Bonjour,
"Castelcerf" vient de soulever une question intéressante sur l'engagement des scientifiques et le principe de précaution. En substance, si j'ai bien compris, pour élever le niveau d'intervention des décideurs politiques, il faudrait forcer un peu l'évaluation des risques.
J'aimerais connaître l'avis de Monsieur Kandel sur cette proposition.
En ce qui me concerne :
1°) il me semble que la certitude est acquise que le réchauffement global aura des impacts importants sur nos modes de vie dans les 50 ou 100 prochaines années, et probablement plus graves au-delà (à niveau technologique progressant selon la courbe actuelle), et qu'il n'est plus nécessaire de verser dans l'alarmisme pour alerter les décideurs.
2°) les politiques commencent à prendre la mesure des enjeux et de ce qu'ils vont coûter. Mais ils sont écartelés entre la gestion du quotidien qui leur prend pratiquement tout leur temps et la réflexion sur le long terme. Il est rare qu'un homme politique se projette au-delà de l'échéance de son mandat. Pourtant, certains le font, que ce soit au niveau central ou à celui des collectivités locales.
3°) l'information que les scientifiques peuvent dispenser aux politiques devrait effectivement être renforcée pour que d'avantage de décideurs locaux et nationaux puissent engager, chacun à leur niveau, les stratégies d'adaptation. L'ONERC devrait être un relai de transmission de l'alerte plus performant qu'aujourd'hui, donc il faudrait lui donner plus de moyens, ainsi qu'à l'ADEME.
4°) parallèlement, les modèles de prévision amélioreront leur maillage, et il sera possible de modéliser les impacts probables au niveau régional. Car pour la plupart des politiques, les questions climatiques sont étroitement corrélées aux territoires qu'ils administrent. Ainsi, à titre d'exemple, si une cartographie assez fine des territoires qui seront affectés par l'élévation du niveau de la mer pouvait être présentée aux maires des villes littorales, avec une évaluation des dommages collatéraux, ces maires auraient alors plus de certitudes sur la nécessité d'agir dès maintenant.
5°) j'ai pu exprimer sur ce forum ma conviction de l'importance du rôle des initiatives locales dans ce domaine (comme dans d'autres) et que l'Etat n'est plus la puissance dont il faut tout attendre.
Exigeons de l'Etat qu'il augmente les budgets de la recherche (c'est de sa compétence directe et régalienne), qu'il donne l'exemple au travers des orientations de la commission parlementaire des choix technologiques et scientifiques, qu'il donne plus de poids au ministère du développement durable, qu'il impose à ses services la conscience de la nécessité d'impulser, à tous leurs niveaux d'intervention, les mesures tendant à la réduction des GES, à la mise en oeuvre des stratégies d'adaptation et aux économies d'énergie, et qu'il augmente le crédit d'impôt en cas de recours aux énergies renouvelables.
Pour le reste, disons aux politiques locaux "aide-toi, le ciel t'aidera".
Et essayons de faire confiance en la pertinence des initiatives locales. Décentralisation oblige.
Merci à Monsieur Kandel de me donner son avis sur cette position.
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