Hello,
Voici un petit tutoriel qui vous permettra d'intégrer facilement des modules millivoltmètres dans vos projets.
Problème:
Les modules millivoltmètres LCD basés sur les circuits de type ICL7106 sont devenus très courants et bon marché. En plus, ils sont (relativement) précis, consomment peu et ont une résistance d'entrée élevée.
Malheureusement, ils ont une particularité qui a fait s'arracher les cheveux à une génération d'électroniciens: la masse d'entrée n'est pas flottante par rapport à l'alimentation. Si l'on veut les incorporer dans un système, il faut donc prévoir une alimentation séparée, complètement isolée galvaniquement du reste du montage.
C'est une contrainte extrêmement lourde: pour les appareils fonctionnant sur pile, cela oblige à avoir une deuxième pile, et pour ceux alimentés par le secteur, il faut un transfo ou un enroulement supplémentaire séparé.
Comment s'affranchir de ces contraintes?
Il faut d'abord comprendre comment fonctionne ce CI, en particulier la structure des masses et références.
Voir ce qui nous intéresse sur l'image "analog-7106", extraite de la datasheet:
http://server-die.alc.upv.es/electro...og/icl7106.pdf
Le terminal "common", qui sert de masse interne, est dérivé d'une référence de 2.8V bufferisée par un AOP et un transistor. C'est là la source des problèmes: cette partie de circuit va tenter d'imposer sa tension à ce terminal, et s'il est raccordé à un autre circuit, il va y avoir conflit.
On peut se demander pourquoi le fabricant a utilisé un tel système, qui parait si peu commode. Historiquement, ces convertisseurs étaient destinés à des appareils autonomes, multimètres, thermomètres, etc, où il aurait fallu créer une telle masse; c'était donc une simplification. En plus, si l'on construit le système à partir de zéro, on peut très bien se passer de cette masse et de la référence interne, puisque aussi bien entrée que référence sont différentiels et flottants.
Mais les modules complets ont déjà tout qui est précablé, et sont donc beaucoup moins souples. Donc, à moins de commencer à charcuter les pistes du module, ce qui est toujours délicat, il va falloir trouver une autre solution.
Pour les besoins de la compréhension, nous allons nous baser sur un schéma fonctionnellement équivalent aux circuits internes: struct-7106.
Attention! Ce n'est pas une représentation réelle de ce que contient le circuit; d'ailleurs, même le schéma donné par le fabricant est incorrect et ne saurait pas fonctionner.
On voit que la référence de 2.8V apparaît entre "common" et le positif; avec une bizarrerie qui constitue l'obstacle majeur à la compréhension de la structure: la présence du buffer inverse le sens du courant de polarisation de la référence.
Si on avait simplement une référence shunt entre + et common, il suffirait d'un courant vers le négatif pour polariser cette référence. Mais avec le buffer (ici symbolisé par le PNP), le courant de polarisation doit venir du positif!
Déroutant.
Une fois que ces aspects sont digérés, on peut commencer à envisager les solutions:
Dans un premier temps, on peut imposer des tensions d'alimentation externes, en respectant certaines conditions. Si on alimente le circuit en +/- 5V, le +5V va inhiber la référence interne (le PNP sera polarisé en inverse), et le -5V va compléter l'alimentation négative.
Est-ce aussi simple? Oui et non: cela va fonctionner, càd qu'il n'y aura pas de conflit, mais c'est maintenant le 5V qui va servir de référence.
Cela peut être gênant: la tension de référence étant modifiée, la tension pleine échelle le sera dans les mêmes proportions, 5/2.8, autrement dit, la tension pleine échelle passera de 200mV à environ 360mV. D'autre part, si le 5V est issu d'un simple régulateur style 7805, il n'aura pas la stabilité d'une vraie référence.
Si l'on veut conserver les caractéristiques d'origine du module, il va falloir se montrer plus astucieux.
Pour y arriver, il faut que le terminal common serve de "pivot" fixe aux autres tensions.
Le common va donc être raccordé directement à la masse externe, et on va faire "flotter" les deux tensions d'alimentation. Voir image "alim_7106".
Dans cet exemple, on va alimenter le module à partir de +5/-12V.
On part du positif. On va mettre une zener en // sur le module pour fixer sa tension; 8.2V p.ex. On polarise la zener par un courant adéquat, 1mA p.ex. Le module consomme environ 1mA, disons 1.2mA. La somme de ces courants doit être fournie par R1; celle-ci étant soumise à la différence entre 5V et 2.8V, R1=1K.
Ensuite, il faut fournir le courant négatif; celui-ci sera la somme du courant positif et du courant qui passe dans common. Ce courant est trés important, c'est lui qui va permettre au transistor d'être polarisé, et donc à la référence d'être active.
Si l'on fait passer un surplus de 0.5mA, le courant va donc valoir 2.7mA, d'où R2=6.6K que l'on peut arrondir à 6.2K ou 6.8K.
Voilà, notre circuit est alimenté correctement, et on dispose, si l'on en a besoin, d'une référence stable de 2.8V pour alimenter d'autres circuits éventuels.
Naturellement, les méthodes et valeurs données ici sont typiques, mais indicatives, et une fois que l'on a compris le principe, on peut adapter les détails aux besoins précis de chaque situation. Ces fonctions peuvent être réalisées aussi par des AOP ou des transistors selon les besoins. Avec le circuit "brut de fonderie" tel qu'il est présenté, on a un surplus de consommation qui est nécéssaire pour polariser les divers circuits, il est possible de fortement réduire ce courant.
Un exemple d'application réelle, avec convertisseur à pompe de charge etc, est donné dans le schéma du réactancemètre que j'ai publié précédemment dans le forum:
http://forums.futura-sciences.com/thread131517.html
Voir du coté d U1, Q2, D20
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