Identification de Champignons: à lire avant de poster
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Identification de Champignons: à lire avant de poster



  1. #1
    Cendres
    Modérateur

    Identification de Champignons: à lire avant de poster


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    Bonjour à tous les forumeurs,

    Vous n’êtes pas sans remarquer que l’automne et l’hiver sont propices à de nombreuses demandes d’identification de champignons par le biais de photographies. La plupart du temps, des avis sur leur comestibilité sont aussi demandés.

    Les identifications proposées le sont à titre indicatif.

    En aucun cas les participants au forum ne donneront d’indication concernant la comestibilité des espèces identifiées : la connaissance de la toxicologie des champignons est encore très imparfaite et, chaque année, des champignons réputés comestibles occasionnent des intoxications plus ou moins graves. Il est donc impossible, en l’état actuel des connaissances, de garantir la totale innocuité de telle ou telle espèce, d’autant plus que des cas d’intolérance individuelle ont été recensés.

    Essayez toujours de joindre des photographies à votre demande, par pièces jointes suivant la procédure. L’idéal est de photographier plusieurs spécimens, jeunes et vieux, sous différents angles (dessus, dessous, côté), et même une coupe d’un spécimen afin de montrer la couleur de la chair.

    Vous pouvez également donner la couleur des spores, en posant le chapeau d’un exemplaire sur un papier blanc une nuit. Précisez l’époque (saison, mois), la localisation géographique et le milieu de récolte (pelouse, forêt mixte, forêt de feuillus ou de conifères, haies, landes, montagne, éventuellement types d’arbres, etc.), notamment les arbres proches.

    OUBLIEZ les « trucs de grand-mère » pour identifier des espèces comestibles : limaces mangeant un champignon indiquant sa soi-disant comestibilité, noircissement d’une pièce à la cuisson, changement de couleur de la chair, champignons violets prétendument toxiques, champignons poussant sur du fumier prétendument toxiques, coagulation du blanc d’œuf ou du lait, etc…

    Non. Il n’y a pas de « truc » pour savoir si un champignon inconnu est comestible ou non. Il faut apprendre à les connaître, et c’est tout.

    Enfin, une recommandation importante : dans le doute, ABSTENEZ-VOUS (exemplaires d’allure inhabituelle, odeur différente, etc.).

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    N'a de convictions que celui qui n'a rien approfondi (Cioran)

  2. #2
    Cendres
    Modérateur

    Re : Identification de Champignons: à lire avant de poster

    Un lien potentiellement utile: http://www.centres-antipoison.net/
    N'a de convictions que celui qui n'a rien approfondi (Cioran)

  3. #3
    Cendres
    Modérateur

    Re : Identification de Champignons: à lire avant de poster

    Pour celles et ceux qui sont intéressés, je signale ce gros livre: "Mycologie médicale", sous la coordination de Christian Ripert, chez Lavoisier. C'est pointu, dense, touffu, mais d'après les bouts que j'en ai lu, cela vaut la peine. Certes le livre n'est pas donné...

    EDIT: j'en profite pour donner ce lien: https://www.anses.fr/fr/content/fort...es-champignons
    Dernière modification par Cendres ; 27/01/2018 à 09h42.
    N'a de convictions que celui qui n'a rien approfondi (Cioran)

  4. #4
    Cendres
    Modérateur

    Re : Identification de Champignons: à lire avant de poster

    Afin de compléter ce fil, voici une liste des principaux types d’intoxications connus à ce jour, par les champignons dits « supérieurs », donc visibles à l’œil nu et susceptibles d’attirer l’attention de personnes à la recherche de champignons à consommer.

    Tout d’abord, il faut quelques conseils de bon sens lors de la récolte de champignons destinés à la consommation.

    Toujours choisir des exemplaires frais, et délaisser les exemplaires vieux, moisis, ou d’allure douteuse par rapport aux espèces que l’on connaît (couleur, odeur…). Toujours déterrer complètement le champignon (si celui-ci pousse au sol, évidemment. La base du pied peut montrer des caractères déterminants pour éviter une confusion (volve, couleur vive, bulbe…).

