c'est normal vu que le papier date de 2011 et que depuis, les objectifs ont été sérieusement revu a la baisse, comme régulièrement depuis le début du projet ISS d'ailleurs...Il se pourrait bien que Tolyarenko Nikolai et son collègue se soient trompés d'un facteur 3
Mais il y a des choses très importantes qu'il ne faut pas oublier concernant ces missions lointaines.
1) d'abord, le premier et principal problème, c'est la propulsion, avant l'énergie éléctrique.
Pour JUNO, il a fallu utiliser la fronde gravitationnelle pour avoir l'opportunité d'envoyer une sonde de cette masse si loin.
Sinon, c'était simplement impossible, sauf a faire un assemblage en orbite qui aurait fait littéralement exploser le cout, rendant la mission impossible au niveau budgétaire.
Ce vol a utilisé une seule fronde avec la terre, 14 mois après son lancement.
Sans elle, la mission ne pouvait avoir lieu donc.
Et même s'il est possible de faire encore mieux que ça (exemple rosetta)
2) deuxième problème : la durée de la mission
Une seule fronde de ce genre, ça n'occasionne "que" 14 mois de plus de durée de mission.
Il faut bien réaliser que ce genre de mission représente une part importante de la carrière des personnels qui s'en occupent.
5 ans rien que pour le trajet, trajet ou il ne se passe cependant quasiment rien, sauf une fronde précédée d'une correction.
Et après ça, seulement, intervient le travail scientifique proprement dit.
Dans le cas de rosetta, qui a utilisé 4 assistances gravitationnelles, le vol dure... 10 ans !
10 ans avant de commencer le travail scientifique !
Alors que la sonde et la comète se trouveront nettement moins loin que l'orbite jovienne au moment du rdv ! impressionnant non ?
ces durées a rallonge montrent a quel point les moyens de propulsion manquent pour ce genre de mission, ce qui oblige a "voler" de l’énergie aux planètes du système lors du parcours, mais qui allonge considérablement la durée de vol jusqu’à l'objectif.
Et ça pointe du doigt le principal problème : on est a l'extrême limite de ce qu'on peut faire avec des engins de ces masses envoyés dans des missions qui demandent autant de dV.
On ne peut donc pas du tout envisager d'augmenter les masses de ces engins sans être obligé alors de calculer des chemins de plus en plus long en durée.
Si on rajoute 15% de masse a JUNO, on est alors obligé de recourir a au moins une, si ce n'est deux assistances gravitationnelles de plus, doublant quasiment le temps de vol !
On est donc à la limite de ce qu'on peut faire actuellement, et il est très difficile d'imaginer mettre davantage d'instruments (et donc de masse) sur ce type d'engin scientifique.
C'est très important de bien comprendre ça, car ça fait comprendre qu'une mission deepspace de ce genre ne PEUT PAS faire plus que ce qu'on lui demande déjà.
un rappel de la liste des objectifs =>
http://fr.wikipedia.org/wiki/Juno_%28sonde_spatiale%29
(notez au passage les temps faramineux de mise a feu, 33mn pour 800m/s ! puis 38 mn puis encore 30 mn !!! le moteur doit vraiment être poussif, je ne m'y suis pas intéressé encore).
Personnellement, je trouve déjà ces objectifs très ambitieux.
C'est du sérieux, il va y avoir a manger pour des années, voir des décennies, après la collecte des données
On ne peut donc pas être plus ambitieux, et si on désire les augmenter un tant soit peu les caractéristiques de la mission, alors, on se retrouve TRES rapidement avec des durée de vol considérablement plus longue.
Ou alors, il faut envoyer plusieurs sondes a la fois (a 1.1G$ pièce...).
En résumé, on a des moyens limités, et lorsqu'on voit le programme de JUNO, on ne peut être qu'admiratif devant la somme d'objectifs qui lui sont déjà assignés dans ce cadre.
Le problème ne vient donc pas du tout du fait qu'on pourrait mettre plus d'instruments si on avait plus de jus, il vient du fait que si on met plus d'instruments, la durée de vol explose et le vol devient bien plus complexe a gérer... et la mission coute beaucoup plus cher (il ne travaillent pas gratos les ingé...).
Donc non, un générateur électrique plus puissant ne changera fondamentalement rien à ce qu'on est déjà capable de faire.
Sauf s'il arrive a avoir une masse réellement inférieure a celle des panneaux solaires (dont les performances sont en constantes améliorations).
Ce qui changerait vraiment la donne, ce serait d'être capable d'envoyer des trucs plus massifs en orbite avec de meilleures fusées, plus grosses, ou, encore mieux, ayant un meilleur rendement.
Et comme un meilleur rendement, on ne peut l'améliorer que de façon très progressive et marginale, c'est là, uniquement, qu'intervient le véritable goulet d'étranglement de ce genre de deepspace mission.
c'est pas au niveau de l'énergie électrique, du moins tant qu'on a amélioré ce problème de propulsion.
Je suis réellement admiratif et émerveillé sur les progrès qui sont faits dans ce domaine, mais je sais qu'on tutoie déjà nos limites, techniques, budgétaires et de durée de mission.
Et je ne vois pas comment une meilleure source énergétique pourrait vraiment améliorer la donne.
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