les sciences cognitives s'intéressent beaucoup aux processus cognitifs et neurologiques impliqués dans l'apprentissage de la langue, de son application (écrite, parlée, lue et encodée par toutes ces voies visuelles, auditives...) mais qu'en est il de sa perception? je m'explique: les personnes présentant des troubles mentaux très lourds, tels les psychotiques, autistes, etc. (j'ai été en stage avec des telles personnes )sont, à un certain degré de handicap, incapables de parler mais elles répondent parfois à des injonctions, ordres du personnel soignant par des comportements (allant dans le sens voulu ou non), cris et mimiques. Les comportements désirables sont la plupart du temps obtenus quand ils ont été ordonnés (et conditionnés: ces personnes étant présentes dans l'établissement depuis 20 ans pour la plupart). Les réponses comportementales satisfaisantes peuvent également être obtenues si l'injonction est accompagnée de gestuelles ("viens jouer au ballon" + ballon tenu dans la main du soignant qui le montre de manière évidente au patient en l'agitant . NB: l'injonction n'est pas forcément autoritaire dans ces cas). A contrario, lorsqu'un soignant parle uniquement (sans geste accompagnant) de façon neutre (tonalité de voix neutre, regard neutre...) à un de ses patients, celui ci exprime une véritable incompréhension par le biais de son regard, et passe à autre chose au plus grand désespoir du soignant (qui s'énerve).
Je me pose alors la question: ces personnes handicapées ne ressentiraient-elles pas plus les communications adressées à elles qu'elles ne les comprendraient véritablement, dans tout leur sens sémiologique et pragmatique? Est-ce que tout ce pseudo-apprentissage à visée adaptative et intégrative (au sein de l'hopital psychiatrique, en vue d'une éventuelle insertion/intégration dans une pseudo société ou dans la véritable société (CAT ou autre, selon les cas) n'est-il pas vain puisque l'usage stéréotypé de phrases faites d'intonations (hypothétiquement comprises) et de sens (hypothétiquement non compris) induirait un comportement plus ou moins bien encodé et conditionné sur un mode oral d'une part (satisfaction du soignat car bon comportement du patient) et anal d'autre part (insatisfaction du soignant suite à un mauvais comportement du patient, non adapté à son désir: le patient "ne fait pas de cadeau" à son soignant)???
Voila, je voudrai savoir ce que vous en penser... Merci!
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