    Bannir les sacs plastiques et autres contenants non aérés pour conserver les champignons récoltés. Ceux-ci vont alors se dégrader très rapidement, produisant des ptomaïnes entraînant des troubles digestifs. Utiliser des paniers en bois ou osier, et ne jamais mélanger les espèces destinées à la consommation et celles récoltées pour identification. Surveiller qu’une « main innocente » ne vienne subrepticement glisser dans le panier des champignons non vérifiés.

    Il faut ensuite rappeler que les champignons ne sont pas très digestes par nature. Ce sont en effet des aliments fibreux, contenant notamment de la chitine, qui est la substance constituant la carapace (l’exosquelette) des insectes et des crustacés. C’est ainsi, par exemple, qu’un excellent comestible comme la Trompette des morts (Craterellus cornucopioides), qui est même commercialisée, a provoqué des cas d’occlusion intestinale du fait de repas trop importants et trop rapprochés. Par ailleurs, la sensibilité individuelle joue un grand rôle ; certains champignons, comme par exemple le Clitocybe Nébuleux (Clitocybe nebularis), peuvent occasionner des troubles chez certaines personnes, tandis qu’il sera un « bon comestible » pour d’autres.
    La consommation de champignons crus est généralement non recommandée ; seuls quelques-uns peuvent l’être, comme par exemple le Cèpe de Bordeaux ou le Rosé des Prés (et bien sûr le Champignon de Paris).
    Certaines espèces, crues ou mal cuites, peuvent être toxiques alors qu’elles seront comestibles bien cuites. C'est par exemple le cas des morilles et de l'Amanite rougissante ou Golmotte (Amanita rubescens).
    Ces champignons contiennent des toxines détruisant les globules rouges et sensibles à la chaleur. L'intoxication se limite généralement à des troubles digestifs.

    Par ailleurs, les champignons peuvent provoquer des réactions allergiques.

    D’une façon générale, il faut éviter les consommations importantes et rapprochées de champignons; c’est, comme il a été dit, un aliment peu digeste, et des phénomènes d’accumulation de certaines substances peuvent causer des troubles, passé un certain seuil (phénomène inconstant et dépendant aussi des personnes).

    Les champignons sont aussi d’excellents bio-accumulateurs de substances polluantes comme les métaux lourds, les composés radioactifs…il ne faut donc pas les ramasser près de lieux contaminés (décharges, anciens sites d’usines, zones minières…).

    Passons maintenant en revue les différents types d’intoxications. On distingue celles à délai d’apparition court (moins de six heures), et celles à délai d’apparition long (supérieur à 6 heures). Évidemment la durée donnée n’est pas à la minute près…
    Les espèces présentées ne sont que quelques exemples.

    1°) Délai court

    - Syndrome digestif
    C’est un des plus fréquent, lié à la consommation d’espèces altérées, absorbées en trop grande quantités, mal cuites, ou à la toxicité inconstante. Diverses espèces renferment en effet des substances toxiques et/ou laxatives, apparemment en quantités variables suivant les régions, l’altitude, l’âge du champignon... L’action de ces substances n’est pas toujours bien établie, même si une liste est connue.

    Les symptômes sont de type gastro-entérite : nausées, diarrhées, vomissements.

    Les bolets du genre Suillus, par exemple, contiennent un sucre laxatif, pouvant devenir toxique à forte dose. Ces champignons sont habituellement considérés comme comestibles, et sont consommés, mais doivent l’être en faible quantité et de façon espacée.
    Les clavaires du genre Ramaria sont laxatives.

    Une édulcorant naturel comme le Mannitol, présent chez les champignons, utilisé en thérapeutique, peut aussi avoir un effet laxatif.
    Un déficit en tréhalase (un enzyme), peut provoquer des diarrhées liquides, des ballonnements, flatulences. Le tréhalose est un sucre présent chez certains champignons, notamment les Lépiotes et les Agarics.

