Générateur nucléaire développé en Russie pour le vol spatial habité - Page 5
Répondre à la discussion
Page 5 sur 5 PremièrePremière 5
Affichage des résultats 121 à 136 sur 136

Générateur nucléaire développé en Russie pour le vol spatial habité



  1. #121
    Carcharodon

    Re : Générateur nucléaire développé en Russie pour le vol spatial habité


    ------

    Il se pourrait bien que Tolyarenko Nikolai et son collègue se soient trompés d'un facteur 3
    c'est normal vu que le papier date de 2011 et que depuis, les objectifs ont été sérieusement revu a la baisse, comme régulièrement depuis le début du projet ISS d'ailleurs...

    Mais il y a des choses très importantes qu'il ne faut pas oublier concernant ces missions lointaines.

    1) d'abord, le premier et principal problème, c'est la propulsion, avant l'énergie éléctrique.
    Pour JUNO, il a fallu utiliser la fronde gravitationnelle pour avoir l'opportunité d'envoyer une sonde de cette masse si loin.
    Sinon, c'était simplement impossible, sauf a faire un assemblage en orbite qui aurait fait littéralement exploser le cout, rendant la mission impossible au niveau budgétaire.
    Ce vol a utilisé une seule fronde avec la terre, 14 mois après son lancement.
    Sans elle, la mission ne pouvait avoir lieu donc.
    Et même s'il est possible de faire encore mieux que ça (exemple rosetta)

    2) deuxième problème : la durée de la mission
    Une seule fronde de ce genre, ça n'occasionne "que" 14 mois de plus de durée de mission.
    Il faut bien réaliser que ce genre de mission représente une part importante de la carrière des personnels qui s'en occupent.
    5 ans rien que pour le trajet, trajet ou il ne se passe cependant quasiment rien, sauf une fronde précédée d'une correction.
    Et après ça, seulement, intervient le travail scientifique proprement dit.
    Dans le cas de rosetta, qui a utilisé 4 assistances gravitationnelles, le vol dure... 10 ans !
    10 ans avant de commencer le travail scientifique !
    Alors que la sonde et la comète se trouveront nettement moins loin que l'orbite jovienne au moment du rdv ! impressionnant non ?

    ces durées a rallonge montrent a quel point les moyens de propulsion manquent pour ce genre de mission, ce qui oblige a "voler" de l’énergie aux planètes du système lors du parcours, mais qui allonge considérablement la durée de vol jusqu’à l'objectif.

    Et ça pointe du doigt le principal problème : on est a l'extrême limite de ce qu'on peut faire avec des engins de ces masses envoyés dans des missions qui demandent autant de dV.
    On ne peut donc pas du tout envisager d'augmenter les masses de ces engins sans être obligé alors de calculer des chemins de plus en plus long en durée.
    Si on rajoute 15% de masse a JUNO, on est alors obligé de recourir a au moins une, si ce n'est deux assistances gravitationnelles de plus, doublant quasiment le temps de vol !

    On est donc à la limite de ce qu'on peut faire actuellement, et il est très difficile d'imaginer mettre davantage d'instruments (et donc de masse) sur ce type d'engin scientifique.
    C'est très important de bien comprendre ça, car ça fait comprendre qu'une mission deepspace de ce genre ne PEUT PAS faire plus que ce qu'on lui demande déjà.
    un rappel de la liste des objectifs =>
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Juno_%28sonde_spatiale%29
    (notez au passage les temps faramineux de mise a feu, 33mn pour 800m/s ! puis 38 mn puis encore 30 mn !!! le moteur doit vraiment être poussif, je ne m'y suis pas intéressé encore).
    Personnellement, je trouve déjà ces objectifs très ambitieux.
    C'est du sérieux, il va y avoir a manger pour des années, voir des décennies, après la collecte des données

    On ne peut donc pas être plus ambitieux, et si on désire les augmenter un tant soit peu les caractéristiques de la mission, alors, on se retrouve TRES rapidement avec des durée de vol considérablement plus longue.
    Ou alors, il faut envoyer plusieurs sondes a la fois (a 1.1G$ pièce...).
    En résumé, on a des moyens limités, et lorsqu'on voit le programme de JUNO, on ne peut être qu'admiratif devant la somme d'objectifs qui lui sont déjà assignés dans ce cadre.

