Alcool et psychologie évolutive ..? - Page 2
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Alcool et psychologie évolutive ..?



  1. #31
    kinette

    Re : Alcool et psychologie évolutive ..?


    ------

    Citation Envoyé par frozenka Voir le message
    Les critiques concernant la dimension non scientifique de la psychologie évolutionniste dans sa globalité sont clairement infondées
    Bonjour,
    Désolée: pas du tout mon avis, surtout pour les travaux de certaines célébrités du domaine qui ne sont pas biologistes (formation en psychologie, en plus du temps ou la psy n'était pas débarrassée de certaines scories et n'était pas tellement carrée côté stats...).

    que l'on considère la rigueur des protocoles de recherche mis en place
    J'ai vu des méta-analyse horrifantes
    J'ai vu des échantillons ridicules...
    Parfois des biais incroyables aussi question protocole (gros contraste avec ce que j'ai pu voir dans les protocoles et méthodes de la branche psychologie sociale, où les gens sont bien plus précautionneux en ce qui concerne les biais possibles et les analyses).

    ou les supports publiant les recherches (exemple de revues*: NAture, Science, PNAS [bulletin de l'académie des sciences américaines] …), la relative longévité des idées et le regard critique que les chercheurs ont sur leur propre champ théorique.
    Force est de constater que les revues les plus en vue (Nature en tête) publient parfois plus par rapport au retentissement possible des recherches qu'à leur qualité intrinsèque.
    Pur ne citer qu'un exemple, la fameuse "synchronisation des règles" soit-disant prouvée par McClintock n'a jamais pu être reprouvée, a d'énormes problèmes statistiques (corrélation faite avec des stats linéaires, alors qu'on a affaire à des cycles, donc il fallait utiliser des stats "circulaires"). Et quand on voit les conneries qui ont été enchaînées à partir de ça (pseudo-thérapies basée sur la respiration de sueurs, qui soit-disant permettaient de "réguler" les règles, etc...).
    Non, franchement, faut trouver tout ça sérieux?
    Je connais des évolutionnistes (des vrais, qui ont étudié les théories de l'évolution...) qui bossent aussi sur l'humain, avancent aussi des explications basées sur l'évolution. MAIS la grande différence est que ces personnes ne se revendiquent point de la fameuse "psychologie évolutive", et ont une approche à mon sens nettement plus saine, avec du recul et des statistiques bien mieux maîtrisées.

    Il est cependant clair que la psychologie évolutionniste se doit de reposer sur une démarche empirique et scientifique car le risque est effectivement de raconter de belles histoires qui, pour séduisantes quelles soient, n'en sont pas moins uniquement et seulement de belles histoires (les just so story par exemple Cf. Gould).
    C'est justement ce qui pèche chez une bonne part des "psychologues évolutifs" les plus célèbres...

    Et ici il s'agit d'une des préoccupations majeures des chercheurs en psychologie évolutionniste qui régulièrement discutent quant au critères nécessaires à la validité scientifique de leur approche (Cf. les travaux de Randolph NEsse apr exemple, ceux de Steven Pinker ou encore ceux de Paul Gilbert)
    Préoccupation majeure? Désolée, mais j'ai l'impression que pour beaucoup, la préoccupation est bien plus d'obtenir des résultats "significatifs" qui permettront de faire parler d'eux, et pour une partie de ces personnes, il est clair qu'il y a une volonté d'utilisation idéologique...
    Trop de relents puants dans ceci.

    La question de la scientificité et de la rigueur de la démarche de la psychologie évolutionniste est d'autant plus déterminante que la psychologie évolutionniste est au coeur de nombreuses controverses parmi lesquelles les relations hommes-femmes ou les dérives politiques de la pensée évolutionniste dans le champ de sciences de l'homme et de la société (cf message précédent).
    Les personnes qui étudient l'évolution et dont c'est la formation sont généralement bien plus prudentes dans leur analyse que les personnes se revendiquant de la "psy évolutive", où l'on voit bien plus de dérives politiques!
    Là c'est faire un faux procès aux biologistes, pour valoriser quelque chose qui présente justement les travers que vous dénoncez.
    Le plus gerbant chez certains "scientifiques" se revendiquant de la "psychologie évolutive" est qu'ils prétendent lutter contre les discriminations alors qu'en fait leur démarche est justement de justifier des stéréotypes...

