La fin de la ségrégation raciale aux Etats-Unis, selon vous, est-ce une libération réelle ou factice ?
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La fin de la ségrégation raciale aux Etats-Unis, selon vous, est-ce une libération réelle ou factice ?
Bonjour,
C'est au moins une libération politique. Son application est variable, si l'on prend en compte la caractère aléatoire des opinions humaines, ainsi que leur diversité. Mais c'est la structure même de la société étasunienne, héritage d'une histoire particulière, qui est la cause de certains problèmes avec l'Autre, qu'il soit réel ou fantasmé. La division en communautés n'est pas étrangère aux difficultés relationnelles entre communautés. Le manque d'hexogamie n'arrange rien.
al-Wazzan
Je pencherai plutôt sur une libération "artificielle" puisque la fin de la ségrégation raciale n'a pas permis aux étatsuniens de changer à proprement parler de mentalité.
Si vous prenez un échantillon de personnes, nombre d'entres elles vont avoir des réactions racistes, même sans le savoir...
Ce qui engendre une disparité raciale. Disparité qui se mremarque très bien au niveau des recours en justice...
Choco.
Bonjour,
Les relations "ethniques" aux Etats-Unis sont intéressantes, car comme la femme s'est libérée du joug de l'homme, les esclaves noirs, cibles principales de la ségrégation, se sont libérés (difficilement) du joug du colon blanc.
En ce qui concerne l'émancipation de la femme, elle ne s'est pas faite sans mal, et pose encore de nombreux problèmes, alors que les relations homme-femme sont naturelles et fréquentes au possible. L'émancipation des noirs touche une problématique plus profonde, car le noir vit dans sa communauté, avec les gens de sa couleur, et qu'il se considère lui-même comme "autre". A moins de s'entre-connaître, il paraît difficile d'établir des relations saines. L'autre n'est que fantasmes. Cela est valable pour les uns comme pour les autres, bien entendu.
Encore un parallèle intéressant: la façon dont les étrangers étaient traités en France. Non pas avec un mépris affiché comme aux Etats-Unis, mais par un processus de refoulement de l'autre, autre qui refoulait lui-même ses prétentions à affiche ce qu'il était. Mais les années 80 ont vu s'amorcer une autre tendance.
al-Wazzan
Il y a plusieurs années, j'étais allée en vacances à Chicago. A un moment, on s'était retrouvés dans un bus avec que des Noirs, qui allaient dans un quartier où il n'y avait que des Noirs. La ségrégation est finie dans la loi, pas dans les faits.
Un miroir aux allouettes plus précisémentEnvoyé par MetaLyckLa fin de la ségrégation raciale aux Etats-Unis, selon vous, est-ce une libération réelle ou factice ?
Comme le dit très justement Cécile, on peut se demander où est la fin de la ségrégation raciale ... Elle n'est plus institutionnalisée ? On se le demande .. quand on voit le système pourri du droit aux allocations, au travaail aux USA (et il en est de même en France). Il existe encore une discrimination institutionnelle passée sous silence.
Il existe aussi cette discrimination géographique et comportementale : les noirs dans les ghettos...
Mais plus que tout, et de façon encore plus perniceuse, il existe une discrimination invisible : c'est ce que l'on appelle le "racisme moderne". C'est une forme de racisme qui n'est pas visible, entendez par là qui n'est pas mesurable directement. En effet les normes ont évolué. Auparavant, il était de bon ton de montrer et de dire qu'on était raciste (aussi bien en France qu'aux USA mais celà est encore plus vrai aux USA). Puis, la norme a changé. Il est moins bien vu socialement de montrer ou de dire son racisme. Il devient donc latent. Il correspond à des attitudes, des préjugés négatifs à l'encontre d'un groupe social (les noirs ici, mais cel àest vrai aussi pour les femmes, les personnes obèses, les handiccapés, les personnes agées, les homosexuels..Etc.. bref tous les groupes stigmatisés socialement)
Ce type de racisme est mesuré, notamment par des psychologues sociaux, par des échelles indirectes (comme l'IAT) qui vont mesurer de façon implicite les préjugés et les attitudes des sujets à l'égard d'un groupe social, et ce sans que la personne ne s'en apercoive et donc sans que la personne puisse controler spontanément ses réponses. Il faut dire que les résultats sont assez probants et fort interessants ... voire même inquiétants (et oui il n'y a pas que 15% de raciste en France par exemple .. mais bien plus si on se dit que être raciste c'est avoir une mauvaise opinion des personnes stigmatisées.)