    Le problème ne vient donc pas du tout du fait qu'on pourrait mettre plus d'instruments si on avait plus de jus, il vient du fait que si on met plus d'instruments, la durée de vol explose et le vol devient bien plus complexe a gérer... et la mission coute beaucoup plus cher (il ne travaillent pas gratos les ingé...).
    Donc non, un générateur électrique plus puissant ne changera fondamentalement rien à ce qu'on est déjà capable de faire.
    Sauf s'il arrive a avoir une masse réellement inférieure a celle des panneaux solaires (dont les performances sont en constantes améliorations).

    Ce qui changerait vraiment la donne, ce serait d'être capable d'envoyer des trucs plus massifs en orbite avec de meilleures fusées, plus grosses, ou, encore mieux, ayant un meilleur rendement.
    Et comme un meilleur rendement, on ne peut l'améliorer que de façon très progressive et marginale, c'est là, uniquement, qu'intervient le véritable goulet d'étranglement de ce genre de deepspace mission.
    c'est pas au niveau de l'énergie électrique, du moins tant qu'on a amélioré ce problème de propulsion.

    Je suis réellement admiratif et émerveillé sur les progrès qui sont faits dans ce domaine, mais je sais qu'on tutoie déjà nos limites, techniques, budgétaires et de durée de mission.
    Et je ne vois pas comment une meilleure source énergétique pourrait vraiment améliorer la donne.

    -----
    Restons superficiel pour ne pas fâcher

  2. #122
    Carcharodon

    Re : Générateur nucléaire développé en Russie pour le vol spatial habité

    ... sauf si on arrive a créer un ensemble moteur ionique + générateur d'une masse acceptable, bien entendu.
    Mais on il reste vraiment beaucoup de travail, certainement beaucoup d'années, voir quelques décennies, avant d'arriver a des performances supérieures a ce qu'on fait actuellement avec le chimique + fronde.

    Évidemment qu'il faut continuer a travailler dans cette voie, mais il ne faut pas attendre une révolution grâce au seul générateur.
    Les réels progrès en la matière ne peuvent venir que d'un couple générateur + moteur ionique.
    On en est qu'aux balbutiements.
    Restons superficiel pour ne pas fâcher

  3. #123
    cancerman

    Re : Générateur nucléaire développé en Russie pour le vol spatial habité

    Salut Carcharodon, j'ai lu avec attention ce que t'a marqué et tout à fait d'accord avec toi, mais on en revient au même problème, la mise en orbite à faible coût n'existe pas à notre époque, c'est le chien qui se mord la queue (...)

    Ariane 5 c'est 14.000 euros le kilo pour une mise en orbite basse.

    Je veux dire même les concurrents alternatifs du marchés spatial qui veulent lancer des faibles charges (250kg) depuis un avion transportant une fusée ne pourront jamais envoyer des masses de plusieurs tonnes d'un vaisseau spatial.

    Faut être réaliste ou alors un assemblage en orbite similaire à la construction de 'lISS.

    Pour les vaisseaux plus volumineux l'assemblage en orbite *

  4. #124
    Geb

    Re : Générateur nucléaire développé en Russie pour le vol spatial habité

    Bonjour

    @ Carcharodon : Je ne souhaite pas polémiquer sans fin, et je préfère écumer le net à la recherche de nouveaux articles (qui sont pour la plupart en russe) plutôt que de m'amuser à contredire tout ce que tu racontes. Juste un petit détail.

