Rire et cognition
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Rire et cognition



  1. #1
    invitef93486bf

    Rire et cognition


    ------

    Bonjour,
    J'aimerai aborder le problème du rapport entre rire et cognition. J'ai préalablement cherché des documents sur internet mais c'est le vide total (en français en tout cas), ce qui m'amène à vous!
    Voilà quelques pistes et quelques interrogations:
    Comment peut-on caracteriser une scène comique? A part le fait qu'elle nous fasse rire nous n'avons presque aucun critère, un rapport entre toutes les scènes comiques est qu'elles soient inattendues. Seul la surprise peut engendrer le rire, pourtant la surprise n'engendre par toujours le rire...
    L'humour peut être donc concidéré comme etant provoqué inconsciement: nous n'en connaissons par réelement la cause, il est difficile de le controler, il se déclare casiment instantanément. Le rire est commun à tout le monde (bien que des fois...) et ses causes sont inconscientes, mais d'un autre coté il est très subjectif. Comment accorder ces deux aspects?
    Quelle est l'utilité du rire, d'un point de vue cognitif? Est-ce un outil de communication et de rapprochement entre les hommes? Ou sont rôle est il plus essentielement personnel (n'engagent que le sujet en train de rire)?
    D'autres points me tracassent mais commençons déjà par là...

    DrDn

    -----

  2. #2
    invite19415392

    Re : Rire et cognition

    Citation Envoyé par Dordon
    Bonjour,
    J'aimerai aborder le problème du rapport entre rire et cognition.
    [...]
    Seul la surprise peut engendrer le rire, pourtant la surprise n'engendre par toujours le rire...
    Bonjour,
    Je conteste cette assertion : quand je ré-écoutes du Desproges, je connais par coeur mais je me marre à chaque fois. De même que le comique de répétition, ou certains classiques (spectacles de clown), etc.

  3. #3
    invite14b9130e

    Re : Rire et cognition

    Citation Envoyé par Dordon
    Est-ce un outil de communication et de rapprochement entre les hommes? Ou sont rôle est il plus essentielement personnel (n'engagent que le sujet en train de rire)?
    D'autres points me tracassent mais commençons déjà par là...

    DrDn
    Salut a toi
    Je pense qu'il est clair que c'est une forme de rapprochement : quand des gens ne se connaissent pas, c'est une situation comique qui va les rapprocher...
    Sinon je crois que ca n'engage pas que le sujet en train de rire, mais aussi ceux qui rient avec lui, et aussi celui qui fait rire (sauf si c'est a ces depens )
    En lisant ton post, je me suis rendu compte que, dans une situation, (de surprise par exemple), la réction était soit le rire, soit la peur. De plus, dans mon exemple du début, une expérience angoissante va aussi rapprocher ces gens non? Je pensais à ca alors dites ce que vous en penser

  4. #4
    invite0ad4995a

    Re : Rire et cognition

    Le rire peut avoir differentes causes,ca c'est un fait je pense. Par ailleurs il permet a l'organisme de se reposer,de se detendre, dans le sens ou il elimine le stress. L'humour est different selon les individus il y a donc une part de subjectivite bien que certains evenements soient universelement comiques. Peut etre serait il interessant de differencier les differentes formes de comiques, mais il n'y en a-t-il pas une infinite?Dans une blague, c'est la chute qui cree le comique peut on alors supposer que c'est l'inattendu qui cree le rire?

  5. A voir en vidéo sur Futura
  6. #5
    mach3
    Modérateur

    Re : Rire et cognition

    une bonne référence sur le sujet :

    Ulrich Kraft "Le rire, un instinct vital" cerveau&psycho n°4 p18 2003

    Selon l'article, la faculté de rire à procurer un avantage évolutif à l'homme et qu'elle joue un role central dans la vie sociale des groupes humains. "le rire serait la forme la plus ancienne de communication, forme d'esperanto non-verbal, langue universellement compréhensible établissant un lien entre tous les hommes".

