Bonjour,
J'ai lu avec grand intérêt votre dossier sur l'Atlantide et Gibraltar.
J'aurai des centaines de questions à vous poser et ce forum va
s'achever. Je suis donc contraint d'en faire l'impasse et me concentrer sur un aspect : la chronologie des faits évoqués par
le récit du Timée.
-je constate que Platon ne cite pas 9000 ans avant lui
comme période d'un conflit entre des envahisseurs et d'autre part
des autochtones méditerranéens, mais a priori seulement la date
de la fondation d'Athènes. Or la multitude d'auteurs ayant
commenté cette oeuvre n'ont pas fait la différence.
-partant de là, j'ai une toute autre interprétation à proposer.
Ceci ne retire rien à l'intérêt de l'archipel que vous avez mis en
évidente d'une manière indiscutable, ainsi que pour les conséquences en découlant sur une meilleure compréhension
de la fin des Ibéraumaurusiens. Il serait intéressant en effet
de les relier avec l'humanité du néolithique cardial, qui semble
entre autre avoir introduit un bovidé en Europe dont l'espèce
sauvage n'a existé qu'en Afrique du nord.
Voici donc brièvement l'objet de mon message :
La datation en année est vraisemblablement un usage très tardif
dans la civilisation...même urbaine. La lecture d'Hérodote est
édifiante a cet égard sur les méthodes qu'employaient encore
les prêtres égyptiens au temps de son "enquête".
Des traditions, mêmes écrites, ont pu être recalculées sur le
tard en calendrier annuel et des confusions apparaître.
J'ai beau lire le Timée sous toutes les coutures ( évidemment,
je ne lis pas assez bien le grec et doit me contenter d'une traduction ),il me semble que Platon ne donne pas 9000 ans
pour la guerre.
Les dates de 9000 ans et 8000 ans avant l'auteur ( Solon ou
Platon comme l'on voudra..) concernant exclusivement les fondations
d'Athènes et Sais.
Si l'on prends ces dates à la lettre...il y a tout bonnement une fin
de non-recevoir au réalisme de cette histoire :
-en effet le décors planté par l'auteur est limpide. Il s'agit d'un
monde où les citées urbaines étaient apparues ( ce que
l'archéologie moderne peux démentir d'une façon catégorique
pour de telles dates ).
-le prêtre de Saïs évoque des envahisseurs et révèle de même
que les deux citées se connaissaient à cette lointaine époque.
Cela n'est pas forcément surprenant car les premiers grecs du
néolithique continental paraissent issus de la même culture
qui avait envahie sur le tard le delta égyptien, et des liens
avaient pu se conserver.
-mais encore Athènes était capable à elle seule de soutenir
une guerre contre un envahisseur issu d'un immense
territoire. de toute évidence, nous ne sommes plus, par ce
fait même, à l'époque des gros bourgs villageois du néolithique!
-enfin l'auteur apporte une précision incontournable : nous
sommes bel et bien à l'époque du "métal fondu", et en particulier
l'orichalque...d'usage très commun et trouvé un peu partout
dans le sol. Si l'on ajoute à cette description que sa couleur
rappelait les reflets d'un feu, nous ne pouvons que reconnaître
le cuivre, très proche de la couleur des braises d'un foyer.
Comment faire l'impasse de tous ces détails? Selon les connaissances
de l'archéologie actuelle, nous sommes dans un tel panorama au
coeur de la période appelée "bronze ancien méditerranéen".
J'en viens à présent à ma solution. Si je traduis les dates des
fondations par un calendrier en saisons égyptiennes ( 3 par année
et non 4 comme dans notre calendrier ), j'obtiens :
1) environ 3600 ans avant notre ère pour la fondation
d'Athènes, ce qui est précoce mais non invraisemblable.
2) environ 3300 ans du début de Saïs jusqu'à notre ère.
Ceci la situerait au début de la période archéologique
"nagada III", soit encore le tout début de l'époque
dynastique.
Nous sommes alors bel et bien situé dans le monde urbain du
"bronze ancien" et au coeur de l'âge du cuivre.
Concernant l'époque de l'anéantissement de leurs ennemis,
Platon évoque le déluge de Deucalion. Ce mythe, très proche
du déluge biblique ou de celui du récit beaucoup plus sobre des
sumériens a l'avantage d'être situé précisément dans la chronique
de ce dernier peuple comme étant situé à l'époque précédant
directement la dynastie royale de Kish ( la seule d'époque
historique pour les sumériens ).
Or c'est aux alentours de 3000 ans avant notre ère que deux
nouveautées sont apparues :
1) le climat dit "actuel" s'était installé ( pour combien de
temps encore? ).
2) c'est aussi la date approximative de la dernière couche
d'innondation sur le site sumérien de Kish : selon la tradition
cette citée serai devenu "ville royale" après l'affaire du
déluge resté dans la mémoire. Cette première dynastie
aurai durée 24510 ans avec 21 rois. Preuve supplémentaire
que l'on ne comptait pas encore en années.
Venons en à présent au fait majeur ( je passerai sur les envahisseurs
qui paraissent concorder parfaitement, mais demanderaient trop
d'explications...) :
-le cataclysme évoqué par le récit de l'Atlantide ne serait-il
pas la manifestation de graves désordres à la frontière
d'un changement climatique majeur, qui semble se vérifier
un peu partout entre 3100 et 3000 ans avant notre ère.
Ceci d'après corrélation avec des couches archéologiques
en datation C14 recalibrée?
-le climat précédent, plus chaud, n'aurait-il pas en ralentissant
brusquement un cycle d'évaporation plus intense, entrainé
le refroidissement brutal d'une masse nuageuse considérable?
Que dit la géologie à ce sujet?
Encore merci pour ce dossier captivant.
-----