    Citation Envoyé par Carcharodon Voir le message
    1) d'abord, le premier et principal problème, c'est la propulsion, avant l'énergie éléctrique.
    Il me semble que tu sous-estimes l'amélioration que représenterait un réacteur tel que celui projeté par les Russes sur la durée des transits. Je rappelle que dans son étude de 2006 pour une mission vers une planète naine transneptunienne hypothétique (pour les besoins de l'étude) à 200 UA, l'ESA n'a pas osée rêver d'une source d'énergie nucléo-électrique avec une masse spécifique inférieure à 25 kg/kWe et prétendait qu'avec la "technologie actuelle" on se situerait plutôt à 50 kg/kWe. Pour rappel, le module de transport interorbital vise (à vide, sans propulsif ni charge utile) une masse de 15 tonnes pour 1 MW d'énergie électrique pour 2018.

    Maintenant, en ce qui concerne les performances théoriques maximales des radiateurs spatiaux à gouttelettes, j'ai trouvé cette publication en russe d'Anatoliy Koroteyev (le directeur du centre de Keldysh dont on a déjà parlé à plusieurs reprises dans cette discussion) :

    Капельные холодильники-излучатели космических энергетических установок нового поколения (Конюхов & Коротеев, 2006)

    Ma traduction personnelle (approximative) du titre de cette publication est la suivante : "Radiateur à gouttelettes pour générateur spatial de nouvelle génération".

    Elle est donc a priori très appropriée. Je n'ai pas eu le temps de la lire entièrement, mais j'ai fait une recherche de chiffres, et en page 3 on trouve effectivement un chiffre hallucinant pour le radiateur à gouttelettes : 0,15 à 0,2 kg/kWth ! J'ai presque du mal à croire que c'est possible : c'est plus de 10 fois mieux que l'objectif que la NASA s'était fixé pour le projet JIMO. Cela dit, il s'agit d'un optimum théorique à mon avis. Il y aura sûrement des aménagements et des compromis techniques pendant la réalisation (si les Russes optent bien en définitive pour ce type de radiateur spatial).

    Cordialement.

  5. #125
    Carcharodon

    Re : Générateur nucléaire développé en Russie pour le vol spatial habité

    Citation Envoyé par Geb Voir le message
    Bonjour

    @ Carcharodon : Je ne souhaite pas polémiquer sans fin
    Tu as raison, ça commence a devenir lassant.
    J'espère seulement qu'un jour tu nous présenteras quelque chose qui a un rapport avec la réalité de l'industrie spatiale, on peut toujours rêver...
    Restons superficiel pour ne pas fâcher

  6. #126
    Geb

    Re : Générateur nucléaire développé en Russie pour le vol spatial habité

    Citation Envoyé par Carcharodon Voir le message
    J'espère seulement qu'un jour tu nous présenteras quelque chose qui a un rapport avec la réalité de l'industrie spatiale, on peut toujours rêver...
    Je suis navré par le ton que tu emploies. De plus, personne ne t'obliges à participer aux conversations que tu te plais manifestement à dénigrer, sous le simple prétexte qu'elles ne seraient pas à ton goût.

    Bien cordialement.

  7. #127
    Geb

    Re : Générateur nucléaire développé en Russie pour le vol spatial habité

    Bonsoir,

    J’ai enfin les noms des chefs de projets du Consortium MEGAHIT qu’on évoque dans cette discussion :

    - Zara Hogson pour le National Nuclear Laboratory (Royaume-Uni),
    - Elisa Cliquet pour le CNES (France),
    - Frank Jansen pour la DLR (Allemagne),
    - Alexandr Semenkin pour le centre de recherche Keldysh (Russie),
    - Enrico Gaia pour la branche italienne de Thales Alenia Space,
    - Jean-Claude Worms pour la Fondation pour la science européenne à Strasbourg.