    L'humour servirait notament à repérer nos erreurs de raisonnement : il coupe le fil de la pensée quand elle s'engage sur une fausse route. Les écarts aux règles, les revirements inattendus provoquent des émotions positives ou négatives, "quand nous reconnaissons que la nouveauté n'est ni grave, ni dangereuse, nous rions de soulagement".

    m@ch3
    Never feed the troll after midnight!

  7. #6
    invite6c250b59

    Re : Rire et cognition

    Toutes vos interventions sont bien intéressantes à lire, mais... comment intégriez-vous dans ces explications l'effet des chatouilles?

  8. #7
    invite0ad4995a

    Re : Rire et cognition

    Certaines zones du corps humain sont plus sensible. On peut ainsi/aussi supposer que face a un stimulus donne (action provoquant les chatouilles) cette information soit integre par le cerveau comme "incoherente" (les sensations sont importantes en depit du fait que l'effort fourni soit minime). Tout comme l'humour n'est pas logique alors les chatouilles font rire. Il est vrai que nous ne traitions que de l'aspect psychique alors que le physique peut jouer egalement un role comique comme tu l'as mentionne.

  9. #8
    invitef93486bf

    Re : Rire et cognition

    La surprise est très importante pour les chatouilles! Chatouille-toi toi même... (disait Socrate)
    L'exemple des chatouilles nous en apprend un peu plus, comme l'a dit Azen les chatouilles pourraient être causées par une incohérence. Parler d'incoherence est plus juste que de parler de surprise je pense. L'incoherence peut se repeter plusieurs fois, la surprise non (ça resoudrait le problème des skecths de Desproges toujours aussi hilarants...)

    DrDn

  10. #9
    invitedb5bdc8a

    Re : Rire et cognition

    Pour avoir le sens de l'humour verbal, il est nécessaire de comprendre le "second degré". C'est à dire qu'il faut être capable d'interpréter la même phrase de plusieurs manières différentes. Cette capacité est une condition nécessaire à un traitement intelligent de l'information.
    Pour être intelligent , il faut nécessairement avoir le sens de l'humour.

  11. #10
    shokin

    Re : Rire et cognition

    Et avant le rire, n'y a-t-il pas le sourire ?

    SOURIRE + DIRE = GROS RIRES !

    C'est vrai quoi ! quand on parle, on augmente ses chances de rire.

    Shokin
    Pardon, humilité, humour, hasard, tolérance, partage, curiosité et diversité => liberté et sérénité.

  12. #11
    invitef93486bf

    Re : Rire et cognition

    Je ne crois pas que le rire soit vraiment lié à la parole. Il est une forme de communication mais il est au-delà du verbal, n'avez vous jamais été pris d'une crise de fou rire sans que n'ai été prononcé un seul mot?
    Shokin j'attendais un peu plus d'arguments de la part d'un moderateur...

    DrDn

  13. #12
    shokin

    Re : Rire et cognition

    Citation Envoyé par Dordon
    Shokin j'attendais un peu plus d'arguments de la part d'un moderateur...
    Hé ! je suis modérateur, pas expert.

    Je dois dire que je ne me suis pas souvent posé la question de pourquoi je ris souvent.

    Bon ! déployons notre matière grise :

    First point : qu'est-ce que le rire ?

    Selon Wikipedia francophone :

    Le rire est une manifestation, généralement spontanée et sonore, associée à une gaieté soudaine, mais parfois aussi à d'autres émotions.
    Rire d'enfant
    Agrandir
    Rire d'enfant

    C'est une réponse physique et réflexe, enchaînant de petites expirations saccadées qui dépendent de contractions des muscles de la face. Il s'accompagne d’une vocalisation, provoquée par des mouvements d’inspiration et d’expiration du diaphragme. De nombreux muscles, de la face, du cou et du tronc, peuvent être sollicités.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Rire

    Le réflexe d'une façon générale fait intervenir des propriétés intégratrices d'un centre nerveux. Il résulte d'un réflexe des activités musculaires en réponse à un stimulus. Ces activités musculaires sont involontaires, stereotypées.