    Concernant les relations hommes-femmes ces préjugés semblent infondés. Ainsi, que 'on considère l'identité des chercheurs impliqués dans ce champ théorique et empirique (il est toujours étonnant de constater le nombre de femmes qui s'intéressent à ce champ de recherche et même de nombreuses féministes) ou le contenu même des travaux de la grande majorité des travaux (par exemple : Mothers and Others: The Evolutionary Origins of Mutual Understanding de S. Hrdy)
    Je ne vois pas en quoi ce serait une preuve que les préjugés soient infondés. Tout autant que les hommes, les femmes ont souvent des idées politiques réactionnaires. Des femmes militent aussi pour le "retour de la femme à la maison" ou contre l'avortement. Des femmes aimeraient bien que "les femmes aient un rôle séparé des hommes, qu'elles se restreignent à ce qu'on considère leur destinée...". Il y a des femmes homophobes, des femmes racistes... Quand je regarde autour de moi, je réalise que les femmes sont souvent les premières à tenter de culpabiliser les autres femmes qui ont des enfants mais continuent de travailler.
    De même, les africains aussi peuvent être racistes, ou les homosexuels intolérants...

    (a) D'aucuns accusent la psychologie évolutionniste d’être un outil servant à légitimer les politiques inégalitaires voire fascistes*: justification des inégalités sociales, nécessité de sélectionner les meilleurs … Si ces préjugés ont la vie dure (et ce, à juste titre , les dérives n'ont pas été minimes, bien au contraire et la prudence doit être grande quant aux possibles récupérations idéologiques de la pensée évolutionniste)... si ces préjugés ont la vie dure donc, ils ne semblent pas résister à l'épreuve des faits (cf. Rodeheffer, 2011)
    Apparemment on ne lit pas les mêmes articles, ou pas avec les mêmes filtres de lecture. J'ai lu des trucs atterrants dans les discussions de papiers de journaux scientifiques, qui avaient des relents puants. Vous pouvez rechercher sur ce forum, il me semble qu'il y a des discussions édifiantes (avec analyse non comme vous le prétendez de "on-dit" mais bien du papier original en anglais).
    Et ce que j'ai expliqué précédemment à propos de "psychologues évolutionistes dont l'idée des hommes préhistoriques où l'homme est à la chasse et la femme à pouponner" n'est pas une invention, mais bien ce qu'on retrouve régulièrement dans les analyses de résultats montrant des différences (qui parfois ont bien été remises en causes) inter-sexes..

    .Loin de considérer les différences entre les individus, la psychologie évolutionniste s'attache à penser ce qui les unis (Pinker, 2006).
    Amen...

    Récusant les explications théologiques des conduites humaines, la psychologie évolutionniste s'oppose au créationnisme.
    Chercher des explications "évolutionnistes" n'a à mon sens jamais été un signe d'ouverture ni de rejet d'explications théologiques. Suffit de zieuter un peu mieux ce qui se passez particulièrement aux USA.

    Quant aux orientations politiques des psychologues évolutionnistes ils semblent qu'elles soient bien éloignées des orientations les plus conservatrices (cf. Tybur et al., 2007).
    Là aussi, c'est discutable: suffit de considérer un peu mieux la structuration de la politique américaine pour comprendre que le découpage politique n'a rien à voir avec celui de l'Europe, et se garder de conclure trop vite qu'on a dans les "evopsy" des personnes particulièrement ouvertes.
    Suffit aussi de voir la façon dont ces personnes utilisent les notions de races et passent allègrement sur certains résultats de génétique humaine pour faire des groupes qui, comme par magie, leur permettront d'obtenir des résultats significatifs.
    Il suffit aussi de voir combien beaucoup d'"évopsy" oublient de prendre en compte des résultats pourtant édifiants issus de la psychologie sociale (effet des stéréotypes sur certaines performances, manipulation de la confiance en soi, etc...).