    Pour rappel, le consortium russo-européen MEGAHIT (Megawatt Highly Efficient Technologies for Space Power and Propulsion Systems for Long-duration Exploration Missions) poursuit le projet de remorqueur orbital russe de 1 MWe :

    MEGAHIT: Update on the advanced propulsion roadmap for HORIZON 2020 (Ruault et al., 2014)

    Morceaux choisis :

    A workshop was hold in Brussels on December 2013 and was attended by about a hundred specialists. [...] The workshop enabled the MEGAHIT consortium to consolidate the list of possible alternatives, to identify the contested issues, and to establish the first drafts for the final roadmap.
    Departure will be from a a sufficiently high orbit (800km or more). The spacecraft will be composed of at least 2 modules assembled in orbit: the transport power module with Nuclear Power Propulsion System (NPPS) (20 tons) and the module with payload (20 tons). Radiators can be foldable. System can function 5 years in full power on a total lifetime of 10 years.
    Regarding the nuclear core, 3 fuel candidates UO2, UC and UN were retained for reference. High enrichment and fast spectrum were retained to optimize the mass […].For shield, tungsten seems the best protection against gamma rays. Protection against neutron can be done with 6Li, 6LiH, and 10B4C.
    Conversion based on thermo-acoustics coupled with Magnetohydrodynamic is a promising alternative to Brayton. This alternative may become the reference if current maturations going on in Europe brings positive results.
    For radiator technology, a heat pipe system was selected due to its simplicity and good performance. […] For other heat exchangers, plate heat exchanger was selected.
    Droplet radiator is a promising technology under maturation, and was kept as a back-up.
    For electric thrusters, solutions with higher TRL levels were down-selected: hall-effect thrusters, ion engines and magnetoplasmadynamic (MPD) thrusters. MPD thrusters currently offer the highest thrust level.
    On system level, it is proposed to consider a 1300K hot temperature as a reference because this level is mandatory to reach the specific mass objective for the system (<20kg/kWe). Two variants are then considered: a direct Brayton cycle with He-Xe an in-direct He-Xe Brayton cycle with a Lithium cooled core.
    In order to give an ambitious longer term perspective a third option was assessed: 1600K indirect Brayton cycle.
    Cordialement.
    Dernière modification par Geb ; 19/04/2015 à 21h47.

  8. #128
    Geb

    Re : Générateur nucléaire développé en Russie pour le vol spatial habité

    Une confirmation de l'agenda qu'on avait déjà dévoilé dans cette discussion depuis 5 ans :

    Disruptive Propulsive Technologies for European Space Missions (Koppel et al., 2013)

    Most recently, taking into account the high potentialities of nuclear space energy to increase the effectiveness of space activities, 'ROSKOSMOS' and 'ROSATOM' have proposed a project to create a heavy spaceship with a powerful nuclear power and propulsion system (NPPS). This project was approved by the President of Russian Federation and accepted for realization in the 2010-2018 timeframe as follows:

    2010—2012 conceptual designs of NPPS.
    2015—2017 testing of NPPS, production and delivery of NPPS to the heavy spaceship.
    2014—2017 production and test of non-nuclear systems of the heavy spaceship.
    2018 end of ground development.
    Cordialement.

  9. #129
    Bip

    Re : Générateur nucléaire développé en Russie pour le vol spatial habité

    Ces derniers temps on ne parle plus guère, hélas, de moteurs nucléaires interplanétaires (hormis les modestes RTG). Pourtant il va être très difficile de conquérir Mars sans eux : besoin de lancer une douzaine de fusées géantes pour assembler le vaisseau (chimique) ! Un tel bazar ne pourra durer pendant les siècles nécessaires au rêve d'une vraie colonisation de Mars.
    Et on n'imagine pas de nouvelles idées se concrétiser avant 50 ans...

  10. #130
    Geb

    Re : Générateur nucléaire développé en Russie pour le vol spatial habité

    Bonjour Bip,

    Citation Envoyé par Bip Voir le message
    Ces derniers temps on ne parle plus guère, hélas, de moteurs nucléaires interplanétaires (hormis les modestes RTG). Pourtant il va être très difficile de conquérir Mars sans eux : besoin de lancer une douzaine de fusées géantes pour assembler le vaisseau (chimique) ! Un tel bazar ne pourra durer pendant les siècles nécessaires au rêve d'une vraie colonisation de Mars.
    Et on n'imagine pas de nouvelles idées se concrétiser avant 50 ans...
    Même si la communication de Roscosmos verse parfois dans le voyage habité vers Mars et un retour de l'Homme sur la Lune, les objectifs réels de la mission sont bien plus modestes.
    On lit souvent dans la presse les directeurs des différents laboratoires impliqués dans ce projet, qui aiment reprendre les inepties que Chang-Diaz (le concepteur du VASIMR) déclarait, en reprenant à leur compte l'idée que : "Avec la propulsion nucléaire, le trajet vers Mars est possible en 6 semaines". C'est de la communication. Ce n'est pas réaliste. La société Ad Astra Rocket de Chang-Diaz a mis environ 10 ans à revenir à un discours plus réaliste.