    Lorsque la partie en question est stimulée, l'influx nerveux se propage vers la moelle épinière, mais ne se poursuit pas jusqu'au cerveau : la réponse, sous la forme d'un influx nerveux, est initiée directement par la moelle épinière. Ce mécanisme constitue l'« arc réflexe ». Il en résulte que le réflexe est involontaire et très rapide.

    Les réflexes sont souvent des réactions de défense, comme le retrait du membre en cas de brûlure, avant que le cerveau ait perçu la douleur.

    On distingue :

    * les réflexes d'extension ;
    * les réflexes de flexion.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9flexe

    Un autre texte :

    Rire et Guérir, biologie de la santé (gaz hilarant et NO)

    Du gaz hilarant au Viagra

    Le rire est le propre de l'homme... en bonne santé. La santé se manifeste par le rire et le rire peut rendre la santé. Les Chinois et les Grecs le savaient déjà il y a plus de 2000 ans mais on peut tenter aujourd'hui de comprendre avec la biologie du rire pourquoi c'est vraiment si efficace (et cela n'a rien à voir avec une "pensée positive" un peut idiote). Comment faire rire un malade est donc absolument vital, d'autant plus qu'on rit de moins en moins dans nos sociétés solitaires. Quelques clowns se dévouent bien à cette tâche en milieu hospitalier, mais ce n'est pas si facile et trop ponctuel, aussi certains cherchent une molécule du rire comme remède universel, véritable panacée. On connaît pourtant depuis longtemps les drogues appropriées. En premier lieu, le gaz hilarant (découvert par sir Humphrey Davy en 1799 mais dont la formule a été trouvée par Gay-Lussac ; ça me fait toujours rire !), et dans une moindre mesure, bien que beaucoup plus répandus, le cannabis réputé pour déclencher des rires, ainsi que l'alcool qui nous égaye souvent (mais qui peut rendre triste aussi).

    Le gaz hilarant, on le sait depuis Gay-Lussac (rires de répétition!), c'est du protoxyde d'azote ou N2O (Nitrous oxide) constitué de deux atomes d'azote pour un atome d'hydrogène (voir "Mémoires de la Société d'Arcueil", 1809). Le problème c'est qu'il y a plusieurs autres noms (peroxyde d'azote, oxyde nitrique) dont l'emploi n'est pas assez bien fixé, favorisant la confusion avec un autre gaz, le monoxyde d'azote formé d'un atome d'azote (N) et d'un atome d'oxygène (O), ce qui fait NO (comme le dit une pub américaine, "Say yes to NO"). Le monoxyde d'azote (Nitric oxide) est un gaz relativement instable, bien que ce soit aussi le polluant responsable des pluies acides. Il s'oxyde en effet très rapidement en NO2 (dioxyde d'azote) avant de se transformer en acide nitrique. C'est pourtant, on le verra, un neurotransmetteur essentiel, tout-à-fait étonnant dans l'étendue de ses bienfaits, qui est à l'origine entre autres du Viagra et des prix Nobel de médecine 1998. Le protoxyde d'azote est par contre beaucoup plus stable. Il est surtout utilisé comme anesthésique dentaire (depuis Horace Wells en 1844) ou bien pour booster les moteurs à essence mais ses propriétés hilarantes sont bien établies. Les bienfaits du gaz hilarant, étant ceux du rire, recouvrent en grande partie ceux du NO, qu'on retrouve dans de nombreuses panacées comme le Ginseng. On peut donc se demander s'il n'y a pas un rapport entre les deux, ne serait-ce que par transformation de l'un en l'autre, alors même que leurs effets chimiques sont bien différenciées. En tout cas c'est l'objet de cet article de tenter ce rapprochement. Mais d'abord essayons de comprendre le rire.

    Le (non-)sens du rire

    Bernard Champion, http://amis.univ-reunion.fr/Conference/presentation/23/

    La duplicité du rire est totale. Comme les pleurs, le rire a très distinctement un aspect entièrement psychologique ainsi que des manifestations entièrement physiologiques. Il peut être déclenché par une surprise, une contradiction, une histoire drôle mais aussi par des chatouillements. Le rire présente tous les caractères d'un réflexe, qui peut être incontrôlable, et pourtant c'est vraiment le propre de l'homme, incursion bruyante du corps dans la parole, annulation du sens qui implique le langage dont il semble s'échapper. C'est l'envers maniaque de la dépression désespérée, impuissante et sans force devant le même manque de sens des mots.

