Santé : les lampes basses consommation font débat
D' ici à 2012, les lampes classiques à incandescence auront disparu du marché et seront notamment remplacées par les lampes fluo compactes basse consommation (LBC). Une alternative qui ne réjouit guère le Criirem. Son Président, le docteur en physiologie Pierre Le Ruz, expert européen en énergie et santé, met en garde contre les risques de ces lampes sur la santé.
Vous remettez en cause les lampes fluo compactes. Pour quelles raisons ?
Pierre Le Ruz : Plusieurs études ont mis en évidence les risques liés à l’utilisation des ampoules fluo compactes. Dès 2002, l’INERIS* a noté que ces lampes étaient des émetteurs parasites. En 2007, suite à des bancs d’essais réalisés par le CRIIREM, en partenariat avec notre homologue espagnol Arca Ibérica, nous avons conclu qu’une fois allumées, les ampoules à économie d’énergie émettaient de forts rayonnements radioélectriques, contrairement aux ampoules à incandescence classiques qui n’en émettent pas. Les valeurs variant de 180 volts par mètre (V/m) à 4 V/m dans les 2o premiers centimètres, pour des puissances allant de 20 à 11 watts, avec des pics à 300 v/m à l’allumage ! Ces mesures se situent bien au dessus des normes européennes : une recommandation du Parlement européen de 1998 préconise en effet le seuil de 1 v/m à ne pas dépasser. La directive de 2004 liée à la compatibilité électromagnétique fixe des niveaux allant de 3 V/m, à 10 V/m. Le rayonnement de ces lampes et le problème lié à leur bruit de fond que nous avons mis en évidence, ont été confirmés en 2008, dans des études de SUPELEC et du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB).
Quels sont les impacts de ces dépassements ?
L’électro pollution induites par ces lampes fluo compactes peut provoquer des dysfonctionnements au niveau des appareils électriques et électroniques placés à proximité (ordinateur, TV, radio, téléphone portable). Cela peut aussi créer des perturbations chez les personnes portant des dispositifs d’assistance médicale. Nous avons pu le valider lors d’une expertise demandée par des médecins dont des patients équipés de pacemakers se plaignaient de dysfonctionnements de leur appareillage. Enfin, il ne faut pas oublier que chaque lampe fluo compacte contient près de 3 mg de mercure. En cas de bris d’ampoule, il convient donc d’aérer rapidement, et de jeter l’ampoule dans une poubelle prévue à cet effet.
Quels sont les effets des lampes fluo compactes sur la santé ?
Cette « électro pollution » représente un risque évident sur la santé. D’une façon générale, les effets des ondes électromagnétiques ont été prouvés depuis longtemps : troubles du sommeil, agressivité ou apathie, perte de mémoire, malaises, migraines, arythmies, fourmillements, rougeurs, nausées, troubles de la concentration, palpitations…. Ces sources de fatigue nuisent à l’attention et favorisent l’absentéisme au travail. Avec l’explosion des nouvelles technologies dans le cadre professionnel, de plus en plus de salariés affectés par ces maux portent plainte devant les tribunaux pour faire reconnaître leur « électro-hypersensibilité ». Des études ont aussi démontré des désordres au niveau immunitaire et sanguin : manque d’adrénaline, hausse des protéines de stress, anomalie des leucocytes, baisse de la mélatonine. A long terme, les risques de leucémies et de tumeurs du cerveau seraient multipliés par trois. Même si on ne connaît pas encore précisément les effets de ces lampes fluo compactes sur la santé, le principe de précaution impose d’en limiter l’usage, en évitant de les utiliser en lampe de chevet ou de bureau et de s’en éloigner de plus d’un mètre pour une station prolongée.
Quelles solutions préconisez-vous ?