J'en reviens enfin au sujet. La discrimination invisible. Elle existe donc, je veins de vous en parler. Et bien cette discrimination, comment se manifeste-t-elle me direz vous ? Prenons le cas de l'école. Certains d'entre vous connaissent peut-être le phénomène Pygmalion (Rosenthal et Jacobson) : les enfants réputés inférieurs intellectuellement se révèleront être inférieurs intellectuellement dans les faits. C'est dire la puissane des stéréotypes et des préjugés !!!
La discrimination invisible existe aussi dans un autre phénomène : la menace du séréotype. Les personnes noirs souffrent d'un stéréotype largement partagés : ils sont réputés être moins bons intellectuellement que les blancs (cf. la Bell Curve) Or, le simple fait de connaitre ce stéréotype à leu encontre, peut dans une situation d'examen (appelé aussi situation diagnostique), les amener à avoir peur de confirmer ce stéréotype. La peur qui pèse dès lors sur leur soi les amène effectivement à de moindres performances. Et là où le vice est encore plus fort c'est que le sétéréotype setrouve confirmé !!! (pour plus d'infos se reporter à la justification du système de Jost et Banaji) : "Le stéréotype est donc vrai, la preuve !!!
En outre, ce type de phénomène a également été montré chez d'autres populations : les femmes (connues pour être moins bonne en maths que les hommes, cf les études de Michel Désert), les personnes d'origine sociale faible (Croizet & Claire).
ALors ? Ca vous fait pas froid dans le dos çà ?
:?
en gros, on peux avoir un comportement raciste sans le vouloir.
est-il possible, si on s'en rend compte, de modifier son comportement pour qu'il ne soit plus raciste, ou c'est qque chose qui fait parti de notre "inconscient" et qui est donc difficilement controlable ?
Traduction : "je fais un résumé pour ceux qui veulent pas tout lire"Envoyé par ciryllen gros, on peux avoir un comportement raciste sans le vouloir.
Celà doit bien être possible seulement j'ai bien peur (je n'en suis pas du totu sur) que le remède soit pire que le mal : en ne voulant pas emettre de comportement raciste, on peut arriver à des effets pervers (vous savez quand vous avez peur de faire quelque chose, qu'il ne faut pas que ca se produise et pan ca arrive !) : en voulant éviter de tels comportements on peux très bien emettre des comportements encore plus racisistes et ce malgré soi.Envoyé par ciryllest-il possible, si on s'en rend compte, de modifier son comportement pour qu'il ne soit plus raciste,
Je vais tenter de me renseigner à ce sujet auprès d'une experte en la matière
Hum hum l'inconsient ... qui a laissé trainé cette vilaine bete encore, hein ?ou c'est qque chose qui fait parti de notre "inconscient" et qui est donc difficilement controlable ?
Les stéréotypes, les préjugés n'ont rien d'inconscient. Ce n'est pas parce qu'il ne se manifeste pas spontanément qu'ils relèvent de la partie cachée de notre soi, et partie cachée au sens clinique du terme. Il ne faut pas mélanger les torchons et les serviettes. La clinique... à sa place.. couchée .. pas bougé !!!
correction de balise, Kinette pour la modération
Je pense que ce que voulais dire Finn, c'est que les phénomènes dont il parle sont des processus automatique, ce que tu sous entend je pense par inconscient. Je serais d'avis de dire qu'alors, on pourrais les contrôler, et donc, à la condition d'effectivement s'en rendre compte, de modifier notre propre opinion.Envoyé par ciryllest-il possible, si on s'en rend compte, de modifier son comportement pour qu'il ne soit plus raciste, ...
Mais que je sache il appartient à peu de personne la capacité de se remettre en cause... (c'est bien un stéréotype ça...)