Démonstration in vitro et in silico que l'intégration de HIV-1 ne peut se faire dans une chromatine dense et stable et que la présence de nucléosomes peut être réfractaire à l'intégration.
On renverse ici, avec des manips plus précises et proche de la physiologie, le dogme admis il y a 15 ans.
PLoS Pathog. 2011 Feb 10;7(2) : http://www.plospathogens.org/article...C4C38C.ambra02
Functional coupling between HIV-1 integrase and the SWI/SNF chromatin remodeling complex for efficient in vitro integration into stable nucleosomes.
Lesbats P, Botbol Y, Chevereau G, Vaillant C, Calmels C, Arneodo A, Andreola ML, Lavigne M, Parissi V.
Laboratoire MCMP, UMR 5234 CNRS-Université Victor Segalen Bordeaux 2, Bordeaux, France.
Background
Lors d'une infection par VIH-1, une étape clé du cycle est l'intégration de l'ADN viral (qui vient d'être retro-transcrit) dans l'ADN de la cellule infectée. Cette étape est catalysée par l'intégrase virale.
A l'heure actuelle, le mécanisme d'intégration en tant que tel est bien connu, que ce soit in vivo ou in vitro, néanmoins il reste pas mal de zones d'ombres (rôles de certains co-facteurs de l'intégrase, implication de l'intégrase dans d'autres étapes du cycle viral).
Question
Parmi ces zones d'ombres nous nous sommes intéressés à l'impact de la chromatine sur l'intégration.
La chromatine outre son rôle dans la compaction de l'ADN cellulaire est importante dans la régulation de l'expression des gènes, ce en modulant l'accès de l'ADN à certaines protéines (Facteurs de transcription etc.), du coup les virologistes que nous sommes nous interrogeons si l'intégrase est elle aussi affectée par cette dynamique.
Comme je l'ai déjà dis, le dogme est que l'intégration rétrovirale est favorisée sur le nucléosome (unité de chromatine). Or ce dogme ce base sur des expériences obsolètes.
Dans ce papier, on revisite cette question in vitro par la mise au point d'un système d'intégration sur structure chromatinienne.
Méthode
Ce système fait intervenir un plasmide dans lequel on a cloné une séquence positionnant les nucléosomes afin de reproduire un polynucléosome après assemblage d'histones. Ce plasmide mime l'ADN cible cellulaire.
Une fois le système opérationnel, on a réalisé de l'intégration in vitro sur ce plasmide "chromatinisé" en présence d'intégrase pure recombinante et d'un "pseudo ADN viral".
Résultats
Avec ce système on montre l'inhibition de l'intégration par la présence de nucléosomes, en effet quand on "map" les sites d'intégration sur le plasmide le peu d'intégrants est hors de la séquence positionnant les nucléosomes.
On montre également que l'intégration dans ce système "chromatine" peut être restaurée après couplage de l'intégration avec le remodelage de la chromatine par le complexe SWI/SNF dont une sous unité est INI1 (hSNF5), INI1 (Integrase Interactor 1) 1er co-facteur cellulaire mis en évidence comme interagissant avec l'intégrase.
En plus de la restauration de l'intégration avec SWI/SNF après "mapping" des sites d'intégrations sur le plasmide, on s'est aperçu que cette fois ci la majorité des sites d'intégrations se trouve dans la zone positionnant les nucléosomes suggèrant un couplage fonctionnel entre l'intégrase et SWI/SNF via l'interaction avec INI1.
On appuie nos résultats in vitro par une analyse in silico de plus de 40 000 sites naturels d'intégration. Cette analyse est un algorithme de prédiction de positionnement de nucléosome en fonction de la séquence d'ADN, et on trouve que la moyenne des sites se trouve dans une région faiblement dense en nucléosome.
Conclusion
Pour conclure on montre ainsi que l'intégration de HIV-1 est réfractaire à la présence de nucléosomes denses et que par un couplage remodelage-intégration (SWI/SNF-IN) on lève cette inhibition.
-----