Avant tout, le CRIIREM n’est pas favorable à la disparition totale des lampes à incandescence sur le marché. Pour ce qui est de ces lampes fluo compactes, des efforts doivent être entrepris pour en améliorer la conception. Certains fabricants commencent à s’en préoccuper, en travaillant notamment sur le blindage du culot. Mais il reste beaucoup à faire ! Par exemple, il est possible de modifier le circuit et le vernis de ces lampes, afin d’en réduire les rayonnements. En attendant ces progrès, mieux vaut opter pour les LED (diodes électroluminescentes), qui apparaissent sur le marché. Bien que ces lampes doivent être améliorées, elles présentent des avantages : elles ne posent pas de problème d’ondes électromagnétiques, elles ne contiennent pas de mercure et ont une durée de vie supérieure aux lampes fluo compactes. Seul point noir ? Leur coût...
*Institut national de l’environnement industriel et des risques
Oui, très intéressant cet article. Et j’ajouterais en plus des risques liés aux rayonnements électromagnétiques, qu’elles sont aussi polluantes pour l’environnement car elles contiennent, non seulement du mercures comme c’est dit très justement dans l’article, mais aussi des composants électroniques (C’est d’ailleurs de là d’où proviennent les rayonnements électromagnétiques) qui sont difficilement recyclable car ils produisent des vapeurs toxiques nocives lors de leurs incinération, contrairement aux lampes à incandescence qui n’en contiennent pas puisque le filament qui diffuse la lumière est directement relié aux culot sans circuits électronique supplémentaire.
Deuxièmement, les lampes fluo compacts mettent un certain temps à s’allumer à leur intensité maximale, ce qui peut gêner dans certain cas. Attention, ces lampes produisent une lumière d’apparence blanche à partir d’ultra-violet rendu visible grâce à la fameuse couche de phosphore contenant du mercure. Si jamais la couche s’abime avec le temps, ce qui arrive parfois, vous aller regarder directement les UV sans qu’ils soient filtré. De plus la température de la lumière émise, froide, ou chaude pour certaines, ne sera jamais chaleureux comme une ampoule à incandescence, et finalement pas très agréable comme éclairage d’intérieur, parce que la lumière d’apparence blanche est composé que d’une toute petite partie du bas du spectre visible par l’œil humain. Autrement dit la lumière n’est pas homogène et n’est pas fabriqué par la totalité des fréquences du spectre visible, ce qui à pour effet d’augmenter considérablement la puissance sur une partie restreinte du spectre et s’avère dangereux pour l’œil sans que vous soyez éblouis ! Même si la plupart des ampoules fluo compact produites sont de faible puissance, on ne connait pas encore les effets à long terme sur l’œil dues à l’exposition de ce type d’éclairage.
Troisième argument, et pas des moindre pour le consommateur, il touche non pas la santé mais le portefeuille. Même si elles sont certes plus économiques en consommant 3 fois moins qu’une ampoule classique, les premiers prix des ampoules fluo compacts sont vendues au moins 5 fois plus cher pour tous les inconvénients cités plus haut. De plus, même si les constructeur annonce des durée de vie de 3000 heures, sachez que l’intensité lumineuse diminuera progressivement dès sa première mise en service ! En effet, le gaz qu’elles contiennent se consumera doucement tous au long de sa vie, qui aura pour conséquence d’affaiblir l’éclairage ambiant.
Dernier point à propos des lampes électroluminescentes, elle produise une lumière assez similaire aux lampes fluo compact, mais reste très cher.
Le meilleur compromis reste bien entendu les ampoules traditionnelles à incandescence, consommant un peu plus, mais la qualité et le confort d’éclairage sont au rendez-vous. Il y a bien d’autre moyen de faire des économies d’énergie sans que cela se répercute sur la santé. Mais tous le monde aura bien compris que tous ceci est purement commerciale, puisque les ampoules fluo compact se vendent 5 à 10 fois plus cher qu’une ampoule classique !
Maintenant faites comme moi, lutter contre l’arrêt programmé de la fabrication des ampoules à incandescence d’ici 2012 en participant à ce sondage. Merci pour votre participation active.
Merci de votre lecture.
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