au sujet des cellules d'aide psychologique
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au sujet des cellules d'aide psychologique



  1. #1
    invitee2c6db2e

    au sujet des cellules d'aide psychologique


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    bonjour tous
    je voudrais ouvrir une discussion sur les cellules d'aide psychologique qui sont mises en place apres un évenement plus ou moins dramatique
    la derniere en date à ma connaissance a été mise en place pour les collegues de travail du type qui a oublié sa fille de 2 ans dans sa voiture ( la fillette est morte dans la voiture sur le parking devant les bureaux )
    je me pose bcp de questions
    quelle est l'efficacité du systeme, la composition de l'equipe, la durée de l'intervention ,comment on traite "a chaud " une personne choquée ou traumatisée et avec quelle efficacité?
    est il possible que ce soit simplement un gadget pour faire croire qu'on s'occupe des victimes ?

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  2. #2
    invite21964698

    Re : au sujet des cellules d'aide psychologique

    Bonjour,
    je vais te donner le point de vue d'une psychologue sociale et non d'une clinicienne. D'autres viendront compléter ma réponse.

    Le principe dans les cellules de crise est d'amener les victimes à parler de l'évènement et de ce qu'ils en ont vécu, notamment du point de vue émotionnel.
    C'est ce qu'on appelle du partage social des émotions.
    C'est un phénomène très courant, même au quotidien: on partage (raconte) à notre entourage les évènements qui ont suscité chez nous des émotions. On raconte à la fois les évènements positifs, les évènements négatifs, les évènements traumatiques et banals. Les chercheurs ont estimé que l'on répète ce partage plusieurs fois, dans la même journée, dès le 1er jour et avec plusieurs personnes différentes.

    Au moment du partage, on revit l'évènement à tous les niveaux (images mentales, sons, sensations et émotions), ce qui pourrait paraître néfaste or à force d'en parler, de répéter le partage, la reviviscence diminue (on revit de moins en moins l'évènement).

    Le partage social a donc des effets positifs à long terme, au niveau psychologique et au niveau physique car le stress causé par l'évènement augmente les risques cardio-vasculaires etc.

    Il y a 4 hypothèses non exclusives des effets bénéfiques du partage:
    1) la comparaison sociale: parfois quand on vit une émotion, on a du mal à lui donner du sens, à comprendre pourquoi on ressent cette émotion. En en parlant avec autrui, cet autrui peut nous donner du sens, en donnant son point de vue, son explication, sa façon qu'il aurait de réagir etc. On arrive donc à expliquer, comprendre son émotion et à la surmonter.

    2) le rétablissement des croyances: notre vision du monde et de l'ordre des choses repose sur des croyances (en un monde juste ou de contrôle notamment) qui ont été ébranlées par l'évènement (les "bonnes" personnes sont normalement protégées des souffrances puisqu'elles font des choses bien; le monde est contrôlable et prévisible or cette catastrophe était imprévisible). Le partage social permet de rétablir ces croyances. Autrui va nous aider à rationnaliser, à relativiser. Si on a eu un malheur, on ne va pas en avoir un autre tout de suite, hein?

    3) recherche de soutien social: le partage social permet d'obtenir d'autrui un soutien, un réconfort, une distraction de l'évènement. Il a des mots gentils, des marques d'affection physique à notre égard. Le partage social diminue donc la distance inter-personnelle et contribue au développement de relations proches.

    4) l'intégration sociale: lorsqu'on vit un évènement difficile, on est souvent centré sur soi, ce qui amène à une dissociation entre soi et l'environnement social. Epancher ses peines auprès de ses proches permet évidemment de susciter de la compassion et de l'affection. La famille et les amis vont nous prendre sous leur aile et nous réintégrer au groupe social.

    5) l'affirmation sociale: partager ses émotions provoque de l'intérêt pour soi chez les autres. Les personnes qui partagent leurs émotions sont perçues plus positivement que celles qui ne le font pas. De plus être choisi comme confident est plutôt valorisant. Le partage social a donc un effet bénéfique sur l'auto-évaluation des partenaires et l'évaluation respective.

    Pour plus d'info, je vous propose de lire: Delfosse, Nils, Lasserre et Rimé. (2004). Les motifs allégués du partage social et de la rumination mentale des émotions: comparaison des épisodes positifs et négatifs. Les Cahiers Internationaux de Psychologie Sociale, 64, 35-44. J'ai le pdf pour ceux qui veulent (me demander par mp).

    Le second objectif des cellules de crise est (il me semble) d'informer la victime des phases par laquelle est va passer dans les mois à venir. Cela a des effets paradoxaux, notamment quand les personnes ne passent pas par les phases décrites et ne comprennent pas pourquoi, alors que si elles n'avaient pas attendu tels et tels effets, il n'y aurait pas eu de soucis.

    Pour le reste, je laisse les autres t'informer!

  3. #3
    inviteddeb3916

    Smile Re : au sujet des cellules d'aide psychologique

    Bonjour
    ce qu'ecrit Clémentine est juste.
    La question pourrait se placer ailleurs : à quoi pallient les cellules de soutien psychologique ?
    Il faut que le lien social soit bien degradé ou qu'il ait été laissé en jachère (donc qu'une souffrance psychique soit patente, au niveau social) pour que les fonctions du bénéfice du partage dont parle Clementine ne soient plus assurées à travers l'environnement immediat mais par un dipositif exogène au sujet.
    On peut penser qu'un effet pervers des cellules psychologiques serait de faire perdurer ou confirmer la degradation de l'environnement affectif propre au "benefice" d'une institutionnalisation de l'elaboration de la souffrance psychique (laquelle est du ressort du sujet, d'ou des questions sur l'efficacité à long terme). Ce pourrait etre une autre agression, celle d'empecher de sujet d'utiliser ses ressources propres et ainsi developper ses propres capacités à agir.
    C'est un peu rapide mais l'idée est là. Et elle est discutable.

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