    (b) D'autres voit dans la psychologie évolutionniste un retour d'une pensée bobo post soixante huitarde (considérer la continuité des êtres vivants, importance du rapport à l'écosystème, critique de l’industrialisation massive, critique des expérimentations animales... à juste titre également) …
    Euh... vous n'avez pas l'impression ici de tout mélanger et nous sortir des propos qui sonnent bien creux?
    Critique de l'industralisation massive? Depuis quand?
    La "continuité des êtres vivants": à part sonner joliment, ça veut dire quoi de plus que reconnaître l'évolution (ce que les biologistes ont fait avant que certains psychologues viennent prétendre appliquer les théories de l'évolution à leurs propres expériences?).

    au final se pose la question de l'idéologie plus que celle de la démarche scientifique. Or, me semble t'il, la science a pour objet l’investigation du réel et la recherche de la vérité et non de promouvoir une idéologie quelconque.
    Parfaitement... et ce serait bien de laisser ceux qui ont contribué au développement des théories de l'évolution et ont déjà eu assez de démêlés avec les idéologies variées déterminer le champs d'application de leurs résultats à ceux de l'espèce humaine. La psychologie évolutive pose peut-être parfois des questions intéressantes, mais a une fâcheuse tendance à tout mélanger, à chercher à tout bout de champs des explications adaptationistes dépassées (la théorie de l'évolution a fait bien du chemin depuis le temps où on voulait voir une adaptation dans tout ce qui existe. Les "psychologues évolutifs" semblent être restés bloqués dans le temps, et n'avoir jamais entendu parler d'évolution neutre, de selective sweep ou encore de gène à pénétrance variable... ils ont aussi souvent de gros problèmes de compréhension de la génétique des populations). Bref, à mon sens, ils desservent la science et la vision par le grand public de ce qu'est l'évolution.

    Si des générations de biologistes ont travaillés sur la notion d'évolution, des générations de biologistes (parmi lesquels citons Jean Gaillon) oeuvrent à étudier la nature humaine à la lumière des théories de la sélection naturelle, de même que des sociologues (E. Morin par exemple), des psychologues, des antropologues. Je considère, comme d'autres que les théories de Charles Darwins sont des théories qui permettront d'unifier le champ des sciences naturelles et des sociales. Ne pas prendre en compte notre nature revient à nous couper de nos racines.
    Ne pas prendre en compte les théories de l'évolution de façon réfléchie et en en ayant une bonne compréhension revient à faire des liens qui n'ont pas de base scientifique et dévoyer le lien qui existe entre les êtres vivant

    Quant à savoir si l'explication physiologique de l'ivresse suffit à comprendre le phénomène, il me semble que non. Elle rend compte de mécanismes d'action mais n'explique pourquoi nos conduites tendent vers l'ivresse de groupe au point de se mettre mal. ET lorsque l'on compare des groupes de sujets addictés à l'alcool avec des jeunes consommant de l'alcool de manière festives, il est clair que le mode de consommation, d'effet ainsi que l'intentionnalité de la consommation ne saurait être similaire.
    Puisque vous êtes si fort, expliquez-moi alors ce qui se passe chez les drosophiles, et pourquoi (d'après la théorie de l'évolution...) elles sont quand même affectées par l'alcool.
    Expliquez-moi pourquoi les éléphants et les blaireaux sont parfois découvert bourrés (pas loin d'arbres fournissant abondance de fruits)...
    Expliquez-moi pourquoi les chiens et les chevaux apprécient le sucre qu'on leur offre (alors que ça n'est pas bon pour leur santé)...
    Et pourquoi les nouvelles drogues de synthèse ont aussi des adeptes alors que notre espèce n'a pas évolué avec...
    Tant que vous y êtes, vous pourriez nous pondre une explication évolutive de l'usage des sex toys, des piercings ou encore de la dégustation des crottes de nez.

    Désolée, mais pour moi, la théorie de l'évolution ne mérite pas qu'on l'utilise pour ergoter sur tout et n'importe quoi, juste pour le plaisir de faire des pseudo-raisonnements.

    K.

    -----
    Nomina si nescis, perit et cognito rerum.

  2. #32
    invite32c348ed

    Re : Alcool et psychologie évolutive ..?

    Citation Envoyé par kinette Voir le message

    Force est de constater que les revues les plus en vue (Nature en tête) publient parfois plus par rapport au retentissement possible des recherches qu'à leur qualité intrinsèque.
    Moi je prenais quelques unes des revues mais je peux tout de même en citer d'autres : Current Anthropology, Philosophical Transactions of the Royal Society, Journal of Sexual Medicine, Behavioral Ecology, Biology Letters, Journal of Theoretical Biology, British Journal of Health Psychology, European Journal of Personality, Journal of Research in Personality, Personality and Individual Differences ...

