Salut les gens !
Juste un topo sur quelques belles visions volées entre les nuages le week-end précédent le dernier. La rareté des créneaux météo est bien frustrante ces dernières semaines, alors malgré les nombreux cumulus qui trainent ce soir je sors quand même grotube (un dobson 250 aussi dénommé le pluviomètre par ma compagne...). Gardons le moral, le ciel peut être bien pur entre les nuages
Pendant le couchant et la mise en température de la galette de verre, on a pas résisté au jeu de sortir le mini astram de 2 ans 1/2 emmitouflé comme un cosmonaute jeter un oeil aux étoiles qui apparaissent une à une. On lui met quelques noms sur les belles étincelles qui apparaissent une à une: regarde les belles Capella, Aldébaran, Bételgeuse, Rigel, Procyon, Sirius, Castor & Pollux ! La planète Mars ! Et le croissant de Sélène !.. Avant de pointer cette dernière dans le tube. Le petiot imite son père mais à quand même bien du mal à placer son oeil à l'oculaire, avant de se faire piquer la place par sa mère qui aime à se balader dans les paysages gris qui ondulent doucement dans la turbulence. Un nuage interrompt la vision, on pointe donc vers une région épargnée, la grande nébuleuse d'Orion. Ma compagne d'habitude peu sensible aux crachouilles du ciel profond s'esclaffe. C'est sa première M42; il est toujours spectaculaire ce grand nuage verdâtre, cocon doux du trapèze.
Un peu plus tard. L'astram en herbe est couché, mais les cumulus sont omniprésents, il reste à naviguer au milieu de toutes ces nuées... un coup d'oeil nu à la variable epsilon Auriga qui fait son extraordinaire éclipse (lent spectacle rare qui a lieu tout les 27 ans !) avant de pointer le bel amas de M37 dans Auriga: j'aime cette belle tapisserie d'étoiles pointillistes ornée d'une cerise sur le gâteau, son étoile rougeâtre en plein centre. C'est une de mes contemplation préférées de cette saison.
Puis j'ai lové le scope sous les nuages vers Castor la triple et delta Gemini que j'avais oublié la dernière fois: c'est une jolie paire serrée un peu moins évidente (B de mag 8 à 5'').
Nouvelle interruption par les nuages... Un secteur que je ne connais pas au dessus de Wassiopée est dévoilé. Un coup d'oeil aux cartes, c'est le discret Caméléopardis. En me baladant là haut je suis rapidement tombé sur la cascade de Kemble, étonnant alignement aléatoire d'étoiles qui se jette après un déferlement de presque 3° dans un petit amas ouvert d'une vingtaine d'étoiles (NGC 1502). Si vous ne connaissez pas encore cet improbable alignement d'étoiles, allez y voir, ça défie nos esprits peu armés à appréhender le hasard Ce coin de ciel est décidément passionnant: tout près de l'amas, à une largeur d'oculaire grand champ vers le sud, une étoile s'éclate (pof!) en nébuleuse planétaire (NGC 1501). La bougresse est quand même un peu fantomatique, le ciel n'est pas bien transparent, trop de lampadaires pour passer en vision nocturne profonde et la lune est gênante... mais en insistant en vision décalée je la détaille plutôt ronde avec un centre plus sombre, surtout avec un filtre UHC. Pas d'étoile centrale. J'allais attaquer un petit crobard pour forcer l'observation et extraire plus de détails quand les nuages ont repris la maitrise du jeu.
Le Lion est dévoilé, coup d'oeil aux cartes: Il y aurait bien le Vesta de passage à chasser, mais il y a aussi la fameuse triplette. Hummm, ma maigre moisson de débutant se limite aux galaxies d'Andromède, du triangle, et du fantôme d'Almack, je mangerais bien quelques vieux photons pour voir Facilement trouvée la triplette, en descendant la papatte en bas à gauche de la faucille. Oooh ! Elles sont immenses ! L'une à un coeur ovale avec une extension vaporeuse incurvée, l'autre quasi parallèle avec un noyau stellaire dans un coeur oblong entouré d'un halo plus discret. Ce sont les M65 et 66 … mais ou est donc passée la troisième 3628 qui fait triplette ? Haa, un voile nuageux a du passer: la voilà, plus grande et évanescente que ses deux compagnes, elle s'étend perpendiculairement un peu plus au Nord. Quel spectacle, c'est majestueux ! Contemplation mémorable des trois galettes dans le même champ avant que les nuages reprennent la maitrise du jeu.
Ursa major s'est glissée dans mon champ de vision pendant ce temps, elle aussi abrite d'autres trésors. Tout près de Merak la galaxie M108 déploie sa forme en cigare sans coeur distinctif. Dans le même champ une autre étoile fait pof. Je discerne bien une grosse nébuleuse, plus brillante que la galaxie, qui laisse entrevoir quelques structure irrégulière au filtre OIII. Mais pour regarder bien droit dans les yeux de la nébuleuse du hibou il faudra de meilleures conditions. Une autre étoile proche, Pheeda de la grande casserole, a aussi sa galaxie compagnon: M109 et sa forme oblongue. Je n'ai pas eu le temps de bien chercher les stars du coin M81-2 avant que les nuages reprennent la maitrise du jeu.
Ca se gâte, fini le zoo galactique. Tient, Saturne montre son nez là bas: elle est bien basse mais la splendide aux anneaux est toujours un régal. Pour agrémenter le tableau avec ce soir là ses satellites bien distribués; Rhéa posé d'un côté, Titan et Tétys de l'autre. Je n'ai pas vu Encelade, plus discrète (et toute proche de Téthys comme vérifié plus tard) ni Dioné qui était devant le disque planétaire à ce moment. Vous vous souvenez de votre première vision de Saturne ? J'ai donc réveillé ma compagne endormie devant les JO. Je me suis fait un peu engueuler : grumble... ca a intérêt d'être intéressant - silence - Alors ça c'est beau, whaa t'as vu les anneaux rha dis donc ! Je l'ai laissé tranquille à sa découverte pour finir cette belle soirée.
En espérant que ce petit compte rendu donne envie à d'autres débutants de sauter le pas, voyager un peu là haut, c'est beau.
Bon ciel à tous!
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