un médecin malade malgré lui
Répondre à la discussion
Affichage des résultats 1 à 6 sur 6

un médecin malade malgré lui



  1. #1
    2koenig

    un médecin malade malgré lui


    ------

    bonsoir

    je voulais vous faire part de mon témoignage :

    j'ai un syndrome de Koenig, soit une obstruction de l'intestin grêle, qui se manifeste par les blocages sans rythme ni raison et qui se lève avec la mise au repos digestif à l'hopital durant quelques jours ( perfusions, calmants )
    si cela ne se lève pas, c'est chirurgie
    depuis le début de l'année cela doit faire 7 crises et 2 avec hospitalisation
    dans mon cas, même si j'en faisais 100 ce serait pareil, on tente le traitement médical
    par chance, je n'ai pas d'autres maladies, mon syndrome vient d'une suite d'interventions ( 7 en 3 ans ) qui ont laissé des cicatrices dans le ventre, source de ces blocages
    si on m'opère, on libère ces cicatrices mais on en créé d'autres sans compter les risques de plaie du grêle, qui nécessitent plusieurs mois d'arrêt de l'alimentation orale et perfusion, à l'hopital bien entendu

    ceci n'est déjà pas fréquent, pas très connu, j'ai déjà eu des médecins qui sont passés à côté du diagnostic par manque d'expérience
    j'ai du insister

    mais le comble c'est que je suis moi même gastro entérologue

    on n'est pas un malade ordinaire quand on est docteur

    on n'a pas le droit de montrer qu'on est malade :
    lorsque je suis à l'hopital cela implique d'annuler les consultations en urgence et un docteur, cela ne peut pas être malade plus que son patient
    on retourne vite au travail car on est à son compte, et les charges tombent même sans revenus
    j'ai même eu un appel pour faire accepter d'hospitaliser quelqu'un en urgence alors que j'étais moi même au fond d'un lit
    si on s'absente, soit les gens vont voir quelqu'un d'autre, soit dès le retour tout est plein
    tout cela pour dire que dès que je peux, je sors, soit maxi 48h, c'est très court pour guérir et se reposer

    la société n'accepte pas le mi temps :
    j'ai essayé une reprise à mi temps, qui s'est vite soldé par un 3/4 temps qui est de fait un plein temps mais sur 4 jours
    les confrères inconsciemment et les gens en général n'acceptent pas la maladie
    soit on est malade et cela doit se voir et on est traité avec mépris ou avec une condescendance "ne restez pas debout" ( je suis malade pas invalide ) soit on en l'est pas
    si on est malade, on reste chez soi
    si on vient on doit être performant ;
    ce n'est pas possible pour une femme de quitter une réunion en disant mon enfant est malade, ce n'est pas possible de dire non plus je ne suis pas à 100% mais je fais l'effort d'être là quand même

    on a moins d'aide parce que on est docteur :

    on est sensé tout savoir de la maladie, on a moins le droit de se plaindre au personnel, d'évoquer peur et questions ( si un peu quand même ), tout le monde sait ou croit savoir pour vous
    une fois à mon réveil de réa, j'ai eu cette phrase " ah, c'est vous le Dr X. ? c'est de vous dont on parle dans toutes les cliniques de la ville ?!?"
    lors de la dernier hospi, l'ensemble des secrétaires savait que j'étais là
    lorsque de la dernière hospitalisation, on m'a demandé si j'avais des nouvelles du dossier Y. pour dimanche car on ne le trouvait pas
    un soir à 2h du matin ,
    l'infirmier ne trouvait pas la veine dans la nuit et il enfonçait son aiguille dans le bras un peu au hasard, j'ai eu le malheur de dire aïe, réponse "ben comme ça vous savez ce que vous faites aux gens"
    je précise que c'était un endroit où je ne travaille pas, que je ne le connaissais pas

    sans oublier le fameux, "c'est un comble un gastro qui a mal au ventre"

    c'est con, non ??? pourquoi on n'aurait pas le droit d'avoir mal au ventre ?
    c'est pour moi la même chose que d'entendre, "c'est un comble, un docteur qui est malade"
    sans oublier le fameux " ça fait quoi d'être de l'autre côté de la barrière ?"

    biensur, il y a aussi des avantages quand on est docteur, on comprend ce qu'on nous dit, on nous parle peut être un peu mieux ( parce qu'il m'est arrivé de ne pas dire que j'étais docteur et c'était affolant de voir comment on peut être traité ), on prend le temps de nous expliquer

    mais cela fait il le poids ?

    alors je voudrais dire à tous ceux qui me lisent :

    vous n'êtes pas que des malades, mais des hommes et des femmes à part entière, qui ont une vie, une histoire et qui dans votre parcours avez un problème de santé
    que la médecine est là pour soigner mais jamais contre vous et malgré vous
    qu'elle n'aura de bon résultat que si elle prend en compte ce que vous êtes et qu'elle restera humaine si derrière le malade, le corps, elle voit l'humain et sa souffrance
    et n'oubliez pas qu'en face de vous, il y a un docteur, mais qui est lui aussi un humain, avec sa vie et son histoire et qu'il a le droit d'être malade ou d'avoir des faiblesses
    la maladie ne donne pas tous les droits même si elle remet beaucoup de choses en perspective

    bonne soirée

    -----

  2. #2
    invitef0c99235

    Re : un médecin malade malgré lui

    Bonjour, ce que vous rapportez m'étonne, et est à la limite du manque d'humanisme, et vous faites bien de le dénoncer.