    Citation Envoyé par kinette Voir le message

    Pur ne citer qu'un exemple, la fameuse "synchronisation des règles" soit-disant prouvée par McClintock n'a jamais pu être reprouvée, a d'énormes problèmes statistiques (corrélation faite avec des stats linéaires, alors qu'on a affaire à des cycles, donc il fallait utiliser des stats "circulaires"). Et quand on voit les conneries qui ont été enchaînées à partir de ça (pseudo-thérapies basée sur la respiration de sueurs, qui soit-disant permettaient de "réguler" les règles, etc...).
    Non, franchement, faut trouver tout ça sérieux?
    Clairement non.

    Citation Envoyé par kinette Voir le message

    Je connais des évolutionnistes (des vrais, qui ont étudié les théories de l'évolution...) qui bossent aussi sur l'humain, avancent aussi des explications basées sur l'évolution. MAIS la grande différence est que ces personnes ne se revendiquent point de la fameuse "psychologie évolutive", et ont une approche à mon sens nettement plus saine, avec du recul et des statistiques bien mieux maîtrisées.
    Nous sommes d'accord, il faut lire et relire sur l'évolution pour commencer à comprendre la pensée, la méthode.

    Citation Envoyé par kinette Voir le message
    Apparemment on ne lit pas les mêmes articles, ou pas avec les mêmes filtres de lecture.
    apparemment oui, c'est clair... mais on peut échanger la dessus, non ? parce qu'a part me rembarrer avec violence, on ne discute pas vraiment... mon point de départ : Darwin, Tooby et Cosmides, Eckman, Nesse, Buss, de Waal, Dawkins, Zahavi, Gaillon. ENCORE UNE FOIS JE NE SUIS PAS SPECIALISTE, je suis preneur de références, du coup

    Citation Envoyé par kinette Voir le message


    Amen...
    Amen... (créationniste, va )



    Citation Envoyé par kinette Voir le message

    Puisque vous êtes si fort,
    ?

    Citation Envoyé par kinette Voir le message
    expliquez-moi alors ce qui se passe chez les drosophiles, et pourquoi (d'après la théorie de l'évolution...) elles sont quand même affectées par l'alcool.
    Expliquez-moi pourquoi les éléphants et les blaireaux sont parfois découvert bourrés (pas loin d'arbres fournissant abondance de fruits)...
    Expliquez-moi pourquoi les chiens et les chevaux apprécient le sucre qu'on leur offre (alors que ça n'est pas bon pour leur santé)...
    Et pourquoi les nouvelles drogues de synthèse ont aussi des adeptes alors que notre espèce n'a pas évolué avec...
    Tant que vous y êtes, vous pourriez nous pondre une explication évolutive de l'usage des sex toys, des piercings ou encore de la dégustation des crottes de nez.
    pourquoi tant de haine ?

    que le binge drinking soit pour aprtie un phénomène enraciné dans notre nature humaine et pas le simple résultat de notre culture, c'est - et ce n'est que ça - une hypothèse qui n'est d'ailleurs pas de moi mais de Diamond ou Zahavi. Il y a eu une question posée sur le Forum, je propose des arguments pour discussion. Si ce n'est pas l'objet du Forum, c'est que je n'ai pas compris le fonctionnement.
    Clairement nous sommes sensibles à l'alcool mais ça ne suffit pas à expliquer la défonce et la recherche de la défonce EN GROUPE AU POINT DE SE METTRE MAL. il me semble une explication centrée sur la physiologie est insuffisante. De même qu'une explication fitness maximisation est aussi insuffisante. Bref, je cherche une explication complexe qui prenne en compte et le biologique et le social et le culturel et le social. MAis peut être je ne devrais pas... d'où l'idée de poser une hypothèse, non ?

    Pour les crottes de nez, ça me donne envie de faire des recherches la dessus quand même ... pour les sex-toys, je ne sais pas, mais j'ai vu un article... qui me laisse dubitatif sur les tatouages, si ça vous tente, je vous donne les références

    Citation Envoyé par kinette Voir le message
    Désolée, mais pour moi, la théorie de l'évolution ne mérite pas qu'on l'utilise pour ergoter sur tout et n'importe quoi, juste pour le plaisir de faire des pseudo-raisonnements.
    on est bien d'accord, décidement
    Citation Envoyé par kinette Voir le message
    K.
    F.