    - Le syndrome résinoïde (résinoïdien gastro-intestinal)

    Il est provoqué par des champignons à la toxicité bien établie, comme par exemple l’Entolome livide (Entoloma sinuatum) ou le Tricholome tigré (Tricholoma pardinum), les bolets du groupe du Bolet satan (Rubroboletus satanas), les espèces du groupe de l’agaric jaunissant (Agaricus xanthodermus)…

    Les gastro-entérites sont alors souvent plus sévères, avec douleurs abdominales persistantes, vomissements et diarrhées. Une hospitalisation peut être nécessaire, notamment avec les deux premières espèces citées. La déshydratation est le principal risque.

    - Le syndrome muscarinien

    Comme son nom l’indique, cette intoxication est due à la présence de muscarine dans les champignons consommés. C’est une intoxication fréquente, pouvant nécessiter une hospitalisation en service de réanimation, notamment à cause de risques cardiovasculaires.
    C’est l’Amanite tue-mouches (Amanita muscaria) qui a donné son nom à la toxine, alors qu’elle n’en contient que très peu.

    Les principaux responsables de ces intoxications sont les Inocybes (plusieurs dizaines d’espèces), et le groupe des « Clitocybes blancs » (Clitocybe rivulosa, dealbata, phyllophila…).
    Des Mycènes comme la Mycène pure (Mycena pura) et Mycena rosea, ont provoqué aussi ce type d’intoxication.
    Les symptômes débutent habituellement 2-3 heures après l’ingestion, parfois dans un délai bien plus court.
    Il s’agit de très fortes suées, avec troubles digestifs, parfois accompagnés d’hypotension artérielle, myosis (contraction de la pupille), et bradycardie (rythme cardiaque lent et irrégulier).
    Plus rarement, d’autres signes cliniques sont associés : maux de tête, tremblements, production excessive de larmes ou de mucus dans les broches, vision floue…

    Les symptômes diminuent puis disparaissent habituellement en quelques heures. En cas d’intoxication sévère, notamment avec forte baisse de la tension artérielle, baisse marquée de la fréquence cardiaque et/ou irrégularité de ces battements, alors un suivi en milieu hospitalier est nécessaire.
    Des problèmes cardiaques déjà existants chez les personnes intoxiquées aggravent le tableau clinique, mais le décès reste exceptionnel. L’atropine est la substance antidote de la muscarine ; étant elle-même une substance toxique (faire une recherche par exemple sur la Belladone), son administration éventuelle ne peut se faire qu’en milieu hospitalier.

    - Syndrome panthérinien

    Il est principalement provoqué par l’ingestion des différentes variétés d’Amanite tue-mouches (Amanita muscaria, déjà évoquée au-dessus), et de l’Amanite panthère (Amanita pantherina).
    A partir d’environ une demi-heure à 2-3 heures après l’ingestion, les symp^tomes se manifestent.

    Il sont essentiellement de nature psychotrope. Etat proche de l’ébriété, confusion, délire, euphorie, gestes excessifs pour des tâches courantes (sauter au lieu d’enjamber), hallucinations alors que l’intoxiqué reste lucide et critique face à celles-ci…
    Des symptômes évoquant ceux du syndrome muscarinien (voir ci-dessus) sont parfois observés : suées, salivation excessive, baisse de tension…
    En principe, il y a peu de troubles digestifs.

    D’autres champignons, comme l’Amanite jonquille (Amanita gemmata) ou l’Amanite royale (Amanita regalis), présentent le même type de signes cliniques, mais de façon inconstante selon les récoltes.
    De façon générale, les pays, régions où ces amanites ont été récoltées montrent une grande variation dans la sévérité des empoisonnements, et la concentration des toxines impliquées.
    L’Amanite tue-mouches, dont une bonne partie des toxines se trouve dans la cuticule du chapeau, est utilisée depuis longtemps dans des séances de chamanisme.
    Bien évidemment, se livrer à de telles expériences, tout comme pour d’autres champignons psychotropes, est potentiellement très dangereux.
    L’Amanite panthère est le champignon présentant les concentrations les plus élevées (en poids sec) de toxines. Elle peut être confondue avec l’Amanite épaisse (Amanita excelsa var. spissa) et la Golmotte ou Amanite rougissante (Amanita rubescens).