    Bernard Champion insiste avec raison sur le fait que les émotions servent d'abord à communiquer. Les émotions comme les hormones relèvent donc de la théorie de l'information. On sait bien que le rire est facilement contagieux. On peut y voir une fonction de détente de l'agressivité et une sorte de transe qui met les corps en résonance sociale, soulignant leur appartenance à une communauté de sort au-delà de la solennité des mots et des enjeux symboliques. Dans le même ordre d'idée, le rire semble bien lié à la reconnaissance : pour faire rire un bébé on se cache et on réapparaît en faisant "coucou". Si on tombe sur un groupe d'amis, la reconnaissance mutuelle peut déclencher des rires, surtout en terrain ennemi. C'est en ce sens qu'on peut dire que "le rire ce n'est pas le désordre, c'est l'ordre".

    Plus fondamentalement, il peut suffire d'une surprise pour déclencher le rire. On peut donc dire qu'il signale une "fausse alerte". C'est la chute qui provoque le rire, chute de l'histoire aussi bien que chute du corps pour peu qu'il n'y ait pas de mal. D'ailleurs, de même que le gaz hilarant sert d'anesthésiant, le rire diminue la sensation douloureuse ce qui est bien utile en cas de blessure légère. On n'est plus ici vraiment dans la communication mais plutôt dans la dimension cognitive de la "fausse reconnaissance" dont on se détache en riant, capacité de déconnection, de remise en cause, de correction, d'apprentissage. Bernard Champion va jusqu'à supposer que le rire est une conséquence secondaire de l'anesthésie par des substances provoquant la déconnection du cerveau de la réalité. "On peut l'analyser comme une suspension de communication entre le cerveau du réel et le cerveau de l'émotionnel". Mais le rire est bien le propre de l'homme car "ce qui caractérise le langage humain c'est la polysémie et le rire est lié à cette capacité à pouvoir suivre en même temps plusieurs séries sémantiques".

    A cette description du rire on pourrait ajouter les réflexion de Freud sur le mot d'esprit comme retour du refoulé, mais ce ne serait qu'une extension de ce qui précède. L'étude de Bergson sur le rire est bien connue mais un peu trop réductrice. Si on peut l'approuver lorsqu'il dit qu'"il n'y a pas de comique en dehors de ce qui est proprement humain", par contre, il ne suffit sûrement pas de faire du rire le résultat d'une "brusque interruption dans le déploiement de notre activité", ni d'un simple caractère d'automatisme ou bien un effet de la sympathie, comme il le prétend. Il y a un caractère négatif du rire qu'il faut prendre en compte, l'agressivité d'un rire moqueur, dérision qui doit aller jusqu'à l'auto-dérision pour être partagée. Il faut se dérider, se désinhiber. L'humour léger est le contraire de la bile noire, d'un esprit trop sérieux et rigide. "Cette raideur est le comique, et le rire en est le châtiment" dit justement Bergson. Enfin, si le lien à la sexualité est évident (ne dit-on pas qu'il suffit de faire rire les filles pour les conquérir), manifestant la présence épidermique d'un désir qui chatouille les sens, il faut reconnaître aussi que le rire peut la couper aux hommes, obstacle au sérieux de l'excitation et de la jouissance, quand ce n'est pas la honte du ridicule. "Le rire n'a pas de plus grand ennemi que l'émotion".

    Biologie du rire
    http://www.cegep-fxg.qc.ca/bi/Fichiers/MEProulx.pdf

    Maintenant qu'on a vu à quoi sert le rire, examinons son mécanisme. Au niveau biologique, le rire est un état de crise, de stress, mais entièrement bénéfique semble-t-il et constituant une réaction stéréotypée, un réflexe largement incontrôlable qui peut être provoqué par surprise aussi bien que par des chatouillements. Tout comme les pleurs, il décharge le corps d'une tension accumulée, laissant au rieur une sensation de détente et de sérénité.