  3. #33
    Wart

    Re : Alcool et psychologie évolutive ..?

    Kinette, pour l'aspect méthodologique, je suis parfaitement d'accord.

    Il y a souvent des échantillons bien trop réduits mais surtout considérablement biaisés. Avec uniquement pour reprendre l'expression d'un papier connu des WEIRD, des personnes issues des West-
    ern, educated, industrialized, rich and democratic societes.

    La psychologie interculturelle révèle de belles surprises, et ce que certains ont vite fait d'attribuer à Dame Nature, en particulier à des gènes fictifs, se révèle pouvoir appartenir à la sphère culturelle.

    Mais il y a 2 points sur lesquels je ne te suis pas :

    1/ 'La conviction de la meilleure compétence des biologistes en matière d'évolution (qui émalle ton post) ou
    "défense du monopole sur la théorie de l'évolution"

    Une théorie n'est pas la propriété d'une discipline, c'est très bien qu'il y est des psychologues qui s'intéressent aux bases évolutives du comportement, et il n'y a aucune raison a priori de supposer que leur compréhension de la théorie est moindre. Le combat discipline X/discipline Y pour défendre/envahir le pré carré de l'autre est un grand classique de l'histoire des sciences, mais il n'apporte rien.

    D'ailleurs, c'est autant sur leur domaine, la psychologie, que sur les questions évolutives que des reproches sont adressées. Cf l'oubli de la variabilité interculturelle et celui des résultats sur les stéréotypes de la psychologie sociale que nous citons respectivement.

    Quand je lis :

    Parfaitement... et ce serait bien de laisser ceux qui ont contribué au développement des théories de l'évolution et ont déjà eu assez de démêlés avec les idéologies variées déterminer le champs d'application de leurs résultats à ceux de l'espèce humaine.
    Cela me sidère. (Et me rappelle ce que l'on peut lire sous la plume d'économistes à propos des sociologues qui ont l’outrecuidance d'étudier le marché et la formation des prix)

    Comme je l'ai dit, je souscrit à toutes tes réserves théoriques, je ne comprends pas notamment l'écart considérable entre les théories exposées dans les manuels d'écologie comportementale et ceux de psychologie évolutionniste. Mais s'il faut émettre des critiques c'est pour que la psychologie évolutionniste s'améliore, pas pour qu'elle ferme boutique.

    2/ Le procès d'intention

    Il n'y a pour moi aucune raison de jeter le discrédit sur tout ou partie de ce programme de recherche en lui imputant des arrières-pensées politiques.

    Je cite en particulier

    Citation Envoyé par kinette Voir le message
    Désolée, mais j'ai l'impression que pour beaucoup, la préoccupation est bien plus d'obtenir des résultats "significatifs" qui permettront de faire parler d'eux, et pour une partie de ces personnes, il est clair qu'il y a une volonté d'utilisation idéologique...
    Trop de relents puants dans ceci.
    Le plus gerbant chez certains "scientifiques" se revendiquant de la "psychologie évolutive" est qu'ils prétendent lutter contre les discriminations alors qu'en fait leur démarche est justement de justifier des stéréotypes...
    Pour l'aspect "résultats significatifs" c'est l'aspect du publish or perish. Un bon coup de pub médiatique aide à survivre.

    Pour l'aspect stéréotypes ça m'intéresserait que tu donnes quelques exemples.

    Si tu penses à toutes les études affirmant que le comportement des femmes varient en fonction de leur cycle menstruel (exemple plus d'infidélités et plus de méfiance face au viol lors de l'ovulation).

    Je suis prêt à convenir que tel ou tel résultat est mauvais sur le plan méthodologique mais je pense que
    1/ ces résultats ont peu de portée politique 2/ ces résultats sont plausibles, dans la mesure où des résultats similaires sont obtenus en écologie comportementale chez de nombreux mammifères dont des primates non-humains, sans que personne ne crie au haro méthodologique.