    - Syndrome coprinien

    Cette intoxication se manifeste lors de la consommation de certaines espèces de Coprins (essentiellement le Coprin noir d’encre, Coprinopsis atramentaria, et quelques espèces du même groupe), avec des boissons alcoolisées.
    Les symptômes débutent assez rapidement (jusqu’à deux heures après l’ingestion) par des rougeurs (face et thorax surtout), des maux de tête, des suées, parfois une nausée persistante, et une sensation générale de malaise. L’ensemble de ces manifestations disparaît en quelques heures, mais réapparaît en cas de consommation postérieure d’alcool. L’absorption de boissons alcoolisées doit être stoppée quelques jours (3 au minimum).
    Ces symptômes sont parfois appelés « Effet Antabuse ».

    Les complications, notamment cardio-vasculaires, sont très rares.
    La gravité de l’intoxication dépendra de l’état physique de la personne, de la quantité de champignons consommés, et de la quantité d’alcool pris (ainsi que de la concordance entre cette absorption d’alcool et de champignons).
    La coprine est la substance responsable de l’intoxication.

    - Syndrome psilocybien

    Cette intoxication concerne surtout les champignons appartenant au genre Psilocybe, couramment appelés « champis » ou « psilos » par les amateurs. Ces champignons font l’objet d’un commerce illégal, y compris par le biais d’Internet. Ils sont classés parmi les produits stupéfiants, et donc pénalement considérés comme tels, ainsi que d’autres champignons parmi les genres Stropharia et Conocybe.

    La psilocine et la psilocybine sont les composés actifs provoquant les intoxications, avec une structure chimique de même nature que le LSD. La détention de ces substances et/ou des champignons les contenant est illégale.
    Ces champignons sont consommés, frais ou secs, sous différentes préparations (infusions, omelettes, soupes… , parfois avec d’autres produits comme l’alcool ou des drogues.
    Le plus connu en France est Psilocybe semilanceata.

    Les symptômes sont proches de ceux provoqués par le LSD : d’abord, une modification de la fréquence cardiaque, de la pression artérielle, éventuellement nausée et bouche asséchée, le tout de façon très variable. Les manifestations de l’empoisonnement dépendent beaucoup des conditions de l’ingestion, et de l’état du consommateur.
    Puis surviennent les effets recherchés, psychotropes : sens augmentés, hallucinations et visions colorées, changements de comportement et d’humeur, perceptions déformées de l’espace et du temps. D’autres symptômes peuvent s’y ajouter, comme des vertiges, des angoisses (bad trips), des vomissements…
    Au moins un décès a été rapporté. Les hallucinations peuvent aboutir aussi à des actes de violence ou d’autodestruction.
    L’ajout d’autres substances (alcool, cannabis, drogues diverses), complique et aggrave le tableau clinique, notamment en cas d’absorption massive et de terrain psychologique ou psychiatrique défavorable (schizophrénie et décompensation, par exemple).

    - Syndrome paxillien (hémolytique)

    Nettement moins connu et diffusé que d’autres, ce type d’empoisonnement, rare, est lié à la consommation du Paxille enroulé (Paxillus involutus). Ce champignon a longtemps été classé parmi les comestibles dans les ouvrages, jusqu’aux années 1980 au moins, avec toutefois des mises en garde sur le fait de bien le cuire. Aujourd’hui, les cas d’intoxications graves répertoriées, voire mortelles, montrent qu’il s’agit d’une sorte d’allergie alimentaire aboutissant à une hémolyse (destruction de globules rouges). Une phase de sensibilisation se met en place (plusieurs repas sans conséquence).

