L'étude des mesures prises pour maîtriser une pandémie
(L'Institut de médecine se penche sur les avantages et les coûts
d'éventuelles interventions des autorités locales pour empêcher la
propagation d'une épidémie de grippe.) (800)
De l'avis d'une prestigieuse organisation scientifique
indépendante des États-Unis, l'Institut de médecine (Institute of
Medicine,
IOM), une stratégie consistant à fermer les écoles et les lieux de
travail
au cas où une grave épidémie de grippe frapperait une agglomération
n'est
peut-être pas appropriée et une telle intervention ne serait pas aussi
efficace qu'on ne le pense lorsqu'il s'agit de ralentir la propagation
de
la maladie.
Depuis deux ans, les responsables internationaux de la santé
concentrent
leur attention sur le virus H5N1 de la grippe aviaire, hautement
pathogène,
pour vérifier si ce virus ne serait pas capable de déclencher une vaste
pandémie de grippe chez l'homme qui, rivalisant les grandes pandémies
du
passé qui ont tué des dizaines de millions de personnes, n'épargnerait
aucun pays.
Du fait que le virus H5N1 de la grippe aviaire a causé la mort ou
l'abattage de millions d'oiseaux et de volailles dans une cinquantaine
de
pays et contaminé des êtres humains dans dix nations, les gouvernements
se
penchent sur les meilleures façons d'agir au cas où se déclarerait une
maladie fortement contagieuse qui toucherait une grande partie de la
population et ferait de nombreux morts, entraînant dans son sillage la
possibilité d'une instabilité tant économique que sociale.
Lors de la pandémie de grippe qui frappa les États-Unis en 1918, dans
l'espoir que leurs mesures isoleraient les gens malades des gens bien
portants et limiteraient la propagation de la malade, certains
responsables
municipaux prirent la décision de minimiser les contacts sociaux,
fermant
des écoles et des théâtres et interdisant les services religieux et les
réunions au niveau local.
L'IOM, organisation non gouvernementale privée qui se livre souvent à
des
études pour le compte du gouvernement fédéral et qui fait partie de
l'Académie nationale des sciences, s'est penché sur la façon dont de
telles
mesures avaient été appliquées par le passé, ainsi que sur des modèles
théoriques prévoyant les conséquences de la mise en ouvre de telles
mesures
et les données scientifiques relatives à l'efficacité de ce genre de
mesures.
Le 12 décembre, il a rendu public son rapport, qui n'est pas concluant,
et
recommandé un complément d'études, rappelant que des mesures qui
sembleraient découler du bon sens pourraient avoir des conséquences
inattendues.
La constitution de réserves de médicaments antiviraux, une mesure
appropriée préconisée pour se préparer à une pandémie, semblait être
une
bonne idée, mais le rapport de l'IOM soulève des questions à propos de
l'énormité des coûts qui pourraient être attachés à une telle mesure
ainsi
qu'à propos du caractère adéquat de telles réserves.
Les auteurs du rapport mettent également vivement en garde contre la
possibilité d'une atteinte aux droits des personnes lors des
initiatives
mises en ouvre par une collectivité afin de juguler la propagation
d'une
pandémie.
« Si l'on peut souvent justifier les coûts que doivent supporter les
individus, il faut veiller à ce que des sacrifices individuels ne
soient
imposés que lorsqu'ils s'avèrent nécessaires pour protéger la santé
publique. Dans le cas d'une épidémie, alors que la crainte imminente
d'une
morbidité et d'une mortalité importantes pourrait conduire à la prise
de
décisions inappropriées, il est particulièrement important de faire la
part
des choses entre leurs avantages et leurs inconvénients »,
soulignent-ils.
Les spécialistes de l'IOM ont aussi étudié les évaluations faites
auparavant des mesures prises par diverses collectivités des États-Unis
alors qu'une pandémie de grippe mortelle se répandait dans le pays en
1918
et en 1919.
« Les interventions des collectivités locales ont peut-être réussi à
faire
baisser le taux de mortalité, et la mise en ouvre rapide de mesures a
eu
pour résultat une courbe plus plate en ce qui concerne la propagation
de
l'épidémie », expliquent-ils, précisant cependant que certaines villes
qui
avaient appliqué à la lettre les stratégies recommandées ont tout de
même
connu de graves épidémies.
Ces spécialistes recommandent de préparer d'autres modèles théoriques
des
possibilités d'intervention des collectivités locales et de prendre en
compte un plus grand nombre d'éventuels effets de ces interventions
qu'on
ne l'a fait jusqu'ici.
Alors même que ces travaux avancent, le gouvernement Bush a adopté un
plan
en vue de se préparer à la pandémie et exhorté les États fédérés et les
collectivités locales, ainsi que le secteur privé, à mettre au point
des
plans visant à faire face à une maladie qui toucherait de nombreuses
personnes.
Les États-Unis figurent parmi les pays qui contribuent le plus aux
initiatives internationales visant à aider les pays en développement à
mieux se préparer à une pandémie et ont déjà fourni à ce titre plus de
430
millions de dollars.
www.maisonblanche.canalblog.com
-----