    "Le rire est un réflexe qui peut être provoqué par des stimulations physiques ou psychiques".

    "Le mécanisme du rire est incontrôlable. Peu importe la façon dont le rire est déclenché, le résultat est toujours le même. le cortex cérébral est déconnecté."

    "Bref, le rire est à la fois un désintoxiquant physique et un dépolluant psychique, et une grande aide à lutter contre la fatigue, le stress, l'insomnie, le cholestérol, les difficultés de digestion, la douleur et la constipation".

    La rire commence par une expiration de 5 secondes suivie d'une inspiration de 3 secondes, la ventilation respiratoire atteignant son maximum. Cette forme de respiration entraîne paradoxalement un manque d'oxygène et donc une augmentation du rythme cardiaque (qui passe de 60 à 120 battements par minute), très proche au fond de la peur. Puis les muscles se relâchent pendant que la pression artérielle baisse à nouveau. La sensation de détente et de sérénité peut durer jusqu'à 45 minutes après le rire. Après une brève montée en tension (respiration forte, muscles tendus, bouche sèche, transpiration abondante) on assiste donc ensuite à la relaxation du mauvais stress.

    Le foie secrète alors plus de bile, ce qui a pour effet de baisser le taux de cholestérol et de lipides dans le sang (de 10%). Le rire augmente aussi la sécrétion de salive et de sucs digestifs améliorant la digestion. Il stimule les endorphines, diminuant la douleur, tout en augmentant adrénaline et noradrénaline qui combattent l'inflammation articulatoire. On peut d'ailleurs penser que le rire est provoqué par cette sécrétion simultanée d'endorphines inhibitrices et de catécholamines excitatrices (adrénaline, dopamine et noradrénaline).

    Il faut noter que certaines lésions du cerveau (hypothalamus, lobes temporaux ou frontaux) peuvent provoquer le rire, comme si c'était un réflexe primaire normalement inhibé. En tout cas, si le rire est le propre de l'homme, on sait qu'il peut y avoir un rire bête ! Il est curieux tout de même que Marie-Elsa Proulx, dans son étude sur le rire dont l'adresse est donnée plus haut, semble rêver d'une molécule du rire comme si le gaz hilarant n'était connu depuis bien longtemps...

    http://www.construire.ch/SOMMAIRE/0251/51doss1.htm

    En tout cas, le rire serait très efficace contre la constipation, les maladies cardiaques, les sinusites et l'insomnie. Il diminuerait le stress, la fatigue, la douleur, l'aérophagie, l'arthrite et l'asthme. Enfin, la franche rigolade freinerait le vieillissement. La panacée, en somme. On a pu constater que le rire joyeux a un effet positif sur l'activité des lymphocytes T, qui jouent un rôle important dans le processus de l'immunité, ainsi que sur celle de l'immunoglobuline (un anticorps). Ces effets se poursuivraient jusqu'à douze heures après l'accès d'hilarité.

    Norman Cousins s'est fait connaître par son livre "La volonté de guérir" (Seuil, 1980) où il raconte sa guérison d'une spondylarthrite ankylosante (une maladie arthritique qui affecte la colonne vertébrale) par le rire et la vitamine C, alors qu'il était condamné par la médecine. Devant tant de bienfaits, le Dr Madan Kataria, a créé des Clubs de rire qui ont un certain succès depuis 1995, quoique fort peu en France pour l'instant. On y pratique le "rire sans raison", rire un peu forcé au début qui devient de plus en plus franc et spontané, surtout en groupe mais on peut rire aussi devant sa glace. Il y a des associations comme "le rire médecin", des rigolothérapeutes (ou plutôt "gélothérapeutes") issus de la psycho-neuro-immunologie, etc.