    Les symptômes, qui apparaissent généralement 1 à 2 heures après l’ingestion, sont des troubles digestifs, des signes d’anémie, et des problèmes rénaux. Le traitement hospitalier en cas de forte hémolyse implique diverses techniques d’épuration sanguine et de transfusion.
    Les cas d’intoxication sont inconstants, la compréhension du mécanisme incomplète, et il n’est pas exclu que ce Paxille regroupe en fait diverses variétés ou « races toxiques ».
    Le mycologue Julius Schäffer est mort en 1944 d’un repas de ce Paxille.
    N'a de convictions que celui qui n'a rien approfondi (Cioran)

  5. A voir en vidéo sur Futura
  6. #5
    Cendres
    Modérateur

    Re : Identification de Champignons: à lire avant de poster

    2°) Délai long

    - Syndrome phalloïdien

    Il s’agit du plus connu et médiatisé. Cet empoisonnement représente la très grande majorité des cas mortels d’intoxication par des champignons.
    Le « trio des amanites mortelles » en est le principal responsable, à savoir l’Amanite Phalloïde (Amanita phalloides, majoritaire), l’Amanite printanière (Amanita verna), et l’Amanite vireuse (Amanita virosa).
    Plusieurs petites lépiotes, comme par exemple Lepiota brunneoincarnata, L. subincarnata, L. severiana… peuvent aussi causer ce type d’empoisonnement.
    La Galère marginée (Galerina marginata) a provoqué également des intoxications de ce type, lorsqu’elle a été confondue avec la Pholiote changeante (Kuehneromyces mutabilis).

    Cet empoisonnement consiste principalement en une attaque, parfois irréversible, des tissus hépatiques (foie).
    Plusieurs toxines coexistent chez les trois Amanites citées ci-dessus, mais le point commun entre les différents champignons provoquant ce syndrome est l’α-amanitine, qui inhibe le fonctionnement de l’ARN polymérase II, perturbant fortement ou bloquant la synthèse de protéines via les ARN messagers.

    Une fois les champignons consommés, pendant une période allant de 6 à 24 heures, aucun symptôme ne se manifeste.
    Puis commencent de violents troubles gastro-intestinaux : douleurs abdominales, vomissements incoercibles ou peu sensibles aux anti-émétiques, diarrhées faisant penser au choléra. Ces diarrhées éliminent une partie non négligeable d’amanitines ; on doit donc les laisser se produire.
    Risques : forte déshydratation, état de choc, insuffisance rénale…
    Il n’existe pas d’antidote, le traitement en centre anti-poison est obligatoire et vise à soutenir l’organisme et suppléer aux pertes d’eau et de sels minéraux (compensation des pertes hydriques et d’électrolytes), et lutter contre une hépatite pouvant se transformer en ictère. Une greffe hépatique pourra s’avérer nécessaire.
    Il arrive qu’une sorte de rémission (fausse), avec baisse des symptômes, survienne 2-3 jours après les premiers signes cliniques.
    La mortalité est actuellement inférieure à 10 %, à condition d’une prise en charge précoce, d’une quantité de champignons ingérés pas trop massive, et de conditions physiques du patient favorables.
    Les progrès en réanimation, épuration rénale et digestive, transplantation…ont été les conditions déterminantes dans la baisse de mortalité.

    - Syndrome orellanien

    Cette intoxication, qui attaque les reins, tire son nom de le substance responsable, l’orellanine, et du champignon le plus connu qui en contient : le Cortinaire des montagnes (qui n’est pas spécialement montagnard) ou Cortinaire couleur de rocou (Cortinarius orellanus).
    L’autre espèce principalement responsable est le Cortinaire resplendissant (Cortinarius speciosissimus). Ils ont parfois été confondus avec des girolles.
    Les premiers empoisonnements répertoriés remontent aux années 1950, en Europe de l’Est, avec des insuffisances rénales aigües.

