Bonjour à tous,
Je relis en ce moment ce bouquin assez génial «*La pluralité des mondes habités*» de Camille Flammarion (édition de 1868), et un passage m’interpelle, je recopie ici un extrait, pages 202-203, dans la partie «*Les Cieux - Nébuleuses*» :
«*Disons maintenant que la plus grande partie des étoiles que nous voyons dans le Ciel, et notamment celles qui appartiennent à la Voie Lactée ou qui se trouvent dans les régions voisines, forment un même ensemble, un même groupe, désigné en astronomie stellaire sous le nom de nébuleuses. Notre Soleil,— et conséquemment la Terre avec les autres planètes,— appartient lui-même à cette énorme agglomération d’astres semblables à lui, agglomération dont les couches équatoriales se projettent dans notre ciel sous la forme d’une vaste traînée lumineuse faisant le tour de la sphère étoilée; […]
Il y a dans le ciel un grand nombre de voies lactées semblables à la nôtre, éloignées à de telles distances, qu’elles deviennent imperceptibles à l’oeil nu. Si l’on demandait à quelle distance la nôtre devrait être transportée d’ici, pour nous offrir l’aspect d’une nébuleuse ordinaire (sous-tendant un angle de 10’), nous répondrions avec Arago qu’il faudrait l’éloigner à une distance égale à 334 fois sa longueur. Or cette longueur (mentionnée plus haut) [nda : il cite 52,4 milliards de lieues] est telle, que la lumière n’emploie pas moins de 15,000 ans à la traverser. A la distance de 334 fois cette dimension, notre nébuleuse serait vue de la Terre sous un angle de 10 minutes, et la lumière, emploierait à nous en arriver 334 fois 15,000 ans ou 5,010,000 années […] Tel est probablement l’éloignement de plusieurs amas d’étoiles que nous étudions dans le champ de nos télescopes.*»
Nous sommes dans les années soixante du XIXe, je ne pensais pas qu’il pouvait y avoir des soupçons de galaxies externes à ce moment là. Je comprends bien qu’en extrapolant des modèles connus à ce moment cette idée ai pu se concevoir, mais juste en extrapolant ces chiffres sont quand même pas mal je trouve.
C’est clair que je connais très mal l’histoire de l’astronomie et je rate sans doute des épisodes important, mais je pensais naïvement que cette conception s’était forgée avec E. Hubble et ses contemporains, quelques 50-60 ans plus tard.
Par ailleurs en lisant Flammarion (c’est fabuleux, j’insiste ) on s’aperçoit bien qu’il a de grandes lacunes dans la compréhension des dernières théories de son époque, qu’il sait utiliser avec brio l’extrapolation pour donner de la consistance à son propos, et sans doute arrive-t’il à séduire un auditoire moins vulgarisé et mondain que la communauté scientifique. Son avis est donc tout orienté, mais d'où lui viennent ces remarques si justes ?
Sauriez-vous m’éclairer un peu sur les connaissances à cette époque ?
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