    S'il est acquis que le rire peut nous guérir, il faut bien convenir aussi que plus on est malade, moins on a le moral, et moins on a le moral, plus on est malade. Le rire est déjà un signe de bonne santé, de même que "pleurer c'est déjà être consolé" (Hegel). Comme la plupart des processus vitaux, il y a une circularité des causes où les effets deviennent causes à leur tour. Ainsi, plus on a d'adrénaline ou de dopamine, plus on rit ; et plus on rit, plus on a d'adrénaline et de dopamine ! Les médicaments peuvent donc avoir au moins un rôle déclencheur pour renverser la vapeur, inverser le cercle vicieux en cercle vertueux.

    Ci-git le texte intégral avec le NO2, NO

    Shokin
    Pardon, humilité, humour, hasard, tolérance, partage, curiosité et diversité => liberté et sérénité.

  14. #13
    shokin

    Re : Rire et cognition

    Le rire: approche anthropologique
    Le rire
    par Bernard Champion (professeur d'anthropologie à l'Université de La Réunion)

    COMME chacun le sait, le rire est le propre de l'homme. Mais pourquoi rit-on ? Qu'est-ce que cela signifie ? Des questions auxquelles l'anthropologue Bernard Champion tente d'apporter une réponse. « Mes hypothèses seront peut-être démenties demain si l'on découvre une hormone du rire » prévient-il sans pour autant croire à cette future découverte. Grâce aux progrès de la médecine et de la biologie depuis une vingtaine d'années, la physiologie des émotions a fait des progrès. « Le rire a partie liée avec un état d'esprit, une humeur» dit Bernard Champion en rappelant qu'autrefois la médecine était une médecine d'humeurs (bilieux, colérique, hypocondriaque...). Il souligne également l'étymologie latine du terme signifiant "humide" et dont est encore issu le mot "humour".

    « Les émotions servent à communiquer et à lier les individus entre eux» poursuit Bernard Champion évoquant la contagion du rire. « Si les histoires les plus drôles sont racontées au début d'une série, celles qui suivent même si elles sont moins drôles feront rire autant » dit-il. Il continue en citant une expérience faite dans les années soixante aux États-Unis où un film a été projeté à un groupe de personnes dont un tiers avait eu une injection d'adrénaline, un tiers de sérum physiologique et un tiers d'un tranquillisant. Les premiers ont trouvé le film hilarant, les seconds un peu moins et les troisièmes pas du tout. Ce qui confirmerait donc que « la perception est en relation avec l'état physiologique ».

    Citant Hegel -« Le contraire du rire n'est pas le sérieux c'est la réalité »- Bernard Champion explique que le rire est lié à l'apprentissage, qu'il est « impliqué dans la reconnaissance de la forme humaine ». Ainsi lorsqu'on veut faire rire un bébé, il suffit souvent de cacher son visage puis de le laisser réapparaître et ainsi de suite. « Le bébé marque d'abord son étonnement puis se met à rire de plus en plus fort à chaque fois que l'expérience se répète. A chaque fois il vérifie la vérité de son attente» dit Bernard Champion en soulignant que dans les ouvrages anciens le rire était souvent associé à la difformité physique.

    Le rire comme anesthésiant

    Le rire contient également une certaine violence, que l'on retrouve dans des expressions comme "crever de rire, éclater de rire, rire à se rouler par terre...." mais également dans la gestuelle puisque lorsqu'on rit on montre ses dents. D'ailleurs beaucoup mettent à cette occasion leur main devant leur bouche et dans certaines sociétés il est fort mal venu d'exhiber une dentition éclatante rappelant celle des animaux carnassiers.

    Le rire, qui « résulte d'une perception globale non analytique de la situation », serait une réponse réflexe, un type de réponse émotionnelle à la surprise. Lorsqu'un danger nous menace le système nerveux autonome, régi par le système sympathique et le système para sympathique (agissant comme un frein), réagit. Une hormone stimule alors l'adrénaline et le système de défense est mis sous pression. Ce qui se traduit par une respiration plus ample, des battements de coeur plus rapides, un durcissement des muscles... et « en cas de blessure la douleur est moindre ». Bernard Champion rapproche ce réflexe que nous avons en cas de danger de celui provoquant le rire qui est causé par une surprise. Le rire est alors « une réponse faisant suite à une alerte. Le rire est une violence plaisante secouant le corps de l'interloqué quand la surprise n'est pas véritablement dangereuse». Le cerveau libère une substance qui est une véritable «décharge d'opium cérébral» dit Bernard Champion qui en vient donc tout naturellement à supposer qu'il existe un rapport entre l'anesthésie et le rire.

