Les excréments riches en azote des manchots et des phoques le long de la péninsule Antarctique alimentent des zones à forte biodiversité qui s’étendent sur plusieurs kilomètres dans les terres, révèlent des chercheurs dans une étude publiée cette semaine.
Image d’entête : plus de 2 millions de manchots royaux vivaient sur l’île aux Cochons (archipel Crozet) lorsque cette photo a été prise en 1982. Depuis, les couples nicheurs sont passés de près de 500 000 à seulement 60 000 en 35 ans. (Henri Weimerskirch)
Selon Stef Bokhorst, de l’université d’Amsterdam (Pays-Bas) et premier auteur de l’étude :Ce que nous voyons, c’est que les déjections produites par les phoques et les manchots s’évaporent partiellement sous forme d’ammoniac.L’ammoniac est capté par le vent et transporté vers l’intérieur des terres où il enrichit le sol, fournissant l’azote dont les algues et les champignons, producteurs primaires qui soutiennent les réseaux alimentaires locaux, ont besoin pour survivre dans ce paysage aride.
Les océans qui entourent l’Antarctique sont parmi les plus productifs et les plus intacts de la planète, abritant une riche abondance de vie marine.
Des millions de manchots de plusieurs espèces, ainsi que des éléphants de mer du sud (Mirounga leonina), s’alimentent dans l’eau, la digèrent, puis rejettent leurs déchets à terre.
Bien que les chercheurs aient déjà remarqué que la présence d’oiseaux et de phoques favorise la croissance des plantes et la respiration du sol dans les environs immédiats, on s’était jusqu’ici peu intéressé aux effets de l’azote sur le réseau alimentaire plus vaste en Antarctique.
À l’échelle mondiale, l’azote fourni par les excréments d’oiseaux est une source importante d’éléments nutritifs pour différents habitats.
Même à une courte distance de la côte de la péninsule Antarctique, les conditions environnementales sont plus sèches et plus rudes. Les écosystèmes comprennent des mousses et des lichens au niveau de la base, qui soutiennent des populations de minuscules invertébrés tels que les collemboles (du genre Collembola), les acariens (Acari), les vers nématodes et les tardigrades.
Pour étudier l’impact de l’apport d’éléments nutritifs sur ces réseaux intérieurs, Bokhorst et ses collègues ont parcouru la côte de la péninsule, des îles Orcades du Sud à la baie de Marguerite, pour recueillir des échantillons de sol et de plantes.
Après plusieurs mois de recensement et d’identification des échantillons en laboratoire, ils ont découvert que les collemboles, les acariens et les ascaris étaient jusqu’à 8 fois plus abondants dans un rayon de 6 kilomètres des colonies de manchots et de phoques.
En fait, il y avait des millions de petits invertébrés par mètre carré. Les chiffres ont chuté brusquement à mesure que la distance des colonies augmentait.
En extrapolant à partir de leurs résultats et des données existantes sur la population de pingouins, les chercheurs prédisent que l’effet d’entraînement des excréments s’étend sur toute la longueur de l’Antarctique maritime.
Les colonies de pingouins et d’éléphants de mer créent un important “conduit” nutritif entre l’océan et la terre, selon Bokhorst qui ajoute :Dans un sens, la productivité du biome océanique se répand sur la terre.Les chercheurs suggèrent que :
…les processus régulant l’assemblage communautaire, au-delà de la température et de la disponibilité de l’eau, s’appliquent également sur le continent le plus froid de la Terre.L’étude publiée dans Current Biology : Nitrogen Inputs by Marine Vertebrates Drive Abundance and Richness in Antarctic Terrestrial Ecosystems.
Source
https://www.gurumed.org/2019/05/11/e...-vie-spanouit/
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