    D’autres espèces proches, toujours dans des tons fauves, rougeâtres, assez vifs, sont classées comme toxiques à cause de la présence d’orellanine.
    Cette toxine provoque une forte baisse, dans les cellules des reins, de la synthèse de protéines
    N'a de convictions que celui qui n'a rien approfondi (Cioran)

  7. #6
    Cendres
    Modérateur

    Re : Identification de Champignons: à lire avant de poster

    - Syndrome gyromitrien

    Il est principalement causé par les espèces de gyromitres Gyromitra esculenta et G. gigas.
    Il est à noter que « esculenta » signifie « comestible ».
    Des espèces sont parfois surnommées « fausse morille » ou « morille rouge » en raison d’une ressemblance superficielle. Ces champignons sont encore consommées en Europe de l’Est et du Nord, souvent desséchés comme les Morilles ou frais après une longue cuisson.
    La toxicité des gyromitres, grave et potentiellement mortelle, est inconstante et les intoxications sont rares. Elles peuvent toutefois survenir, comme pour d’autres champignons, après une consommation sans problèmes depuis des années.

    La principale toxine est la gyromitrine, qui peut s’hydrolyser, puis ensuite s’acétyler dans le foie, en molécules de la famille des hydrazines. Ce sont ces molécules qui provoquent les symptômes de l’intoxication.
    Huit autres molécules toxiques ont été identifiées, en bien moindre quantités. Pas mal d’hypothèses ont été évoquées pour expliquer la grande différence dans les susceptibilités individuelles, et dans l’existence d’une consommation déclenchant l’intoxication après des années sans ennui : mode de préparation (cuisson, dessiccation, eau de cuisson jetée ou non, accumulation des toxines, fréquence des repas et quantité de champignons ingérée, concentration en gyromitrine très variable suivant les lieux de récolte (pays, régions, altitude…).

    Les premiers symptômes débutent de 6 à 12 heures après l’ingestion, avec nausées et vomissements, ainsi qu’une atteinte du foie. L’ensemble est souvent accompagné de fièvre et de maux de tête, de fatigue généralisée ; il y a une guérison en quelques jours.
    En cas d’intoxication plus sérieuse, des symptômes hépatiques apparaissent (un « gros foie », notamment), des atteintes neurologiques (convulsions, tremblements, somnolence, confusion/délire…), et plus rarement une atteinte rénale.
    C’est cette deuxième phase qui peut être responsable des cas mortels observés.

    3°) Autres syndromes

    Ils concernent des types d’intoxications dont la reconnaissance est récente (une vingtaine d’années environ). La majorité ont un délai d’incubation de 6 heures ou plus.

    - Syndrome acromélalgien

    Il se manifeste par des fourmillements et des sensations de brûlures, très douloureuses et persistantes, en majorité nocturne, essentiellement aux pieds et aux mains. Les premières intoxications furent détectées en Savoie en 1996.

    Les patients parlent de sensations de « brûlure au fer rouge », de « broiement », ou de « morsures ». Les antalgiques ne sont que partiellement efficaces, sauf apparemment l’aspirine, et la glace et les longs bains dans de l’eau froide sont seuls à même de soulager plus efficacement ces douleurs.

    Cette intoxication était en fait déjà connue au Japon, et causée par Clitocybe acromelalga, surnommé « champignon aux brûlures ». Le lien a finalement été fait, pour la France , avec Clitocybe amoenolens, que l’on retrouve en Savoie, Hautes-Alpes et Alpes-maritimes. Ce champignon a aussi provoqué des intoxications dans les Abruzzes.
    Les toxines responsables , des acides aminés appelés acides acromélalgiques, ont été retrouvés chez C. acromelalga et C. amoenolens. Ces acides ont de forts effets neurotoxiques.

    - Syndrome proximien

    Il est provoqué par l’Amanite à volve rousse (Amanita proxima).
    L’effet est principalement une atteinte du foie et des reins, pouvant conduire à une insuffisance rénale aigüe, comme cela a été observé dans le Sud de la France en 1994 et 1995.
    Le délai d’incubation va de 8 à 14 heures, visible par des troubles digestifs, et les atteintes sur les organes cités apparaissent de 1 à 4 jours après l’ingestion. Il n’y a pas, à l’heure actuelle, de toxine identifiée, et la sensibilité individuelle est importante. Comme pour les gyromitres, pour un même repas, certaines personnes présenteront des symptômes de l’intoxication, à divers degrés, et d’autres ne subiront rien.