    Cela dit, il me paraît évident que le générateur nucléaire développé en Russie représenterait un progrès indéniable par rapport aux RTG, puisque les Russes visent 14 à 15 kg/kW produits. La technologie "accessible" aujourd'hui en matière de générateur nucléaire pour le milieu spatial en est plutôt à 50 ou 60 kg/kW produits (tandis que la technologie des RTG semble "bloquée" à ~180 kg/kW).

    C’est le 24 juin 2016 que l’appel d’offres a expiré. Le client Roscosmos (l’agence spatiale fédérale russe) a choisi le centre de recherche Keldysh comme seul exécutant en ce qui concerne le générateur nucléaire d’1 MWe qualifié pour le spatial.

    Ce n’est évidemment pas une surprise, puisque le centre Keldysh était le principal contractant pour la conception technique dès le début du projet en 2009.

    Pour la période 2016-2018, le budget fédéral russe prévoit 3.811.142.400 roubles pour le projet, soit 1,7 milliard en 2016, 1,675 en 2017 et 432,5 millions en 2018. J’insiste, il s’agit juste de budget alloué à la construction du générateur nucléaire.

    Le coût de la construction du module de transport au grand complet est évalué, au total, à environ 20 milliards de roubles et l’assemblage en orbite devrait être terminé, si tout se passe comme prévu, d’ici 2025.

    Le module en lui-même devrait faire 53,4 mètres de long pour une masse de 20.290 kg.
    Le générateur produirait, comme dit plus haut, une puissance électrique d’un mégawatt, dont au moins 94% arriverait aux propulseurs.
    L’impulsion spécifique des propulseurs est prévue à ~7000 s, pour une poussée continue de 18 N.
    L’uranium 235 embarqué permettrait un fonctionnement en continu de 10 ans.

    L’objectif principal, dans un premier temps, serait le remorquage entre l’orbite de sécurité nucléaire (à 800 km d’altitude) et l’orbite géostationnaire (mais d’autres orbites sont tout à fait possibles).

    Plus de détails ici (en russe) : http://www.kommersant.ru/doc/2810188


    Cordialement.
    Dernière modification par Geb ; 09/07/2016 à 20h22.

  11. #131
    Geb

    Re : Générateur nucléaire développé en Russie pour le vol spatial habité

    Bonsoir,

    Après une longue absence, je reviens sur ce fil après la lecture d'un article moyennement intéressant (en russe) d'un certain Alexandre Bérézine, avec des liens vers quelques sources très intéressantes.

    Le 17 novembre 2015, le service de presse de l’Institut NIKIET a annoncé que Rosatom avait testé avec succès la cuve de confinement du réacteur nucléaire spatiale, composé d’un alliage monocristallin de métaux réfractaires à base de molybdène (développée par l’entreprise Loutch, une autre filiale de Rosatom basée à Podolsk, une ville de 180.000 habitants à 45 km au sud de Moscou) pour une durée de 100.000 heures.

    Le 21 mars 2016, la société ТВЭЛ (TVEL), filiale de Rosatom qui fabrique le carburant des centrales nucléaires russes, a annoncé sur son site internet que le lot de crayons combustibles expérimentaux en dicarbure d’uranium (UC2), enrichis à plus de 20% en U235 (par souci de compacité du dispositif) qu’elle avait fabriqué pour alimenter le réacteur nucléaire spatial russe venait d’être déclaré conforme au cahier des charges.