    Il évoque la découverte d'un pasteur anglais du 18è siècle: le protoxyde d'azote, autrement nommé gaz hilarant. Or ce gaz a pour autre propriété de supprimer la douleur, et il est d'ailleurs utilisé dans les anesthésies. Bernard Champion suppose alors que le rire est une conséquence secondaire des anesthésies par des substances provoquant la déconnection du cerveau de la réalité. Il s'appuie sur les progrès de la chimie du cerveau mettant en évidence l'action des endorphines.

    Le prototype d'une situation déclenchant le rire, c'est le type glissant sur une peau de banane. Or dans les histoires drôles c'est précisément la fin, la chute qui déclenche le rire. « Quand on mélange deux domaines de réalité il y a une surprise et une réponse réflexe ». Et quelle que soit la cause du rire « on peut l'analyser comme une suspension de communication entre /e cerveau du réel et le cerveau de l'émotionnel ». Ainsi en riant on modifie notre système de perception pour nier le réel. Prenez par exemple un individu affublé d'une tenue ridicule, il ne correspond pas à votre système de valeur donc représente un danger auquel on réagit par le rire. Un philosophe du siècle des lumières affirmait que «ni les hommes sages. ni les bêtes ne rient ». Sans doute parce que les sages ne sont pas distraits, ne mélangent pas les sujets. Mais ce qui caractérise le langage humain c'est la polysémie et « le rire est lié à cette capacité à pouvoir suivre en même temps plusieurs séries sémantiques ». Et même si le rire est une sorte de négation du réel, il traduit une espèce d'agressivité. En riant « j'annule ce qui me déplait » dit Bernard Champion en soulignant que le rire «affecte une zone sensible qu'est l'image de soi et de la vérité. On se défait d'une décharge nerveuse sur l'autre ». Et il donne une définition, pour le moins paradoxale,: « le rire ce n'est pas le désordre, c'est l'ordre ».

    Pascale Enz Le Quotidien 28/04/93 p.15

    http://amis.univ-reunion.fr/Conference/presentation/23/

    Très intéressante approche anthropologique !

    In cauda venenum : proverbe latin signifiant littéralement "Dans la queue le venin." Faisant d'abord référence au scorpion, ce proverbe illustre également l'effet de la chute à la fin d'un texte, d'un récit, d'un conte, à but entre autres humoristique. La chute, la dernière image, le dernier vers, le dernier mot...

    Le ridicule ne tue pas, bien au contraire, il fait rire donc vivre.

    Si vous voulez rire et sourire :

    http://www.rire-et-sourire.com/

    Connaître le rire c'est également connaître l'humour, et s'y entraîner au quotidien, en groupes.

    Sinon, voyez également le sixième message de cette Futura-Discussion :

    http://forums.futura-sciences.com/thread8195.html

    Sinon, pour ce qui est du toucher (et donc des chatouilles), je vous invite à lire les différents textes suivants :

    http://membres.lycos.fr/papidoc/502E...cherchap2.html

    que je ne recopierai pas ici, vu leur longueur et leur nombre.

    Shokin
    Pardon, humilité, humour, hasard, tolérance, partage, curiosité et diversité => liberté et sérénité.

  15. #14
    invite61359405

    Re : Rire et cognition

    Bonjour !

    A propos d'infos traitant du rire (en français) disponibles sur le Web :

    la page suivante
    http://www.anthropologieenligne.com/pages/12/12.1.html
    (jusqu'à : www.[...]12.8.html)
    y est consacrée.

    Elle s'affiche sur le site d'un universitaire cité dans le forum.
    On y trouve notamment un florilèges d'histoires drôles, des illustrations et quelques pistes de réflexion.

    Diogenes

  16. #15
    invite6c250b59

    Re : Rire et cognition

    Bienvenue sur le forum, Diogènes, et merci pour ces liens

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