Bonjour,
Ce qui suit provient d'un autre forum mais moi qui suit en plein dedans, je me suis dit que cela pourrait intéresser d'autres personnes.
"Béton : Rappel de règles de base relatives à sa préparation et son placement
L'étude du béton fait sûrement partie d'un cours de génie civil. Ma
prétention se limitera donc à rappeler quelques évidences. Qu'est ce que le béton ? C'est une pierre reconstituée ( tout est dit ! )
A quoi sert le béton ? A la compression ! (comme la pierre)
Quel est l'avantage du béton par rapport à la pierre ? Le béton peut intégrer des armatures (qui résistent à la traction)
Le rappel de ces trois évidences permet de comprendre l'usage que l'on peut faire du béton.
Dans la construction, à la limite, on peut tout faire avec du béton armé : des fondations, des piliers, des murs, des poutres, des dalles, ... Bref, on peut faire un blockhaus !
L'usage le plus recommandé est donc le pilier (sauf si ce pilier doit
recevoir des vibrations auquel cas on préfèrera un pilier métallique).
Les usages les plus fréquents : les fondations et les chapes (sur sol)
Très souvent, le béton est "armé" ... Ceci permet son usage dans des parties sujettes à traction : poutres et dalles (= chapes armées); et, améliore l'élancement des piliers.
L'eau ... Très souvent aussi, le béton est mal préparé et perd considérablement de sa force.
L'ennemi n° 1 = l'eau ... Souvent pour faciliter son placement et sa préparation, on met trop d'eau ... (exemple, le béton transporté par camion)
Et/ou elle part (avec le ciment) avant le durcissement ... (exemple, le sol aspire l'eau et rend le béton poreux. Un film de plastique sur le sol permet d'éviter cette fuite.)
Ennemi n° 2 : le gel ... Un béton gelé est un béton mort ! Le "soudage" de ces éléments pour en faire une pierre reconstruite a été interrompu ...
Un béton mal préparé et/ou mal placé peut perdre facilement plus de 50 % de sa résistance à la compression ! A quantité et à qualité de ciment égales, un béton "fait main" est (nettement) supérieur au béton industriel.
Un bon béton n'est jamais liquide, il est "mou" Il doit être mou comme du flan ou de la gelée de grosseilles
Ainsi lorsqu'on verse le béton depuis une brouette, il devrait garder, une fois sur le sol, la forme de la brouette ... ( Lorsque la livraison d'un camion est refusée par un chef d'un chantier, c'est très souvent parce que le béton est trop liquide )
Un bon béton est "gras" et "collant" comme du pain qu'on pétrit ...
Lorsque le béton est versé, la brouette devrait partir avec ... (puisque le béton est collant). Le béton se détache de la brouette que par secousses. Si le béton coule, c'est un mauvais béton.
Les cailloux ... La force du béton est dans ses cailloux. Un caillou est un petit morceau de pierre qu'on ne doit pas reconstituer ... (Un béton sans caillou est un mortier ...)
Le meilleur béton contient le maximum de cailloux (pour un volume déterminé) Tout le jeu consiste alors à remplir les interstices avec du sable. Le ciment sert à coller le tout.
S'il n'y a pas assez de sable, le béton sera poreux.
S'il y en a de trop, le béton tend à être du mortier.
Les meilleurs bétons contiennent des cailloux et des sables de différentes granulométries.
Des gros cailloux avec des petits qui se logeront dans les interstices laissés par les gros. Du gros sable qui se logera dans les interstices laissés par les petits cailloux. Et, enfin, du sable fin qui se logera dans les interstices laissés par le sable gros.
Lorsque le béton est armé, la granulométrie des éléments les plus gros est limitée par la plus petite distance entre deux armatures ou entre une armature et un bord du coffrage (Souvent, cette distance est de 2,5 cm)
Composition d'un "bon" béton 3 brouettes de cailloux (7/20)
1 brouette de sable du Rhin
1 brouette de sable de Braine
2 sacs de ciment PPz 30 (de 50 kg)
Par "brouette", j'entends un volume de 80 litres. Ces proportions donneront un mélange de 1/3 de m3 de béton
Cette composition de base peut varier principalement au niveau de la
quantité de ciment et des types de ciment.
Pour des piliers, on peut monter à 400 kg de ciment par m3
Pour des fondations, on peut descendre (souvent) jusqu'à 200 kg de ciment
Pour les poutres et dalles, on gardera 300 kg de ciment
Pour des bétons qui seront exposés aux intempéries, on peut remplacer une partie du ciment par de la chaux hydraulique
On peut aussi pour des dalles et chape, faire moitié gravier, moitié sable.
La mise en oeuvre Le maximum de mélanges faits et placés ... (en une journée d'été 1984, de 5h à 16 h) avec mon père est 22 ( soit 7,33 m3 ) pour couler une dalle de 70 m2
Repos pendant 48 heures pour mon père (une semaine pour moi)
Le béton, c'est tuant !
Le maximum fait seul (préparation et placement en une journée) = 6 mélanges ... ( soit 2 m3 )
Il est déconseillé de faire du béton seul ...
Le béton doit être placé définitivement dans l'heure qui suit le mouillage. Et, entre la première pelletée jetée dans la bétonnière et le versement du béton hors de cette bétonnière, il se passe déjà 20 minutes ...
On peut tolérer jusqu'à 1 heure 30 entre le placement définitif et le mouillage pour des ciments ordinaires; et, si la température des matériaux est basse (mais supérieur à 5° ) jusqu'à 2 heures.