    Source : Le complexe de fabrication [de combustible nucléaire] a produit un lot expérimental de barres de combustible pour le réacteur spatial (en russe)

    Dans sa communication à l’étranger, la compagnie TVEL parle simplement de réacteur nucléaire spatial refroidi au gaz (en anglais « space-based gas-cooled nuclear reactor », en russe « реакторной установки газовой космической », soit RUGK en abrégé).

    D'ici fin 2018, le générateur nucléaire spatial devra être assemblé et testé à l’Institut de recherche en ingénierie nucléaire de Sosnovy Bor, rattaché à l’Université polytechnique « Pierre le Grand » de Saint-Pétersbourg. Le vol d’essai dans l’espace n’est pas attendu avant 2025 et la crise en Ukraine et les sanctions internationales fait dire à certaines personnes bien informées que l’obtention des fonds nécessaires pour un tel test en conditions réelles n’est plus une priorité et qu'il faut « faire des économies ».

    Cordialement.

  12. #132
    SK69202

    Re : Générateur nucléaire développé en Russie pour le vol spatial habité

    Je pense que les annonces du Président de la Fédération de Russie, dans son discours du 01/03/18, donnent quelques informations, il y a des réacteurs nucléaires miniaturisés de forte puissance massique opérationnels en Russie.
    Dans les villages gaulois, ils ne sont jamais tous d'accord. Jules César

  13. #133
    Geb

    Re : Générateur nucléaire développé en Russie pour le vol spatial habité

    Bonjour,

    Le 19 mars 2019, Roscosmos a condamné le Centre Keldysh a payé une amende de 154,9 millions de roubles (soit 2,1 millions d'euros) pour ne pas avoir livré le réacteur nucléaire du module de transport dans les délais convenus. Le réacteur nucléaire, pour lequel le Centre Keldysh avait obtenu un budget de 3,8 milliards de roubles, devait être livré le 25 novembre 2018 au plus tard :

    - Roscosmos condamne le centre de Keldysh à une amende pour avoir retardé la création d'un module électronucléaire

    Le premier essai en orbite est prévu entre 2022 et 2025.

    Cordialement.

  14. #134
    Geb

    Re : Générateur nucléaire développé en Russie pour le vol spatial habité

    Bonsoir,

    En octobre 2019, le site internet The Space Review a publié un article qui mentionne, entre autres, le projet de module de transport russe propulsé par un réacteur nucléaire d’un mégawatt qualifié pour le spatial :

    […]

    The one-megawatt TEM project

    In his interviews in 2014 Romanov also disclosed that KB Arsenal had become involved in another space nuclear power project that had been announced by President Dmitri Medvedev in 2009 and officially got underway in 2010. Jointly managed by Roscosmos and the Rosatom State Atomic Energy Corporation, it envisages the development of a one-megawatt gas-cooled reactor with gas-turbine energy conversion to provide power to an array of ion thrusters needed to deliver payloads to high orbits or other destinations in the solar system. It was widely advocated as a propulsion system needed to send Russian cosmonauts to the Moon and Mars. The project is usually referred to as TEM, although, as explained above, this is also a generic term for electric space tugs. The original goal was to begin test flights of the reactor in 2018.

    Despite its earlier experience with nuclear-powered satellites, KB Arsenal had not been invited to take part in the TEM project from the outset. The major players originally assigned to the project under Roscosmos were the Keldysh Research Center (prime contractor and responsible, among other things, for the development of the ion engines) and RKK Energiya (for spacecraft integration.) The nuclear reactor, which is fundamentally different from the thermionic reactors of Krasnaya Zvezda, is being built by the Dollezhal Scientific Research and Design Institute of Energy Technologies (NIKIET) under Rosatom.

