Jeu parfait aux échecs

[Xoxopixo]

« Il y a deux types de sacrifice : ceux qui sont corrects et les miens. » »
Mikhaïl Tal

Excellente, celle là.

L'impossibilité (à certains niveaux de la partie, sans abuser non plus. ), de donner une valeur aux pièces du jeu.
Sauf pour celui qui sait où ça le mène.
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[Alhec]

"«Je gagne avec les blancs car j'ai l'avantage de commencer, et je gagne avec les noirs car je m'appelle Bogolioubov. » »
Efim Bogolioubov

Je la connaissais mais je la trouve toujours aussi génial. Et elle illustre parfaitement le jeu d'échecs.

A propos de moment de basculement, je vois ce que tu veux dire. Il y a une partie que j'avais vue dans un livre, où un jouer sacrifiait un cavalier contre un avantage positionnel qui l'a conduit à la victoire. Un coup extraordinaire. Si je retrouve la référence, je te l'envoie.

[Alhec]

Excellente, celle là.

L'impossibilité (à certains niveaux de la partie, sans abuser non plus. ), de donner une valeur aux pièces du jeu.
Sauf pour celui qui sait où ça le mène.

voir à ce propos la fameuse partie de Fisher où il donne sa dame contre 3 pièces mineures

[Tryss]

N'en reste pas moins que des coups "géniaux" sans une lecture méthodique derrière, c'est la catastrophe assurée.

Je joue beaucoup au go, et généralement ça n'est pas tant de trouver des coups "super" qui est difficile : c'est d'être sur qu'ils marchent. Jouer un "bon coup" qui ne marche pas, c'est très mauvais pour deux raisons :
- Un coup plus "standard" mais qui marche aurait été meilleur.
- On a peut être loupé un coup super qui lui marche bien.


Et au passage, au go les meilleurs programmes ont une évaluation de la situation très très bonne. Voir par exemple la partie récente de zen (un programme de go) à 4 pierres contre Takemiya, ou zen gagne de 20 points en ayant géré de façon exceptionnelle l'avantage du handicap (en acceptant un certain nombre de pertes au niveau local). Un article en anglais :
http://gogameguru.com/zen-computer-g...saki-4-stones/

[Pio2001]

Plus que de puissance de calcul, l'ordinateur manque de discernement, de "sensations", d'inconscience.
Il est capable de battre tout ceux qui pratiqueront comme lui un jeu plat et académique mais il aura toutes les peines du monde à s'imposer face à un adversaire inspiré et habité par quelque chose qui ressemble plus à du génie qu'à du calcul pur.

Le génie, ce n'est rien d'autre qu'une stratégie inconnue de l'adversaire.
L'ordinateur est limité par la stratégie qu'on a bien voulu lui programmer. Grossièrement, dans un programme, trois éléments interviennent
-Une bibliothèque de coups
-Une fonction de recherche des coups possibles
-Une fonction d'évaluation d'une position

Une fois sorti de la bibliothèque, la fonction de recherche essaie les coups possibles, et la fonction d'évaluation donne une note au résultat.

Toute la puissance stratégique de l'ordinateur est dans la fonction d'évaluation.
Une fonction simpliste consistera à compter la valeur des pièces présentes.
Un autre programme qui prend également en compte leur mobilité semblera plus intelligent.
Un programme qui, dans sa fonction d'évaluation, prend en compte davantage de principes de base, comme la présence de pions isolés, de pions passés, de mauvais fous, de colonnes ouvertes etc sera bien plus puissant que les deux précédents, et semblera jouer des coups beaucoup plus brillants.

Plus vicieux sera le programme conscient de sa supériorité tactique, c'est-à-dire qui favorisera les cas de figure où le calcul l'emporte sur la stratégie, en leur attribuant plus de points dans la fonction d'évaluation. On aura là, comme tu dis, l'impression que la machine impose "son" jeu à l'adversaire.

Dans tout cela, ce n'est pas tant l'affrontement homme-machine, qui est visible, mais l'affrontement théoricien-praticien, le théoricien étant le programmeur.

[Xoxopixo]

Dans tout cela, ce n'est pas tant l'affrontement homme-machine, qui est visible, mais l'affrontement théoricien-praticien, le théoricien étant le programmeur.

