait que 0.25 à 0.27 des prises dans les Sundarbans indiens et que le reste était abandonné sur la plage et mourrait (Sarkar and Bhattacharya 2003 [13]). Une étude d’Islam et al.,[14] réalisée en 2004, à montré qu’au Honduras, la récoltes de 3,3 milliards de larves de crevette à tué entre 15 et 25 milliards d’alevins.
La destruction d’écosystèmesEnfin, l’installation de pisciculture a causé la destruction de nombreux environnement parfois très important du point de vue de la variabilité biologiques qu’ils peuvent abriter. En effet, elle a causé la destruction de milliers d’hectares de mangroves et de zones humides côtières, qui sont des zones sauvages ou il y avait assez de place pour implanter les fermes piscicoles. Hors les mangroves par exemple, sont connues pour servir de pouponnières à de nombreuses espèces, et pour abriter une grande variété d’espèces marines comme terrestres.
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