La galette ... Les ingrédients envoyés à la bétonnière doivent répartis uniformément.
Pas question d'envoyer dans la bétonnière tout le sable, puis tout le gravier, puis tout le ciment, ...
Avant être envoyés dans la bétonnière, les ingrédients sont déjà répartis ! Simplement en versant une brouette de sable et en l'étalant (au rateau) de sorte que la couche puisse être recouverte par 3 brouettes de gravier; puis, on met verse le ciment sur le gravier ( ce ciment descendra dans les interstices laissés par le gravier, lors du chargement ); enfin, on place délicatement la dernière brouette de sable sur le ciment (le sable n'est pas versé de la brouette, mais placé sur le ciment, pelletée par pelletée)
La gallette est faite sur un support plat et lisse (idéal = plaque de fer), et non sur le sol naturel (herbe, terre, ...) !
Le béton est un matériau noble. Il mérite du " respect ".
La galette peut être d'un volume supérieur à ce que la bétonnière peut accepter. Ce n'est pas grave. L'important est que les ingrédients envoyés soient déjà dans de bonnes proportions.
Plus le volume de la galette sera important, plus la répartion sera facile à faire. Plus le volume de la bétonnière sera grand, plus la répartition sera uniforme et plus facile de ne pas mettre trop d'eau.
Le chargement de la bétonnière Pas question non plus de mettre tous les matériaux, puis mettre de l'eau. L'eau est introduite régulièrement dans la bétonnière ... On ne verse jamais de l'eau via un seau ! ( D'ailleurs, la bétonnière vous le fera vite comprendre. Elle va cracher ...). Utilisez un flexible.
Je sais. Lorsqu'on est seul, on ne veut pas, toutes les deux pelletées, verser un peu d'eau au flexible (on préfère être tranquille avec un bon gros seau bien rempli). Mais comme je vous le disais, il n'est pas recommandé de faire du béton seul ...
Personnellement, sur la bétonnière, j'ai installé un raccordement à l'eau de ville, avec une partie flexible, et une lance vers la gueule de la bétionnière. La lance me permettait de choisir le jet et une vanne me permettait de choisir le débit. Je pouvais ainsi charger la bétonnière tranquillement sans me préoccuper quasiment de l'eau.
Ce simple dispositif vaut un homme ...
Le coulage ... Un béton ne devrait jamais être "coulé", puisqu'il ne devrait jamais être liquide ...
Un bon béton est "placé" ...
Le plus difficile, c'est le placement du béton dans des armatures. C'est pourquoi, naturellement, pour soulager ses muscles, on est tenté par un béton liquide (qui glisse tout seul, bref un mauvais béton). Ce d'autant plus, qu'une fois sec on ne verra pas la différence ... (si ce n'est dans un laboratoire de résistance des matériaux sur des échantillons)
Toutefois, il y a pire que le béton mal fabriqué (du mauvais béton), c'est le béton mal placé ! Il faut impérativement que les armatures soient bien enrobées de béton. (Sinon, c'est le "cancer du bâtiment", les armatures vont rouiller, pourrir et amener la ruine de l'édifice dans les années qui suivent. Il s'agit d'un "vice caché" qui peut entraîner l'annulation de la vente d'une maison même plusieurs années après la vente.)
Pour compenser le manque d'eau (apparent), il faut vibrer régulièrement les armatures et le coffrage tout en "coulant" le béton.
Le coffrage Même si le coffrage sera défait quelques jours plus tard. Il doit être fait avec un très grand soin. Il serait totalement inadmissible qu'un coffrage lache ... sous la pression du béton, des vibrations, de coups de marteaux et autres chocs.
Malgré tout ... prévoir un endroit où on pourrait "jeter le béton" avant la prise.
Le coffrage sera autant que possible plastifié. (planches + feuille de plastique, bétonplex, ...)
Le décoffrage... La résistance mécanique du béton sera 100 % après 21 jours (et atteindra plus de 120 % après un an)
Décoffrer le plus tard possible. Cependant, s'il faut,
un décoffrage (sans chocs) peut avoir généralement lieu
1 semaine après pour des piliers (non en charge)
2 semaines après pour des poutres (non en charge)
3 semaines après pour des dalles
On peut marcher "gentiment" (sans chocs) sur une chape trois jours plus tard
On peut marcher "gentiment" (sans chocs) sur une dalle (non décoffrée) une semaine plus tard.
Un seul choc peut provoquer une fissure (irréversible)
Le gel Une fois coulée, la pièce en béton ne peut pas connaître le gel durant sa prise.
Le gel stoppe la prise ! Si un béton gèle trois jours plus tard, sa résistance définitive sera celle d'un béton qui aura durcit durant trois jours ...
On peut s'étonner (au laboratoire) de la faiblesse d'une poutre, en constatant que le béton a été bien placé et que la granulométrie du béton est bonne ainsi que le dosage en ciment. Il suffit alors parfois de connaître la date à laquelle la pièce a été coulée et de consulter la météorologie des jours qui ont suivi ...
Le soleil Une fois coulée, une dalle (ou une chape) doit aussi être protégée du soleil. La température accélère le durcissement et le "retrait"
Il est recommandé d'humidifier (fines gouttelettes d'eau) puis d'arroser (grosses gouttes d'eau) le béton, s'il sèche trop vite. Plusieurs fois, avant le soir, si nécessaire. Dès le matin du jour suivant, un béton peut être carrément " noyé ".
Bernard Ledru "
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