C'est bien vu.

On peut à ce titre se demander si la faiblesse (compensée par la puissance de calcul) des ordinateurs ou IA (pour certains ), ne serait pas liée au fait que nous n'aurions pas bien compris ce qui fait vraiment la force de l'intelligence humaine.

Peut-être liée à une lacune dans nos connaissances mathématiques ? (cette dernière remarque étant une spéculation personnelle, bien sùr. )
Théoriciens sans cervelles ! Et pourtant humains.

[invite03481543]

C'est toute la subtile difference qui s'instaure entre l'analogique et le numerique, l'approximation de la seconde ne pourra jamais atteindre la finesse de la premiere.

[invite03481543]

Tu as raison Pio2001 dans le fait que la machine est structurellement limitee par l'intelligence de son programme, mais je doute qu'un jour on saura lui donner les moyens de conceptualiser ce que nous ne saurions jamais a meme de comprendre du genie humain, de cet eblouissement qui pour celui qui le vit devient une evidence incontournable, comme une sorte de revelation.

Savoir reconnaitre a un moment donne d'une partie que quelque chose est en train de basculer est a mon sens plus lie a l'instinct, en tout cas a un sentiment intime plus qu'a une relle conscience mecaniquement construite.

Ensuite pour aboutir et conclure l'etat conscient doit reprendre le dessus pour organiser minutieusement la "mise a mort".

Je partage l'idee que c'est dans les algorithmes de decisions et de choix que se trouve une cle essentielle qui donne l'avantage a l'humain pour encore bien longtemps dans cet affrontement.
Tout comme l'humain la machine a besoin d'apprentissage pour progresser, de savoir analyser et comprendre pourquoi elle a perdu, en gros il faudrait qu'elle soit capable de remettre en cause elle meme les raisons de son erreur d'appreciation qui l'a fait perdre.
Pour cela il faudrait savoir lui inculquer des notions si abstraites que je n'imagine pas cela possible.
Tout un programme si je puis dire.
Un jour tres lointain peut-etre, qui peux savoir?

[Alhec]

En fait, le problème ne viendrait-il pas que l'on ne sait pas comment fonctionne l'intuition? Vous savez, ce truc qui fait que "on le sent". C'est très étrange, parce que a priori àa ne vient pas d'un raisonnement "conscient", ni d'une expérimentation directe. C'est comme si on avait une troisième façon d'analyser des problèmes.

[invite03481543]

Il semblerait que ce soit l'hémisphère droit qui prédomine dans le cas de l'intuition et de l'appréciation dite symbolique, plus puissante dans certain cas que le raisonnement pur.
Ce sont les travaux du Dr Roger W. Sperry qui lui valut le prix Nobel de médecine en 81 qui fut le premier à mettre l'asymétrie cérébrale en évidence.

[invite87420132543]

Bonjour,

J'ai lu la discussion en diagonale (excusez moi par avance si je dis quelques chose de déjà présenté).

Il semblerait d'après un article sur le site du monde, que malgré les 10¹²⁰ combinaisons jouables, une ouverture (celle du gambit roi refusé) ait été résolu récemment par une ferme de calculateur.
Pour résoudre le problème du nombre invraisemblable de combinaisons à calculer, l'informaticien auteur du programme, a élagué les positions manifestement défavorables et a ainsi obtenu une réponse sûre à 99,99999999 % !
Cette ouverture donne un nul "si les deux adversaires avaient un jeu parfait et à condition que le troisième coup des Blancs consiste à placer son fou du roi en e2... "
L'informaticien aurait pour but de résoudre toutes les ouvertures.

http://passeurdesciences.blog.lemond...e-jeu-dechecs/

[invite87420132543]

http://passeurdesciences.blog.lemond...e-jeu-dechecs/

Je retire mon message.
L'article a disparu et après recherche il semblerait que cela soit un poisson d'avril qui date !

[Pio2001]

En fait, le problème ne viendrait-il pas que l'on ne sait pas comment fonctionne l'intuition? Vous savez, ce truc qui fait que "on le sent".

L'intuition, c'est souvent l'illusion qu'on y est pour quelque chose quand le hasard est favorable.

La vraie intuition, selon moi, c'est un principe stratégique qu'on n'a pas réussi à formuler en mots.