Hello
Me revoici pour développer un autre aspect de la classe BS: ici, il s'agira d'arriver à une linéarité exceptionnelle, en utilisant les circuits "BS" dans un rôle supplémentaire: une linéarisation par une contre-réaction locale.
Voyons le principe dans "ultraB":
Les principes généraux sont les mêmes que dans la version symétrique de la classe BS. La différence essentielle est que les transistors de contrôle des bases ne sont plus connectés directement, base à base, aux transistors de sortie. Ici, la base de Q2 ou Q4 va directement à la sortie, via des diodes qui ne servent qu'à de la translation de tension; ce qui ne change pas, ce sont sont les diodes d'antisaturation D1 et D6, qui vont toujours sur ces bases.
Le résultat est donc fonctionnellement très proche du circuit initial, même si ce n'est pas immédiatement apparent.
Il y a en plus un certain nombre de diodes, dont voici le rôle: D3 et D4 maintiennent la tension interbases à une valeur "sûre", mais pas excessive, comme dans l'ancien circuit.
D7 et D8 permettent l'attaque en "totem-pole" des bases de transistor pour gagner en vitesse: pour Q1 p.ex., alors que la conduction est assurée par D6, le blocage actif est effectué par D8 et D4, lorsque Q2 est conducteur pour les alternances négatives.
Ces modifications permettent de linéariser et d'accélérer l'étage, sans changer le fonctionnement général en mode "BS". La seule vraie différence est que le transistor inactif, en attente, ne reçoit plus de courant de polarisation permanent. On peut peut-être le regretter, mais en fait cela ne semble pas avoir la moindre influence sur les performances.
Parlons-en d'ailleurs:
Comme on le voit, la linéarité est meilleure que le millième de %. Un petit mot à propos de la terminologie: à partir de maintenant, je vais parler de linéarité plutot que de distorsion, et cette linéarité sera exprimée en ppm, car il n'est pas commode de manipuler des millièmes ou des dix-millièmes de %.
Pourquoi "linéarité"? A de très bas niveaux la mesure effective de la distorsion devient délicate: les distorsiomètres mesurent en réalité tout ce qui n'est pas la fondamentale, et pas seulement les harmoniques. Comme les amplis n'ont pas un rapport S/N infini, il y a un moment où le bruit devient prépondérant.
Pour caractériser correctement un ampli, il faut donc pouvoir distinguer les deux. La connaissance de la linéarité est intéréssante en elle-même, car elle donne des informations sur la santé et la validité de l'ampli, même si à une fréquence particulière elle ne cause qu'une distorsion inférieure au plancher de bruit de l'ampli.
Ici, la linéarité est donc un peu meilleure que 10ppm, ce qui est déjà assez encourageant pour un étage isolé, sans CR globale.
Les autres caractéristiques également sont inhabituelles: la vitesse, en particulier, est foudroyante, et laisserait les challengers éventuels, BJT ou même MOS, loin derrière dans la poussière. D'ailleurs, il n'est plus vraiment question de contexte audio, puisque la bande en petits signaux est de 140MHz, à -1dB.
Certains amplis d'antenne FM n'arrivent pas à ce niveau...
La bande en puissance est forcément plus modeste, mais atteint tout de même 20MHz, ce qui devrait suffire à donner des sensations au tweeter le plus blasé.
L'impédance de sortie est de 5.5 milliohm. On peut donc estimer que cet étage se comporte à peu près comme une dizaine de cm de fil de cablage. Il y a cependant une différence importante par rapport à un fil: le gain en courant, qui est loin d'être négligeable.
Dans la suite, nous verrons comment nous rapprocher de notre objectif, et comment utiliser ces concepts dans des circuits moins "didactiques".
A+
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