Salut a tous,
On a souvent sur ce forum, des questions au sujet des difficultés a se rendre ou a vivre sur mars.
Avant d’envisager une installation humaine permanente, j’aimerais recueillir vos avis sur le mode opératoire qui devrait présider a un premier voyage vers Mars.
Un voyage dont le seul but serait d’y poser le pied, identique à ce qu’a fait le programme Apollo.
Soyons réaliste, c’est déjà suffisamment compliqué pour ne pas envisager une installation permanente dès la première mission, sans, brutalement, multiplier dramatiquement les moyens nécessaires. Les Astronautes qui poseront le pied sur Mars reviendront à la première fenêtre de tir disponible pour la Terre, sans le moindre doute. Ça fait déjà ~2ans le voyage de conquête aller/retour, a comparer a la grosse semaine de mission Apollo.
Donc, le but de ce topic est de faire le point sur ce qui concerne uniquement ce premier vol.
Personnellement, j’ai du mal a imaginer comment des êtres humains pourraient subir des mois d’impesanteur en étant ensuite capable de bosser en gravité martienne.
Et surtout j’imagine la catastrophe au retour sur terre.
Donc je ne vois pas comment les voyageurs pourraient se passer de gravité artificielle.
Ce qui me semble actuellement le plus vraisemblable =>
1ère condition : Assemblage d’un module d’habitation (propulsé), capable de produire de la gravité artificielle (rotation) pendant le voyage vers Mars.
De cette façon, les voyageurs seront en gravité 1 pendant le voyage, ceux qui se poseront sur mars seront en gravité 0.3 pendant 2 mois (ils y resteraient une partie du séjour seulement) avant de revenir dans l’orbiter et de retrouver 1G, puis de repartir.
Je mets a part la phase propulsive ou il est probable que l’engin ne produise pas de gravité artificielle.
Avec cette méthode, on a non seulement des astronautes capables de travailler, mais qui ne perdent pas leur masse musculaire ni osseuse.
Problème :
1) le vaisseau « mère » va être un engin complexe a concevoir et assembler.
2) Un atterrisseur doit être associé au vaisseau mère, qui reste a concevoir
Idéalement, il devrait être capable de faire plusieurs aller retour de la surface de mars au vaisseau mère, mais ça devient alors techniquement affolant.
Pour moi, l’atterrisseur ne fera qu’un seul aller retour.
Il se posera, restera ~1 ou 2 mois, puis remontera au vaisseau mère, comme l’a fait le LEM, en bien plus gros.
L’atterrisseur constituant en lui-même la base martienne, la maison de ceux qui s’y posent.
En deuxième condition au voyage, il leur faut une protection contre les radiations.
L’arsenal de lutte contre les radiations comprend les protections physiques, les protections magnétiques, les médicaments …et l’âge des voyageurs.
Les protections physiques ont l’inconvénient majeur de l’encombrement et du poids.
Tout doit donc être fait pour les limiter dans la mesure du possible.
Un bon espoir réside dans la protection magnétique, suite a un réajustement récent des estimations de puissance nécessaire à leur réalisation.
Tout reste a faire, mais la piste est très intéressante et devrait pouvoir déboucher dans des temps raisonnables a des certitudes sur la faisabilité et le coût.
Certains labo travaillent aussi a des médicaments qui permettent de lutter contre les effets des radiations. Sans rentrer dans le détail (car j’en serais incapable) ces médicaments permettent de limiter les atteintes a l’ADN par les radiations cosmiques et solaires en « réparant » les chaînes cassées.
Ca ne fait que limiter les conséquences des radiations et ces médicaments sont en cours de développement.
Enfin l’âge.
Passé 50 ans, un sujet présente une capacité d’encaissement des radiations bien supérieure a celle d’un sujet de moins de 30 ans.
Ceci étant du en partie a sa moindre génération cellulaire a ce que j’en ai compris.
En gros, les personnes au delà de 45 ans / 50 ans présentent plusieurs fois (c’est énorme) moins de risques de complications que leurs cadets a l’exposition aux radiations solaires (étude NASA, j’ai plus le lien), spécifiquement a moyen terme ou l’écart ne cesse de se creuser.
Pour une fois, la vieillesse a un avantage physique !!
Le scénario que j’imagine :
Un équipage de 5
Assemblage en orbite d’un vaisseau procurant de la gravité artificielle (1G) + protection électromagnétique moyenne, + caisson 5 places spécial éruption solaire en polypropylène (bonnes facultés antirad) + atterrisseur/base martien (avec caisson antirad pour 3)
Lancement d’une sonde en orbite serrée autour du soleil dont la fonction sera de détecter les éruptions le plus tôt possible pour lancer l’alerte immédiatement.
Voyage de 8 mois classique, avec utilisation de propulsion conventionnelle, donc tir (en mode propulsion et non en mode gravité 1G), puis corrections en court de vol (2 a 4 en 6 mois).
Poussé rétrograde classique pour mise en orbite martienne circularisée du vaisseau mère a 150 km, largage de l’atterrisseur, puis remise en mode gravité 1G.
L’atterrisseur se pose sur mars, l’équipage fait des EVA / prélèvements / tout ce que vous voulez, pendant ~ 1 ou 2 mois.
L’atterrisseur emporte 3 personnes alors que 2 restent dans le vaisseau mère en orbite.
L’atterrisseur re-décolle de Mars et rejoint le vaisseau mère a la fin de mission (en laissant un tas de saloperies sur place, les cochons) : bienvenue dans un monde a 1G, les martiens se réhabituent en quelques semaines à la gravité terrestre.
Retour à la maison à la première fenêtre de tir qui passe.
A l’arrivée, ils foncent comme des bêtes, ils sont entre 12 et 14 kms et se servent de l’atmosphère (aerocapture puis aerobrake) pour se remettre en orbite circulaire a ~ 400km d’altitude.
Puis on vient chercher les héros avec un quelconque lanceur ou ils se servent d’une capsule de rentrée atmosphérique intégrée au vaisseau mère.
Et on a un engin qui peut être réutilisé, déjà en orbite, en changeant certaines parties (atterrisseur et moteurs surtout), pour d’autres voyages.
C'est comme ça que je vois le premier pas sur Mars.
Mais c'est pas pour demain ...
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