Salut à tous,
Je voudrais avoir votre avis sur la question suivante: existait il, lors des premiers temps du Christianisme, des "préférences" quant aux noms donnés aux églises? Je m'explique, certains prénoms de Saints étaient ils davantage choisis que d'autres afin de nommer les premières églises ou chapelles des IVème, Vème voir VIème siècles? Merci d'avance.
Bonjour,
il existe effectivement des modes dans l'attribution d'un saint patron à un édifice religieux. La plus connue est la vogue des paroisses (et églises paroissiales) tardo-antiques dédiées à Saint Martin l'évangélisateur des Gaules. La fondation de chapelles castrales, par exemple, faisait souvent appel à la dédicace à Saint Michel. Lorsque des reliques étaient retrouvées et connaissaient une translation, il y avait une mode dans les dédicaces qui suivait (et là, pour avancer, il faut obligatoirement jeter un oeil dans "La légende dorée" de Jacques de Voragine). Beaucoup de facteurs entrent en ligne de compte, les dédicaces ne doivent rien un au hasard, cela répond à une volonté de protection surnaturelle d'un côté, de prestige de l'autre ou de volonté de rattachement à la tutelle d'un lieu de culte majeur de la région en choisissant le même saint patron.
Cependant, attention : étudier les titulatures des édifices sacrés dans le cadre d'une étude du peuplement (en l'occurrence d'une formation du réseau paroissial, étape essentielle lorsqu'on travaille sur le peuplement médiéval) ne doit permettre d'établir qu'une chronologie relative à confronter ensuite aux données brutes de l'archéologie. Parfois, il peut aussi exister quelques textes à l'appui, mais c'est hélas rare avant l'An Mil. Toutes ces données sont ensuite mises en relation avec la topographie de la paroisse (étude des limites de la paroisse par rapport à l'emplacement de l'église paroissiale et des bassins versants et confrontation avec la topographie des paroisses voisines afin d'établir des filiations de paroisses-mères à paroisses-filles et mettre en lumière les matrices originelles).
Afin d'aller plus loin, je vous conseille l'ouvrage de Michel Aubrun "La paroisse en France des origines au XIVe siècle" qui reste une référence. Beaucoup plus ancien, l'ouvrage d'Imbart de La Tour "Les paroisses rurales du IVe au XIe siècle" est aussi à consulter avec profit (en ligne : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k399305).
Dans les ressources en ligne, quelques données actualisées sont disponibles :
_ "Aux origines des paroisses", par JF Reynaud (http://www.unicaen.fr/crahm/publicat...php?article242)
_ "La paroisse, genèse d'une forme territoriale", numéro de la revue Médiévales en consultation intégrale (http://medievales.revues.org/3132)
_ "La formation du réseau paroissial en Gosse, Seignanx et Pays d'Orthe (VIe-XIVe siècles) : éléments d'une réflexion". Par J.-B. Marquette. Paru dans les actes du LIIIe congrès de la F.H.S.O., intitulés « L'Adour maritime de Dax à Bayonne » en 2001 (http://www.archeolandes.com/documents/seignanx.pdf). C'est un exemple local d'étude de la formation du réseau paroissial par un des principaux théoriciens de la méthode régressive qui prévaut en ce domaine.
Un colloque avait eu lieu à Toulouse il y a quelques années sur le thème de la paroisse. Les actes ont été publiées sous le titre "Aux origines de la paroisse rurale en Gaule méridionale, IVe-IXesiècles" sous la direction de Christine Delaplace.
Un autre exemple régional peut être consulté avec profit (d'autant que l'archéologie y occupe une place de choix) : "Christianisation et peuplement des campagnes entre Garonne et Pyrénées, IVe-Xe siècles", par Marie-Geneviève COLIN. Archéologie du Midi Médiéval, suppl. n° 5 (sommaire : http://www.soliferrum.com/blog/?p=139).
En application, voilà ce que cela peut donner (les flèches renvoient aux paroisses mères) :
Ce tableau est tiré d'un article intitulé "La Grande-Lande du haut Moyen Âge jusqu'au XIVe siècle : habitats, artisanat potier" que j'ai publié il y a peu dans Aquitania (plus d'info : http://www.archeolandes.com/forum/viewtopic.php?id=578). Le tableau a été réalisé à partir des données rassemblées par l'historien E. Labat dans son TER sur la formation du réseau paroissial dans la Grande Lande.
(plus parlant que des tableaux, on obtient aussi généralement de belles cartes avec des flèches : voir l'article de Marquette un peu plus haut).
Voilà pour un début!
cordialement,
Hervé.
salut,
les premières manifestations religieuses, cela suivant les régions c'est le V ème avec la croix qui annonce la procession, une croix sur hampe ( drapeau, bannière d'époque qui anticipent les gravures des pierre tombales de sépultures mérovingiennes ( Cistaux)
c'est Saint Pierre qui est représenté dans les premières églises, (Vème?) puis d'autres .... apôtres ..saint Michel sur les sommets de collines..
Certains disciples vont suivre, ensuite les saints préconisés par le Vatican... puis d'autres saints locaux guérisseurs du crû,
vers 1250 la papauté intervient pour officialiser une liste ( celle de notre calendrier)mais d'autres saints seront intronisés localement jusqu'en 1700.
Super, merci beaucoup pour vos réponses à tous les deux! Bonne soirée
j'exhume ce sujet afin de préciser que l'un des ouvrages cités (Christianisation et peuplement des campagnes entre Garonne et Pyrénées, IVe-Xe siècles, par MG Colin) est désormais en ligne :
http://www.persee.fr/web/revues/home...8_sup_5_1_1783
En fait, cette mise en ligne accompagne celle des anciens numéros de l'excellente revue Archéologie du Midi Médiéval (http://www.persee.fr/web/revues/home...pt/revue/amime).
Dernière modification par hb ; 20/10/2013 à 13h19.