    There is conflicting information on the exact role of KB Arsenal in the one-megawatt TEM project. In some of his interviews in 2014, Romanov said his company had taken over as prime contractor from the Keldysh Research Center. One court document related to the TEM project indeed says that Roscosmos issued an order on September 29, 2014, to transfer that role to KB Arsenal.[9] However, this is contradicted by procurement documents that show that the Keldysh Research Center was awarded a contract by Roscosmos on June 29, 2016, for work on the TEM project in 2016–2018 and that KB Arsenal subsequently signed a contract with the Keldysh Research Center on November 18, 2016, as a subcontractor.[10] Therefore, it looks like the Keldysh Research Center has retained the role of prime contractor and KB Arsenal merely took over the spacecraft integration role from RKK Energiya, which seems to have abandoned the project at an early stage.

    Court documents also reveal that KB Arsenal signed a contract (called TEM-Arsenal) with the Khrunichev Center on July 1, 2015, for work on an orbital demonstrator identified as 327AN30-TEM-1 to be launched by the Angara-A5 rocket. According to the documentation, KB Arsenal initially studied a 140-kilowatt version of the demonstrator, but in May 2016 was ordered to upgrade this capacity to 500 kilowatts, one resulting problem being that it exceeded the launch capacity of the Angara-A5 by about 1.5 tons.[11] Roscosmos chief Dmitri Rogozin recently said that it has not yet been decided if it is necessary to build a 500-kilowatt interim version before moving on to the one-megwatt version.[12] What likely is a model of the demonstrator satellite was shown at the MAKS-2019 aerospace show held this August near Moscow.

    The one-megawatt TEM project appears to have been affected by the significant budget cuts that hit Russia’s Federal Space Program for 2016–2025, approved in March 2016. At that point, Roscosmos ordered a series of studies that would have resulted in the launch of a demonstrator satellite no sooner than 2025.[13] KB Arsenal was assigned to one of those studies (called “Yadro” or “Core”) in November 2017. This was aimed at defining possible missions for TEM by November 2018 and would have to result in determining technical specifications for actual flight vehicles (with a reactor capacity ranging from 100 kilowatts to one megawatt) to be developed under a follow-on effort called Nuklon.[14] An indication that the full-scale one-megawatt TEM may not fly for at least another decade came in a recently released Roscosmos tender, which calls for completing ground-based infrastructure for TEM at the Vostochny Cosmodrome no earlier than 2030, a staggering 20 years after the project was initiated.[15]

    […]
    Comme nous l’avions déjà mentionné dans cette discussion, il semble que la politique de sanctions vis-à-vis de la Russie et surtout, la chute drastique des cours du pétrole a réduit considérablement le budget de l’État russe et mené le gouvernement de Vladimir Poutine à réduire ses ambitions dans le domaine spatial, ce qui décale à 2030 les premiers tests au sol au nouveau cosmodrome de Vostochny.

    Cordialement.

  15. #135
    KOI-351

    Re : Générateur nucléaire développé en Russie pour le vol spatial habité

    Surement complétement hors sujet, mais c'est quand même triste de constater l'état actuel des recherches sur le nucléaire en général, on attend peut-être avec un peu d’espoir un réacteur spatial russe dans 10 ans (j’exclus le kilopower américain, juste pas les même ordre de grandeur), quant on voit le développement effectué de 1950 à 1970 (Orion, Nerva sur le spatial pour ne citer qu'eux, une pléthore de différents types de réacteurs civil y compris sur la sur-génération, les réacteurs à sel fondue et autre), on a de quoi déprimer.

    Pour y voire un peu d’espoirs, peut-être que l'opinion publique est gentiment en train de "changer d'avis" après le fiasco allemand, peut-être que la filière attirera de nouveau des ingénieurs, que ça paraîtra de nouveau "sexy" et qu'un cercle vertueux s'installera.... Dans 10-20 ans...

    P.S. J'espère ce projet aboutira même si c'est par "quart ou huitième des pas" par un pays qui malheureusement ne dispose pas du financement de ses ambitions .

