Salut à tous !
C'est le premier probleme qui me vient à l'esprit quand on parle de vie artificielle : comment la définir? Merci
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Salut à tous !
C'est le premier probleme qui me vient à l'esprit quand on parle de vie artificielle : comment la définir? Merci
Bonjour,
Certains pensent que la vie artificielle (VA) a d'abord pour objet de répondre à cette question.
A ce jour, personne ne sait ce qu'est la vie. D'Aristote à Mark Bedau (un des papes de la VA), la question reste entière, ou presque...
Trop brièvement:
Il existe deux grands types de définition de la vie, celles qui reposent sur l'observation et celles qui sont purement conceptuelles.
Les définitions empiriques interprètent la vie à partir du rassemblement de certaines propriétés (reproduction, métabolisme, évolution...). Ces définitions sont très utiles d'un point de vue opérationnel, mais ne nous apprennent rien sur ce qu'est la vie. Les propriétés n'ont été choisies qu'en fonction de "la vie telle que nous la connaissons" et non de "la vie telle qu'elle pourrait être". La recherche des "invariants" est un instrument essentiel de la science; comment définir ces invariants quand on ne connaît un phénomène qu'en une seule instance ? Si l'on connaissait d'autres formes de vie (par exemple extra-terrestres), on pourrait vérifier l'universalité de certaines propriétés du vivant. On pourrait par exemple découvrir que l'autoreproduction n'est pas une caractéristique essentielle du vivant (c'est d'ailleurs ce que pose la théorie dite "autopoiétique" du vivant).
En ce sens, certains pensent aini que la création de nouvelles formes de vie au sein de l'ordinateur pourrait jouer un rôle similaire à celui de la découverte de formes de vie extra-terrestres.
Les définitions conceptuelles sont assez abstraites et il est difficile de les résumer dans ce cadre. Je citerai rapidement deux cas pour situer le débat.
La vie c'est le mouvement, le changement, l'action et le repos. Une structure vivante, c'est quelque chose de très compliqué, d'extrêmement organisé. La physique nous apprend par ailleurs que l'Univers va vers un "désordre" inéluctable (le célèbre "second principe de la thermodynamique"). De la même manière que, si vous ne vous en préoccupez pas, votre appartement tend spontanément vers le désordre les structures organisées ne peuvent se maintenir "spontanément".
Illya Prigogine a montré comment des structures locales peuvent "s'auto-organiser" si elles ont accès à une source d'énergie. Cette énergie est utilisée pour organiser la structure locale, puis dissipée sous une forme dégradée; à l'accroissement d'ordre local correspond un accroissement plus important de "désordre" à l'extérieur du système local. Ces systèmes ont été baptisés "structures dissipatives".
Les systèmes vivants peuvent ainsi s'interpréter comme des structures dissipatives, mais cette définition est insuffisante; par exemple, un tourbillon est une structure dissipative mais n'est certainement pas vivant.
Mark Bedau de son côté considère comme vivant les structures capables d'une "évolution ouverte". Pour lui, c'est l'espèce et non l'individu qui évolue, c'est donc l'espèce qui est vivante au sens premier, l'individu ne l'est que par rapport à son appartenance à l'espèce. Cette définition est très élégante mais aussi très contre-intuitive; dans son cadre, vous n'êtes vivant qu'au sens second.
Aucune définition actuelle n'est vraiment acceptable mais la vie artificielle est susceptible de jouer un rôle essentiel dans l'élucidation de ce problème.
J.P Rennard
Bonjour,
Bon, cela fait déjà un bout de temps que ce fil est tombé dans les oubliettes mais la question soulevée est évidemment intéressante.
Depuis plusieurs semaines, je planche (à temps perdue, j'ai pas juste ça à faire, vous comprendez sûrement ) sur la notion d'entropie et d'auto-organisation. Il en ressort que l'association "entropie - désordre" me semble fausser la perception de ce qu'est l'entropie car elle la présente comme une mesure absolue de quelque chose. L'idée de relativiser la notion d'entropie (je suis sûrement pas le premier à y penser) me semble plus pertinente. Je préfère associer l'entropie à un niveau d'organisation moins élevé en laissant la possibilité de diminuer localement l'entropie par un processus d'auto-organisation. Cela me semble plus correct intuitivement et correspond à ce que j'observe avec les organismes vivants.Envoyé par J.P RennardBonjour,
... La physique nous apprend par ailleurs que l'Univers va vers un "désordre" inéluctable (le célèbre "second principe de la thermodynamique"). De la même manière que, si vous ne vous en préoccupez pas, votre appartement tend spontanément vers le désordre les structures organisées ne peuvent se maintenir "spontanément". ...
J'ai pour projet (court terme) de lire sur les idées de monsieur Prigogine. Cela semble un incontournable dans la théorie du chaos et de l'auto-organisation. Maintenant, je me pose la question de l'énergie "perdue" à l'extérieur du système. Est-ce vraiment perdue ou n'y a t'il pas recyclage dans un autre processus ? Là, ne croyez surtout pas que je veux introduire le mouvement perpétuel. Je pense plutôt à un lien quelconque avec l'expansion de l'univers. Est-ce que l'augmentation de l'entropie serait d'une certaine façon le moteur de cette expansion ?Illya Prigogine a montré comment des structures locales peuvent "s'auto-organiser" si elles ont accès à une source d'énergie. Cette énergie est utilisée pour organiser la structure locale, puis dissipée sous une forme dégradée; à l'accroissement d'ordre local correspond un accroissement plus important de "désordre" à l'extérieur du système local. Ces systèmes ont été baptisés "structures dissipatives".
Les systèmes vivants peuvent ainsi s'interpréter comme des structures dissipatives, mais cette définition est insuffisante; par exemple, un tourbillon est une structure dissipative mais n'est certainement pas vivant.
Je crois que cette notion est fascinante mais serait en toute simplicité la suite de la définition première. J'ai déjà lu (Hubert Reeves et des collègues, je crois) que par exemple, avec l'ère d'Internet, nous serions en présence d'une forme d'organisation nouvelle de la vie.Mark Bedau de son côté considère comme vivant les structures capables d'une "évolution ouverte". Pour lui, c'est l'espèce et non l'individu qui évolue, c'est donc l'espèce qui est vivante au sens premier, l'individu ne l'est que par rapport à son appartenance à l'espèce. Cette définition est très élégante mais aussi très contre-intuitive; dans son cadre, vous n'êtes vivant qu'au sens second.
bonjours, j'aimerais savoir si l'on peu réduire la notion de vivant a celle d'une information ayant la capacité de se reproduire plus ou moins bien dans un système donné???