    Sur le plan politique, le principal danger est de naturaliser l'ordre social. Constater que les filles ont des plus faibles performances en mathématiques et en conclure que par essence la femme n'a pas un cerveau conçu pour les maths. Ce genre de conneries sont certes dangereuses mais à mon avis rares dans les revues de psychologie (c'est vrai, c'est un jugement subjectif qui ne vaut pas grand chose il faudrait une évaluation quantitative)

    Citation Envoyé par kinette Voir le message
    Et ce que j'ai expliqué précédemment à propos de "psychologues évolutionistes dont l'idée des hommes préhistoriques où l'homme est à la chasse et la femme à pouponner" n'est pas une invention, mais bien ce qu'on retrouve régulièrement dans les analyses de résultats montrant des différences (qui parfois ont bien été remises en causes) inter-sexes..
    Là je suis pleinement d'accord, lire à ce sujet Nouvelle histoire de l'Homme du paléoanthropologue Pascal Picq qui explique comment les paléonthropologues mâles ont longtemps projeté les rapports de sexe de leurs sociétés sur celles qu'ils étudiaient.

    Le fait que la paléonanthropologie est elle-même longtemps présentée comme une évidence la division sexuelle du travail m'amène au passage à préciser mon reproche contre l'evopsy. Celle-ci souffre à mon avis d'importer des conceptions datées de la paléo (division du travail) et de la bio évolutive (adaptationnisme) ainsi que de ne pas prendre en compte les explications alternatives fournies par d'autres théories psychologiques. Bref un courant de recherche trop refermé sur lui-même.
    Dernière modification par Wart ; 12/07/2011 à 10h24.

  4. #34
    invite32c348ed

    Re : Alcool et psychologie évolutive ..?

    je ne sais pas si je peux mublier des liens. Mais voilà au moins 2 articles critiques et arguant la nécessité d'une démarche scientifique dans le champ de la psychologie évolutionniste. Ils datent un peu, mais c'est un point de départ :

    http://www-personal.umich.edu/~nesse...isord-1999.PDF
    http://www.sscnet.ucla.edu/comm/hase...spandrels.html

  5. #35
    invite32c348ed

    Re : Alcool et psychologie évolutive ..?

    et un point de départ intéressant (mais également qui date...) http://www.psych.ucsb.edu/research/c...resent1990.pdf

  6. #36
    kinette

    Re : Alcool et psychologie évolutive ..?

    Bonjour,
    Je n'ai pas rejeté le fait de se poser des questions sur l'humain, de faire de la recherche. Il y a des gens qui font ça très bien. Pas seulement des biologistes. Mais... j'ai toujours compris que ceux qui se revendiquaient de l'"evopsy" n'étaient pas toutes les personnes qui font de la recherche sur l'humain. Ce n'est pas tant la formation qui me pose problème, mais bien la qualité des recherches. Parfois j'ai l'impression qu'on construit des échaffaudages un peu branlants, avec des biais statistiques incroyables (publication uniquement des trucs "significatifs" (avec évidemment les résultats négatifs qui passent à la trappe...). Si on prend toutes les études par exemple sur les longueurs relatives des doigts (liées apparemment aux taux d'hormones pendant le développement) on voit des trucs intéressants... mais en me penchant sur les papiers concernant ce sujet j'ai vite remarqué que les auteurs manquaient vraiment de précautions dans leurs analyses, leurs conclusion. C'est effarant quand on voit les précautions qu'on prend en biologie pour le même genre d'analyse: normalement, une corrélation n'est pas lien de cause à effet... dans la discussion on doit analyser très sérieusement les différentes explications d'un lien possible. Et je peux te dire que n'importe quel papier manquant de prudence se fait descendre en flèche par les reviewers. Je ne comprends pas pourquoi il n'en est pas de même de papiers concernant l'humain: j'ai encore vu il y a peu un papier concluant "l'homosexualité est génétique", sur la base de corrélation entre caractères traditionnellement attribués à un sexe ou l'autre (qui, eux, semblent avoir une base faiblement génétique). Et le plus incroyable, c'est que les auteurs n'envisagent nullement l'hypothèse que l'orientation sexuelle puisse être orientée par l'environnement: en renvoyant à un garçon doux et intéressé par les jeux de filles une image négative (pas assez viril...) n'a-t-on pas de chances de le faire douter de son identité sexuelle et l'orienter quelque peu? (et inversement pour les filles...). Même si les auteurs ne sont pas en faveur de cette hypothèse, n'est-ce pas une malhonnêteté intellectuelle certaine (ou un manque de rigueur scientifique dramatique) de ne pas envisager celle-ci et au minimum en parler dans la discussion?
    Je ne sais même pas si ces personnes se reconnaissent comme "evospy" d'ailleurs, mais quand je vois ça, je me dis qu'on aurait besoin d'un gros ménage dans le domaine.

