L’éthique de la recherche : menaçante ou menacée ?
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L’éthique de la recherche : menaçante ou menacée ?



  1. #1
    invite08ea7a0e

    L’éthique de la recherche : menaçante ou menacée ?


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    Bonjour.
    Un collègue participait récemment à un colloque portant sur les situations potentiellement conflictuelles entre les comités d’éthique de la recherche scientifique (CERC) et les chercheurs. De nombreux chercheurs voient les CERC comme ayant le pouvoir de contrôler leurs recherches et sans leur aval aucune recherche impliquant des sujets humains ne peut avoir lieu.
    Ces chercheurs n’apprécieraient pas être assimilés à des Docteurs Frankenstein ou Folamour ou autres savants fous de l’histoire ou de la mythologie.
    Par ailleurs d’autres chercheurs insistent sur la pertinence des CERC et déplorent que leur existence même soit menacée.
    Ma question est double : comme étudiant ou comme chercheur, avez-vous déjà eu à faire avec un CERC ? Par ailleurs, l’existence même des CERC aide-t-elle ou nuit-elle à la science ?
    Merci, Claude.

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  2. #2
    invite2e8aa801

    Smile Re : L’éthique de la recherche : menaçante ou menacée ?

    Je suis moi-même propriétaire d’une entreprise, dans la recherche impliquant des sujets humains. Loin de trouver menaçante l’existence des CÉRC je les prends très au sérieux et mon entreprise fait appel à un CÉRC indépendant: comme chercheurs, parce que nous ne voyons souvent que l’objet même de notre recherche, nous pouvons perdre de vue des choses aussi essentielles que le consentement pleinement éclairé des sujets. La bioéthique est née en grande partie en réaction aux procès de Nuremberg au sujet des savants fous d’Hitler. Même au temps des recherches démentielles de l’époque nazi, j’imagine que certains chercheurs voulaient vraiment faire œuvre scientifique; mais les balises éthiques n’existant absolument pas la dérive était facile. Au temps de mes études j’ai pu trouver fastidieuses les démarches pour faire accepter mon projet de thèse de doctorat par le CÉRC de mon université. Mais j’ai trouvé l’expérience énergisante et non menaçante. Le chercheur sérieux a besoin, selon moi, de la réflexion éthique sur sa recherche. Nous le devons à la science. Francine M.

  3. #3
    invitec38e3ca5

    Re : L’éthique de la recherche : menaçante ou menacée ?

    Juste une petite rectification: Il y avait bien des règles éthiques sous le 3ème Reich.
    Respect de l'Homme etc.

    Le truc c'est qu'ils ont pris soin de considérer dans d'autres lois que les juifs et autres n'étaient pas à proprement parler des Hommes, et ils ont pu de là rester dans ce qu'il considérait comme étant une limite. Tout est une question de point de vue. Bref, les lois nationales, c'est bien, mais il faudrait qu'il y ait une éthique personnelle de chaque instant.

    La seule expérience qu'ils aient mené étant utile en application, c'était de mesurer combien de temps les gens mettaient à mourir dans l'eau glacée, pour préparer des combinaisons efficaces pour leurs aviateurs abattus au dessus de la mer. Du reste, que de la torture.


    La recherche, c'est un domaine très réglementé, et c'est à partir de plusieurs lois sur la recherche qu'ont été faites des lois sur la médecine.

  4. #4
    invite08ea7a0e

    Re : L’éthique de la recherche : menaçante ou menacée ?

    Oui, il y a bien eu une circulaire du Ministère de l'Intérieur du Reich Allemand parlant même du consentement éclairé des sujets de recherche bien avant les directives d'Helsinki...un document très éthique... Richtlinien fur neuartige Heilbehandlung und fur die Vornahme wissenschaftlicher Versuche am Menschen.
    MAIS...il date de la république de Weimar (appelée à l'époque Deutsches Reich) en 1931 soit deux ans AVANT que Hitler devienne Chancellier et fonde le troisième Reich. Dès 1933, dès l'accession de Hitler, ces préoccupations éthiques sont disparues au profit de la Reinrassigkeit (pureté de la race) et de l’Arische abstammung (Aryanisation de la race)...
    Claude

  5. A voir en vidéo sur Futura
  6. #5
    inviteb41703d7

    Re : L’éthique de la recherche : menaçante ou menacée ?

    Citation Envoyé par cvnunavik Voir le message
    Oui, il y a bien eu une circulaire du Ministère de l'Intérieur du Reich Allemand parlant même du consentement éclairé des sujets de recherche bien avant les directives d'Helsinki...un document très éthique... Richtlinien fur neuartige Heilbehandlung und fur die Vornahme wissenschaftlicher Versuche am Menschen.
    MAIS...il date de la république de Weimar (appelée à l'époque Deutsches Reich) en 1931 soit deux ans AVANT que Hitler devienne Chancellier et fonde le troisième Reich. Dès 1933, dès l'accession de Hitler, ces préoccupations éthiques sont disparues au profit de la Reinrassigkeit (pureté de la race) et de l’Arische abstammung (Aryanisation de la race)...
    Claude
    Ce qui fait resortir la distinction entre une norme énoncée et l'application de la norme et, par là, son interprétation... Mais aussi de la distinction entre norme et éthique.

    Ainsi, du problème de ce que Arendt appelait la "banalité du mal" : lorsque nous posons des actes, nous avons une vue limitée des conséquences visées; et celles-ci ne coïncident pas avec les conséquences effectives. Ce qui pose donc le problème de la possibilité de prendre en compte qu'un acte peut être éthique dans une perspective restreinte tout en s'insérant dans un processus global qui ne l'est pas. Et donc de la relation entre éthique et visée. Le cas de Eichman, qui se défendait par l'argument éthique "je n'ai fait que mon devoir" (se référant par ailleurs à une mésinterprétation de la morale kantienne), en est un exemple.


    Citation Envoyé par FraMart
    Je suis moi-même propriétaire d’une entreprise, dans la recherche impliquant des sujets humains. Loin de trouver menaçante l’existence des CÉRC je les prends très au sérieux et mon entreprise fait appel à un CÉRC indépendant: comme chercheurs, parce que nous ne voyons souvent que l’objet même de notre recherche, nous pouvons perdre de vue des choses aussi essentielles que le consentement pleinement éclairé des sujets. La bioéthique est née en grande partie en réaction aux procès de Nuremberg au sujet des savants fous d’Hitler. Même au temps des recherches démentielles de l’époque nazi, j’imagine que certains chercheurs voulaient vraiment faire œuvre scientifique; mais les balises éthiques n’existant absolument pas la dérive était facile. Au temps de mes études j’ai pu trouver fastidieuses les démarches pour faire accepter mon projet de thèse de doctorat par le CÉRC de mon université. Mais j’ai trouvé l’expérience énergisante et non menaçante. Le chercheur sérieux a besoin, selon moi, de la réflexion éthique sur sa recherche. Nous le devons à la science. Francine M.
    Votre témoignage est très intéressant car elle soulève le fait que de telles réflexions éthiques, loin d'être ressenties comme une contrainte, peuvent être perçues comme un enrichissement. Le chercheur prenant conscience d'une certaine perspective de sens de la recherche scientifique en intégrant celle-ci dans un projet social.

    Cordialement.

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