C'est d'ailleurs le cas pour toutes les lois de notre physique.
En fait, on n'observe jamais rien directement. On observe toujours un phénomène par l'effet qu'il produit sur un appareil de mesure et par l'effet que cet appareil de mesure produit sur nous. Bref, on observe...
...une observation.
D'où d'ailleurs le point de vue positiviste. Laissons tomber le "réel" et même l'hypothèse de son existence puisqu'il est insaissisable et concentrons nous sur ce à quoi nous avons accès expérimentalement : les résultats d'observation dès lors qu'ils sont reproductibles (et observables par des personnes différentes). Mais j'aimerais bien laisser de côté cette discussion trop éloignée de la physique à mon goût.
Ce qui est difficile à admettre par contre (pour moi en tout cas, mais je suis maintenant convaincu que c'est vrai) c'est le fait que la notion d'irréversibilité de l'écoulement du temps et la notion de grandeur physique disparaissent purement et simplement sans un mécanisme rendant indiscernables (pour une classe "d'observateurs" "très large") des états microphysiques en les regroupant en classes d'équivalence d'états macroscopiques (caractérisés par des grandeurs d'état macroscopiques).
Ce qui me surprend aussi, c'est que l'écoulement irréversible du temps semble, de ce fait, émerger à notre échelle de "l'observation" (des grandeurs physiques) en un sens qui évoque une notion de "prise de connaissance". Pourtant, je ne vois pas du tout en quoi la disparition des dinosaures il y a 65 millons d'années, ou mieux encore les mouvements de la croute terrestre et les erruptions volcaniques ont eu un quelconque besoin de la prise de connaissance de qui que se soit pour avoir le droit de s'être produits.
Par ailleurs, on se demande bien ce dont un microorganisme (par exemple) peut bien "prendre connaissance". Pourtant, manifestement, un tel microorganisme recueille, traite et échange les mêmes information que nous : celles qui déterminent l'état macroscopique de l'environnement avec lequel il interagit.
Je ne sais pas l'exprimer avec précision, mais il y a dans tout ça quelque chose que je ne comprends pas. Par quel mécanisme le découpage information pertinente/information non pertinente et le fait que le comportement du vivant soit guidé par le recueil et le traitement des "informations pertinentes" et non par le recueil et le traitement des "informations non pertinentes" (1) s'avère-t-il être le même pour une classe "d'observateurs" qui dépasse très largement l'espèce humaine ?
(1) sans que je sache définir précisément, quand on élargit la notion "d'information" à tout ce qui vit, ce que recouvrent les concepts vagues d'information pertinente (équivalente à celle de grandeur macroscopique) ou d'information non pertinente. En gros, "l'information non pertinente" c'est ce qui manque pour connaître l'état microphysique d'un système quand on connait les grandeurs physiques décrivant son état macroscopique, c'est à dire l'information manquant à l'échelle d'observation macroscopique, information manquante dont la quantité est mesurée par l'entropie de Boltzmann. Mais bon, tout ça me semble bien circulaire.
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