    Parfois, j'ai apprécié des papiers qui sortaient du lot (mais n'étaient pas ceux dont on parle le plus):
    - un papier sur l'évolution de la cuisine. Là on est dans l'évolution culturelle, et le papier avait l'intelligence de ne pas faire de gros mélange des genre (par exemple parler de "cuisine adaptative" ou je ne sais quel usage de mot bancal), mais aussi de démontrer clairement que les plats traditionnels les plus épicés, partout dans le monde, étaient ceux contenant des aliments plus dangereux si contaminés par des bactéries ou parasite (viande surtout et poisson). Les plats de légume étaient moins épicés. Ceci, sans que les cuisiniers n'aient vraiment idée de l'intérêt antibiotique des épices (le goût est plutôt invoqué). L'analyse était belle, bien menée, avec de beaux résultats et une analyse qui savait être modeste.
    - il y a pas mal d'études intéressantes qui ont été menées sur les prises de risque (avec de grosses implications en économie) ou des comportements de groupe (entraide-trahison)...
    - certaines études très bien menées ont pu faire voler en éclat des c... qui avaient été répandues par d'autres chercheurs: par exemple, tout récemment, il a été montré que les hommes parlent actuellement autant que les femmes (soit-disant que les femmes auraient été "plus douées pour la parole", avec tout le raisonnement à la con qui va avec et que certaine "evopsy" ne nous ont point épargné, à la sauce "l'homme va à la chasse et la femme s'occupe des gamins avec d'autres femmes...").
    - une belle étude récente a confirmé que la peur de certains animaux (serpents, araignées) n'était pas innée... mais a montré que l'apprentissage et la mémorisation de certaines peurs étaient visuellement plus facile (un petit enfant apprendra bien plus vite à avoir peur d'une image d'araignée que d'une image de fleur). Là encore, discussion intelligente, prudente...

    Donc, oui, c'est possible de se poser des questions, de faire des analyses, d'émettre des hypothèses. MAIS je reste sur la bien sale impression que dans certains domaines (différences entre populations, entre sexes, préférences sexuelles...) la majorité des chercheurs ont des raisonnements simplistes et parfois orientés.

    En ce qui concerne l'alcool: OK, je vais ajouter un élément qui va t'intéresser, mais n'est pas vraiment lié à l'évolution (à mon sens, c'est plutôt à envisager par rapport à la culture): on a récemment montré que l'alcool (tant qu'on n'en est pas au stade où on a tout oublié) favorisait la mémorisation de souvenirs associés à des choses agréables (pas d'effet particulier sur les souvenirs négatifs). Y avait une explications physiologique, et c'était discuté par rapport à l'envie de recommencer à boire.
    Si on va plus loin, on peut facilement comprendre 'l'alcoolisme social": si on picole en groupe dans une chouette ambiance, ça renforce probablement la cohésion du groupe.
    MAIS, il faut bien garder à l'esprit qu'un avantage comme celui-ci sera difficilement discutable en tant qu'avantage adaptatif (dans le cadre de la théorie de l'évolution).

    Sinon, l'évolution est allée vers une alcool déshydrogénase plus efficace dans les populations fermentant leurs boissons:
    http://www.hindawi.com/journals/ijeb/2011/484769/
    Du coup, je ne vois toujours pas trop ce qu'on peut chercher comme explication évolutive au fait de chercher à atteindre un taux d'alcool néfaste pour la santé (dépassant les capacités de l'ADH)...

    Normalement, la recherche ne fonctionne pas en "cherchant un lien avec l'évolution". Il faut déjà avoir une hypothèse, expérimenter... c'est après qu'on voit si on peut analyser à la lumière de nos connaissances de l'évolution (et ça ne marche pas toujours, ou parfois on peut justement conclure que l'évolution, ça foire aussi, ou ça part au hasard dans une direction ou une autre).

    K
    Nomina si nescis, perit et cognito rerum.

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