    Peut-être est-ce une question de culture. Je sais que d'où je viens, des confrères étudiants ou médecins ont pourtant reçu de très bons soins et une très bonne attention lorsque c'était leur tour d'être malade. On me dit qu'en France l'atmosphère de travail dans les hôpitaux est déjà passablement désagréable, je ne sais pas si c'est vrai.

    Quoiqu'il en soit, tout médecin devrait avoir droit à la même approche et à la même attention que tout autre patient. L'auto-diagnostic ou l'auto-traitement comportent leur lot d'erreurs, même pour un spécialiste, et même pour des choses totalement bénignes; c'est pourquoi tout médecin malade doit être pris en charge à 100% comme tout autre patient et dans les mêmes conditions.

  3. #3
    jml34

    Re : un médecin malade malgré lui

    merci pour votre témoignage
    Est-il impossible de trouver un remplaçant pour quelques mois ?
    ... et, malheureusement, les services sont rares où le patient ordinaire a un espace pour parler de ses peurs ou signaler qu'on pourrait se comporter mieux avec lui...

  4. #4
    doc47800

    Re : un médecin malade malgré lui

    Bonjour, je trouve aujourd'hui votre témoignage et suis absolument stupéfait de voir que votre histoire médicale et simplement totalement superposable à la mienne qui d'ailleurs a commencé exactement en 2009, dans les mêmes conditions, avec les mêmes causes. La chose la plus étonnante réside surtout dans le fait que moi aussi je suis médecin et rencontre exactement les mêmes difficultés morales et professionnelles ; votre témoignage est plus que touchant, il est criant de vérité,. J'aimerais savoir ce que vous êtes devenus depuis 2010, serait-il possible que nous puissions communiquer, j'avoue que je suis désespérément à la recherche d'une solution ; j'espère que vous trouverez ce message. À bientôt peut-être

  5. A voir en vidéo sur Futura
  6. #5
    dead

    Re : un médecin malade malgré lui

    Bonjour
    Je tenais a vous remercier pour votre témoignage.
    Malheureusement je constate, que quelque soit le coté de la barrière où nous nous trouvons (médecin malade ou patient) nous sommes logés à la même enseigne.
    Mon conjoint souffre de micis (crohn et rch) les complications, douleurs qui en résultent sont insoutenables.
    Entre les phases de poussées horriblement poignantes s'ajoutent :

    - des distensions abdominale sévère et très douloureuses , son abdomen devient glacial en étant tellement distendu que j'ai l'impression qu'il est a la limite de l'implosion,le transit intestinal est totalement interrompu, il faut attendre que le transit se réactive pour qu'il puisse ressentir un soulagement.
    - Il y a une trentaine d'années, il a été opéré, occasionnant des adhérences, conséquences il doit vivre en continu avec des douleurs qui lui déchirent les entrailles.

    Les micis ne touchent pas que les intestins mais aussi tout le tube digestif,de nombreuses parties du corps, et sont a l'origine de plusieurs autres pathologies.
    Sa vie dans tout les domaines en est profondément affectée.
    C'est très difficile a vivre d'autant que les micis ne sont pas visible de l'extérieur, donc incomprises autant par l'entourage que par la médecine.
    Les médecins que nous avons consulté, entre autres gastro-enterologues, n'étant pas témoins des conséquences (on ne contrôle rien, les crises arrivent inopinément sans signes précurseurs) ce qu'explique mon conjoint leur parait abstrait, généralement il le toise en lui disant : " c'est dû au stress " ou encore " vous êtes sur d'avoir une mici? " (et j'en passe des vertes et des pas mûres ....) Honteux de la part de spécialistes de s'adresser de cette manière a un patient.
    Je compare cela a de l'abattage, plus il y a de patients plus le salaire augmente, à quoi bon s'intéresser à la douleur que ressent le patient !
    Comment faire comprendre ce qu'il ne se voit pas ?
    De via la mdph, il consulte ponctuellement des médecins qui n'ont que peu voire pas de connaissances des micis.
    Les médecins changent sans se transmettre le dossier médical, résultat mon conjoint doit sans cesse retracer son passif médical, et chaque médecin rencontré y va de son grain de sel sans vraiment comprendre la situation.
    Je vous laisse imaginer la suite....
    Comment avancer dans la vie en devant redire et redire et reredire son passé, présent de la maladie sachant qu'on est pas écouté et qu'a la prochaine visite on devra recommencer ?
    C'est un cercle vicieux...
    Quelles solutions pour un présent,un futur moins oppressant ?
    Quelque soit le médecin, ils minimisent les conséquences, pensent que mon conjoint exagère les symptômes voire fabulle, c'est insupportable !!!!!
    Ils ne cherchent ni a le comprendre, ni de lui expliquer, proposer comment on pourrait l'aider a soulager les douleurs.
    Qu'advient-il du serment d'hyppocrate ?
    Attention, je ne parle pas de tout les médecins, certains sont consciencieux et compétant dans leur domaines respectifs.

  7. #6
    pieapple

    Re : un médecin malade malgré lui

    je dois bientot me faire operer et j'aurai aimé avoir vos temoignages

Discussions similaires

  1. [Info] Denis (DepanniX) nous a quitté malgré lui
    Par richard 31 dans le forum Dépannage
    Réponses: 37
    Dernier message: 05/03/2010, 14h58
  2. Holmes malgré tout
    Par pephy dans le forum Matériel astronomique et photos d'amateurs
    Réponses: 7
    Dernier message: 28/10/2007, 11h44
  3. Médecin traitant/Médecin référent : quelle différence ?
    Par invitefb9832b8 dans le forum Santé et médecine générale
    Réponses: 5
    Dernier message: 02/02/2005, 22h18
Découvrez nos comparatifs produits sur le sport et la santé : thermomètre médical, soins personnels...