L’administration par une voie quelconque d’une dose unique ou de doses répétées d’un
principe actif contenu dans une forme pharmaceutique, a pour but d’obtenir un effet
pharmacothérapeutique chez un malade. L’effet thérapeutique recherché, comme le
soulagement de la douleur, la diminution de l’anxiété, la régularisation du rythme cardiaque,
etc., dépend de la concentration du principe actif au niveau du récepteur ou du site d’action.
L’intensité de la réponse pharmacodynamique est généralement proportionnelle à la
concentration du principe actif au site d’action. Si le principe actif diffuse rapidement du
plasma vers son site d’action, sa concentration plasmatique reflète celle au niveau du site
d’action. C’est pour cette raison que le choix approprié de la forme pharmaceutique et des
modalités d’administration comme la voie d’administration, la dose et l’intervalle entre les
doses permet d’atteindre des concentrations plasmatiques à l’intérieur d’un écart dit
thérapeutique dont la limite inférieure constitue la concentration minimale efficace et la limite
supérieure la concentration maximale toxique. Les concentrations sous cet écart n’entraînent
pas d’effets et celles au dessus provoquent l’apparition d’effets toxiques.
Entre le moment de l’administration du principe actif et celui de l’obtention de l’effet
recherché, le principe actif doit franchir plusieurs étapes groupées en trois phases appelées
phases biopharmaceutique, pharmacocinétique et pharmacodynamique.
1. Phase biopharmaceutique.
Cette première phase comporte les étapes de la mise à disposition de l’organisme des principes
actifs contenus dans les formes pharmaceutiques.
Lors de l’administration extravasculaire d’une forme pharmaceutique solide, la première étape
de la mise à disposition du principe actif est sa libération. Cette libération peut se faire
rapidement, dans le cas d’une forme pharmaceutique à libération rapide, ou plus lentement,
dans le cas d’une forme à libération prolongée. Elle se fait généralement par désintégration de
la forme solide suivie d’une désagrégation en particules de petite taille pour faciliter la
dissolution, qui est l’étape suivante de la mise à disposition.
Pour traverser les membranes biologiques, le principe actif doit être dispersé à l’état
moléculaire en milieu aqueux au site d’absorption. C’est l’étape de la dissolution. La vitesse de
dissolution du principe actif est fonction de ses caractéristiques physico-chimiques et du pH du
milieu d’absorption.
2. Phase pharmacodynamique.
Cette phase, correspond à la réponse pharmacodynamique résultant de l’interaction d’un
principe actif avec un récepteur. Cette réponse est une composante de l’effet thérapeutique
recherché.
Le principe actif diffuse au niveau du site d’action dans l’organe cible et se combine avec un
récepteur, une enzyme ou une structure cellulaire quelconque pour provoquer une réponse
pharmacodynamique. La sensibilité du récepteur au principe actif peut varier d’un individu à
l’autre et peut être modifiée par plusieurs facteurs dont l’âge, le sexe l’état pathologique, le
traitement avec d’autres médicaments, etc…
3. Phase pharmacocinétique.
La phase pharmacocinétique, correspond au devenir in vivo du principe actif. Elle est définie
comme l’étude, en fonction du temps du devenir d’un principe actif dans l’organisme.
L’ABSORPTION DES MEDICAMENTS.I. INTRODUCTION
Dans la thérapeutique actuelle, malgré la diversité des voies d’administration , il y a une forte
proportion de malades traités par la voie orale. En effet, ce mode d’administration offre une
plus grande facilité par rapport aux autres voies et à la voie parentérale en particulier.
Cependant, malgré cette simplicité apparente, il s’agit d’un processus complexe qui consiste à
acheminer le principe actif du site d’administration jusqu’à la circulation systémique. Ce
passage vers la circulation implique que les molécules de la substance administrée doivent
traverser une ou plusieurs membranes biologiques. Il est donc essentiel de connaître et de
comprendre les mécanismes par lesquels les médicaments traversent ces membranes, et de
savoir qu’ils ne concernent pas seulement l’absorption, mais également les étapes
subséquentes que sont la distribution et l’élimination.
II. LE PASSAGE TRANSMEMBRANAIRE.
II.1. Composition et structure des membranes biologiques
La membrane plasmique qui entoure chaque cellule est composée d'environ 60% de
phospholipides et de 40% de protéines. Ces lipides formés de molécules comportant une
extrémité polaire et une extrémité non polaire ou hydrophobe, s'orientent naturellement sous
forme d'une bicouche dont les pôles hydrophobes se font face à l’intérieur et dont les parties
hydrophiles sont orientées vers l’extérieur, en contact avec les milieux aqueux intra et
extracellulaire. Chaque molécule lipidique peut se déplacer latéralement , ce qui confère à la
membrane fluidité, flexibilité, grande résistance électrique et une relative imperméabilité aux
molécules très polaires.
Les protéines s'insèrent dans la bicouche lipidique, soit à l'intérieur, soit à l'extérieur, soit de
part et d'autre, et dans ce cas elles sont transmembranaires. Ces protéines constituent des
récepteurs déclenchant des signaux électriques ou chimiques et constituent des cibles
spécifiques pour l’action des médicaments. De plus on distingue parfois des structures
apparentées à des canaux, qui assurent le passage de petites molécules comme l’eau ou l’urée.
II.2. Mécanismes du passage transmembranaire
Le passage à travers les membranes biologiques peut s’effectuer de plusieurs façons selon les
propriétés physico-chimiques de la molécule considérée et la présence ou l’absence de
transporteurs.
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