  16. #136
    Geb

    Re : Générateur nucléaire développé en Russie pour le vol spatial habité

    Bonjour,

    Citation Envoyé par KOI-351 Voir le message
    Surement complétement hors sujet, mais c'est quand même triste de constater l'état actuel des recherches sur le nucléaire en général, on attend peut-être avec un peu d’espoir un réacteur spatial russe dans 10 ans (j’exclus le kilopower américain, juste pas les même ordre de grandeur), quant on voit le développement effectué de 1950 à 1970 (Orion, Nerva sur le spatial pour ne citer qu'eux, une pléthore de différents types de réacteurs civil y compris sur la sur-génération, les réacteurs à sel fondue et autre), on a de quoi déprimer.

    Pour y voire un peu d’espoirs, peut-être que l'opinion publique est gentiment en train de "changer d'avis" après le fiasco allemand, peut-être que la filière attirera de nouveau des ingénieurs, que ça paraîtra de nouveau "sexy" et qu'un cercle vertueux s'installera.... Dans 10-20 ans...

    P.S. J'espère ce projet aboutira même si c'est par "quart ou huitième des pas" par un pays qui malheureusement ne dispose pas du financement de ses ambitions.
    Je dirais qu’il y a eu une sacrée perte de confiance de la population dans le nucléaire après des catastrophes comme Three Miles Island et Tchernobyl. Les politiciens qui souhaitaient être réélus ont du prendre cela en compte. Malheureusement, il faut un Etat autoritaire comme la Russie, qui n’a que faire de l’opinion public, pour mener des projets ambitieux de ce type aujourd’hui.

    Avant ça, Orion est mort après la signature du Traité de 1963 sur l'interdiction partielle des essais nucléaires, dans le cadre de la crise des missiles de Cuba. Nerva est mort lorsque Nixon a souhaité réduire drastiquement les dépenses liées au spatial, pour financer la guerre au Vietnam.

    Ce n’est pas vraiment autorisé comme sujet ici, mais pour moi, c’est aussi lié à l’incertitude. Nous vivons dans un monde de plus en plus incertain au niveau géopolitique. Ça n’aide pas vraiment à concevoir de grands projets nationaux ou internationaux à long terme.

    Dans le domaine spatial, il y a aussi la question des applications. L’application pour Nerva, un programme de propulseur nucléo-thermique, était un voyage habité vers Mars. L’application pour le générateur nucléaire spatial russe est un remorqueur pour des charges utiles entre 800 à 1000 km et l’orbite géostationnaire. Pour les missions robotiques autour des planètes du Système solaire externe et même les objets de la ceinture de Kuiper, 1 MW c’est vraiment beaucoup. C’est pourquoi la Russie travaille aussi sur des générateurs basés sur le même concept, mais avec des puissances de 140 et 500 kW.

    De l’autre côté, les directeurs des agences russes impliquées dans le projet russe n’arrête pas, depuis le début du projet en 2009, de communiquer sur l’importance de progresser dans les technologies de générateurs nucléaires spatiaux dans l’optique d’un futur voyage habité vers Mars. Cela dit, pour qu’un générateur nucléaire soit vraiment utile, pour alimenter des propulseurs électriques comme ceux à effet Hall par exemple, il faudrait que le générateur soit encore beaucoup plus performant (plus compact, 10 fois plus puissant et 3 ou 4 fois plus léger) que le projet russe actuel, qui serait pourtant un progrès significatif, d’un facteur 3 à 4, par rapport à la technologie actuelle (14 à 15 kg/kW contre 50 à 60 kg/kW).

    A ma connaissance, il n'y a que des "études papier" aux Etats-Unis sur d'éventuels successeurs au programme Nerva. Par contre, on travaille bien, aux Etats-Unis toujours, sur de meilleurs propulseurs à effet Hall dont des versions encore plus avancées pourraient servir à un voyage habité vers Mars.

    Cordialement.
    Dernière modification par Geb ; 15/07/2020 à 11h56.

Page 5 sur 5 PremièrePremière 5

Discussions similaires

  1. Second vol habité pour les Chinois
    Par invite808e5302 dans le forum Astronautique
    Réponses: 23
    Dernier message: 21/10/2005, 12h43
  2. Vol habité
    Par invitec81e728d dans le forum À la conquête de Mars
    Réponses: 48
    Dernier message: 16/10/2004, 19h39