    Deux à trois semaines suffisent pour obtenir une guérison, ou au moins une évolution favorables des symptômes, avec dans un cas sur quatre la nécessité d’une épuration extrarénale. D’autres amanites, sur le continent américain, ont provoqué ces mêmes types d’intoxication et deux toxines avaient été identifiées. Il reste à voir si on les retrouve, ou au moins l’une d’entre elles, chez A. proxima.
    Ce champignon est plutôt rare, et se trouve essentiellement en Europe du Sud.

    - Syndrome de rhabdomyolyse

    Cette intoxication, comme son nom l’indique, résulte d’une atteinte des cellules des muscles striés, qui se trouvent détruites.
    Elle est causée par un champignon du genre Tricholoma, abondamment consommée notamment dans le Sud-Ouest sous le nom de bidaou, jaunet, Tricholome équestre.
    Il s’agit de Tricholoma equestre (= T. flavovirens, T. auratum).

    Elle survient après une forte consommation (plusieurs repas successifs rapprochés), et se déclenche de 24 à 6 jours après ces ingestions.
    Les symptômes sont des douleurs musculaires, notamment à l’extrémité des membres inférieurs, des suées, et une intense fatigue nécessitant de rester au lit.
    S’y ajoutent une incapacité à faire quoi que ce soit, et une sensation d’essoufflement, avec fréquence respiratoire accrue, et baisse du volume d’air inspiré et expiré (polypnée). Des nausées et/ou des vomissements.

    Les cas mortels recensés en France (3 cas entre 1993 et 1998) ont résulté d’une atteinte du muscle cardiaque.
    La consommation répétée et excessive de ce champignon, jusqu’alors répertorié comme excellent comestible, vendu localement sur les marchés (la vente en est interdite depuis 2005) est le principale hypothèse pour expliquer ces empoisonnements, par « effet de seuil ».
    N'a de convictions que celui qui n'a rien approfondi (Cioran)

  8. #7
    Cendres
    Modérateur

    Re : Identification de Champignons: à lire avant de poster

    Concernant les morilles et une atteinte du système nerveux central:

    Apparaissant en moyenne 12 heures (3 heures minimum dans l'immense majorité des cas), cette intoxication provoque un état d'ébriété, des vertiges, des problèmes d’équilibre ou de coordination, des tremblements. Peuvent s'y ajouter des maux de tête, des problèmes de déglutition, de la somnolence, des troubles de la vision. Ces symptômes peuvent être accompagnés de troubles digestifs et un malaise général (fatigue, suées); ils se sont résorbés en 24 heures maxi dans 90% des cas (observations dans l'Ouest de la France sur 30 ans).
    Cette intoxication est indépendante de celle observée lors de l'ingestion de morilles mal cuites ou crues (voir au-dessus).
    Comme pour d'autres intoxications la quantité de champignons ingérée en un repas ou plusieurs repas rapprochés est un facteur déterminant.
    Dernière modification par Cendres ; 22/05/2018 à 17h30.
    N'a de convictions que celui qui n'a rien approfondi (Cioran)

  9. #8
    Cendres
    Modérateur

    Re : Identification de Champignons: à lire avant de poster

    Cas particulier:

    Le Lactaire plombé, Lactarius necator, contient de la nécatorine, substance cancérigène.
    N'a de convictions que celui qui n'a rien approfondi (Cioran)

  10. #9
    Cendres
    Modérateur

    Re : Identification de Champignons: à lire avant de poster

    En plus du gros livre cité plus haut, celui de Guillaume Eyssartier et Pierre Roux (4ème édition), fournit de précieuses indications (voir à partir de la page 42).
    N'a de convictions que celui qui n'a rien approfondi (Cioran)

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